42me Année.
Mercredi 1er Juin 1859.
Ao 4,348.
FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE.
7 F R E S 1" Juin.
DÉPÊCHES TÉLÉGRAPHIQUES.
REVUE POLITIQUE.
TROIS VISITES AUX INVALIDES.
Le canon a grondé dans nos parages
civilisés, un sang généreux a coulé grands
flots, les eaux de la Sesia et du Pô en ont
été rougies, et déjà bien des familles ont
déplorer la mort de l'un ou de l'autre de
leurs membres.
Ce ne sont là que les avant-coureurs
d'une guerre formidablequi menace
l'Europe entière, et dont on ne peut pré
sumer l'issue.
Au Congrès de la paix Bruxelles, nos
grands réformateurs avaient supprimé les
guerres par un trait de plume. Malheu
reusement, ces Messieurs avaient oublié
de supprimer, par le même trait, les pas
sions des hommes qui les fomentent; et la
suppression des guerres, controuvée au
LE PROPAGATEUR
POUR LA VILLE 6 FR. PAR AN,
4 FR. POUR 6 MOIS, 2-50 POUR
TROIS MOIS.
POUR LE DEHORS FR. 7-50 PAR
AN, 5 FR. POUR 6 MOIS, 2-75
POUR 5 MOIS.
DÉPÈCHES ITALIENNES.
Le Moniteur contient les dépêches suivantes du
théâtre de la guerre
Alexandrie, le 28 mai 1859, it h. io m.
L'Empereur, voulant diminuer autant qu'il
dépend de lui les maux que la guerre entraîne avec
elle, et donner l'exemple de la suppression des
rigueurs qui ne sont pas nécessaires, a décidé que
tous les prisonniers blessés seraient rendus l'en
nemi sanséchange,dèsque leur étatleur permettrait
de retourner dans leur pays.
Les armements continuent en Angleterre. Le
ministère de la guerre provoque la formation de
compagnies détachées de volontaires. Les compa
gnies d'infanterie seront exercées au tir; les corps
volontaires d'artilleurs seront formés au service des
batteries dans les villes maritimes et sur les côtes.
Une dépêche, datée de Londres, le 5o, nous
apprend, sur la foi du Morning- Chronicle et du
Morning-Advertiserque la coalition projetée
de lord Joho Russell et de lord Palinerston a échoué
parce que les deux nobles lords n'ont pas pu se ré
soudre renoncer au poste de premier ministre.
Nous croyons, nous, qu'il y a encore d'autres
raisons; et, par exemple, lord John Russell n'est
assurément pas sans défiance de la politique exté
rieure de lord Palmerston, qui, par contre, garde
toutes ses répugnances pour le scrutin secret,
qu'accepterait assez volontiers lord John Rossell
s'il était certain de se concilier ce prix la dooble
phalange des indépendants et des radicaux.
1705-1806-1840.
I.
Le 9 mai 1705, les soldats de l'hôtel des Inva
lides étaient rangés en ligne dans la vaste cour
d'Honneur. C'était un spectacle magnifique et
touchant la fois, que de voir deux mille braves,
tous plus ou moins mutilés et brisés par le canon,
se presser aotour des drapeaux qu'ils avaient con
quis dans tant de combats.
On comptait dans les rangs inégaux de ces
martyrs de la guerre des soldats de tous les âges.
Chacune des phases glorieuses de la monarchie
avait là son représentant ceux-ci s'étaient trouvés
Fribourg ou Rocroy; ceux-là an passage du
Rhin oti la prise de Maestricht; les uns avaient
conquis la Flandre, les autres le Roussillon; le
plus petit nombre, ceux qui étaient les plus vieux
et les plus infirmes, avaient assisté la prise de
La Rochelle, sous le cardinal de Richelieu; quel
ques-uns même se souvenaient de la bataille de
Mariendal sous Turenoe; mais tous paraissaient
heureux et fiers d'avoir repris la pique et le
Sir Pakington a dit, dans no meeting, que l'An
gleterre ne souffrirait pas qu'aucune puissaoce ni
aucune ligue de puissances loi disputât la suprématie
maritime. Il a ajouté que si la guerre se prolonge,
il sera bien difficile l'Angleterre de rester neutre.
L'Empereur François-Joseph, parti de Vienne
pour l'Italie, a du coucher luodi soir Gralz. Une
députation d'habitants de Triesle est allée sa
rencontre jusqu'à Bresioa.
La proclamation qui prononce l'annexion de
Massa et de Carrare aux États do Roi Victor-
Emmanuel, est maintenant révoquée en doute, 00,
si elle est authentique, elle serait l'œuvre person
nelle des agents qui l'ont signée et publiée sans
l'autorisation de leur gouvernement.
