situation reste hérissée et des éventualités péril
leuses de l'avenir, et l'on ne tient point la pacifica
tion actaelle ponr sérieuse et durable. La guerre
d'Italie o'aarait été, dit-on, qu'un prétexte destiné
b préparer one guerre sur le Rhin. On ajoute,
dit one correspondance de Paris, qu'en concluant
la paix, l'empereur Napoléon n'a pas été insensible
h l'idée de l'immense déconvenue qu'il préparait
la Prusse qui n'a su rien faire h l'heure, et qui
assiste b tons les événements sans les influencer, et
sort de celte crise considérablement diminuée, en
ayant b payer les frais de ses armements trop tardifs
ponr avoir été utiles. Il y a des gens qui croient
que c'est intentionnellement que l'empereur Napo-
léoo III joue ainsi la Prusse, et qu'il lui fait devant
l'Europe une blessure dout elle gardera le soove-
nir. Suivant ces personnes, la guerre en Italie n'a
été qu'un premier acte; la guerre en Allemagne
sera le second. C'est pour cela que l'empereur des
Français n'a pas été fâché de laisser une pierre
d'achoppement dans ses rapports avec la Prusse.
Il sème la graine d'uoe querelle qu'il moissonnera
quand le temps sera venu. En donnant l'Autriche
de meilleures conditions que celles qu'elle pouvait
espérer, il la sépare de la Prusse qui n'a rien fait
pour elle, et la dispose b jouer, quand un conflit
éclatera entre le cabinet de Paris et celui de Berlin,
précisément le même rôle que la Prosse a joué
pendant la guerre d'Italie.
Quelque soit la valeur de cette appréciation,
des molifs nombreux ont sans doute milité dans
l'esprit de l'empereur a lui faire improviser la
paix de Villafranca. D'une part, les maladies
contagieuses qui commençaient éclater dans son
armée, et la crainte de voir pâlir dans la guerre
aux forteresses les lauriers cueillis en rase campa
gne; de l'autre, l'attitude menaçante, quoiqu'on
en dise, de l'Allemagne, le rapprochement marqué
de la Prusse et de l'Angleterre pour proposer et
peut-être bientôt pour imposer une médiation
armée aux puissances belligérantes, et en même
temps les prétentions toujours croissantes du
Piémont, la politique de caste-cou de M. de
Cavourles progrès des idées révolutionnaires.
Tout concourait a faire sentir b Napoléon III le
besoin de sortir au plus vite du guêpier où il s'était
engagé.
Malheureusement le rétablissement de l'ordre
ne se pourra obtenir sans donner lieu non-seule
ment bien des tiraillements, mais encore des
engagements meurtriers. L'agitation est grande a
Florence, et l'on a craint un moment que la vie de
eo mauvaise compagnie, reprit Rapp; et c'est
toujoors quelque chose.
Ah! ah! monsieur le frondeur, s'écria Napoléon
en pinçant l'oreille de l'aide-de-camp, je sais
pourquoi vous dites cela c'est encore une allusion
b la visite que j'ai faite l'autre jour b Saint-Denis.
Eh bien I la place de Louis XIV, au lieu de m'y
laisser eoterrer, j'aurais voulu qu'on me déposât
aux Invalides, entre Turenne et Vauban. C'est son
oeuvre b lui, l'hôtel des Invalides! Ne penses-tu
pas comme moi
Rapp ayant fait un signe de tête négatif, Napo
léon ajouta
Et je trouverais des geos de mon avis, ne fût ce
que ce brave père Maurice!
III.
Trente-quatre ans après cette visite, par un
magnifique soleil d'hiver, le 15 décembre t84o,
nu char funèbre, surchargé de couronnes d'immor
telles, précédé des bannières de la France et suivi
des débris vivants de ses quarante armées, passait
lentement sous l'arc de triomphe de l'Etoile.
