43me Année.
Mercredi 19 Octobre 1859.
N° 4,387.
poua la ville 6 fr. par an,
4 fr. pour 6 mois, 2-50 pour
trois mois.
FOI CATHOLIQUE. COlfSTltUTlMf BELGE.
pour le dehors fr. 7-60 par
an, 5 fr. pour 6 mois, 2-75
pour 3 mois.
YFB.BS, 19 Octobre.
REVUE POLITIQUE.
Les hommes du Progrès yprois, ne sa
chant de quel bois faire flèches, s'élèvent
de temps autre contre l'éducation reli
gieuse, que les parents catholiques de
cette ville donnent leurs enfants; nous
ne savons pas quel peut être le but de ces
Messieurs! Est ce une affaire de boutique
qui leur fait débiter des balivernes dignes
de faire hausser les épaules tout homme
sensé? Ou bien professent ils l'opinion
qu'un enfant n'étant qu'une brute dépour
vue d'une âme immortelle, il n'y a point
lieu de s'inquiéter de ses besoinsspiriluels?
Hors de là nous défions nos adversaires de
produire quelque autre explication qui fut
sérieuse ou plausible. Les catholiques au
contraire professent que l'éducation de
l'homme, pour être complète, pour être
conforme la nature et aux destinées de
l'homme doit être religieuse. Personne
n'ignore que l'éducation a pour objet la
culture du corps et de lame, l'homme tout
entier. Or l'élude de l'homme nous montre
qu'il a une double destinée: une destinée
éternelle, une destinée temporelle. On
comprend facilement que celle-ci est natu
rellement subordonnée celle-là. Mais il
faut que la culture de l'éducation corres
ponde la double destinée de l'homme; et
comme la religion révélée prescrit l'hom
me les moyens de parvenir sa dernière
fin, comme elle fait connaître l'homme
une foule de vérités, qu'il lui importe
souverainement de connaître et que la
raison humaine, laissée elle-même, ne
pourrait jamais trouver, il suit de là que la
religion révélée doit jouer un rôle extrê
mement important dans l'éducation de la
jeunesse. Les parents vraiment catholiques
et libres montrent, par le fait qu'ils com
prennent l'importance d'une éducation
foncièrement catholique et religieuse en
confiant leurs enfants aux soins de ceux
qui, par une vocation spéciale de Dieu, se
sont engagés défendre les intérêts de la
religion et de la morale chrétienne, et qui
par là, méconnaissant pour eux-mêmes les
intérêts de famille, les intérêts personnels, se
sont dévoués procurer la famille des
membres attachés; l'état, de fidèles sujets;
la religion, de fervents chrétiens.
LE PROPAGATEUR
Le gotrvernehienf français vient d'interdire la
publication par la voie de la presse des mandements
des évêques. Oo conçoit combien ce nouveau conp
h la liberté de l'Église doit froisser cette fraction
de catholiques qui avaient rais leur confiance dans
Napoléon III. Au reste, l'Empereur n'est point
aossi inconséquent, aussi infidèle k ses antécédents
que l'on n'est généralement porté k croire. Ainsi
$a conduite k l'égard du Pape est conforme aux
vues qu'il exprima dès i848 et' qu'il poursuivit
toujours depuis lors. Il semble que l'ou se soit
donné le mot pour attribuer au Président de la
République l'expéditidn de Rome et la restaura
tion du Saint-Père tandis que l'honneur en revient
k l'Assemblée législative. Le Président, il est vrai,
dût mettre k exécution la décision de l'Assemblée;
mais il eût soin de faire ses réserves par sa fameùse
lettre k Edgard Ney. Déjk alors il traçait an Papé
un plan de gouvernement, il lui indiquait les
réformes qui devaient être faites, les institutions
qu'il fallait créer, en on mot il prenait le rôle de
conseiller qu'il prend aujourd'hui. Il lui disait k
quelle condition il obtiendrait le concours et l'ap
pui du gouvernement'français.
La conduite actuelle de l'Empereur k l'égard
de l'Épiscopat et de la presse catholique n'a rien
non plos qui doive surprendre. Qui n'a encore
présent k la mémoire les poursuites intentées par
devaot le conseil «PÉtat k Mgr. l'évêque de Mou
lins, et la condamnation' qui le frappa dans
l'exercice de ses fonctioos et de ses prérogative^
épiscopaleseu vertu àit lois organiques de
l'église gallicane déclarées lois d'État? Qui ne se
rappelle encore les rigueurs exceptionnelles dé
ployées contre les febilleS catholiques en général,
et la suppression prononcée contre plusieurs d'entre
les moins sympathiques k l'Empire, alors qu'on
tolérait patiemment les écarts et le mauvais vouloir
des feuilles anti-religieuses? Le gouvernement
impérial ne fait doue que poursuivre uue ligne de
conduite assez logique et assez égale nonobstant
certaiues déclarations, officielles il est vrsi, mais
acceptées avec une bonne foi trop caodide.
