REVUE POLITIQUE. NAISSANCE D'UN PRINCE. La nouvelle administration sera complète dans deux ou trois jours. La Reine a donné l'ordre de la jarretière k lord Derbj et a nommé grand'croix de l'ordre du Bain les lords Malmesbury et Packington. DÉPÊCHES FRANÇAISES. P.ris, lundi soir, i3 juin. Des nouvelles de Bologne en date du la annoncent que les Aotrichiens ont évacué Aocône et se retirent par la voie de terre dans la direction de Ferrare. La Patrie dit que les Autrichiens ont évacué complètement les États-Romains et même Ferrare. Le même journal ajoute que les populations par- mesanes ont demandé l'arrivée des troupes fran çaises sur leur territoire. M. Brenier part demain pour Naples. DÉPÈCHES ITALIENNES. Turin, samedi, il juin. Uoe correspondance particulière de Milan, en date du 9, apporte quelques détails sur le combat de Marignan (Maleguaoo). Les Autrichiens avaient été renforcés par une division venant de Pavie. L'affaire a commencé k midi. L'ennemi s'était fortement retranché dans le cimetière et dans une ferme. Le général Bazaine attaque ces positions. Le général Ladmirault, commandant l'aile gauche, prend le château et tombe sur le village. Les Autrichiens cernés se replient et se barri cadent dans les maisons. Les zouaves soutiennent une lutte meurtrière corps k corps et chassent l'ennemi. Le général Forej, qui commandait la droite, n'a pas eu besoio de combattre. Un colonel a été tué; âoo zouaves ont été atteints; 35 officiers ont été mis hors de combat. Les Autrichiens avaient 3o mille hommes. Ils ont eu i,5oo tués et blessés et i,aoo.,prisoaniers. Le combat a duré neuf heures. Le soir, vers ooze heures, un bataillon de Hon grois et de Croates, qai voulait surprendre le village, a été enveloppé. Turin, samedi soir, 11 juin. Un bulletin officiel annonce que les Aotrichiens ont évacué Plaisance, après avoir détruit la citadelle et les autres fortifications. Ils ont abandonné une quantité considérable de vivres, de canons et de munitions. Nos troupes appelées par la municipalité de Plaisance sont entrées dans la ville. Les Autrichiens se sont renforcés k Brescello. M. de Malborough dit Napoléon en souriant mais alors vous aviez ceol ans de moios qu'k présent, et cela ne laisse pas que de faire une différence. Ah! mon colonel! dit Maurice en voulant déga ger son bras, que Napoléon n'avait pas quitté, je ne le souffrirai pas. Allons, allons, père, puisque le colonel veut bien avoir cette bonté, profitez-en le vent s'élève, vous toussez déjk beaucoup gare k la tisane demain matin Le centenaire se laissa conduire par l'empereur, en s'appuyant sur son fils, et tous trois se mirent en devoir de monter les quelques marches do perron de la galerie, lorsque Jérôme s'écria Enfin le voilà! Cyprien? demanda Maurice. Oui, père, réponJit Jérôme en grommelant entre ses dents les épilhètes de coureur et de libertin. Ne le gronde pas trop, reprit Maurice d'un ton de douceur; ne le gronde pas trop, cela ne loi arrivera plus. Je sais ce que j'ai k faire, répliqua sèchement celui-ci c'est uo mauvais sujet incorrigible. Où voyez-vous donc votre M. Cyprien? demanda Napoléon k Jérôme. Lk-bas, mon colonel, il est devant vous. [Pour être continué.) Turiu, dimanche voir, 11 juin. Cette nuit, les Autrichiens ont quitté Bologne et se sont dirigés sur Modène. Après leur départ, une manifestation en faveur de la cause nationale a eu lieu de la part de la populalioo. Turin, i3 juin. Après la retraite des Autrichiens de Bologne, le Cardinal-Légat est parti, laissant k la municipalité le gouvernement de la ville. La municipalité a nommé une commission et la dictature de Victor-Emmanuel a été immédiate ment proclamée. La ville est eo fête. Le quartier-général du Roi était hier k Vitner- cate de la Monza. Le service régulier du railway de Turin vers le Tessin est repris aujourd'hui. Suivant une correspondance de Turin de la Gazette de Cologne l'armée piémontaise y compris le corps de Garibaldi, est de 90,000 k 95,000 hommes. Vérone, vendredi, »o juin. Bulletin officiel. Le général Urban était le 8 juin près de Canonica. Le 8" corps d'armée a soutenu un combat san glant k Malegnano (Marignan}. L'ennemi, très-supérieur en nombre, paraît nous menacer de Milao. C'est pourquoi l'armée a passé l'Adda, et s'est rapprochée de ses renforts et de ses réserves, marchant en bon ordre, saos être ébranlée dans son courage et aspirant après un combat décisif. DÉPÊCHES AUTRICHIENNES. Vienne, vendredi soir, 10 juin. On assure que le feldzeugineistre baron de Hess est nommé, en remplacement du général Giulay, commandant en chef de l'armée d'Italie, avec le général Benedeck comme ad latus et le général Ramming comme chef d'état-major général. Vieuue, samedi soir, 11 juin. Le prince de Metteruich est mort cet après- midi k trois heures. L'archiduchesse de Parme est arrivée hier k Vérone. Les troupes parmesanes se soot rendues k Modène, d'après leur propre désir, avec l'asseuti- ment du duc de