42me Année.
Samedi 9 Juillet 1859.
4,359.
REVUE POLITIQUE.
On ne saurait se faire une idée de la
misère des moyens qu'emploient certains
défenseurs d'une mauvaise cause. Il faut
absolument voir pour croire. Les hommes
du Progrès descendent aux plus infimes
chicanes pour pallier la conduite astucieu
sement déloyale du parti libéral lors des
élections du 14 juin. Ainsi, pour établir
leur bonne foi dans le compromis tacite,
qu'ils n'osent pas dénier, ils allèguent
que le bulletinélectoral publié par le
Progrès portait, sous le nom de M. Alpb.
Vandenpeereboom, deux N... N... pour
indiquer qu'il y avait deux noms ajouter,
tandis que le Propagateur s'est borné
publier un bulletin portant simplement les
noms des deux candidats catholiques la
chambre.
Ainsi encore, pour justifier leur thèse
ridicule que les catholiques eux-mêmes
ont déterminé l'élimination de M. Malou,
ils s'accrochent une faute typographique,
qui était corrigée, dans notre feuille Je jour
même où ils s'en prévalaient.
Il suffit de signaler de pareils moyens
pour qu'il en soit fait justice.
Mais, dit-on, la seule chose que nous
ayons voulu constater c'est que, si le corps
électoral était abandonné lui-même, le
triomphe des libéraux ne serait plus dou
teux dans l'arrondissement d'Ypres. Or,
précisément le corps électoral n'a pas été
abandonné lui-même; il a été enveloppé
dans les inextricables intrigues des libé
raux qui ont travaillé sous main contre M.
Malou après avoir pris rengagement impli
cite de s'abstenir son égard comme
l'égard de M. Van Reninghe. Et les catho
liques 11e se sont pas même tous abstenus
l'égard de M. Vandenpeereboom. L&
LE PROPAGATEUR
pour la ville 6 fr. par an, p0cr le dehors fr. 7-50 par
4 fr. pour 6 mois, 2-50 pour FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE. an, 5 fr. pour 6 mois, 2-75
trois mois. p0cr 3 mois.
TPR.BS j 9 Juillet.
DÉPÊCHES TÉLÉGRAPHIQUES.
DÉPÊCHES ANGLAISES.
Londres, mercredi matin, 6 juillet.
Dans la séance de la Chambre des lords de cette
nuit, lord Lyndhuist a demandé que le gouverne
ment augmeute considérablement les forces de
l'armée et de la marine.
Lord Granville a répondu que jamais le danger
d'une invasion étrangère n'avait été plus éloigné
qu'aujourd'hui, mais que, cepeodaut, le gouverne
ment augmenterait encore les ressources défensives
du pays.
DÉPÈCHES FRANÇAISES.
Paris, jeudi soir, 7 juillet.
Une dépêche officielle, adressée par l'Empereur
h l'Impératrice, porte
Une suspension d'armes est convenue entre
l'Empereur d'Autriche et moi.
Des commissaires vont être nommés pour en
assurer les dernières clauses.
Le Moniteur universel ajoute Il ne faudrait
pas qu'on se méprît sur la portée de la suspension
d'armes. Il s'agit seulement d'une trêve entre les
armées belligérantes qui, tout en laissant le champ
libre aux négociations, ne saurait faire prévoir la
fin de la guerre.
Marseille, mercredi, 6 juillet.
Nous avons des nouvelles de Constaotioople du
29 juin
Le Divan a décidé que des raisons d'État exi
geaient que le Sultan se montrât eo Égypte.
S. M. partira immédiatement après le baïram.
De grands préparatifs se font ostensiblement
pour ce voyage.
Le Sultan visiterait ensuite Candie; mais la
fermentation qui règne daos cette île, a nécessité
l'envoi de nouveaux reuforts.
Un grand enthousiasme a éclaté dans les Princi
pautés danubiennes k la nouvelle de victoires
remportées en Italie par les armées française et
piémontaise. La Porte craint une manifestation en
faveur de l'union complète.
La dernière note relative l'investiture du
prince Couza, a encore soulevé des difficultés.
Le représentant de la France ne l'a acceptée que
ad référendum.
DÉPÊCHES ALLEMANDES.
Francfort, mercredi, 6 juillet.
On assure que les propositions que la Prusse a
faites dans la séance extraordinaire de la Diète, du
4 de ce mois, demandent
1° L'adjonction du 9" et du 10e corps de la
Confédération l'armée prussienne;
2* Le commandement en chef des quatre corps
fédéraux non prussiens ni autrichieos;
5° La mise en état de marcher du contingent de
la réserve.
