L'AVEUGLE D'ARGENTEUIL.
FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE.
Nous venons de recevoir la lettre sui
vante; tout en exprimant le regret de la
décision que M. Malou, père, a cru devoir
prendre, nous nous empressons de publier
cette missive.
Messieurs,
Au moment où l'arrondissement perd le
digne mandataire qui l'a représenté au
Sénat pendant les dix dernières années,
nous apprenons avec une vive satisfaction
qu'un grand nombre d'électeurs se propo
sent de présenter aux suffrages du corps
électoral M. le Baron Mazeman de Couthove.
Le caractère indépendant de notre hono
rable concitoyen, sa bienveillance envers
tous, la connaissance; qu'il possède des
besoins du district et le dévouement qu'il
leur porte, assurent cette candidature les
sympathies générales.
(Suite et pi». Voir le n° 4,346 do Propagateur.)
11 paraît que la réélection des Repré
sentants de l'Arrondissement d'Ypres ne
rencontrera aucune opposition.
DÉPÊCHES TÉLÉGRAPHIQUES.
REVUE POLITIQUE.
42me Année.
N» 4,347.
LE PROPAGATEUR
pour la ville 6 fr. par an,
4 fr. pour 6 mois, 2-50 pour
trois mois.
pour le dehors fr. 7-50 par
an5 fr. pour 6 mois, 2-75
pour 3 mois.
7FE.ES 28 Mai.
Bruxelles, a4 Mai 1859.
Monsieur l'éditeur du Propagateur.
Je vous prie d'insérer dans le prochaio numéro
de votre journal, la lettre suivante.
A Messieurs les Électeurs de VArrondis
sement d'Yprès.
L'état de ma santé ne me permettant plus de
remplir le mandat, qu'à deux reprises vous m'avez
fait l'honneur de me confierje n'en sollicite pas le
renouvellement pour l'élection du 14 Juin prochain.
Je cooserverai toujours un souvenir reconnaissant
de la confiance que vous avez daigné m'accorder.
Agréez je vous prie l'expression de ma haute
considération.
ANECDOTE NORMANDE DU XVP SIÈCLE.
Quelle était belle au xvi° siècle, la grande salle
d'audieoce du parlement de Normaudie, avec son
noir plafond d'ébène, semé de gracieux arabesques
et de mille pendentifs aux formes bizarres, où
brillaient, d'un éclat tout récent alors, le vermillon,
l'or et l'azur; avec ses tapisseries fleurdelisées, sa
vaste cheminée qui semblait un monument, ses
lambris dorés, ses porches ou lanternes où resplen
dissaient les armes des rois et des dauphins de
France; le dais violet que l'on appendait lorsque
le roi était dans la province; et, en tout temps,
son immense tableau, où l'on voyait Louis XII, le
père du peuple, et son vertueux ministre, son fidèle
ami, le bon cardinal d'Amboise, lui qui avait doté
la province d'un échiquier permanent, de la justice
tous les jours et toute heure! Lorsque, dans un
grand jour de solennité judiciaire, cent vingt
magistrats étaient là assis en jugement, avec leurs
longues barbes blanches et leurs robes d'écarlate,
ayaul leur tête leurs présidents revêtus de man
teaux fourrés d'hermine, et que, devant le premier
DÉPÊCHES FRANÇAISES.
Marseille, a6 mai.
Le Vesuvio, parti de Naples le 24, est arrivé
chargé de passagers fuyaul une collision qui
paraissait imminente.
La cour est divisée. Le Roi, appuyé sur l'armée,
se préparait réprimer la révolution au palais. S.
M. a fait arrêter de hauts persouoages.
Ou assure que le Roi adopte la neutralité. Il
a reçu des communications rassurantes des grandes
puissances.
dépêches suisses.
Berne, aS mai.
Trois dépêches de Logano et Belliozona annon
cent que Garibaldi a battu les Autrichiens et leur a
pris de l'artillerie. Ce matin on eoteudail lecauon
Varèseetle tocsiu sonue dans toutes les communes.
dépêches autrichiennes.
Yieuue, jeudi soir, 26 mai.
Le rapport du général Giulay, sur l'affaire de
Mootebello, vient d'être publié.
D'après ce rapport, le nombre des soldats franco-
sardes qui ont pris part cette bataille serait de
4q,ooo.
Les Autrichiens ont eu 718 blessés, dont un
général, un major et 26 officiers; le nombre des
morts est de 294, dont 2 majors et 12 officiers.
283 soldats sont manquants.
