armements, chaque puissance tenant a exercer une
action sur les combinaisons politiques et territoriales
qoi interviendront.
Le gouvernement sarde cependant ne se gêne
pas pour anticiper sur les résolutions des grandes
puissances. Dès h présent et autant qu'il dépend
de l'administration piémontaise, le royaume de
Victor-Emmanuel comprend outre ses anciennes
provinces, la Lombardie et les duchés.
Quant b Napoléon III, ce n'est pas sans noe
légitime appréhension que l'on se demande s'il
rentrera sans arrière-pensée dans le concert des
puissances européennes; s'il saura pleinement
dégager sa politique de la factieuse influence du
carbonarisme; si, enfin, il ne cache point certaines
voes d'agrandissement territorialen attendant
une occasioo propice de les faire valoir.
Le Siècle, oracle du libéralisme voltairien, a
dernièrement recommencé sa campagne contre
Rome. Pie IX a osé envoyer des troupes pour
rétablir l'ordre b Pérouse qui avait appelé l'étranger
dans son sein et les héros de i848; Pie IX a voulu
arrêter tous les malheurs de l'anarchie; Pie IX a
envoyé ses soldats combattre des émeuliers, sou
doyés par l'argent étranger; Pie IX est donc
déclaré l'ennemi de la Fraoce et l'oppresseur le
plus barbare de l'Europe. Pour l'honneur du
gouvernement français, nous aimons b ajouter que
dans un communiqué, que le Siècle a été obligé
de reproduire en tête de ses colonnes, il désavoue
vertement ces incartades.
Dans le consistoire secret do 20 juin, le Pape a
déclaré qu'il a protesté dans la forme diplomatique
contre la révolte d'une partie de ses États. Il a
également rappelé la peine de l'excommunication
majeure prononcée par divers Conciles contre tous
ceux qui,d'une manière quelconque, osent troubler
le pouvoir temporel des Papes.
L'on commence b évaluer avec quelque précision
le chiffre des pertes essuyées de part et d'autre la
bataille de Solferino. La Gazette de Vienne
publie des chiffres d'après lesquels l'armée
autrichienne aurait en 78 officiers tués et 38i
blessés, i,855 soldats tués et 7,834 blessés; en
tout 10,176 hommes. Le bulletin officiel français
porte le chiffre des toés et blessés, dans l'armée
française, b 12,000 hommes de troupes, et b 720
officiers, dont i5o tués. Parmi les blessés il compte
5 généraux, et parmi les morts 7 colonels et 6
l'une b Jérôme, et l'autre b Cyprien puis déta
chant la sienne, il la fixa sur la poitrine du cente
naire, au-dessous des deux petites épe'es en croix
dont le médaillon la décorait déjb, et il lui dit
avec bonté
Mon vieux camarade, je regrette de n'avoir pas
acquitté plus tôt envers vous cette dette de la
Fraoce.
V ive l'empereur!... vive l'empereur!... s'écriè
rent les invalides.
Sire, dit le centenaire d'une voix que le ravisse
ment rendait encore plus tremblante, vous parez
mon tombeau, et voos me rendez tout glorieux
d'avoir donné b mon pays deux fils dont Votre
Majesté vient de payer si honorablement les
ser»ices.
Mon brave répoodit Napoléon en tendant au père
Maurice sa main, que celui-ci saisit et sur laquelle
il posa respectoeusemeot ses lèvres, je vous le
répète, je ne fais que payer la dette de la patrie,
car moi aussi je suis un soldat, et c'est b elle que je
dois tout. Pois s'adressant au gouverneur Monsieur
le maréchal, reprit-il eo souriant, venir aux Inva
lides sans rendre visite b mes vieux camarades, ce
serait aller b Rome sans voir notre Saint-Père le
Pape Veuillez m'accompagner.
[Pour être continué.)
