DÉPÊCHES TÉLÉGRAPHIQUES. FRANCE. ITALIE. AUTRICHE. mmmmm complète des jeunes gens en matière de Religion; et nos libéraux le trouvent a merveille et ne voient pas l'abîme qu'il a déjà creusé sous leurs pas. Mon esprit était travaillé de ces considérations, (qu'on fera passer pour exagérées, puisqu'elles ne viennent pas d'un libéral;) quand je me rappelais qu'un jour, toutes les presses clubistes n'avaient pas assez d'encre, pour noircir un collège respec table de cette province; et tous les libéranx pas assez de poumons pour vociférer contre on profes seur des plus honorables; et h quel sujet et pour quel crime, croyez-vous? Parce qu'on avait trouvé dans no cahier d'un élève de cet établissement, un devoir qui traitât une question politique. Devoir, notez-le bien, qui avait été composé l'insu de son digne maître. C'était là, selon MM. les libéraux un forfait de lèze-raajesté et digne de la réproba tion générale. Je suis curieux de savoir comment ces Messieurs qualifieront maintenant les jeunes collégiens yprois. Un seul aura-t-il un mot de blâme pour stigmatiser la conduite ridicule de ces bambins? Le temps nous l'apprendra. Plutôt le temps nous apprendra précisément le contraire. Si l'on a prodigué des éloges aux gamins de Bruges, pour avoir lancé la pierre aux élèves d'un établis sement rival, sans doute que M. le ministre Rogier votera une couronne civique aux élèves de votre collège communalpour leurs belles prouesses, exercées en faveur de MM. les libéraux, dans vos dernières élections. --l-O'l -~i dépêches italiennes. Turin jeudi, 3o juin. Un bulletin officiel, qui vient d'être publié, annonce que le quartier-général impérial est Volta. Le passage du Mincio continue. L'Empereur a visité la rive gauche. La position de Vallégio est occupée par les Français qui ont fait jeter des ponts pour remplacer ceux que les Autrichiens ont détruits dans lear retraite. dépêches suisses. Berne, jeudi, 3o juin. Les dépêches de Tnrio confirment la nouvelle que Garibaldi a reçu l'ordre d'occuper la Valteline supérieure. Garibaldi était attendu avec 3,000 hommes Tiraoo, où 5oo Piémontais d'infanterie régulière étaient déjà arrivés. Des escarmouches ont eu lieu près de Bormio, eotre divers corps francs de la Valteline et les Autrichiens qui gardent le Stelvio. Les correspondants des journaux français sont parfois d'uoe naïveté incroyable. C'est ainsi que dans une correspondance sur l'affaire de Marigoan nous lisions il n'y a pas loogtemps, qu'un seul soldat français avait pris toute une compagnie d'Autrichiens composée de 25o hommes. Aujour d'hui nous trouvons dans uoe correspondance adressée la Pairie de Paris, sur la bataille de Solférioo, le passage suivant. Des groupes de dix on quinze hommes atta quaient des régiments entiers, et ces régimeots, la voe des baïonnettes, tournaient le dos. Or, souvenons-nous qu'un régiment autrichien se compose de 6,886 hommes. Et dire que de pareilles choses s'impriment daus des journaux comme la Patrie, qui n'a pas renoncé que nous sachions la prétention de passer pour un journal sérieux. L'exaltation produite en France par la nouvelle de la dernière victoire remportée par les alliés était telle samedi dernier, qu'elle a occasionné un cas de violation de territoire belge par on drapeau français porté par une locomotive de la compagnie du Nord. Cette locomotive remorquant le train de voya geurs qui arrive Charleroi, 3 heures de l'après- midi, avait quitté Paris pavoisée d'oo immense drapeau français en signe de réjouissance nationale. Elle eût dû le laisser Jeumont. Mais le commis saire de police de cette gare, enthousiasmé comme tous ses compatriotes, n'y prit garde, et laissa passer la locomotive telle qu'elle était venue de Paris. Elie atteignit ainsi Erquelinnes, première station belge, là le commissaire de police fit enlever le drapeau français. Il paraît que le machiniste avait l'intention de traverser toute la Belgique et d'arriver en Alle magne avec le drapeau français planté sur son remorqueur. Journal de Charleroi.) La maison Ch. Muquardt vient de publier le n* II des Tableaux de la composition des armées européennes sur le pied de guerre. Cette livraison expose l'état des forces de l'armée française. D'après ce tableau cette armée se trouve composée comme suit Etats-majors et cent gardes, 2,077 hommes. Garde impériale, 4o,42i Gendarmerie, 24,210 Infanterie, 35g, 352 Cavalerie, 77,125 Artillerie, 57,967 Génie, i2,34o Équipages militaires, 11,236 Total 584,718 hommes. Le nombre des chevaux et mulets s'élève, pour toute l'armée, 144,702. Le correspondant du fVanderer écrit sous la date de Milan, i5 juin Les transports de joie diminuent vue d'œil; les esprits commencent se dégriser. Quelques mesures prises par le nouveau gouvernement, qui, du reste, ne veut pas être considéré comme étant provisoire, ont contribué opérer ce changement, surtout depuis qu'il a imposé les libérés, tandis que ceux-ci avaient compté voir alléger le fardeau des contributions. Au lien de cela, le lieutenant de