43me Année. Mercredi 21 Septembre 1859. No 4,379. pour la ville 6 fr. par an, 4 fr. pour 6 mois, 2-50 pour trois mois. FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE. pour le dehors fr. 7-50 par an, 5 fr. pour 6 mois, 2-75 pour 5 mois. 7PB.SS, 21 Septembre. REVUE POLITIQUE. LE PROPAGATEUR S'il faut en croire noe correspondance dn Daily News l'empereur de Chioe aurait fait dire h l'ambassadeur anglais, M. Bruce, que l'affaire du Peï-Ho e'tait le résultat d'une méprise; il en aurait exprimé tous ses regrets, en promettant de faire décapiter les mandarins qui ont autorisé l'attaque, et il aurait témoigné le désir de recevoir M. Bruce h Pékin et d'arranger les choses b l'amiable. Le Morning' Chronicle commence b dire qu'il pourrait bien y avoir eu dans le conflit désastreux du Peï-Ho de la faute des autorités britanniques qui auraient refusé, malgré l'insistance des manda rins, de se rendre a Pékin par la voie de terre. Il en est qui reprochent b l'amiral Hope d'avoir agi avec imprudence en s'engageant dans une série d'es- tacades entourées de batteries nouvellement con struites, sans avoir même tenté d'éclairer la posi tion et de la dégager par le débarquement d'une force imposante. Il n'a mis b terre que 3oo hom mes b peine, pour l'attaque de cinq ou six forts, la plupart munis de pièces de5o. La presse de Londres est d'ailleurs unanime b réclamer une prompte vengeance. Il est hors de doute que la France n'associe encore une fois son drapeau au drapeau britannique, et dans cette communauté de fortune, beaucoup de journalistes voient les gages du maintien des bonnes relations si fortement compromises,entre les deux puissances occidentales. L'Angleterre, dit-on encore, mena cée en Orient dans ses intérêts les plus chers, se montrera nécessairement accommodante en Italie et se gardera bien de provoquer davantage, eo dépit de la France, les prétentions révolutionnaires du gouvernement piémontais. Le Roi de Sardaigne a reçu les députations des duchés de Parme et de Modène, chargées de lui offrir l'annexion de ces pays. Sa réponse est une périphrase de celle qu'il adressa aux révolution naires Toscans.On prétend que l'assemblée toscane va être prochainement convoquée ponr élire un régent chargé de gouverner au nom du Roi de Piémont. Le statut sarde serait proclamé. Les autres provioces de l'Italie centrale suivraient cet exemple, et les agents piémontais tâcheraient de consommer ainsi l'annexion directement. La dépu- tation des révolutionnaires de Bologne ne tardera point b réclamer b son tour de Victor-EmmaDnel l'annexion des Légations. L'article du Moniteur français, dont nous ren dîmes compte il y a huit jours, a causé et) Autriche une impression très-favorable. On assure que le gouvernement de Vienne, rassuré sur les disposi tions de la France, n'insisterait plus en faveur de la restauration immédiate et par les armes fran çaises, des princes dépossédés, se réservant de faire valoir leurs droits en temps plus opportun. La presse de Vienne, d'accord sans doute avec le gouvernement autrichien, fait d'ailleurs observer que les déclarations du Moniteur impliquent des conséquences plus larges qu'elles n'en formulent eu termes explicites. La note du Moniteur, dit-on, ne fait ressortir que le côté le moins im portant de la question, quand elle dit que, dans le cas où les princes italiens ne seraient pas réintégrés, l'Autriche n'est pas obligée de tenir ses promesses relativement b la Vénélie. C'est parfaitement exact; mais le Moniteur aurait pu ajouter qne les stipulations de Villafranca sont un tout insépara ble, et que la cession de la Lorabardie est subor donnée b l'accomplissement par la France des engagements qu'elle a contractés. Au reste, s'il ne parle que de la Vénétie, c'est peM-«fre pour don ner un avertissement léger, parce qu'on ne veut peut-être pas eo donner un plus fort. Il peut soffire pour le moment qne la France reconnaisse que la Sardaigne n'a pas accompli les conditions de la paix, et que, par suite, on oe peut non pins forcer l'Autriche b accomplir les concessions qu'elle a faites, et la renonciation b la Lombardie en fait partie, a ii. Les dernières élections, qui se sont faites dans cinq de nos provinces, ont sans contredit beaucoup renforcé le parti catholique. Avant ces élections, les libéraux avaient encore, dans la Chambre des représentants, une majorité de 32 voix, cette majorité est descendue maintenant b 24 voix. Les représentants libéraux sont au nombre de 70, et les catholiques b celui de 46. Trois anciens miuislres, appartenant au parti conservateur, sont rentrés au parlement, et le miuistère a perdu quelques-uns de ses anciens turiféraires. Quant aux catholiques, ils n'ont perdu qu'un seul des leurs. Celte perte en effet est assez grande; M. Malou, un des hommes les plus éminents de la Belgique; et chacun doit reconnaître que le succès obtenu par les libéraux yprois, n'effacera jamais la souillure