42me Année
No 4,344
FOI CATHOLIQUE* CONSTITUTION BELGE.
REVUE POLITIQUE.
W8S
CANAL DE MENIN A L'YPERLÉE.
LE PROPAGATEUR
POUR LA VILLE 6 FR. PAR AN,
4 FR. POUR 6 MOIS, 2-50 POUR
TROIS MOIS.
POUR LE DEHORS FR. 7-50 PAR
AN, 5 FR. POUR 6 MOIS, 2-75
POUR 3 MOIS.
7FE.ES, 18 MAI.
La dernière nouvelle dn théâtre de la guerre est
l'évacuation de Bobbio par les Autrichiens.
Du reste, nous ne sommes pas étonnés qu'il ne
se soit eocore produit aucun événement de guerre
un peu marquant. Les pluies torrentielles qui ont
couvert les plaines du Piémont ont fait déborder
les fleuves; le Pô, la Sesia, le Tessin, la Scrivia, la
Trebbia sont sortis de leur lit, ont inondé le plat
pays, de manière h rendre pour le raomeot les
mouvements militaires extrêmement difficiles.
Le commandant supérieur de la marine autri
chienne Trieste a décidé qu'attendu les circon
stances actuelles de guerre, un barrage fermera
l'entrée des ports de Chiogga, du Liddo et de
Malamocco, en sorte que les navires de commerce
ne puisseut entrer pendant la nuit, et que leur
entrée pendant le jour ne puisse avoir lieu qu'après
qu'ils auront eu embarqué un des pilotes lamaneurs
spécialement désignés par le commandant de
l'escadre.
Le commandant de la forteresse de Zara, en
Dalmatie, a déclaré neutres tous les pavillons,
excepté les pavillons français et sardes.
Nous retrouvons la grande question du moment
au Sénat de Madrid, où M. Pastor Diaz a réclamé
la présence de l'Espagne au futur CoDgrès qui tôt
ou tard sera appelé h régler la question d'Italie.
Le président du conseil des ministres a fait con
naître les mesures que le gouvernement a cru
devoir prendre pour mettre l'Espagne la hauteur
des éventualités, et que nos lecteurs connaissent
déjà par le vote de la Chambre des Députés.
En préseoce des armements qui se font en
Europe, les dispositions suivantes ont été prises en
Russie. Les i", 2% 3% 5' et 6e corps d'armée
seroot mis immédiatement sur le pied de guerre,
avec l'artillerie et la cavalerie qui en font partie.
Toutes les réserves seront réunies et les soldats
i.
LE COMMENCEMENT.
Le vent d'automne gémissait h travers la forêt;
les feuilles, colorées leur dermère heure, des
vives nuances de l'aurore, tremblaient sor les
branches des arbres; on léger souffle les détachait
et les faisait pleuvoir sur le gazon humide. Un
jeune chevalier parcourait les sentiers sinueux du
bois, en poursuivant un daim, qui échappait ses
flèches; il était monté sur un vigoureux cheval, et
il franchissait sans obstacle les ruisseaux grossis
par les pluies, et les buissons épineux. Animé par
son plaisir favori, il était arrivé au plus épais de la
forêt, lorsqu'il entendit derrière lui le son faible et
argentin d'une petite clochette. Il crut que c'était
la vache conductrice d'un troupeau qui s'était
perdue dans les halliers... Mais le son se rapprocha.
La clochette sonnait reguliereroent, comme si une
main d'homme l'eût agitée, et le chevalier sentit
en congé illimité rappelés sous les drapeaux, de
manière être prêts pouvoir marcher dans trois
mois.
Les nouvelles de Bucharest oous montrent les
provinces danubiennes dansuoe émotion croissante;
tout se prépare comme pour la guerre. On s'occupe
d'établir un camp Plojitschi pour mettre en
rapport les-troupes valaques et moldaves jusqu'ici
étrangères les unes aux autres.
Des symptômes d'uDe vive agitation se manifes
tent dans l'Herzégovine. L'état des autres provinces
est menaçant.
Les nouvelles de l'Iode portent que Tantia-
Topee se propose de traverser le Nagpore et de
tenter oo soulèvement dans la résidence de Madras.
Dana la séance de la Chambre des Représen
tants du 10 mai, rapport a été fait par M.
Vanderdonckt sur une pétition d'habitants de
la ville de Menin, demandant la construction
d'un canal de Menin Y près. Dans une précé
dente séance, M. Henri Dumortier avait forte
ment appuyé celte demande pour obtenir un
prompt rapport. La commission conclut au
renvoi de cette pétition au ministre des travaux
publics, yoici les considérations que M. Henri
Dumortier a fait valoir pour appuyer de
nouveau la demande des habitants de la ville
de Menin. Nous copions le Moniteur
M. Henri Dumortier. La pétition des habitants
de Menin dont vous venez d'entendre l'analyse,
est relative une question d'une grande impor
tance et qui fait depuis bien longtemps l'objet
de nombreuses demandes émanées des chambres
de commerce de Mons, de Tournai, de Courtrai,
d'Y près et d'Oslende.