Napoléon mort allait prendre, sous le dôme des
M. de Ferrières, ministre de France, ne fût en
danger. M. de Ferrières a reçu l'ordre, dit-on, de
rester jusqu'au bout b son poste, dut-on aller le
secourir avec quelques divisions françaises. Le
gouvernement provisoire tout entier refuse de se
soumettre aux stipulations de Villafraoca,et comme
il le dit lui-même, d'être replacé sous le joug et
l'influeoce de l'Autriche.Suivant des nouvelles
de Milan des démonstrations révolutionnaires
auraient également éclaté dans celte ville, et l'on
aurait crié Vive la république!
Qui sait si la France n'aura pas une seconde
campagae b entreprendre pour étouffer la révolu-
lion.
Ainsi qu'il était b prévoir le comte Arèse, chargé
de reconstituer lecabinet piémontais, a échoué daos
ses efforts, et M. Ratazzi a reçu du Roi la même
mission, en attendant que M. de Cavour revienne
aux affaires. M. de Cavour, qui a des liens avec
toutes les sociétés secrètes de l'Italie, avait contracté
envers elles des engagements que les bases du
traité de Villafranca ne lui permettent pas de tenir.
Le premier ministre de Victor-Emmanuel n'étant
pas d'humeur b se brouiller avec les révolution
naires de la péninsule, a jugé opportun de protester
b sa manière; mais il reparaîtra au pouvoir dans
quelques temps et acceptera comme fait accompli
une situation dont il a soin de se laver les mains en
ce moment.
Il semble que pour faire face aux difficultés
on serait disposé b croire que les puissances
belligérantes, si tant est qu'elles tinssent b garantir
le maintien des dispositions du traité, auraient
demandé a un congrès la confirmation du nouvel
état des choses. Une dépêche de Paris annonce
cependant qu'il n'y aura pas de congrès, les deux
Empereurs ayant décidé d'arranger les difficultés
sans l'intervention des puissances neutres. L'Etn-
perenr François-Joseph ne fait d'ailleurs pas
mystère du déplaisir que lui ont causé l'inertie
égoïste de la Prusse et de l'Angleterre durant
la dernière campagne, et dans un manifeste daté
do 15 il déclare que s'il a fait la paix sans consulter
l'Europe, c'est que la médiation de ses alliés
naturels loi aurait imposé peut-être des conditions
moins favorables qu'un arrangement direct.
En Allemagne, cependant, on n'est pas plus
content qu'en Angleterre. On dit déjà que la paix
de Villafranca n'est pas même une trêve; c'est une
halleaprès la Russie et l'Autriche, c'est la Prusse
et l'Angleterre que Napoléon attaquera.
Le Times prétend que l'Empereur des Français
Invalides, la place que, de son vivant, il y avait
marqué pour les héros
Le soir lorsque la foule se fut tristement retirée
de l'enceinte sacrée lorsque le murmure de ses
mille voix se fut effacé, que la solitude fut devenue
complète et le silence profond, un invalide, pres
que centenaire, aveugle et ne marchant qu'à l'aide
de deux jambes de bois, entrait avec recueillement
dans la chapelle ardente où reposait le corps de
Napoléon. Arrivé b grand'peine jusqu'au pied du
catafalque impérial, il voulut qu'on le débarrassât
de ses jambes de bois, afin qu'il pût mieux s'age
nouiller; puis se prosternant, et, de son front
chauve, frappant les degrés, on entendit, mêlés b
des sanglotsles mots de Dieu, d'Empereur, de
Père, sortir de sa bouche en bégaiements inarti
culés. Enfin, lorsque deux invalides, après avoir
arraché leur vieux camarade b sa poignante dou
leur, traversèrent la chapelle pour se retirer, on
remarqua que les officiers supérieurs de l'hôtel se
découvrirent respectueusement sur le passage du
vieillard.
Cet invalide qui venait de rendre ce dernier
hommage b la dépouille mortelle de Napoléon
était Cyprien, le petit-fils du père Maurice.
