CHUTE DU MINISTÈRE ANGLAIS.
FRANCE.
Qu'après cela on poursuive, on calomnie, on
outrage, on insulte notre Religion, ses minisires et
ceux qui la pratiquent: Portœ inferi non prœ-
valebunt adversus eam. Elles resteront impuis-
sautes contre ce roc éternel les forces des méchants,
et les voyant confondus, rongeant inutilement leur
frein, nous prierons pour eux afin qu'ils reviennent
de meilleurs sentiments, eu même temps que
fidèles au Prince et h sa dynastie, nos cœurs et nos
voix s'écrieront Vive Je Roi!
L'amendement h l'adresse, portant que le minis
tère Derby n'avait pas la confiance du Parlement,
a été adopté par la Chambre des Communes, la
majorité de 323 voix contre 3io.
Lord Derby a résigné ses pouvoirs, en promet
tant de ne pas faire d'opposition au nouveau
ministère.
La démission du ministère a été acceptée par la
Courrnne.
Samedi h midi, les lords Palmerston et Gran-
ville ont été reçus en audience par la Reine.
Une conférence a eu lieu immédiatement après
entre les lords Granville, Palmerston, Russell et
sir Sydney-Herbert.
ACTE OFFICIEL.
Par arrêté royal du 12 join M. Alp. Vanden-
peereboom, bourgmestre de la ville d'Ypres, est
nommé chevalier dans l'Ordre de Léopold.
NÉCROLOGIE.
Le prince de Metternich Winnebourg (Clément),
ancien ministre de l'empire d'Autriche, qui vient
de mourir, était né le i5 mai 1773 du prince
Charles de Metternich, né en 1746 et mort en
1818. Dès l'an 1809 il était ministre d'État et de
conférence; puis il devint ministre-directeur des
affaires étrangères. Du 25 mai 1821 jusqu'au i3
mars i848 il fut grand chancelier de la Maison, de
la Cour et d'Etat au service de l'empereur d'Au
triche.
11 épousa, en 1795, une fille du prince de
Kaunitz-Ridberg, née en 1775 et morte en i825;
en secondes noces, la comtesse de Bellestein, née en
1806 et morte en 1829; enfin, en troisièmes noces,
la comtesse de Zichv-Ferraris, née en i8o5, morte
en i854.
Il laisse de ces trois mariages trois fils et trois
filles. L'aîné des fils (Richard), oé en 1829, est
chambellan envoyé extraordinaire et miuistre
plénipotentiaire près les cours de Saxe royale et
ducale. Les deux autres, issus du troisième mariage,
servent dans l'armée autrichienne.
Paris, le il juin.
Les journaux français publient les proclamations
suivantes adressées par l'Empereur aux Italiens et a
l'armée d'Italie, le jour de son entrée 'a Milan
Italiens,
La fortune de la guerre nous conduisant
aujourd'hui dans la capitale de la Lombardie, je
viens vous dire pourquoi j'y suis.
Lorsque l'Autriche attaqua injustement le
Piémont, je résolus de soutenir mon allié le Roi
de Sardaigne, l'honneur et les intérêts de la
France m'en faisaient un devoir.
Vos ennemis, qui sont les miens, ont tenté de
diminuer la sympathie universelle qu'il y avait
en Europe pour votre cause en faisant croire que
je ne faisais la guerre que par ambition person-
nelle ou pour agrandir le territoire de la France.
S'il y a des hommes qui ne comprennent pas
lenr époque, je ne suis pas du nombre.
Dans I état éclairé de I opinion publiqtie, on
est plus grand aujourd'hui par l'influence morale
qu'on exerce que par des conquêtes stériles, et
cette iofluence morale, je la recherche avec
orgueil en contribuant h rendre libre une des
plus belles parties de l'Europe.
Votre accueil m'a déjà prouvé que vous
m'avez compris.
Je ne viens pas ici avec un système préconçu
pour déposséder les souverains ni pour vous
imposer ma volonté; mon armée ne s'occupera
que de deux choses; combattre vos ennemis et
maintenir l'ordre intérieur elle ne mettra aucun
obstacle h la libre manifestation de vos vœux
légitimes.
La Providence favorise quelquefoisles peuples
comme les individus, en leur donnant l'occasion
de grandir tout coup; mais c'est la condition
qu'ils sachent eu profiler. Profitez donc de la
fortune qui s'offre a vous. Votre désir d'indé-
pendance, si longtemps exprimé, si souvent
déçu, se réalisera si vous vous en montrez
dignes. Unissez-vous donc dans un seul but:
l'affranchissement de votre pays.
Organisez-vous militairement. Volez sous les
drapeaux du Roi Victor-Emmanuel, qui vous
a déjà si noblement montré la voie de l'honneur.
Souvenez-vous que sans discipline il n'y a pas
d'armée et, animés du feu sacré de la patrie, ne
soyez aujourd'hui que soldats; demain vous serez
citoyens libres d'uu grand pays.
Fait au quartier impérial de Milan, le 8 juin
i859. NAPOLÉON.
Soldats,
Il y a un mois, confiant dans les efforts de la
diplomatie, j'espérais encore la paix, lorsque
tout coup l'invasion du Piémont par les troupes
autrichiennes nous appela aux armes. Nous
n'étions pas prêts. Les hommes, les chevaux, le
matériel, les approvisionnements manquaient,
et nous devions, pour Recourir nos alliés, débou-
cher la hâte, par petites fractions, au delà des
Alpes, devant un ennemi redoutable et préparé
de longue main.