(*- Dans te long séjour que le maréchal Serrurier avait fait
précédemment tant S Rome que dans les autres parties de
l'Italie (de 1795 1799), il n'avait jamais eu l'occasion de voir
le Pape.
lieuteoaots-colonels. Dans les rangs piémontais
5,5x5 hommes manquent b l'appel, chiffre énorme
comparativement aux forces de cette armée.
Un correspondant du Morning- Herald inculpe
la discipline de l'armée française d'une manière
tellement grave, que l'on croirait ses allégations
inspirées par l'antipathie nationale. Toutefois le
correspondant de la feuille britannique prétend
ne rien rapporter que d'après des renseignements
sûrs. Selou lui, les faits de pillage ne sont pas nom
breux, mais les attentats aux moeurs sont fréquents,
et dans les campagnes peu de familles ont échappé
an déshonneur.
Du reste, d'après le même correspondant, si les
Français sont accueillis dans les villes comme des
libérateurs, il n'en est pas de même dans les cam
pagnes lombardes, où les sympathies sont pour
l'Autriche. Les impôts sur le travail et la propriété
.y sont moins lourds qu'en Piémont. A Milan,
l'enthousiasme est grand encore, mais Français et
Lombards sont d'accord pour déprécier les soldats
de Victor-Emmanuel, dont la jactance déplaît. On
n'y accepterait l'incorporation au Piémont qu'b la
condition de faire de Milan la capitale du royaume
de l'Italie septentrionale. En revanche, les Fran
çais sont aussi peu populaires b Turin, que les
Piémontais b Milan.
CONVOCATION DES CHAMBRES.
Le Moniteur de dimanche d1 contenait un arrêté
royal daté de Londres 29 juin, qui convoque les
Chambres législatives pour le mardi 12 juillet
courant, b midi.
Il paraît certain qu'il n'y aura pas de séance
royale.
La Chambre et le Sénat commenceront leurs
opérations par la vérification des pouvoirs.
Nous recevons de Rome le texte dn passage
le plus important de l'allocution prononcée par le
Pape dans le consistoire secret du 20 juin. Voici
ce passage:
C'est pourquoi, après avoir, par protestation
de notre Cardinal secrétaire d'Etat envoyé b
tous les ambassadeurs, ministres et chargés d'affai-
res des nations étrangères aoprès de nous,
a désapprouvé et détesté les coupables attentats des
rebelles, maintenant, vénérables frères, dans ce
consistoire, élevant notre voix, nous protestons
de toute la force de notre âme contre tout ce que
les rebelles ont osé en divers lieux; et de notre
suprême aoiorité, nous condamnons, désapprou-
vons, rejetons, abolissons tous et chacun des actes
faits par Bologne, Ravenne, Péronse ou ailleurs,
par ces mêmes rebelles, contre notre pouvoir
légitime et sacré et contre le principat duSaint-
Siège. De quelque nom qu'ils soient appelés, de
quelque manière qu'ils soient faits, nons déclarons
ces actes vains, illégitimes et sacrilèges.
De plus, et pour la mémoire de tous, nous
rappelons l'excommunication majeure et les autres
peioes et censures ecclésiastiques infligées par les
sacrés canons, les Constitutions apostoliques, les
décrets des conciles généraux, en particulier de
celui de Trente 22, cbap. II, de Reform.) qui
seront encourues, sans autre déclaration, par
tous ceux qui d'one manière quelconque osent
troubler le pouvoir temporel du Pontife romain;
et nous déclarons que ceux de Bologne, de
Ravenne, de Pérouse ou de tonte antre cité, qui
ont osé violer, troubler ou usurper le pouvoir
ou la juridiction dans le patrimoine de saint
Pierre, par l'action, le conseil, l'assentiment ou
tout autre moyen, y sont déjb malheureusement
tombés. [Gazette de Bruxelles.)
L'armée française vient de passer le Mincio; elle
entre dans cette région stratégique qui constitue ce
qu'on appelle le grand quadrilatère des forteresses
autrichiennes. Le moment est venu d'en donner la
description b nos lecteurs.