de leur déloyauté. Les moyens dont ces libéraux se soot servis pour éliminer M. Malou du parlement, déshonorent le parti politique qui ne rougit pas de s'en prévaloir. S'il est vrai que l'on doive apprécier le succès d'une élection selon les difficultés et les obstacles b surmonter dans la lotte électorale, personne ne peut nier que l'élection du i4 juin accuse une signification, capable d'émouvoir les ministres in vestis du pouvoir. Dans un pays libre comme le nôtre, les élections doivent être libres et sans entraves; elles doivent être l'expression fidèle du vœu des citoyens, le gouvernement ne peut s'en mêler sous aucun piétexte; sinon le régime con stitutionnel est méconnu. Mais ce n'est pas aiosi que se passent les choses chez nous; le ministère suit une règle tout opposée; il ne donne les emplois et les faveurs dont il peut disposer, qu'b ceux qui suivent aveugiemeot ses principes politi ques, et qui paraissent avoir beaucoup d'influence sur les électenrs; c'est ainsi qu'b chaque élection, le ministère force tous ceux qui désirent une faveur ou un emploi, b travailler, contre leur propre conviction, en faveur du parti ministériel. On oblige le protégé b faire prévaloir des principes qu'il n'admet pas lui-même. L'aspirant b un poste quelconque sait très-bien les invincibles difficultés qui atteudent sa candidature, quelques légitimes que soient ses litres, s'il ne se range ouvertement sous le drapeau du libéralisme. Quant aux employés du gouvernement, ils doivent bien se tenir sur leur garde; qu'ils ne laissent percer en rien leor con viction intime; s'ils témoignent en quelque manière qu'ils tiennent b garder leur indépendance comme tout autre citoyen, le ministère est Ib ponr les molester, les réprimander, les déposer au besoio et leor rappeler b chaque pas qu'ils n'ont rien h attendre de lui, s'ils ne se rangent en tout sous son boa plaisir. Mais nous le demandons, n'est-ce pas Ib le régime français, avec le même despotisme moins la franchise? Il est vrai on veut le cacher sous le manteau de la liberté, mais la vérité saule aux yeux des moins clairvoyants; et malgré toute cette armée d'administrateurs changés en courtiers électoraux, le parti libéral, dans les dernières élections, a fait des pertes sensibles. Le ministre de l'intérieur, dans la session du 3q mai passé, disait aux membres de la gauche de la chambre législative Je pense, Messieurs, que, lorsque le ministère et la majorité qui le soutient, laissent le pays dans uoe position, bonne b l'inté rieur comme b l'extérieur, chacun de nous peut avoir la conscience tranqoille; et peut avec confiance se présenter au jugement des électeurs qui doivent bientôt se prononcer. Le jugement du pays n'a pas été favorable b nos ministres ni a leur majorité; les électeurs ne leur ont pas donné on verdict d'approbation; et ceci n'a rien de bien étonnant. Cenx qui, en i85y, ont fait monter au pouvoir nos ministres actuels,sesouviennenteocore des promesses, que firent ces hommes, étant dans l'opposition, lorsque, avant les émeutes de mai, ils flagellaient si impitoyablement le ministère catho lique. Alors ils s'écriaient S'il nous était donné de nous asseoir au siège ministériel, nons nous efforcerions d'introduire des améliorations radica les. Maintenant qu'ils manceovrent b leur guise au timon des affaires, et qu'ils sont sontenus par une majorité esclave et béoévole, ils expérimentent que ces changements sont absolument impossibles. Ceux qui étaient leurs amis, il y a deux ans, et qui mettaient en eux toute leur confiance, voient b présent qu'ils ont servi de jouets b des hommes ambitieox qui n'ont pas craint de les leurrer pour parvenir b leor but. Il y a deux ans, oo trouvait encore des personnes de bonne foi, espérant sans arrière-pensée, que le ministère suivrait une politique large, noble et sincère, entièrement conforme aux grands principes de i83o, avec les traditions libérales du Congrès. Qu'elles se détrompeot aujourd'hui. Toute la politique dn ministère consiste b vexer les catholi ques et b rogner les libertés qui leur sont chères. Voila tout le libéralisme du ministère actuel. Personne, même patmi les libéraux, n'en juge autrement. Deux ans ont suffi pour faire perdreau ministère tout son prestige; encore deux ans et le ministère n'existera plus; et il se sera suicidé de ses propres mains. Le ministère a présenté ses amis et ses adversaires telle position ou il ne lui est permis d'avancer sans courir b l'abîme, de reculer sans se dédire; force lui est de voguer b la merci des circonstances; cependant il veut encore, coûte que coûte, aller en avant; fera-t-il dès lors cause commune avec les démagogues, avec les révolu tionnaires, avec les'ennemis de la société? C'est l'unique issue évidemment ouverte b son humeur inquiète. Se jetera t-il dans celte voie pleine de

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Le Propagateur (1818-1871) | 1859 | | pagina 1