Nous avons eu l'occasion de visiter le
nouvel atelier de M. Frans Bohm, dont la
nouvelle demeure vient d'être métamor
phosée en un séjour des plus charmants
par la baguette de ces magiciens qui s'ap
pellent l'art et le goût.
Il nous a été permis d'admirer en détail
cette profusion de panneaux et de toiles,
de bahuts et d'autres objets antiques, et la
bibliothèque si riche d'œuvres historiques
touchant tes différentes branches du dessin
et de la peinture.
Dans ce siècle où tout dégénère, où tout
devient métier et marchandise, où tant de
peintres semblent n'être que des fabricants
de tableaux, M. Frans Bôhm demeure un
véritable artiste
Qu'il compose ou qu'il restaure un ta
bleau, il est incapable d'exploiter l'art; il
ne saurait faire vite et beaucoup, car il
veut absolument faire bien. Après avoir
rendu l'église de S1 Martin l'œuvre capi
tale de Vandenvelde, M. Frans Bohm s'oc
cupe créer un chemin de la Croix pour
l'église de Westvleteren. La première sta
tion est achevée, la seconde est sur le point
de l'être; toutes sont exquissées.
En jetant les yeux sur les deux premiè
res, qui sont déjà encadrées, nous avons
pensé au chemin de la croix de S' Martin,
par VanSeverdonck. Il y a une ressemblan
ce apparente quant l'ensemble, qui
disparail au fur et mesure que l'on pé
nètre jusqu'aux détails. Si les dimensions
sont peu près les mêmes, l'encadrement
n'est pas trop léger, le nombre des person
nages étant plus grandl'action est plus
animée; et la vérité historique est partout
scrupuleusement observée. Le dessin est
correct, le coloris est la fois vif et har
monieux. La figure du Christ est magnifi
que, mais de cette magnificence qui tient
du Ciel plutôt que de la terre.
M. Frans Bôhm réussit complètement
dans un genre de peinture qui n'avait pas
été le sien jusqu'ici. L'église de Westvlete
ren possédera un chemin de la Croix qui
sera une véritable œuvre d'art.
Voici l'opinion de quelques journaux
parisiens sur la conclusion de la paix. Le
Pays dit
Le Siècfe, après un grand article de M.
Havin, dans lequel il s'efforce d'établir que
la paix ne peut pas laisser la Vénélie
l'Autriche, donne \eposl-scriptum que voici
a Au moment où nous insérions l'article qui
précède, nous avons reçu la dépêche qui annonce
la conclusion de la paix. Celte dépêche nous inspire
la crainte que l'empereur Napoléon n'ait cédé b un
sentiment de trop grande générosité envers son
La Presse est très-laconique
Le Constitutionnel consacre l'article sui
vant la paix dont les bases viennent d'être
jetées Villafranca
Le Séuat s'est occupé hier des électious de
Louvaio.
L« proposition d'ouvrir uoe eoquête sur ces
électious, a été faite par M. Loubienne et a donné
lien i une assez longue discussion.
MM. de Selys-Loogcbamps, de Tornaco et de
Reoesseont soutenu la proposition qui a été com
battue par MM. Pirmez, Dellafaille et Ribaucouil.
Eufio, mise aux voix, la proposition d'enquêtes
été adoptée par 36 voix contre 33.
Le Sénat s'est occupé ensuite de la formation de
de son bureau définitif M. le prince de Ligue a
été réélu président b l'unanimité.
M. de Reoesse a été élu premier vice-président
il l'a emporté de 4 voix sur M. d'Oinalius, qui a
été proclamé deuxième vice-président. Ont été
nommés secrétaires: MM. Spitaels et De Thuio;
secrétaires-adjoints, MM. Dutrieu et De Rasse.
Uoe commission a été nommée pour rédiger nne
adresse de félicitations au Roi b l'occasion de la
Daissaoce du comte de Hainaul. Elle se compose de
MM. d'Ouialtus, d'Anethan, de Tornaco et Van
Scboor.
s'approcha du vieux soldat et se découvrit; et
lorsque l'abbé Picbot, aidé des infirmiers, souleva
le corps décrépit du mourant, et que loi-même,
courbé sous le poids des ans, se baissa, sonteno par
deux des assistants, pour donner le Saint- Viatiqoe
an moribond, qui l'implorait du regard, 00 eût dit
la scène de la Communion de Saint-Jérôme,
cbef-d'oeuvre du Domioiquio, qui se passait en
réalité. Napoléon s'était incliné, comme tous ceux
qui étaient présents; et lorsqu'il releva la tête, on
pot voir sur ses joues pâles la trace de deux larmes
qui avaient coulé pendant la cérémonie suprême.
Lui aussi il disait quinze ans plus lard son aumô
nier, l'abbé Vignani, b sa dernière heure «Toote
la science de la vie est d'apprendre b bien mourir.
Napoléon quitta l'infirmerie sans prononcer une
parole; mais arrivé sur le palier, serrant vivement
le bras du maréchal, il lui dit h voix basse et d'un
accent ému Il m'a semblé tout l'heure
recevoir encore le dernier adten de mon père!
En descendant les degrés le gouverneur loi
apprit que ce vieox sous-officier était malade depuis
dix-huit mois, et que dorant ce temps il s'était vu
mourir orgaoe par organe, sans avoir pu trouver
daos soo lit une position tenable qui donnât on
instant de répit a ses sooffraoces.