Quoiqu'il en soit, un journal catholique belge
faisait récemment celte observation. Il y a quel
ques jours, dit-il, une feuille de province a reçu
un avertissement pour avoir mal parlé d'un roi
allié de la France. Elle avait blâmé la politique
sarde ef rappelé les obligations de Victor-
Emmanuel envers l'Empereur. Puisqu'eu même
temps, tin journal parisien contenait une lettre des
plus outrageantes de M. About contre le Pape et
contre l'épiscopat français.
Ni l'auteur de la lettre ni les journaux qui
l'ont accueillie n'ont reçu d'avertissement. Cepen
dant, rien que comme homme, Pie IX est un roi
allié de la France, et les troupes françaises sont
encore k Rome. Il n'y a donc pas égalité, aux yeux
de la censure, entre le chef des États Sardes et le
chef des États Romains. Mais Pie IX n'est pas
seulement le chef des États Romains, il est le chef
de l'Église catholique.
Ajoutons ici pour la grande édification de nos
lecteurs, que depuis que l'absolutisme impérial
s'exerce au détriment des principes catholiques, nos
prétendus libéraux belges applaudissent de grand
cœur k la politique iutérieure et extérieure de l'élu
du s décembre. Non seulement les évêques français
sont des brouillons et des fauteurs de trouble, mais
nos propres évêques, par ce seul fait qu'ils appel
lent tes prières des fidèles sur les épreuves du
Saiot-Père, fout acte d'inconstitutionalisme, et
mariqueot k leur devoir comme fonctionnaires
d'un état oeotre eu tant qu'ils s'immiscent dans la
politique des gouvernements étrangers.
Le Courrier du Dimanche assure, de la
manière la plus positive, que, dans l'éventualité du
retrait de la garnison française, l'Espagne et le
Portugal oot offert au Souvetain-Poulife, d'en
voyer un corps d'armée pour tenir garnison k
Rome et dans les Légations, le jour où le Saint-Père
le désirerait.
t» IV
Rien n'est encore coonu au sujet des résultats
des Conférences de Zurich. On aunouce toutefois
la prochaiue conclusion de la paix et l'on croit
généralement k la tenue d'un Congrès des Puis
sances pour la solution des points les plus difficiles
qui resteraient k aplanir, telle que l'affaire dés
duchés.
Les correspondances italiennes signalent une
maoifestatioo contre-révolutionnaire assez sérieuse
qui se serait produite k Massa. Elles annoncent
également la prise de possession du duché de
Parme par le Piémont, qui aurait mis en voyage
M. Dabormida pour notifier cette résolotion aux
puissances. Naguère on se plaigoaii fort cependant
de l'intervention des Autrichiens dans les duchés
et l'on prétendait qu'il n'était nul besoin d'eux
pour y maintenir le bon ordre. Les Piémootais, qui
criaient les plus forts, les remplacent. Cette
comédie commence k devenir monotone et fasti
dieuse.
Une feuille libérale dit que la loi relative k
l'enquêle de Louvaiu a élé signée par le Roi.Si
cette nouvelle est vraie, oo ne peut trop blâmer
l'incurie gouvernementale qui prolonge inutile
ment la proscription de dépotés régulièrement élus
et qui tient la session législative ouverte au détriment
des fioauces du pays.
L'imposture a commencé cette œuvre d'iniquité,
la passion politique l'a alimentée, et le gaspillage
des deniers de la nation l'aura couroonée.
La correspondance suivante d'one feuille libé
rale, l'Étoile belge, résume eu ces termes toutes
les espérances que le discours de l'Empereur k
Bordeaux, fait naître dans le parti révolutionnaire
Paris, 12 octobre.
Le discours de Bordeaux est l'acte le plus grave
qui se soit produit depuis la paix de Viliafrarica.
A l'intérieur il établit une scission entre l'Empe
reur et le clergé de France, k l'extérieur nue scis
sion entre l'Empereur et le gouvernement de
l'Égiise et, on peut ajouter, uu encouragement
donué au gouvernement de Bologne révolté contre
le Saint-Siège.
Eu ce qui concerne Rome, on peut dire que le
fils aîné de l'Église vieot de faire entendre le
langage le plos amer qui loi ait été teoo depuis
longtemps. Jamais souverain n'avait demandé
ironiquement k un Pape, si le jour où il lui reti
rerait sa protection, le gouvernement ronraio serait
capable de dooner k sou. peuple l'anarchiela
terreur ou la paix. Cela est vrai, peut-être, mais
cela est insultant k coup sûr.
Quant aux évêques de France, c'est la première
fois qu'ils essuient un blâme aussi sévère et aussi
dédaigneux. Le chef d'aucun gouvernement de
France ne les avait encore accusés publiquement