Victor-Emmanuel a fait placarder tous les coins des rues qu'en face des circonstances actuelles et des besoins extraordinaires de la guerre, il fallait conserver dans toute leur étendue tous les impôts et droits qui sous le gouvernement précédent a avaient grevé les provinces lombardes. Cette dis position fit hocher bien des têtes, mais ce fut bien pis encore lorsqu'on exigea le versement intégral dans les caisses de guerre piémonlaises de l'em prunt forcé de 45 millions de florins que le gouvernement autrichien avait décrété. Cette exaction fit soudainement disparaître jusqu'à la dernière trace d'enthousiasme, et les Milanais con sternés commencent craindre que cet étourdisse- ment passager n'aille leur imposer encore des sacrifices bien autrement graves. Tandis qu'il y a quelques jours les rues reten tissaient de bruyantes exclamations de bonheur, on fait, aujourd'hui déjà, la grimace, et surtout le petit bourgeois découragé se demande s'il sera bientôt débarrassé des Français, ou si peut-être il n'a fait que changer de maître! Mais, quant la noblesse, qui constitue l'élé ment principal du mouvement, elle met les plus grandes espérances dans le nouvel ordre de choses, et elle rêve un avenir brillant, tandis que les vœux de toutes les autres classes de la population, qui détestent ces nobles beaucoup plus encore que la domination de l'étranger, se prononcent dans un sens tout fait contraire. En attendant,les «nobile» affluent vers les bureaux de recrutement des corps francs, surtout vers ceux de Garibaldi. Dans la seule paroisse de S'-Alexandre, i,5oo individus se sont présentés. En général, on assure que la conduite des soldats françaiset particulièrement celle des zouaves, dans les villages qu'ils ont traversés, n'a été rien moins qu'exemplaire; le sexe devient pour eux l'objet d'égards tout particuliers. Cette circonstance ne manquera pas, sans doute, de refroidir l'enthousiasme des Lombards pour les libérateurs. Dès le premier soir de leur entrée, les zouaves et les turcos aux bonnets ronge, casaques courtes et pantalons fort largesse distinguèrent sous ce rapport et s'empressèrent de se dédommager des privations que leur avait imposées la vie des camps. D'après l'accueil qu'on leur avait fait lors de leur entrée, ils devaient bien s'attendre trouver des bras ouverts. Des dames élégantes ne les avaient- elles pas embrassés l'en vi comme leurs libérateurs du joug détesté? n'étaient-elles pas alléesaveceux, bras-dessus, bras-dessous, se pavaner sur des places publiques? Mais voilà que la crainte des guerriers noirs l'emporte sur l'enthousiasme; on s'esquive ou on ferme les maisons, pruderie innat- tendue qui ne fit qu'exciter les turcos et les zouaves mettre profit les tours de forces qu'ils avaient appris dans les montagnes de la Kabylie afin d'escalader en un clin d'œil les balcons et les fenêtres. Le fameux quadrilatère, dans lecentre duquel les Français viennent de pénétrer,est un trapézoïde, dont le côté occidental, formé par le Mincio, repré sente une ligne droite tirée du nord au sud, de Peschiera Mantoue, et dont le côté oriental, dessiné par le cours de l'Adige, décrit une diagonale qui s'étend de Vérone au N.-O. jusqu'à Legoano au S.-E. Dans sa plus petite largeur, de Peschiera Vérone, le quadrilatère ne mesure pas plus de 24 kilomètres; dans sa plus grande, c'est-à-dire de Mantoue Legnano, il offre on développement d'environ 35 kilomètres.C'est unelargeur moyenne de 3o kilomètres ou sept lieues et demie. Hier on a reçu ici la nouvelle qu'une flotte anglaise forte de 20 voiles est arrivée Venise. Deux divisions de la flotte de siège françaises sont déjà entrées dans l'Adriatique; nous nousattendons au premier jour une attaque de Venise. Correspde la Bœrsenhalle.) On lit dans la Gazette de tienne La douloureuse impression produite par les nouvelles du théâtre de la guerre n'a pas besoin d'interprète. Les sentiments de tout Autrichien doivent correspondre la gravité du moment; mais ce n'est pas l'abattement, c'est la fermeté qu'il faut pour supporter le malheur avec un courage inébranlable. Les nouvelles que nous avons reçues jusqu'ici ne permettent pas encore de porter un jugement bien clair sur cette immense bataille, et en présence d'événements si terribles il n'est pas opportun de se livrer des rumeurs et de$ suppositions vagues qui, en excitant des espérances optimistes ou des inquiétudes exagérées, peuvent avoir un fâcheux effet. Attendonsavec courage les prochains rapports, afin d'envisager en face la pénible situation des choses. La guerre a éclaté pour une cause juste; elle u'a pas changé dans son essence, parce que le sort ne nous a pas été favorable jusqu'ici. C'est dans les vicissitudes telles que celles où se trouve actuel lement l'Autriche, que les individus et les peuples montrent leur caractère. L'Autriche a déjà heureu sement résisté de dures épreuves. Les campagnes du prince Eugène, les campa-

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Le Propagateur (1818-1871) | 1859 | | pagina 2