42me Année. Mercredi 22 Juin 1859» N<> 4,354.
4 FR. PODR 6 MOIS, 2-50 POCR FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE. AN, 5 FR. POCR 6 MOIS, 2-75
7PB.23S, 22 JUIN.
REVUE POLITIQUE.
Depuis que Voltaire a dit meniez, men
tez toujours, et il en restera quelque chose;
ses admirateurs ont si bien suivi cet avis,
et y ont si souvent trouvé leur compte,
que renchérissant sur leur maître, ils ont
aujourd'hui pris le parti de calomnier
toujours. Chaque jour les feuilles voltai-
riennes nous en fournissent de nouvelles
preuves. Vous ne devez pas même sortir
de notre arrondissement pour vous en
convaincre. En effettandis que tous les
hommes francs et sincères protestent de
jour en jour plus énergiquement contre
l'indigne manœuvre, contre les moyens
déloyaux que nos adversaires ont em
ployés pour éliminer Monsieur Jules
Malou, un des hommes les plus distingués
du pays, une des principales gloires du
Parlement belge, une feuille, qui progresse
en sincérité voltairienne, a l'effronterie de
nous rendre responsables de l'acte odieux
que ses patrons ont posés, elle ose préten
dre que nos adversaires n'ont escroqué les
voles M. Jules Malou, que parce que les
conservateurs cherchaient éliminer M.
Alp. Vandenpeereboom! Quelle impu
dence! Elle est convaincue que jamais ces
derniers n'auraient admis de transaction
s'ils n'avaient pas eu l'intention de lui
laisser son mandat. Bien lois de vouloir
combattre la candidature de notre hono
rable Bourgmestre, nous affirmons delà
manière la plus positive que les conserva
teurs pour rester fidèles la transaction
admise par les deux partis, tenaient la
réélection de M. Vandenpeereboom; au
point que si ce dernier, au premier tour
du scrutin, n'avait pas obtenu la majorité
absolue et si, seul des trois mandataires il
avait dû subir le ballotage avec quelque
conservateur, sa réélection n'en eût pas été
moins assurée; car notre parti, il faut que
le pays le sache n'aurait pas reconnu
comme sérieuse une candidature contraire
au comprpmis, et les conservateurs ou se
seraient abstenus de voter, ou auraient
accordé leurs votes M. Vandenpeere
boom. Nous pouvons affirmer en outre
que M. J. Malou avait formellement dé
claré que, conformément son engage
ment il ne pouvait rentrer la Chambre
sans son honorable collègue M. Vanden
peereboom. Nous demandons maintenant
tout homme impartial si l'élimination de
M. J. Malou n'est pas une criante injustice?
et n'accuse pas la partie adverse d'une
accablante déloyauté?
De quel côté sont donc les faux amis?
LE PROPAGATEUR
POUR LA VILLE 6 FR. PAR AN, LE DEHORS FR. 7-50 PAR
TROIS MOIS. P0DR 5 MOIS.
Napoléon III et Victor-Emmanuel sont Brescia.
Tout fait prévoir un prochain engagement sur la
roule de Peschiera ou sur la route de Mantoue. Le
prince Napoléon s'est avancé de Florence sur
Pistoie. On pense que le corps d'armée franco-
toscan qu'il commande doit traverser le duché de
Modèoe et marcher sur le midi de la Lombardie.
Les Autrichiens ont effectué leur mouvement de
concentration dans le quadrilatère formé par les
forteresses de Mantoue et Peschiera sur le Mincio
et celles de Vérone et Legnago sur l'Adige. C'est
sur les bords du Mincio que l'on s'attend k voir se
livrer les grandes batailles. Grâce au chemin de fer
qui lie entr'elles Vérone, Peschiera et Mantoue,
l'armée autrichienne y jouira des mêmes avantages
que les Franco-Sardes de l'autre côté du Tessin.
D'ici Ik désengagements partiels pourront encore
avoir lieu. Les deux avant-gardes, que commandent
respectivement le général Urban et Garibaldi, en
sont venues aux mains Castenedole. Les Piémon-
tais oot été repoussés, laissant 8o prisonniers au
pouvoir de l'ennemi, et ont perdu 4oo hommes
tués ou blessés.
Le général Giulay est sur sa demande déchargé
du commandement du deuxième corps d'armée
et remplacé par le général Schlick. Une dépêche de
Vienne annooce que le général Wimpffen, k la
tète de la première armée, et le général Schlick, k
la tète de la seconde, se trouveraient placés sous le
commandement supérieur de l'Empereur, avec le
feldzeugmeistre de Hess pour quartier-maître
général et chef d'état-major.
La révolution s'étend dans les États de l'Eglise,
et les dépêches qui se succèdent nous la montrent
renversant partout l'autorité pontificale pour sub
stituer la dictature du roi de Sardaigne. Après
Bologne, après Ancône, Ferrare, Ravenne, voici
Rimini, Gésène, Pérouse qui s'insurgent k leur
tour.