ÉMILE MARCO DE SAINT-HILAIRE.
et l'impératrice Eugénie rendront prochainement
Une visite b l'empereur d'Autriche b Vienne.
Dans le manifeste, mentionné plus haut, l'Em
pereur François-Joseph promet d'apporter b la
législation du pays des améliorations en rapport
avec l'époque. Suivant les bruits répandus b Vienne
les provinces particulières doivent obtenir des statuts
organiques avec une représentation convenable.
Nous ne savons si l'éloquent écrit de M. De-
champs, intitulé: Le Second Empire, est tombé
sous les yeux de Napoléon III, si, au milieu des
préoccupations d'nne guerre terrible, ce souverain
a pu se pénétrer des idéeset des conseils de l'homme
d'État belge, mais en relisant cette belle œuvre
depuis que la conclusion de la paix est venoe
surprendre le monde, nous avons été frappes de
quelques passages qui décrivent fort exactement le
plan que les préliminaires de Villafranca viennent
de réaliser. Voici ces passages
On veut plus que des réformes en Italie, on
veut une constitution fédérale. L'auteur de la
célèbre brochure Napoléon III et l'Italie oppose
b l'unité révolutionnaire de la démagogie, l'union
fédérative. Je ne veux ni discuter ni examiner ce
problème. Pour tout homme de sens, l'unité de
l'Italie, comme l'unité de l'Allemagne ne peut
se faire que sous la main de fer d'un Napoléon I"
ou d'une convention républicaine et tyrannique.
Une pareille unité, composée d'éléments aussi
hétérogènes, aussi antipathiques, aussi hostiles que
ceux qui constituent les diverses parties de l'Italie,
est incompatible avec l'indépendance et la liberté;
c'est le régime de 1806 b i8t4 L'unité donc est
un rêve et une arme de destruction dans les mains
du parti révolutionnaire.
On lui substitue Vunion fédérale. Est-elle
possible? Peut-être; mais b coup sûr, ce n'est pas
dans les conditions qu'on imagine. Une confédéra
tion d'Etats italiens, ayant b son sommet religieux
un Pape guelfe et libéral et b son sommet politique
le Piémont b qui l'on confierait l'épée chargée de la
défendre, sous le protectorat de la France, c'est un
rêve impossible; si une confédération peut exister
en Italie, c'est avec l'Autriche. Avec l'Autriche, la
France peut beaucoup tenter en Italie; sans l'Au
triche, elle n'y trouvera, comme alliée, que la
révolution.
Il faut b une grande union fédérale une tête et
un bras. La confédération germanique en a deux
l'Autriche et la Prusse; c'est sur ces deux pôles
qu'elle se meut. Les petites confédérations peuvent
se passer de ces hautes directions; la Suisse pouvait
vivre avec l'indépendance cantonale, et encore elle
y renonce; mais une grande fédération d'États,
comme l'est l'Allemagne et comme le serait l'Italie,
ne pourrait exister un seul jour dans de pareilles
conditions, sans devenir le lendemain nne républi
que. Il lui faudrait une tête et un bras, et cette tête
et ce bras, qui dans la pensée du Congrès de Vienne
étaient l'Autriche, pourraient être la France b côté
de l'Autriche, si la France le voulait. L'Italie
catholique grandirait ainsi, sous le protectorat des
2 grandes puissances catholiques et conservatrices
de l'Europe, la révolution, ce chancre qui ronee
les entrailles de l'Italie depuis cinquante ans, serait
définitivement vaincue; les intrigues des lords
Minto y deviendraient impossibles; la Papauté et
l'Eglise en recevraient une force immense; one
cause de perturbation européenne serait enlevée;
l'Italie serait pacifiée, l'Europe rassurée, l'Auttiche
raffermie, la France prépondérante.
Si quelque chose de grand, de généreux, était
possible, c'était cela.
SUITE DU RAPPORT PROVINCIAL DE LA FLANDRE
OCCIDENTALE.
Instruction primaire. A la fin de l'année passée
il se trouvait dans notre province, 244 écoles