43me Année.
Mercredi 31 Août 1859.
«o 4,373.
FOI CATHOLIQUE.
CONSTITUTION BELGE.
La Patrie de Br-uges, ne nous est
point parvenue dimanche dr. Cela nous ar
rive assez souvent depuis quelques mois.
7 P R E S 31 AOÛT.
REVUE POLITIQUE.
LE COMBAT DES TRENTE.
PROPAGATEUR
POUR LA VILLE 6 FR. PAR AN,
4 FR. POUR 6 MOIS, 2-50 POUR
TROIS MOIS.
POUR LE DEnORS FR. 7-50 PAR
AN, 5 FR. POUR 6 MOIS, 2-75
POUR 3 MOIS.
Les plénipotentiaires de Zurich poursuivent leur
lâche, bien qu'un profond mystère continue a en
velopper les résultats des conférences. L'Autriche,
dit-on, a formellement protesté qu'elle regarderait
toute solution impossible, si la restauration des
princes dépossédés par la guerre n'était poiut admise
en principe et exécutée ensuite par les moyens qui
seraient fixés de commun accord. L'Autriche per
siste aussi vouloir que sa dette publique de Lom-
bardie soit partagée par le Piémnnt dans la pro
portion du nombre des habitants; mais l'envoyé
saide «eut retrancher une bonne partie de la somme
demandée. Quant la question capitale, celle de la
restauration des princes, le plénipotentiaire sarde
est chargé d'en repousser jusqu'à l'idée.
Il patait d'après une lettre de Turin que la
décision des assemblées de Toscane et de Modène
au sujet de l'annexion ont mis le gouvernement
sarde dans un cruel embarras; il voudrait, mais
n'ose occuper les provinces qui se sont rangées
sons le sceptre de Victor Emmanuel.
Aux termes d'une proclamation du maire de
Parme, de retour de sa mission, auprès de Napo
léon III en faveur de l'annexion du duché la
monarchie sarde, l'empereur aurait donné celte
réponse Dites aux populations qui vous ont
envoyé auprès de moi que mes armes ue violente
ront jamais leur volonté, et que je ne permettrai
pas qu'aucune aotre force étrangère vous fasse
violeuce.
Il convient d'ajouter que plusieurs suspectent
l'envoyé parmesan d'avoir tronqué ou incomplè
tement rendu le sens des paroles de l'empereur.
Après la funeste bataille de Crécy,malgré la trêve
conclue entre Edouard III et Philippe VI, des chefs
de baude, des capitaines d'accord d'aventure con
tinuaient parcourir les malheureuses provinces,
foulées, ruinées par plusieurs années de guerres;
ils dévastaient impitoyablement les campagnes, ils
rançonnaient les villes et faisaient pour leur propre
compte d'importantes conquêtes. La Bretagne, qui
avait servi de théâtre aux guerres sanglantes entre
Jean de Montfort et Charles de Blois, était surtout
livrée leurs déprédations et a leurs cruautés; et,
parmi les chefs qui la pillaient sans miséricorde, le
peuple craignait et détestait le commandement
anglais de Pioë'tnel, sir Richard Bemborough. Dur,
rapace, impitoyable, il accablait les pauvres et les
faibles une foule d enfants et de vieillards expi
raient dans ses cachots; les.feinmes étaient livrées
la brutalité des soldats; les jeunes gens en état de
porter les armes étaient vendus prix d'argent
comme des esclaves. Les populations, au désespoir,
se réfugiaient dans les villes, où les poursuivaient la
faiin et les maladies contagieuses, où elles péris-
D'un autre côté, tous les renseignements puisés
aux sources les plus variées et les plus sûres, con
firment ce qui a été dit de l'absence de liberté et de
sincérité qui marque les prétendues élections de
l'Italiecentrale. C'est ainsi qu'à Modène sur 72,000
hommes capables d'être électeurs, 4,000 seulement
se sont fait inscrire. Le dictateur Faririi avait
d'ailleurs eu soin, pour écarter avant tout les élec
teurs des campagues, d'évincer, sous prétexte
d'ignorance, tous ceux qui ne savent ni lire ni
écrire. Le clergé, la noblesse, les cultivateurs et
tous ceux qui affectionnent le gouvernement ducal,
se sont abstenus. Dans plusieurs bourgades, les
campagnards se sont soulevés au cri de Vive
François V. Le duc, retiré auprès de Mantone la
tête d'uu corps d'armée de six mille hommes, se
lient prêt 'a conquérir lui-même ses Etais, si tant
est que les conférences de Zurich ne décident pas
que sa restauratiou incombe l'initiative des puis
sances.
Il n'y avait pas au monde, dit une correspon
dance italienne, une administration plus douce et
plus patriarchale que celle du duc. C'était plutôt un
riche père de famille au milieu de ses enfants, de
ses amis, de ses serviteurs et de Ses vassaux, qu'un
souverain régnant sur des sujets. Sans faste et
presque sans cour, ses manières étaient simples et
prévenantes. Le peuple vivait heureux et coulent
au sein de l'aboudauce due irfertilité du sol le
plus fécond de l'Italie. Les impôts et les charges
étaient fort minimes, parce que les revenus du
prince suffisent faire face un grand nombre de
dépenses. Le peuple doux, simule, religieux de ces
contrées aime ses habitudes et est peu désireux de
changements, aussi se sent-il tout disposé ap
puyer de ses voeux et de ses btas le retour d'un
régime qui lui assurait le boubeui.»