Uo bulletin a fait connaître jeudi le mouvement
de Garibaldi sur Varèse et Laveno. Une dépêche
1
président, assis dans l'angle, on voyait resplendir
deux raaios de justice croisées sous un mortier,
saisis de respect, étonnés de tant de magnificence
et de majesté, les justiciables s'iucliuaieut devant
ce sénat imposant. Mais qu'était-ce, lorsque,
levant les yeux, ou voyait au-dessus de tous ces
magistrats assemblés, ce beau tableau du crucifix,
où paraissait Moïse le législateur, les quatre évan-
gélistes, et au premier plan, le Cbrist entre sa mère
et l'apôtre? A cet aspect on ue pouvait se défendre
d'uu mouvement de craiute, et tout coup reve-
naieut en mémoire ces beaux vers où le psalmiste
nous peint Dieu debout au milieu des juges qui
délibèrent, Dieu opinant et rendant la justice avec
eux.
C'était dans ce sanctuaire auguste, que la veille
de Noël, au matio, MM. de la Grand'Chambre et
de la Tournelle étaient réunis l'extraordinaire.
Mais cette fois ils avaient retêtu leurs robes noires,
et leur attitude triste et pensive on pouvait pres
sentir qu'ils allaient remplir un ministère de
rigueur. Par toute la ville on s'interrogeait avec
cmiosité sur ce qui pouvait se passer au parlement
dans le secret du conseil. L'assassinat du marchand
de Lucques, l'arrestation do coupable présumé, la
découverte du cadavre de la victime, le témoignage
iuespéié rendu Argenteuil par nu aveugle,
de Berne, du 25 dans la soirée, annonce que ce
général était attendu Côme, venant de Varèse,
et que ses avant-posfes étaient Maloale. Côme
est peu de distance de Varèse vers l'est.
Une autre dépêche, au contraire, date'e du même
jour, 6 heures i5 minutes du soir, dit qu'on mande
de Lugano que les Autrichiens sont près de Vaièse,
qu'ils ont de l'artillerie, et que Garibaldi, qui
manque de canons, se barricade dans celte ville
avec 5,000 hommes. Le combat, s'il faut en croire
cette dépêche, serait commencé.
Une dépêche de Vienne nous apprend, en effet,
que le feld-maréchal-lieutenaot Urban s'est mis
en marche sur Varèse contre Garibaldi; mais elle
fait connaître eu même temps que le général Nie!
paraît venir de Bielle au secours de cet officier
général. Le feld-marécbal-lieuteuant Urban com
mande l'extrême droite de l'armée autrichienne.
Son corps d'armée, s'il faut eu croire la Gazette
d'Augsbourg, qui a publié un état de situation
des troupes ennemies eu Italie, serait de 5o,ooo
hommes.
Ainsi Garibaldi se trouverait attaqué dans
Varèse par des forces supérieures et le général
Niel marcherait son secours en venant de Bielle.
Cette ville est située sur deux rivières, ie Cervo et
l'Aurena, non loin de la Dora Baltea. Mais elle est
éloignée de Varèse de 60 kilomètres au moins.
En France, le Corps législatif a adopté l'ensem
ble do budget, au scrutin, par 255 suffrages coutre
5 sur 260 votants.
D'après des correspondances particulières de
l'armée d'Italie on pensait généralement que
l'armée française, peu près au complet, pourrait
se porter en avant vers le 25 mai.
Eossuth a prononcé le 24 mai, dans une réunion
Manchester, un discours où il a fait entrevoir la
possibilité d'un prochain soulèvement de la Hon
grie et de son départ.
étaient nn texte inépuisable d'entretiens et de con
jectures pour une foule immense qui se pressait
dans la cour et dans toutes les avenues du palais;
et chacun se disait que le jour était venu sans doute,
où enfin toutes les indécisions allaient cesser, le
jour qui devait rendre la liberté un innocent ou
envoyer un monstre l'échafaud.
Au parlement, après de longs débats, on s'était
décidé entendre l'aveugle d'Argenleuil. Gervais
avait paru dans les chambres assemblées. Sa dépo
sition, naïve et circonstanciée, avait fait une im
pression profonde; mais des dontes préoccupaient
les esprits. Quelle apparence d'aller mettre la vie
d'un homme la merci des réminiscences fugitives
d'un mendiant aveugle, qui d'avait qu'entendu,
qui* n'avait pu qu'entendre? Etait-il possible que
cet homme fût assez sûr de son ouïe, de sa mémoire
pour reconnaître une voix qui n'avait retenti
qu'une seule fois ses oreilles Il fallait l'éprouver,
il fallait faire monter successivement tous les pri
sonniers de la conciergerie au palais, et avec eux
Martel. Si, après lesavoir entendus parler,l'aveugle,
spontanément et sans faillir, sans hésiter une seule
fois, distinguait toujours et reconnaissait constam
ment la voix qji naguère l'avait taut frappée, ce
dernier iudice, réuui tous les autres, ne permet
trait plus d'incertitude, et enfin un graud exemple