43me Année. Samedi 24 Septembre 1859. N<> 4,380. pour la ville 6 fr. par an, 4 fr. pour 6 mois, 2-50 pour trois mois. FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE. pour le dehors fr. 7-50 par an, 5 fr. pour 6 mois, 2-7S pour 3 mois. PRO?AGI ÏEUR 7FEBS, 24 Septembre. REVUE POLITIQUE. La question de la liberté de la presse, la note da Moniteur et la circulaire du ministre de l'intérieur qui s'y rapportent, sont toujours l'ordre du jour en Frence. Plusieurs journaux ayant propagé le bruit de prochaines modifications aux lois régissant la presse, dans le sens de la liberté, une note du Moniteur avait déclaré cette nouvelle complète ment inexacte. La presse, disait la feuille officielle, était libre de discuter tous les actes du gouverne ment et d'éclairer ainsi l'opinion publique, et les journaux, en réclamant une dose plus forte de liberté se font h leur insu les organes de partis hostiles aux institutions de l'Empire et aux lois fondamentales de l'ordre social. Une circulaire du ministère de l'intérieur est venue corroborer les déclarations du Moniteur. Des bruits plus favorables une prochaine issue des conférences de Zurich ont obtenu crédit ces jours derniers dans la presse. On représente l'ac cord entre les deux Empereurs comme aussi com- plet que possible; François-Joseph cesserait d'insister sur la restauration hic et nunc des archi ducs; cet égard il s'en rapporterait au temps ainsi qu'aux bons offices de Napoléon III qui lui aurait au surplus garanti que la France ne permettrait pas plus aux duchés de se mettre en république que de s'annexer au Piémont. Nous croyons,nous, avec Y Ost- Deutsche-Post, que le résultat positif des conférences de Zurich, se bornera en définitive la signature de la paix entre l'Autriche et la France. Le Piémont ne veut rien rabattre de ses prétentions et se réserve tous ses droits révolutionnaires. Non seulement il refnse sa quote-part dans la dette lombarde, telle que l'Autriche la réclame, mais encore il réclame Maotoue et Peschiera, il prétend obtenir la Vénétie k prix d'argent, et ne veut point entendre parler de la restauration des princes légitimes dans les duchés et dans les légations. Quaot l'idée de la fédération italienne, les parties adverses s'accordent a en faire bonne justice. Au milieu de ces difficultés, menaçant de dégé nérer eu conflit, on signale toutefois comme un indice favorable du rétablissement de la paix, la mesure que vient de prendre le cabinet de Vienne de la levée de l'état de siège dans la Vénétie. Uoe correspondance de Florence signale un retour très-marqué dans les dispositions de cette partie de la population qui s'était laissée aller par surprise ou par faiblesse au mouvement révolu tionnaire. Les campagnes n'ont pas eu k changer; elles sont restées toujours fidèles k la cause de leur souverain légitime. Dans les villes, on commence k se lasser de l'état de choses pénible où l'on en est réduit. L annexion surtout est une cause profonde de défiance et d'inquiétude. Une correspondance romaine du Journal de Bruxelles parait néanmoins désespérer d'un retour prochain des princes dépossédés, alors qu'elle fait observer que les partisans de l'ordre ne sont guère satisfaits de la note du Moniteur qui, tout en con seillant k l'Italie le rappel de ses princes, fait savoir cependant que la France s'opposera k tout appui armé sur lequel les ducs pourraient s'appuyer pour rentrer dans leurs États. Parler ainsi, poursuit la correspondance, n'est-ce pas s'enlever ie droit de se faire écouter? Le gouvernement français u'eut rien perdu k tenir un langage un peu plus résoin et un peu plus ferme, et la vraie majorité de l'Italie centrale, se sentant appuyée, aurait vu grandir son courage et aurait pu, en serrant ses rangs, surmon ter les obstacles qui s'opposent k la véritable ma nifestation de ses vœux. Mais, dans les circonstances actuelles, opprimée au-dedans et délaissée du dehors, il n'est guère possible de la voir triompher toute seule. Une autre correspondance romaine constate par contre l'impression favorable causée dans la ville éternelle k la réception de la note do Moniteur. On s'y entrelient encore beancoup de la fameuse audience dans laquelle l'ambassadeur français a notifié au Saint-Père les vues et les désirs de son gouvernement, ainsi que de la noble et courageuse réponse du Pontife. A propos de la séparation des Romagnes, on lui attribue un mot qui a pro duit une vive impression Une administration séparée! se serait écrié le Saint-Père avec une cer taine animation, on prince tributaire!C'est bien; on veut donc faire chez nous uoe répétition delà mauvaise comédie jouée dans les Principautés danubiennes: nous devrions donc représenter ta Italie le rôle du Sultan avec le colonel Couza. A la menace du retrait de la garnison française, le Saint Père aurait répondu Ce n'est ni en Sa Majesté, ni en aucun