L'enceinte du fameuxquadrilatèreestformée par
le lac de Garde, le Mincio, l'Adige et le Pô. Cette
enceinte est flanquée de quatre places fortes
Peschiera, b la pointe méridionale du lac; Mantoue,
au milieu d'un lac, b l'extrémité de la ligne du
Mincio; Vérone, sur l'Adige, au débouché des
montagnes du Tyrol italien, et enfin Legnano, situé
aussi sur l'Adige, b 12 lieues plus bas que Vérone.
Cet ensemble constitue une des meilleures posi
tions stratégiques de l'Europe, et la plus forte de
l'Italie. Il fallait être victorieux et avoir l'ascendant
des armes pour pénétrer, comme on l'a fait dans ce
quadrilatère, en présence d'une armée quelque peu
considérable encore, au milieu de places bien
gardées et bien munies, qu'il faut faire observer
pour empêcher leurs garnisons de couper les com
munications et de faire des sorties sur les derrières
ou sur les flancs pendant qu'on serait eo conflit
avec le reste de l'armée autrichienne.
Vérone est le centre et le grand point d'appui
de tout le quadrilatère. En 1796, le général
Bonaparte s'était saisi de Vérone, quoique, appar
tenant aux Vénitiens, parce que ceux-ci avaient
permis aux Autrichiens d'occuper Peschiera. Plus
lard il occupa aussi Legnago, également aux Véni
tiens, ce qui le mettait en possession de trois des
quatre forteresses mentionnées. Vérone lui fut
très-utile, dans tout le cours de cette campagne,
comme centre d'opérations, en lui permettant
d'agir au besoin sur l'une et l'autre rive de l'Adige.
Plus tard, en 1813, il se plaça sur l'Elbe, b
Dresde, dans une situation pareille, et sa ténacité
sur chacun de ces deux points a démontré les
avantages d'one position centrale. Nous verrons si
les généraux autrichiens sauront en tirer le même
avantage aujourd'hui.
On peut tourner le quadrilatère par le nord ou
par le sud, comme nous le dirons plus loio; mais
pour y pénétrer de front, il avait fallu jusqu'à
ce jour forcer le passage du Mincio entre Peschiera
et Mantoue. Cette ligne n'a que huit lieues de
longueuret la rivière est profonde double
circonstance favorable b la défense.
Toutefois les passages sont au nombre de six,
dont les deux meilleurs pour l'assaillant se trouvent
b Monzabano et aux moulins de Volta, devant
Pozzolo. Il semblerait, d'après cela, que l'armée
qui garde le Mincio peut aisément se mettre en
mesure contre les tentatives de l'adversaire.
Mais chacun sait que quand on vent franchir
une rivière devant l'ennemi, on a soin de le menacer
sur différents points b la fois, pour l'obliger b
disséminer ses forces et diminuer ainsi la résistance
sur le point qu'on a choisi.
Aussi le passage du Mincio a-t-il été forcé
chaque fois qu'il a été tenté. En 1796, Bonaparte,
général en chef, traversa la rivière au centre, sur le
pont de Borghetto, au-dessous de Valeggio, posi
tion escarpée qui domine la rive lombarde. Le
pont avait été rompu: les grenadiers se jettent
dans le Mincio, ayant de l'eau jusqu'aux épaules et
tenant leurs fusils et leurs gibernes sur la tête.
Les Autrichiens, voyant se renouveler la scène
de Lodi, cèdent le terrain. On rétablit le pont, et
le reste des troupes passe sur la rive gauche. Le
maréchal Beaulieu dut se retirer par la route du
Tyrol, qu'on menaçait de lui couper, et c'est alors
que Bonaparte prit possession de Peschiera et de
Vérone.
Le général Bruue, en 1800, eut b forcer le
Mincio. Après la victoire de Marengo et la capitu
lation de Mêlas, le premier Consul était retourné b
Paris, laissant b Brune le commandement de l'armée
et lesoin de reconquérir le reste de l'Italie supérieure.
L'armée autrichienne, par suite de la capitulation,