La Patrie annonce que Victor Emmanuel aurait
nettement refosé la dictature que la municipalité
de Bologne lui avait offerte. Le roi aurait même,
disait-on, envoyé k Pie IX un de ses aides-de-
camp pour lui répéter que le chef de la catholicité
n'avait rien k craindre des événements.
Suivant une correspondance de Rome de VUni-
vers, un certain nombre de Bolonais s'étant rendus
en députation auprès de l'Empereur Napoléon pour
lui exprimer le désir d'être unis au Piémont,
l'Empereur leur aurait répondu Retournez
dans votre pays, obéissez k votre souverain, et
sachez que je ne suis pas venu en Italie pour
amoindrir sa puissance, mais pour la faire respecter.
Toutefois rien n'annonce encore,quele mouve
ment, dont la ville de Bologue a donné le signal,
soit k la veille de s'arrêter.
Kossuth, l'ancien dictateur de la Hongrie, a
quitté récemment l'Angleterre et est arrivé k Paris,
se rendant k Genes ou il va mettre au service de
Victor-Emmanuel son influence sur les révolution
naires magyares.
La mobilisation de six corps de l'armée prussienne
sur neuf est l'objet de nombreux commentaires
dans la presse. Cette mobilisation,qui met 2âo,ooo
hommes sous les armes, ne comprend pas les s*
et 6* corps (Prussf orientale, Poméranie, Silésie),
parce que dit la Gazette de la bourse de Berlin,
il n'a pas paru convenable de dégarnir com
plètement les frontières orientales, eu présence
des forces que la Russie concentre k Haliscb.
D'après une correspondance de Berlin, la Prusse
aurait l'inteotion d'occuper fortement la ligoe
de Mayence k Rastadt.
Le ministère de lord Palmerston est constitué.
C'est une image assez fidèle de la coalition qui
a renversé le comte Derby. Entre les divers partis
dont se compose le parlement anglais, seuls les
torys purs et les radicaux ne sont point représentés
dans le conseil de la couronne.
Pour compléter notre revue signalons encore les
ferments de révolutiooqoe l'on s'attend k voirécla-
ter dans lesprovinces septentrionales de la Turquie
d'Europe,et qui fourniront k la Russie l'occasion de
s'immiscer dans les affaires de l'empire Ottoman et
de récupérer en uo jour tout ce que le désastre de
Sébastopol lui a fait perdre. Sans doute elle
portera de nouveau ses vues ambitieuses josque sur
Constantinople mais si l'appui de la France lui est
requis, l'Angleterre risquera son dernier vaisseau
pour la déloger du bosphore, et alors sans doote le
gouvernement britannique n'hésiterait plus k in
tervenir les armes k la main dawi le coufiit. Pour le
moment lord Palmerston, pas plos que lord Derby,
ne rompra la neutralitémais se tiendra prêt
k profiter des embarras des belligérants et des
péripéties de la lutte, pour ourdir quelque intrigue
politique ou assurer a l'Angleterre des avantages
matériels, commerciaux ou autres.
Toutes les feuilles qui se respectent encore,
s'accordent unanimement pourstigmaiiser l'ignoble
perfidie, dont les'ibéraux Yprois et Poperinghois se
sont rendus coupables, k leur pins grande honte.
Nous le répétons malgré cette déloyauté inqua
lifiable de leur part; nos denx candidats seraient
indubitablement sortis «ictorieox, an premier tour
de scrutin, si tous les électeurs avaient été k leur
poste. Grande leçon ponr ceux quiaimant k
l'excès la vie casanière, se laissent trop facilement
endormir dans nne sécurité complète!
Nous l'avouons, notre bonne foi a été trompée,
nons avons en confiance dans la loyaoté et dans la
gratitude de nos adversaires; et dous avons appris,
une fois de plus, qu'ils sont incapables de concevoir
d'anssi nobles sentiments. S'il y a eu faute de notre
part, c'est une faute qui nous honore et nous nous
en félicitons. Oui! Nous le proclamons hautement
Nous préférons mille fois l'insuccès que nous
venons de subir, au soi-disant triomphe du parti
tartufe et dominateur. Un tel triomphe ne fait du
tort qu'k ceux qui l'emportent. Nous avons la
conscience d'avoir agi loyalement sans arrière-
pensée; quoique plus forts en nombre, nous avous
transigé pour le bien-être do pays, qui était las de
toutes ces luttes stériles; et oous avous tenu
parole. Nos ennemis, au contraire, par une malice
qu'on leur connaît maintenant, ont forfait k
la transaction et par suite k leur propre honneur;
le tort tombe doncd'aplomb sur eux. Disons le mot,
ils se sout attiré, par leur tartuferie, une tâche
indélébile; une flétrissure dégradante, dout ils ne
pourront plus jamais se relever.
Déjk l'on commence k dire tout haut dans les