Pour être continué
Des feuilles parisiennes avaient annoncé que les
villes fortes de Pescbiera, Maotoue, Legnago, etc.,
étaieot comprisesdans le territoire cédéau Piémont.
Cette assertion est formellement démentie par la
Correspondance autrichienne, qui annonce que
la Lombardie est cédée seulement jusqu'à la ligne
do Mincio.
Elle annonce aussi que les ducs de Toscane et de
Modèoe retourneronj daos leurs Etats. Il en sera
probablement de même de la duchesse de Parme.
La paix est faite!
Et quelle paix!
Nous le disons sans crainte d'être contredit, la
paix de Villafranca est la plus glorieuse et la plus
grande qui jamais ait été signée par un souverain
français.
Eu consacrant tous les intérêts légitimes, elle
assure pour une longue période le repos de l'Eu
rope, et courooneainsi la politique la plus généreuse
et la plus élevée dont puissent s'honorer on siècle
et on pays.
a L'Empereur Napoléon III, déj'a si grand devant
l'Europe, prend devant la prospérité nue place telle
que toote gloire pâlit devant la sienne.
Le capitaine qui commandait h Magenta et h
Solferino, pouvait gagoer d'autres batailles encore.
Il a su, vertu plus rare qne la valeur militaire,
s'arrêter daos sa force et daos son triomphe.
Uo pareil spectacle est peut-être le plus
grandiose qui ait été présenté an monde.
Il est digne de celui qui naguère prononçait ces
paroles profondes et convaincues
Lorsque, soutenu par le vœu et le sentiment
populaire, on monte les degrés d'un trône, on
a s'élève, par la plus grave des responsabilités, au-
dessus de la région infime où se débattent des
intérêts vulgaires; et l'on a pour premiers mobiles,
comme pour derniers juges Dieu, sa conscience
et la postérité! a
ennemi vaincu, et qu'il ne se repente plus tard
d'avoir laissé une partie de l'Italie b l'Autriche. Le
premier Napoléoo eut plus d'une fois b regretter de
ne pas avoir joint, lors du traité de Campo- Formio,
Venise b la Lombardie. Sous le bénéfice de cette
réflexion,nous ne pouvons queconslater les rapides
résultats obtenus: l'Italie en fédération est certai
nement un progrès. Mais si nous avons la douleur
de voir la Vénétielaisséeb l'Autriche,nous espérons
que, suivant la proclamation de Milan, chaque Etat
aura le droit de s'organiser selon le vœu des
populations.
Le résultat essentiel de la guerre, c'est donc
la création delà Confédération italienne.
On se rappelle que l'idée de la Confédération
italienne placée sous la présideoce honoraire du
Pape, a été émise pour la première fois dans
la brochure intitulée Napoléon III et l'Italie.
I C'est le programme de cette brochure qui reçoit
son application.
Jamais paix n'aura été conclue plus prompte-
ment, avec moins de lenteurs et de formalités.
L'Univers est complètement satisfait
Le canon des Invalides, dit-il, avait annoncé
cette bonne et glorieuse nouvelle avant que les
détails eo fussent connus. Nous n'avons pas besoin
de dire avec quels sentiments de bonheur et
d'admiration elle a été accueillie. La joie de la
paix est doublée par la manière dont l'Empereur
l'a conclue, en dehors de ces prudents conseils qui
s'apprêtaient b profiter du sang qu'ils ont laissé
verser.
L'Empereur d'Autriche ayant voix dans la
Confédération italienne, les Etats de l'Église y
seront sauvegardés.
Gloire aux deux Empereurs catholiques qui
ont fait entre eux la paix du monde, et qui se
réservent la protection de l'Eglise!
La nouvelle de la paix signée dans l'entrevue
de Villafranca a produit aujourd'hui b Paris une
immense sensation.
Il y a deux mois b peine, l'Empereur Napoléon
partait pour une guerre qui semblait pleioe de
hasards contre uoe des premières puissances mili
taires de l'Europe. Le sentiment de son droit,
l'adhésion énergique de la France, la confiance en
Dieu pour une cause juste et sainte, soutenaient et
guidaient l'Empereur.
A ce moment, l'Europe était incertaine,
l'Allemagne était inquiète et déj'a menaçante sur le
Rhin; l'Angleterre, gouvernée par un ministère
tory, protestait en faveur des traités de 1815;
la Prusse se tenait dans une attitude d'observation
qui pouvait passer d'un moment b l'autre de la
défiance b l'hostilité, la Russie attendait les événe
ments pour preudre elle-même un parti. Une
conflagration générale paraissait possible, et, d'un
bout de l'Europe b l'autre, l'on n'entendait que le
bruit des armes.
Il y a de cela deux mois, et aujourd'hui la
paix est signée. Dans ce grand résultat d'une des
campagnes les plus glorieuses de l'histoire,il y aura
pour la postérité uo sujet d'étoonement et d'admi
ration. A de pareils événements il ne faut que le
temps pour être aussi grands que ceux qui ont jeté
le plus d'éclat sur l'humanité.
Et, chose nouvelle peut-être, le vainqueur n'a
pas abusé de sa victoire. Après quatre batailles
gagnées, l'Empereur triomphant sur le Mincio
a noblement offert la paix b un ennemi vaincu qui
n'aurait pas pu la lui demander.
Dans la plénitude de sa force, au moment où
une armée sarde investissait Pescbiera; où l'armée
française allait investir Vérone; où l'arrivée da