En demandant la construction d'un canal de
jonction entre la Lys et le canal d'Y près, les
pétitionnaires demandent le complètement né
cessaire de la grande ligne de navigation en
un mouvement doux et respectueux qui inondait
son cœur. Ce bruit harmonieux et mesuré lui rap
pelait l'élévation de l'hostie pendant la messe,
laquelle il assistait tous les jours; et la cloche
résonnait, humble et recueillie, sous les vertes
ogives de la forêt, comme sous les voûtes d'une
cathédrale.
Le chevalier regardait de tous côtés... Enfin il
vit sortir, d'un sentier qui menait au village le
plus voisin, un vieux prêtre, avec l'aube et l'étole,
portant daDS ses mains le ciboire d'argent qui ren
fermait la très-sainte Eucharistie, le corps et le
sang du Sauveur Jésus. Un serviteur accompagnait
le prêtre et faisait retentir la petite clochette.
A cette vue, le pieux chevalier descendit de
cheval et fléchit les genoux, adorant le Dieu caché,
l'ami des humbles et des pauvres, qui allait visiter
un de ses serviteurs infirmes sur son lit de doulenr.
Devant les pas du prêtre s'offrait nn ruisseau, qui,
duraot l'été, coulait clair et limpide sur des cail
loux polis, mais que les pluies d'octobre avaient
transformé en torrent rapide et limoneux. Le I
prêtre allait se hasarder au milieu des eaux, car la
ligne directe entre les bassins houillers de Mons
et le bassin de la Sambre et la mer du Nord.
Pour compléter cette ligne continue de navi
gation traversant toute la partie méridionale
du pays de l'est l'ouest, il fallait la construc
tion de deux canauxcelui de Courtrai
Bossuyt et celui de Menin Y près.
La construction du premier sera achevée
dans un avenir très prochain le moment
semble donc arrivé pour compléter la grande
œuvre dont je parlais tantôt, par le creusement
du canal de Menin Ypres.
La meilleure preuve de timportance de ce
travail, c'est que tous les gouvernements qui se
sont succédé en Belgique depuis un siècle s'en
sont tous préoccupés.
Les premières études qui ont été faites rela
tivement la jonction de la Lys l'Yperlée
datent même du temps de Vauban.
Sous f empirel'administration française
s'est également occupée de cet objet.
De nouvelles études ont été ordonnées par le
gouvernement la fin du royaume des Pays-
Bas.
Enfin, sous le gouvernement actuel, des
ingénieurs qui ont attaché leurs noms tant de
grands travaux, MM. Noël et fVallers, ont été
chargés de compléter l'instruction de celle
importante affaire.
Cest surtout en parcourant les documents
que ces savants ingénieurs ont adressés au
gouvernement que l'on peut se convaincre de la
grande utilité qu'il y aurait pour le pays de
compléter cette œuvre nationale.
Permettez-moi Messieurs de faire une
courte citation d'un mémoire de M. l'ingénieur
fVallers.
C'est avec raison, dit il, que le gouverne
ment attache de l'importance au projet de réunir
l'Escaut et l'Yperlée. Cette réunion est le
complément d'un grand système. C'est la der
nière lacune remplir d'une ligne considérable
commençant dans le Luxembourg et aboutissant
charité ue souffre pas d'obstacle. Aussitôt le cheva
lier s'avança vers lui, et l'invita voix basse h
monter sur son cheval qu'il tenait en bride. Le
vieux prêtre y consentit, et le jeune homme,
entrant dans le ruisseau jusqu'à la ceinture, con
duisit avec précaution, travers les eaux fougeoses,
l'animal qui portait un si précieux fardeau. Arrivé
h l'autre rive, il continua marcher tête nne,
côtédu prêtre,comme le page, l'écnyer, le serviteur
de ce Maître tout-puissant que sa foi vénérait sons
les ombres du Sacrement. Ils arrivèrent la chau
mière du mourant, qui soupirait après son Dieu; le
jeune homme se mit genoux sur la terre, au
milieu de la famille éplorée; il pria avec elle; avec
elle il adora le clément Sauveur; et quand le
prêtre, ayant accompli les devoirs de son ministère,
voulut lui rendre son cheval, le chevalier répondit
LoiD de moi la pensée de me servir, pour aller
au combat ou la chasse, d'un cheval qui a porté
mon Créateur! Si vous ne voulez pas le garder
pour vous-même, qu'il soit consacré au service de
l'Église, ou celui des pauvres de Jésus-Christ.
Le prêtre se retiraen comblant le chevalier
d'éloges et de bénédictions.