Eu atteudaut qu'une solution régulière inter
vienne, les révolutionnaires, d'après leur habitude
connue, se hâtent de battre mouuaie aux dépens
des populations qu'ils lienueul sous le joug. Ou
saient, accablées de misère et de douleur. Ce
funeste spectacle navra jusqu'au fond de l'âme uu
homme généreux, et dont les vertus égalaient la
naissance. Le maréchal de Beaumanoir, comman
dant de Jusseliu pour le comte de Blois, voulut
obtenir de Bemborough le rétablissement de cer
taines ordonnances tendues par les Anglais eux-
mêmes, en faveur des pauvres laboureurs. Il fit
demander un sauf conduit au capitaine anglais,
qui le lui accorda sans difficulté, et Beaumanoir se
mit eu route pour se rendie Ploërmel. Pendant
son voyage, il rencontra des soldats traînant de
malheureux serfs qu'ils venaient d'arracher la
charrue; les uns portaient des fers aux pieds et
aux nt i 11 s d'autres étaient liés par les pouces, et
veisaient de grosses larmes, vaincus par la douleur;
on avait passé dans des ceps les jambes de quelques
captifs inoins dociles, et le sang ruisselait de leuis
blessures. Le coeur de Beanmaiioir frémit ce cruel
spectacle. Il m'a dit le poème sur le Combat des
Trente,
Il vit peiuer oliétifa, dont il eut grand'pilié,
L'un élait eu uu cep et cet autre ferré,
L'autre en élrésillons
Deux deux, trois trois, chacun était lié,
Comme vaches et boeufs que l'on mèue au marché.
Quand Beaumauoir les vit, du coeur a soupiié
demande 12 millions Florence, 6 millions en
Romagne, 5 millions Parme, 5 millions Mo
dène, décrétés aussitôt après le décret d'annexion
au Piémont.
Il Piemonle, journal de Turin, dévoué la
défeose des intérêts de l'Eglise, et des grands
principes d'ordre et de liberté, vient d'être inter
dit Bologne et Ferrare. En Sardaigoe, un nou
veau journal, l'Indépendant d'Aosle, a été saisi
et suspendu préventivement, comme l'avaient été
avant lui le Courrier des Alpes, Y A rmonia et le
Caltolico. C'est ainsi que les pouvoirs révolu
tionnaires comprennent la liberté, c'est par de
pareils actes qu'ils ne craignent pas de mettre eo
évidence le peu de foi qu'ils ont dans les senti
ments et les vœux des populations qu'ilsoppriment.
On a, ces jours derniers, voulu voir tout un
événement dans un discours de M. de Morny au
conseil général de Puy de Dôme. M. de Morny
semble avoir été chargé, cette année, de la mission
dont M. de Persigny avait été chargé l'an passé,
c'est-à dire de rassurer l'Angleterre. M. rie Morny
en est encore demander des garanties parifiques
l'adoucissement des mœurs et aux préoccupations
commerciales et financières de l'époque. Nous
connaissons donc la pensée de M. rie Morny,
observe un correspondant de Paris. Mais j'avoue
que j'aimerais mieux connaître celle de l'empereur
qui n'est pas toujours celle de M. de Morny,
témoin la campagne d'Italie que l'empereur a faite,
quoique M. de Morny ne la voulût pas. Il y a une
parole de Louis Napoléon, accusé devant la cour
des Pairs, que M. de Morny aurait de la peine
concilier avec son système Je représente une
défaite, Waterloo.
D'après le Moniteur de la Flotte, les affaires
ont pris en Cochinchine une face nouvelle les
pourparlers sont entamés avec le gouvernement
aunamite et les bases de la paix ont été admises.
La France conserverait Tonrane et Saïgon elle
aurait un représentant poste fixe Hué, capitale
et, tout frémissaDl d'une juste colère, il se présenta
devant Bemborough, et lui dit fièretneDl, ainsi
qu'aux chevaliers qui l'entouraient
Chevaliers d'Angleterre, je m'étonne fort que
des hommes vaillants comme vous l'êtes fassent
une guerre hontenseet cruelle, non pas aux hom-
mes-qui portent les armes, mais aux marchands,
aux laboureurs, aux hommes paisibles. Ce n'est
pas coutume que les soldats soient employés
vexer et ruiner le pauvre habitant qui sème le
blé, qui nous procure du vin et qui nourrit le bé-
tail. Je vous en dis mon penser s'il n'y avait de
laboureurs, ne faudrait il pas que les nobles tra-
variassent la terre et se servissent du fléau et
de la houe? Ne faudrait il pas qu'ils endurassent
la pauvreté, ce qui serait grand'peirie pour qui
n'y est pas accoutumé? Paix donc sur les paysans
dorénavant ils n'ont qoe trop souffert; et les
volontés de Dagworth (1) n'ont été que trop
oubliées.
Ce discours si noble et si juste, ces sentiments
d'une éqiii'é si élevée et si rare, irritèrent Bembo
rough, grossier soldat, qui répondit d'une voix
brusque
(1) Dtfffworlh, non du capitaine anglais qui avait fait des
ordonnances favorables aux paysans.