seul acte de défense légitime. M. le cbef de la police a eu soin de constater que Pélè»e du collège de S1-Louis (section supérieure] qui, après vingt insultes et provocations patiemment tolérées, a reçu un violent coup de bâton sur le bras, n'a provoqué, ni par un geste ni par une parole, cet acte de violence. Et cepeudaot c'est devant le collège de S1- Louis (section supérieure), dont les élèves sont ici hors de cause, que les scènes du 4 et du 5 février ont eu lieu. N'est-il pas évident dès lors que le système des compensations qui fait tout le fond de votre lettre, Monsieur le bourgmestre, e| la base du plaidoyer que vous avez écrit en faveur des élèves de l'athénée, est un système insoutenable? Les griefs ou apparants ou imaginaires que vous élevez contre le collège de S'-Louis, ue concernent que les jeunes étudiants de la section inférieure, auxquels les manifestations du 4 et du 5 février ne l'adressaient point. Examinonsnéanmoins ces griefs, pour les réduire h leur juste valeur et chercher avec soin de quel côté, ici encore, se trouvent les vrais coupables. Quel est le premier grief et le plus grave? Uu élève de l'athénée a été arrêté par trois élèves du collège de S'-Louis dans la rue des Pierres; il a été poursuivi par eux jusqu'au pont de S]-Jean Népomucène, où il a été batto. Ce conflit a eu lieu le r" février. Les coupables, dites-vous, sont en aveu. ,J Puisque vous en appelez h l'aveu des coupables, monsieur le bourgmestre, vous me permettrez de suivre ici leur propre déposition. Voici ce qu'ils avouent Ernest V. S. élève do collège de S'-Louis, était journellement insulté par les élèves de l'athé née (le rapport de MM. les commissaires de police relate le fait). Voulant mettre on terme h ces attaques et ces provocations indéfinies, il prit avec lui deux de ses amis pour demander raison h l'élève de l'athénée qui passait pour le principal auteur et instigateur de ces avanies. C'était un élève d'origine française La rencontre prévue eut lieu. L'un des trois élèves du collège de S'-Louis (section inférieure) saisit le provocateur par la poitrine, lui reprocha ses aggressions incessantes et le menaça de le châtier s'il n'y mettait point fin. Puis il le lâcha. Mais un regret survint les trois élèves suivirent en marchant, non pas en courant, leur adversaire, jusqu'au pont de S'-Jean Népomucène, où celui-ci s'arrêta, et l'un d'eux lui porta un coup de poing qu'il esqoiva. Tout finit ainsi. Voilà le crime capital des élèves du collège de S'-Louis; voilà le seul fait, après cent agressions subies, où ils se soient rendus coupables d'une espèce d'aggression, qui au fond n'est qu'un acte de défense; et l'oo prétendrait établir, l'aide d'uo pareil fait, une espèce d'équilibre de torts récipro ques? Non, la chose n'est pas possible. Mais le jeune frère de cet élève d'origine française a été entouré par les élèves du collège de S'-Louis, le 10 février, et il en a reçu plusieurs coups de corde. Si le fait était vrai en tous points, Monsieur le bourgmestre, il n'expliquerait point les scènes du 4 février, puisqu'il a eu lieu le 10, c'est-à-dire six jours après. Mais la manière dont vous le présentez, Mon sieur le bourgmestre, n'est pas exacte. Le jeune élève dont vous parlez, n'a point été entouré; il s'est présenté bardimeol, tout seul, devant trois élèves du collège de S'-Louis qui passaient leur chemin, et le poing fermé, en arrêt, l'œil menaçant, il a dit l'on d'eux, d'un ton de colère Qu'avez- vous me dire? Rien, répliqua l'élève menacé. Eh bien, moi, dit l'agresseur, j'ai beaucoup de choses vous dire! et il s'apprêtait sauter sur son adversaire, lorsqu'il reçut sur le dos un seul conp de corde, qui le mit en fuite. Il fut si peu ému de celte aventure,qu'à quelques pasdelà, il attaqua nn autre de nos élèves, qui il donna un coup de pied dans les jambes et un grand coup de poing dans le dos. Voilà, Monsieur le bourgmestre, qioi se réduit le second grief allégué charge des élèves de S' Louis. Le troisième est éuoticé par vous en ces termes Nous sommes également parvenus établir que le 3 do courant un autre collégien de S'-Louis s'est vanté par forfanterie auprès de ses camarades d'avoir roué de coups deux élèves de nos établissements. Je vous ferai remarquer d'abord, Monsieur le bourgmestre, que si les élèves de l'athénée s'étaient bornés prononcer des paroles de forfanterie auprès de leurs camaradesnous n'aurions jamais été amenés vous demander aide et protec teur contre leur violence. Mais les paroles de forfanterie que vous attribuez un de nos élèves (de la section inférieure), n'ont jamais été prononcées. C'est un élève de l'athénée qui a prétendu devant M. le commissaire de police que ces paroles avaient été dites en sa présence et l'accusé a repoussé avec indignation la calomnie quesoo accusateur avait ioventée par pure malice; il déclare encore aujourd'hui que, si la chose eo valait la peine, il ferait sermeol qu'il n'a jamais tenu le propos qu'on lui prête- Cet accusé n'est donc pas eo aveu. M. le commissaire de police a si bien apprécié la valeur de l'accusation, qu'il n'a pas daigné en faire mention dans son rapport. Voilà donc le troisième grief réduit la valeur d'une simple calomnie. Mais les élèves du collège de S'-Louis ont donné aux élèves de l'athénée des qualifications d'héréti ques et d'apostats. Ils ont- provoqué ainsi les épithètes de papistes et de calottins. Cette accusation, Monsieur le bourgmestre, n'est fondée sur aucune preuve de fait, sur aucun témoigoage acceptable, que je connaisse. Le rap port de MM. les commissaires de police