42me Année. N« 4,325. LE PROPAGATEUR POUR LA VILLE 6 FR. PAR AN, 4 FR. POUR 6 MOIS, 2-50 POUR TROIS MOIS. FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE. POUR LE DEHORS FR. 7-50 PAR AN, 5 FR. POUR 6 MOIS, 2-75 POUR 3 MOIS. 7FR.ES, 12 MARS. REVUE POLITIQUE. L'article dn Moniteur français du 4 mars, destiné démentir tous les projets de guerre attiibués au gouvernement impérial appelait comme corrolaire le décret, qui l'a suivi de près, déchargeant le prince Napoléon des hautes fonc tions gouvernementales dont il se trouvait investi. «Cette décision, dit un journal conservateur, montre mieux que tous les discours que l'Empereur veut réellement tenir sa devise l'Empire c'est la paix. La présence de Sterbini Paris, le bruit qui circulait partout que Mazzini s'y trouvait éga lement, alarmait tous les amis de l'ordre. L'Empe reur achèvera de conquérir l'entière confiance de l'Europe en se séparant de certaines personnes de son entourage qu'on soupçonne d'être trop favo rables aux révolutionnaires italiens et en tool temps trop avides de spéculations financières. Toujours est-il que voilà une déception fort inattendue pour le parti de la guerre. Les organes de la démocratie libérale et révolutionnaire en sont pour leurs avances et leurs cajoleries envers l'Em pereur, et les feuilles impérialistes, qui pour la plupart avaient 'a l'unisson embouché la trompette guerrière, ne savent plus quelle contenance pren dre ni quoi s'en tenir. Il faut cepeudant ajouter que, nonobstant ces gages pacifiques fournis par Napoléon IIIles bruits de guerre n'ont point perdu complètement crédit, au point que les fonds publics se ressentent encore du manque de confiance des esprits. On annonce également que le gouvernement sarde vient de rappeler sous les drapeaux les con tingents de sou armée active. Certes il est permis de croire que Victor-Emmanuel se résignera diffi cilement retirer pour tout bénéfice du mariage de sa fille avec le cousin de l'Empereur, cette alliance défensive dont parle la note du Moniteur, et dont pour sa part il n'aura sans doute que faire. Quant an prince français la royale alliance qu'il vient de contracter, a de quoi le consoler de son échec politique. La mission de lord Cowley, qui le 9 quittait Vienne, excite toujours vivement l'intérêt général. Bien qu'on ne sache pas précisément quel a été le succès de sa mission, il est certain an moins que ses efforts de conciliation et de paix ont été accueillis favorablement par le gouvernement impérial. On dit qu'à l'égard de la question des principautés danubiennes, l'Autriche serait hautement opposée la double élection du colonel Couza. Quant la question italienne les hommes d'État autrichiens auraient admis l'évacuation simultanée des Etats du Pape par les deux armées autrichienne et fran çaise, et relativement la suppression des traités particuliers conclus par l'Autriche avec divers princes d'Italie depuis 181 5, le conseiT impérial se serait montré disposé entrer en négociations sur la révision de ces traités, en exigeant au préala ble que l'Angleterre et la Prusse s'engageassent ne pas permettre que la France produisît d'autres exigences. Ou insinue enfin par conjecture que ces dispositions conciliantes de l'Autriche n'auraient pas été sans influence sur les deux événements qui semblent avoir transformé la situation, la note du 4 mars et la démission du prince Napoléon. Le soulèvement de l'Inde touche décidemmeut a sa fin. Suivant les dernières nouvelles venues de Bombay Marseille, la campagne de l'Oude est finie et les rebelles armés qui, quelques semaines auparavant, étaient encore nombreux, sont enfin revenus chez eux ou ont été expulsés des domaines de Sa Majesté. La paix, les lois et l'ordre ont repris leur place dans les provinces du Nord-Ouest. Il n'y a rien dire de nouveau sur Tantia-Topee et Feroze-Shah, qui sont dans l'Inde centrale; on ne sait s'ils sont encore capables de tenir longtemps contre les diverses colonues qui spot leur pour suite. Ils n'ont pu entrer daus aucune ville impor tante. On voit que malgré le ton d'assurance des dépêches, l'insurrection n'est point tellement vaincue qu'elle ue puisse encore longtemps tenir eu haleiue les corps d'armée britanniques. - - Un fait bien significatif vient d'avoir lieu en France c'est la déutission douuée par le prince Napoléon de ses fonctions de ministre de l'Algérie et des colonies, démission qui a été acceptée. C'est là la conséquence de l'article pacifique, publié samedi dans le Moniteur français. Cet article frappait en première ligne le prince Napo léon, qui était la tête du panj^fe la guerre. Ce parti se voit "desa~voue~et rejeté l'arrière- plan, et eu Piémont comme eu Fiance, il