pouvoir de la terre que nous avons pris notre confiance, mais en Dieu seul, juge éternel des peuples et des roisvengeur iuexorable des outrages faits k son Vicaire et k son Église. Quelques jours après M. de Gramont s'en vint déclarer au cardinal Antonelli que tout ce qu'il avait proposé et avancé ne venait que de lui seul, qu'il avait agi dans un but de conciliation afin d'obtenir quelque concession de Sa Sainteté, que son gouvernement était tout k fait étranger k tout cela et qu'il protestait au contraire de nouveau de son respect et de son dévouement au Siège apostolique. Il paraît d'ailleurs que M. de Gramont et le général de Goyou, commandant les forces d'occu pation, ne sont guère d'accord. Ce dernier serait contraire a la séparation des Romagues que ré clame l'ambassadeuret aurait même rédigé un mémoire a l'appui de son optuiou. m. L'émeute qu'on a excitée il y a deux ans, a poussé si violemment le char de l'État, qu'on se trouve en ce moment dans l'impossibilité de l'arrêter. Si le ministère a résolu de se laisser traîner k la remorque du soi-disant libéralisme, force lui sera de détruire l'œuvre de i85o; s'il résiste k l'eutraîuement, l'accusation de rétrograde, de traître déchirera bientôt ses oreilles, et les roues du char qu'il a mis en mouvement, lancées sur une pente irrésistible, l'écraseront fatalement dans leur course vers l'abîme. Voilk le triste sort réservé k tout parti qui ne s'appuie pas sur de bons principes, et dont les chefs n'ont été portés au pouvoir que par la violeoce. Il vient un momeot où ces hom mes se brisent contre les conséquences de leurs propres doctrines. Lorsqu'on ouvre les écluses d'une rivière gonflée par la plnie, et qui roule avec force ses vagues accumulées, il faut s'attendre k de terribles catastrophes; puisqu'il n'est donné k per sonne de dire k l'onde tu viendras jusqu'ici, tu n'iras pas plus loin. Il y a une différence marquée, entre la politique rélrécie, exclusive qui nous gouverne; et les prin cipes larges, nobles et tolérants de ]83o. Alors il ne fallait pas appartenir k l'opinion libérale, pour être jugé capable d'occoper nue place quelconque. On n'accusait pas les catholiques de vouloir introduire la monarchie absolue, parcequ'ils pro fessaient et pratiquaient la liberté d'enseignement et de charité; on ne les faisait pas passer pour des intolérants, lorsqu'ils défendaient leurs principes religieux et qu'ils respectaient leurs supérieurs spirituels; mais depuis que le libéralisme a fait un progrès si grand, que presque tous les hommes de i83o sont regardés, comme étant contraires au libéralisme pur et trois fois sincère de nos jours, un régime d'exclusivisme et d'intolérance pèse sur tous les catholiques. Ces hommes de i83o, qu'on les nomme unionistes, conservateurs, catholiques ou cléricaux, se fondaient tous sur le même prin cipe Liberté en tout et pour tous. Anssi avons- nous remarqué dans les dernières élections, qu'on a fait passer pour cléricaux tous ceux qui admettent encore l'ancien adage du Congrès Liberté en tout et pour tous. Leslibéranx voient dans cetadage tout leprogramme du parti catholique et national. Mais aussi nous necomprenons pas comment les libéraux, après un pareil aveu, osent accuser les catholiques, d'être les ennemis jurés de nos libertés constitu tionnelles. Le congrès libéral de i846l'œuvre de la maçonnerie belge, écrivit en tête de son programme Suppression des lois réactionnaires. Mais lors que le libéralisme parvint au pouvoir, force lùi fut de reconnaître qu'il n'avait trouvé de lois réac tionnaires nulle part; il avouait en toute sincé rité; que les conservateurs, pendant un régime de 18 ans, n'avaient point tait passer une seule lot contraire aux libertés de leurs concitoyens. Tontes les lois antipathiques k l'esprit national émanent d'ua cabinet inféodé aux opinions antireligieuses, et ont reçu leur sanction au Parlement d'une majorité dépendante du ministère de par ce libé ralisme bâtard et menteur, admirateur si décidé, semble-t-il, des droits du libre examen. De plus, quand le ministère libéral se vit honoré de la confiauce du roi le 12 août i848, il fit les plus belles promesses pour faire sonner bien haur son impartialité et sa droiture; la modération et la justice allaient être son unique guide; et une nou velle époque de prospérité et de bonheur devait luire sur la Belgique; en un mot notre patrie se changerait bientôt en un véritable Eldorado. Loin de nous, disait le ministère libéral en sou programme, l'idée d'admettre one administration coercitive ou partiale; nous voulons que notre politique soit juste et bienveillante pour chacun sans distinction d'opinion politique. Le gouver- nerueDl trouvera sa force aussi bien dans sa modé ration que dans son impartialité. Il cherchera

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Le Propagateur (1818-1871) | 1859 | | pagina 1