o'en fait point mention; il est impossible de nommer un seul de nos élèves qui ait employé ces épithètes, on d'indiquer one circonstance où elles aient été appliquées. Un élève de l'athénée, qui accusait nos élèves de l'avoir appelé ainsi, fol invité par one personne qui a des relations directes avec votre établissement, nommer celui qui lui avait fait celte injure, et raconter les circonstances où elle avait eu lien mais l'élève de l'athénée en fut réduit donner des réponses évasives; et cette personne n'hésita pas loi répliqoer aussitôt Donc, votre accusation est inventée. Je ne citerais point ce trait,s'il n'avait été raconté un des professeurs du coliége de S'-Louis par la personne qoi eo a été témoin, et s'il n'indiquait l'origine de l'accusation que vous répétez, peut-être un peu la légère, dans votre lettre. Reste l'injure faite M. Brans. Ici nous revenons au collège, la section supé rieure. Je raconterai l'affaire en quelques mots Le mercredi 9 février, M. Brans sortait d'un estaminet rue Pbilipstok, lorsqu'il rencontra trois élèves du collège de S'-Louis qui le saluèrent. Il reçut le salut d'antres élèves encore dans la rue des Armuriers. A peine arrivé dans la rue de S"- Walburge, il y rencontra trois élèves qui sortaient do collège; de ces trois jeunes gens deux ne le connaissaient pas. Ils étaient peine passés que M. Brans se retourna brusquement pour les rejoindre et accosta l'un d'eux pour lui demander son nom. Une personne digne de foi, qui passait là, a été témoin de cette rencontre, et elle déclare que ces trois élèves, accostés par M. Brans, et les autres qui suivaient paisiblement, n'ont posé aucun acte, ni fait aucun geste qui pût paraître injurieux M. Brans. Elle ne pouvait même point se rendre compte des procédés de ce dernierqoi paraissait se trouver dans une agitation extrême. Son altitude, sa démarche, toutes ses manières attirèrent l'atten tion des jeunes gens et d'autres personnes qui se réunirent en groupe pour se demander ce que M. le directeur de l'école moyenne voulait d'eux. M. Brans entra d'un pas précipité dans le coliége, en traversant la cour des internes, qui le saluèrent avec respect. I! s'adressa un des professeurs pour se plaindre d'une prétendue injure dont il avait été l'objet, mais il a été impossible d'en constater même l'ombre ou l'apparence. L'élève que M. Braus avait arrêté et interpellé, comme le plus coupable, est un jeune homme qui, par son caractère et ses habitudes, est naturellement inca pable de commettre la faute que l'on suppose commise, et M. Brans a fini par avouer qu'il était complètement innocent. On a vu que la plupart des autres élèves ne connaissaient pas M- Brans et que ceux qui le connaissaient l'ool salué. Comment donc prétendre qu'il y a eu parmi ces élèves irritation, complot ou intention d'insulter? La chose est impossible. Ici encore, loin d'être en aven, les élèves pro testent de tonte l'énergie de leur âme contre l'accusation que M. Brans, dans un moment de grande agitation,a lancée contre eux,et ils assurent, les uns qu'ils ne le connaissaient pas, les autres qu'ils l'ont salué, tous qu'ils n'ont jamais eu l'intention de lui faire la moindre injure. Je pourrais m'arrêter ici, Monsieur le bourg mestre, si, dans votre lettre, vous n'aviez tâché de détruire le témoignage si vrai et si sincère de M. le principal du collège de S'-Louis, en lui opposant les réponses qu'il a faites MM. les commissaires de police, chargés d'ouvrir une enquête; et si vous ne lui aviez reproché avec une certaine amertume des actqs très-raisonnables ou même dignes de vos éloges. Il faut donc que je m'explique aussi sur ces points. Si vous avez cru remarquer une contradiction manifeste entre le rapport écrit que M. Minne m'a remis et les réponses verbales qu'il a données MM. les commissaires de police, v Dans son rap port, dites-vous, il racoute eo détail les circon stances des événements du 4 février, et il y attache une extrême importanceil n'oublie pas le moindre cri, le moindre geste, qui pourrait aggraver la position de ceux qu'il accuse. A MM. les commissaires de police qoi l'interrogent sur tons ces faits, il n'adresse au contraire qu'une seule réponse Je n'y attache aucune importance. Il recoooaît donc lui-même, après coup, que son témoignage n'est point exact. C'est là, Monsieur le Bourgmestre, permettez- moi de le dire, une pure illusion de votre part. Si vous aviez lu, avec on peu moins de préoccupation, les réponses verbales de M. Minne, telles que MM. les commissaires vous les ont transmises, vous y auriez vu que cette répense Je n'y attache aucune importance, ne se rapporte point l'en semble des faits cités dans son témoigoage écrit, mais deux circonstances particulières qoi ont une relation fort indirecte avec les événements du 4 février événements auxquels M. le principal attache, comme moi, la plus grande importance. MM. les commissaires de police lui ont demandé pourquoi il n'avait point informé l'autorité locale des méfaits commis par les élèves de l'athénée les années précédentes? Il a répondu qu'il n'avait point dénoncé ces faits antérieurs, parce qu'il n'y attachait point assez d'importance. Cela veut dire, comme il explique lui-même sa pensée, qu'il répugnait sa délicatesse de dénoncer les élèves d'un établissement rival; qu'il espérait désarmer les élèves de l'athénée force de longanimité et de patience et de voir cesser ainsi les abus. MM. les commissaires lui ont demandé aussi ponrqaoi il n'avait poiut dénoncé la police les

HISTORISCHE KRANTEN

Le Propagateur (1818-1871) | 1859 | | pagina 2