Les dépêches de Madrid apprennent qu'un petit
mouvement royaliste a eu lieu dans la province de
Valence.
La Russie, la Prusse, l'Angleterre et la Turquie
n'ont pas reconnu le gouvernement provisoire de
Toscane. Les représentants desdits États ont retiré
leurs pavillons.
Par uu ordre du jour du a3, au nom du Roi
Victor Emmanuel, les troupes toscanes de Florence
sont placées sous le commandement du prince
Napoléon.
Un avis do Cardinal-Légat de Bologne, ordonne
la livraison des armes d'ici cinq jours.
Suivant une communication de notre corres
pondant de Paris, dit la Bœrsenhalle, Kossutn se
rendra très-prochainement Gênes où se trouvent
déjà divers meneurs militaires de la révolution
hongroise de 1848-1849.
Un comité composé de huit des négociants les
plus considérés de Hambourg, a publié one pro
clamation invitant réunir des dons pour les asso
ciations patriotiques de secours de Vienne, et
venir ainsi en aide aux combattants autrichiens.
mousquet qu'ils portaient ces grandes journées.
Par un sentiment de reconnaissance et de bonheur,
ils semblaient contempler religieusement les chefs
qui, aussi mutilés qu'eux, les commandaient ces
époques si glorieuses pour la France et le grand roi.
La joie était peinte sur tous les visages. On
attendait Louis XIV qui, pour la première fois,
venait visiter les vieux défenseurs du Trône; car
le roi avait écrit de sa propre main au maréchal de
Graucey, alors gouverneur des Invalides, qu'il
quitterait Versailles pendant quelques heures pour
venir se mirer devant les glorieux débris de
ses bataillons.
Cependant les canonniers étaient leurs pièces,
mèches allumées; le bronze, pour tonner, n'atten
dait que le signal de l'arrivée du monarque; tous
les regards étaient fixés vers le chemin du Cours-
la-Reine; tous les cœurs battaient d'impatience...
Enfin un piqueur la livrée du roi, couvert de
poussière et agitant eo l'air son feutre gris garni
de plumes rouges, annonça la foule, qui se pres
sait sur la grande avenue de l'hôtel, l'arrivée du
cortège royal. Aussitôt le canon gronda, les Inva
lides reprirent leurs armes, et cette longue ligue de
débris vivants resta immobile et silencieuse.
Bientôt on vit distinctement le carosse royal
déboucher sur l'esplanade; il était entouré des
Le bruit de la prochaine retraite du prince
Gortschakoff, ministre russe des affaires étrangères,
n'est nullement confirmé par les nouvelles qui
nous parviennent de Saint-Pétersbourg, au con
traire, nous croyons être autorisés le déclarer
Don fondé.
Les nouvelles d'un rapprochement entre la
Russie et la Turquie manquent jusqu'ici de tout
fondement. La Russie a demandé très-instammeot,
dans ces derniers temps la reconnaissance immé
diate du prince Coosa,et l'on sait qu'elle a déclaré
très-catégoriquement être décidée ne pas pins
souffrir une intervention dans les Principautés
danubiennes qu'en Servie.
Le vapeur turc, la Baronne Tucco, a apporté
la poste de l'Egypte et de l'Iode.
Suivant des nouvelles de Hong-Kong du i3
avril, le baron Gros est retourné en France, sir
John BowriDg eo Angleterre.
écuyers et des gentilshommes de la maison militaire
dn roi, précédé de deox coorenrs, la longue canne
la main, et d'un piquet de gardes du corps la
casaque de velours rouge, galonnée d'argent sur
toutes les coutures; mais, par une de ces délicates
convenances que Louis XIV savait observer,
peine les gardes du corps avaient-ils touché les
grilles de l'hôtel, qu'ils mirent l'épée dans le four
reau, descendirent de cheval et se rangèrent
droite et gauche de la chaussée.
Monsieur de Breteuil, avait dit le monarque
son capitaine des gardes, nn roi de France n'a pas
besoin d'escorte quand il se trouve au milieu de
ses soldats.
Puis, il était descendu de son carrosse et, suivi
du Dauphin, do marquis de Lonvois, ministre de
la guerre, du maréchal de Luxembourg, du duc
de Laforce et des gentilshommes qui l'avaient
accompagné, il passa devant la vénérable milice,
non sans adresser quelques soldats et plusieurs
officiers de ces nobles paroles qu'il trouvait dans
l'occasion.
Arrivé en face d'un groupe de drapeaux portés
par de jeones invalides, le roi se découvrit et
s'arrêta un moment en fixant un regard de com
passion sur le plus jeune soldat de ce groupe dont
la figure portait encore les traces de douleurs physi-