S S-O-K-ai
Si la retraite des Autrichieos du Miocio n'est pas
une feinte et ne cache pas quelque retour offensif
s'ils ne reviennent pas eo force de leur part, sur les
alliés, le siège des places fortes du quadrilatère ne
tardera guère s'ouvrir. Les Hiémontais ot com
mencé les premiers travaux devant Peschiera.
L'affaire de Bologne menace de nouvelles com
plications. Le journal officiel de Bologne publie une
lettre du comte de Cavonr répondant aux demandes
qui ont été adressées au Roi par les villes insurgées
desÉtals Pontificaux. A la vérité, Victor-Emmanuel,
par l'organe de son premier ministre, déclare ne
pouvoir accepter la réunion de la Romagne au
Piémont, mais il consent k diriger les forces mili
taires que le pays mettra k sa disposition pour les
faire concourir, avec son armée, k la conquête de
l'indépendance italienne. En conséquence, le che
valier d'Azeglio a été nommé commissaire militaire
du Roi dans la Romagoe. La Gazette piémontaise
annonce cette nomination. La Patrie de Paris
ajoute que les 8,000 volontaires romagnols enrôlés
en Toscane et placés sous les ordres du colonel
piémonlais Mazzacapa ont dû partir le 3 juillet
pour Bologne et Ferrare afin de prendre part k la
défense de ces deox villes. Cette défense ne peut
guère concerner que les troupes pontificales dont la
marche sur Bologne et Ferrare pourrait avoir lieu
depuis la soumission de Pérouse et d'Ancône. Le
gouvernement de M. de Cavour chercherait il donc
quelque prétexte ou quelque occasion de courir
sus, sans plus se contraiodre, au pouvoir temporel
du Saint-Père?
La révolution,dit unecorrespondanceromaine,
fait sourdement son chemin; elfe est contenue pour
le moment par la présence de la France, mais soyez
certain qu'elle se montrera k son heure et déjouera
les calculs des habiles.... La France ne pourra pas
cootenir le mouvement révolutionnaire, elle sera
débordée par lui. Sans doute elle a le devoir
comme elle a la volonté de maintenir l'ordre et de
repousser partout l'anarchie. La responsabilité
morale qu'elle a assumée devant l'Europe et le
monde entier en prenant l'initiative d'une trans
formation politique en Italie, lui rend certainement
ce devoir plus strict et plus étroit, mais sera-t-il eo
son pouvoir d'arrêter et de réprimer les passions
qu'elle aura réveillées, les mauvais desseins que,
malgré elle, elle aura laissé concevoir. La France
tentera de nobles efforts pour contenir le mouve
ment dans les limites qu'elle désire lui voir garder,
mais tousses efforts seront vains et montreront une
fois de plus que la force matérielle n'est pas
suffisante pour réprimer les mauvaises passions
daos leurs explosions.
Nous pourrions même annoncer pour un avenir
peu éloigné, un revirement complet dans les sen
timents de l'Italie envers la France. La France
verra changer sa popularité en impopularité, les
louanges dont on l'accable maintenant, eo actes de
réprobation. Qu'on se le persuade bien, la France
n'est autant flattée et adulée en Italie par tout cequj
tient de près ou de loin k la révolution que parce
qu'en ce moment, elle porte un puissant concours
k la révolution et l'aide k vaincre des difficultés
qu'elle ne pourrait jamais surmonter sans elle.
Mais du jour où elle deviendra non plus un auxi-
liait e mais un obstaclek la réalisation de ses projets,
la révolution tournera contre elle l'opinion et
l'animosité publiques.
Il n'y a sans doute pas lieu de s'étonner que le
gouvernement piémonlais se montre sévère k
l'égard de la presse religieuse. Après avoir interdit
toute discussion aux feuilles qui défendaient les
droits du Saint-Siège, alors que l'on permettait
toutes les attaques des révolutionnaires contre
Rome et le catholicisme, le ministre de l'intérieur
vient de suspendre l'Armonia jusqu'k ce que le
tribunal ait statué sur les poursuites commen
cées contre ce journal pour un récent article.
C'est ainsi que le soi-disant libéralisme, dès qu'il
dispose du pouvoir, entend la liberté de la presse,
au point qu'il ne recule pas même devant la sup
pression préventive.
Tandis que le règne de la violence et du glaive
replonge dans la barbarie l'antique foyer de la
civilisation et des arts, des combats plus nobles,
plus dignes des armées catholiques se livrent a
l'extrême Orient. Le Moniteur universel enolient
d'importantes nouvelles de Cochincbine. L'armée
française vient de remporter devant Saigon une de
ces victoires qui ouvrent la voie k la civilisation et
au véritable progrès. Cinq cents Annamites sont
restés sur le terrain, 19 canons sont tombés entre
les mains des Français qui, de leur côté, n'accusent
que des pertes insignifiantes.