Le danger était grand, l'énergie de la nation
et votre courage ont suppléé tout. La France a
retrouvé ses anciennes vertus, et, unie dans un
but comme en un seul sentiment, elle a montré
la puissance de ses ressources et la force de son
patriotisme. Voici dix jours que les opérations
ont commencé, et déjà le territoire piémontais
est débarrassé de ses envahisseurs.
L'armée alliée a livré quatre combats heureux
et remporté une victoire décisive qui lui ont
ouvert les portes de la capitale de la Lombardie;
vous avez mis hors de combat plus de 35,000
Autrichiens, pris 17 canons, deux drapeaux,
8,000 prisonoiers, mais tout n'est pas terminé;
nous aurons encore des luttes soutenir, des
obstacles vaincre.
Je compte sur vous; courage donc braves
soldats de l'aimée d'iialie! Du haut du ciel vos
pères vous contemplent avec orgueil!
Napoléon.
Fait au quartier-général de Milan, le 8 juin
1859.
Le maréchal comte de Baraguey-d'Hilliers, qui
vient d'ajouter, Marignan, une dernière page
glorieuse la campagne d'Italie, porte, lui aussi, un
nom célèbre dans les fastes de l'Empire. Il est le
fils du général Louis Baraguey-d'Hilliers, mort en
1813. Le maréchal Baraguey d'Hilliers, né en
1795, entra en 1807 au Prytanée militaire, il en
sortit en 1812, en qualité de sous-lieutenant aux
chasseurs cheval. Il fit la campague de Russie.
A Leipzig, en 1813, il eut le poignet gauche
emporté par un boulet, ce qui ne l'empêcba pas de
continuer servir son pays. Eo i8i5, il était
capitaine. Eu i83o, lors de l'expédition d'Alger,
il était lieutenant colonel. Il gagaa le grade de
colonel la bataille de Staouoli. En i832, il
commanda en second l'Ecole militaire. Eo i836,
il fut nommé maréchal de camp et commandant en
chef de cette pépinière d'officiers que Napoléon I"
appelait sa Poule aux œufa d'or.
Eu i84o, le général Baraguey- d'Hilliers eot nn
commandement en chef, en Algérie, où, après
plusieurs campagnes glorieuses il fut nommé
lieutenant-général eo 1843. C'était l'époque où la
guerre sévissait avec fureur eo A Igérie. Ou raconte
que dans une de ces expéditions, le général
Baraguey-d'Hilliers s'élant lancé avec trop d'ardeur
contre un groupe de cavaliers arabes, se trouva, lui
troisième, engagé dans une rude mêlée, où il ne se
tira qu'à force de sangfroid et de courage. Dégagé,
enfin par les spahis, il s'aperçut que son épée, qui
pendait, attachée par la dragonne son bras
gauche, était restée parmi les ennemis. Aussitôt il
revient la charge, se précipite sur les Arabes et
reprend ce glorieux iosigne de son commandement.
Nommé membre de l'Assemblée con.stitoaote et
de l'Assemblée législativa, il fit la pl us ardente
oppositioo aux idées anarchiques, et s e rallia un
des premiers la politique de Louis- Napoléon.
C'est le maréchal Baraguey-d'Hilliers q ui succéda
M. le général Changarnier dans le corna tandement
de l'armée de Paris.
En t854, il fut nommé commandant en chef
du corps expéditionnaire de la Baltique, et eut
l'honneur d'inscrire sur le drapeau dq nouvel
Empire la première victoire remportée en Europe.
La prise de Bomarsund lui valut le bâton de maré
chal et son admission au Sénat, dont il est aujour
d'hui un des vice-présidents.
Commaodant en chef du premier corps de
l'armée d'Italie, c'est une de ses divisions (la
division Forey) qui a eu l'honneur de livrer le
combat qui a eu lieu en Italie. C'est lui-même qui
a livré jusqu'ici le dernier combat de cette campa
gne de quinze jours, dont le résultat a été la prise
de Milan.
Nous recevons sur M. le maréchal de Mac-
Mahon la note suivante, qui ajoute d'intéressants
détails ceux que nous avons déjà donnés.
M. Marie Patrice-Maurice comte de Mac Mahon»
est né au château de Sully, dans l'arrondissement
d'Autun. Il fit ses études en partie chez son père,
eu partie au séminaire de celle ville.
La vie du maréchal n'est qu'ane brillante suite
d'actions d'éclat, nous n'en citerons qu'une.
Après le combat du col de Tercbia, le général
Achard dit son aide de camp, M. de Mac-Mahon
Voulez-vous aller porter au colonel Rullières,
Blidah l'ordre de changer de marche, je vous
donnerai un escadron de chasseurs. Le jeune
officier refusa l'escorte, c'était trop ou trop peu. Il
partit seul. Arrivé un demi-kilomètre de Blidah,
il se vit enveloppé de cavaliers ennemis par trois
côtés. M. de Mac-Mahon se porta eri avant, pour
suivi par les indigènes; il n'hésita pas se jeter
dans le ravin de Blidah, décidé le franchir ou y
mourir. Sn chevai se cassa la jambe en atteignant
la rive opposée, M. de Mac-Mahon se dégagea
aussitôt et se dirigea vers la ville, où il arriva saiu
et sauf. Aucun des indigènes n'avait osé le suivre.
Le père du maréchal est mort lieutenant-géné
ral des armées du roi et commandeur de ses ordres;
son oncle, le marquis de Mac-Mahon, fut pair de
France et maréchal de camp.
M. de Mac-Mahon a épousé en 1854 M11'
Elisabeth de Castries, fille de M. le marquis de
Castries, dont le fils, M. Edmond de Castries est
élève de l'école militaire de Saint-Cyr. De son
mariage avec M11' de Castries, M. le maréchal de
Mac-Mahon a un fils, né en 1855.