Modène. DÉPÊCHE PRUSSIENNE. Berlin, vendredi soir, 10 juin. La Gazette prussienne dément le bruit répandu k la Bourse d'une mobilisation de toute l'armée, ainsi qne d'une prochaine participation de la Prusse k la guerre engagée actuellement en Italie. Ce journal croit ne pas se tromper en disant qu'une pareille résolutiou n'a pas encore été prise, et qu'elle n'est pas imminente. La Prusse était obligée de donner de oouveaux développements k ces forces militaires, elle n'aurait en vue que de faire valoir avec plus d'énergie le point de vue auquel elle s'est placée actuellement. I? I? m >'m Les dernières nouvelles du théâtre de la guerre semblent démontrer que l'armée française va pour suivre activement ses opérations. Une dépêche annonce le passage de l'Adda sans coup férir, et confirme l'évacuation de Bologne, de Lodi et de Plaisance, dont les Autrichiens ont fait sauter la citadelle. L'armée alliée marche sur la ligne du Mincio, et vraisemblablement c'est dans cette seconde phase de la guerre que va se décider le sort de la Vénétie. Les Autrichiens tenteront - ils une seconde bataille rangée, ou se borneront-ils k se retrancher dans les villes fortifiées? c'est Ik la question, et jusqu'k ce qu'elle soit tianchée pour le public, il est bien difficile de faire aucune conjecture sur les plans adoptés et la direction des maoœuvres, qne les moindres incidents peuvent d'ailleurs modifier. Le Messager de Modène annonce que des ren forts considérables de troupes autrichiennes sont arrivés k Modène. Nous manquons de détails sur les événements de Parme. Une dépêche signale seulement le pas sage k Vérone de la duchesse, se dirigeant vers la Suisse. Uoe autre dépêche porte que les troupes parmesanes, après le départ de la dnchesse, se seraient retirées k Modène, où elles se seraient jointes aux troupes du doc François. Le jour de son entrée k Milan l'Einpereor Napo léon a fait paraître une proclamation an peuple italien que nous publions plus loin. On remarquera que l'Empereur ne s'y prononce passnr la délicate question de l'annexion de la Lombardie an Piémont. Il se défend également d'être venu en Italie avec des idées de conquête. Il n'y vient pas non plus avec uo système préconçu de déposséder les sou verains; mais n'eo engage pas moins tous les Italiens indistinctement de profiter de l'occasion pour conquérir leur indépendance et devenir les citoyens libres d'un grand pays en volant sous les drapeaux de Victor-Emmanuel. On signale une circulaire do prince Gorlschakoff aux représentants du Czar près les États de la Confédération, exposant les vues de la Russie sur l'intervention éventoelle de l'Allemagne dans la guerre engagée entre la France, le Piémont et l'Autriche. Le gouvernement russe explique très-catégo riquement qu'à son avis, le devoir de tous les cabinets est de localiser la guerre en Italie. Il déclare non moins nettement que la Confédé ration germanique n'a d'existence légale qu'k titre de ligue défensiveet qne si elle commettait un acte d'aggression, elle enfreindrait le pacte même qui l'a constituée et que la Rossie a signé. La discussion engagée k la Chambre des Com munes d'Angleterrek propos de l'Adresse en réponse an discours de la Reine, s'est terminée par la défaite du ministère. Lord Granville,°le plus modéré des antagonistes du ministère tombé, ayant été chargé par la Reine de la composition d'un nooveau cabinet, a trouvé lord Palroerston assez disposé k le seconder. Lord John Russell a été moins maniable, aussi lord Granville a dû renoncer k son mandat. Lord Pal- merston en a été alors investi. Une nouvelle entre- vuedevait avoir lieu entre lui et l'honorable député pour la Cité de Londres. Un homme d'État dont le nom s'est mêlé aux plus grandes affaires de ce siècle, le prince de Metternicb, vient de mourir k Vienne, âgé de 87 ans. S. A. R. et I. la duchesse de Brabant est accou chée dimanche d*, fête de la Pentecôte, k 1 heure et demie de relevée, d'un Prince, qui a reçu les noms de Léopold-Ferdinand-Elie.-Victor- Albert- Marie. L'auguste Mère et le Prince qu'appelaient les vœux des Belges, se trouvent en bonne santé. La Providence divine favorise évidemment la dynastie de Léopold. Le jeune Prince destiné k devenir Roi des Belges, naît dans un heureux jour, le saint jour de Pentecôte. Puisse-t-il, inspiré, par le Saint-Esprit, croître en âge et en sagesse} Puisse-t-il, parvenu a l'âge de raison, comprendre qu'il n'y a pour les peuples de bonheur que dans la Religion! que tout pouvoir qui s'appuie seulement sur des combinaisons humaines, est un pouvoir frivole, destiné tôt ou tard k s'écrouler! Nous, catholiques, nous adresserons an ciel des prières ferventes pour qu'il exauce nos vœux, pour qu'il comble de ses bénédictions le Roi, le duc et la dnchesse de Brabant, leurs augustes enfants, le comte de Flandre, l'archiduchesse Charlotte, et tous ceux qui leur sont chers.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1859 | | pagina 2