eu sera réduit ronger son frein, moins qu'un nouveau revirement ue lui rende la position qu'il a perdue. INCENDIE DE l'ÉGLISB DE SAINTE-GERTRUDE, A NIVELLES. On écrit de Nivelles, le 9 mars, 1 heure i|4 du matiu Je m'empresse de vous transmettre une nou velle qui impressionnera surtout les amis de la religion et de l'art. La belle église collégiale de Sainte-Gertrude, dont la restauration était fort avancée et se poursuivait avec autant de zèle que de goût, est en ce moment tout eu feu. Aptès uue journée aussi mauvaise que celle de la veille avait été douce et agréable, le temps est devenu plus détestable encore vers 7 heures et demie, dans la soirée du mardi-gras. Une pluie abondante, mêlée de grêle, est tombée lout-à-coup, et au milieu de la bourrasque qui l'a accompagnée, la foudre, tout- à-fail inattendue, a éclaté soudain; elle n'a fait que passer, et le seul coup qui ait reteuti a frappé cette belle flèche de Saiute-Gertrude, qui dominait si majestuensemeut Nivelles et montrait de loin notre ville l'étranger. Une heure a suffi pour faire crouler pièce pièce, sous les efforts d'un feu qu'attisait on vent impétueux, cette magnifique charpente, laquelle il s'agissait de rendre sa hauteur première. Elle avait, en effet, été diminuée de 4o pieds, par l'orage encore, en i8o4, je crois, mais alors la foudre n'avait communiqué le feu qu'au sommet, et des prodiges de courage étaient parve nus eu arrêter bientôt les progrès. Il n'en a pas été de même aujourd'hui le feu s'est déclaré la fois au sommet et la base de la flèche, de sorte qu'on a bientôt compris qu'il était inutile de soager en sauver même une partie. Il fallait l'abandon ner aux flammes, ainsi que les toitures de l'église, du moins celles de l'avant-corps, car les gîtes et les poutres en feu qoi tombaient avec fracas, ne per mettaient pas au plos téméraire, d'approcher de cet immense brasier. Ce fut bientôt un sauve-qui-peut général de toutes les maisons adossées l'église, ainsi que des bâtiments du tribunal et de l'Hôtel - de- Ville, qui étaient autrefois l'hôtel abbatial. Chacun a pu sauver la majeure partie de ses meubles, marchan dises, etc., et je crois que les principales archives du tribunal et de la ville ont pu être mises en lieu sur j'en ai vu emporter. La châsse qui contient les restes sacrés de la patronne de Nivelles, a été déposée dans la chapelle souterraine. Les princi paux tableaux et la plupart des autres objets précieux ont également été soustraits aux atteintes de l'élément destructeur. Il serait difficile, quant présent, de dire si, malgré des efforts aussi nombreux que dévoués, mais imparfaitement organisés (car comment im proviser des secours suffisants contre uu désastre aussi lapide et se développant sur tant de points a la fois?) il serait difficile de dire dès présent si l'incendie attaquera avec l'église tous les bâtimeuts et édifices qui l'entourent. Plusieurs maisons pa raissent devoir échapper, moyennant beaucoup d' fforts, bien entendu, et j'espère que grâce la direction du vent, l'Hôtel de Ville et le tribunal pourront être également épargnés. La collégiale est assurée pour 600,000 fr., si je ne me trompe, et la plupart des bâtiments qui l'entourent, sinon tous, doivent l'être également. On attendait que le projet d'exhaussement de la flèche fût réalisé, pour la munir d'un paraton nerre; l'exécution de ce projet, décidée en prin cipe par la commission royale des monuments, devait être prochaine, et c'est là probablement ce qui.a fait commettre l'imprudence de négliger une précaution si simple et si peu coûteuse. Je retourne porter mon concours d'aide et d'efforts. Dans les premiers moments, on a craint que le feu ne gagnât d'autres quartiers de la ville mais l'alarme est presque entièrement dissipée cet égard, et je crois qu'elle ne lardera pas dis paraître entièrement. Dieu le veuille! Une dépêche télégraphique est arrivée mercredi matin 3 heures Bruxelles, réclamant les secours de ses pompiers. Une grande partie d'entre eux, avec le matériel de plusieurs pompesont été expédiés aussitôt pour Nivelles, par un convoi extraordinaire. Des membres de la commission royale des monuments se soot rendus mercredi Nivelles, afin d'apprécier toute l'étendue du désastre qui vient de frapper celte ville et de soumettre ensuite des propositions motivées au gouvernement. La Commission royale des monuments se rendra Nivelles, lundi prochain, l'effet d'examiner d'oue manière pins complète que n'oDt pu le faire ses délégués, peu d'instants après le sinistre et avant qu'aucnn déblai eût en lien, les parties incendiées de l'église collégiale de Sainte Gerlrude.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1859 | | pagina 1