43me Année.
Samedi 19 Novembre 1859.
No 4,396.
pour la tille. 6 fr. par an,
4 fr. pour 6 mois, 2-50 pour
trois mois.
FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE.
pour le dehors fr. 7-50 par
an, 5 fr. pour 6 mois, 2-75
pour 5 mois.
ÉGLISE DE SAINT-JACQUES.
Nous apprenons avec plaisir qu'à l'occa
sion de la Sainte Cécile Messieurs les
amateurs du jubé de l'Église de Saint-
Jacques, assistés de quelques artistes,
exécuteront mardi 22 novembre 5 heures
du soir, un salut solennel sous l'habile
direction de M. Breyne, qui en celle occa.
sion comme toujours, a fait choix des
œuvres les plus remarquables de nos
g ands compositeurs, tels que Mercadanle,
Praër, Kerckhove, Callewaert, etc.
La lettre suivantene nous étant point
parvenue temps pour l'insérer dans
notre n* du 16, nous nous faisons un plai
sir de lui ouvrir aujourd'hui nos colonnes.
LE PROPAGATEUR
TPR.3S, 49 Novembre.
REVUE POLITIQUE.
Malgré les affirmations des feuilles officielles
françaises, la réunion d'un congrès européen ren
contre encore beaucoup d'incrédules. On annonce
de Rome et de Naples que le Pape et le roi des
Deux-Siciles s'y feront éventuellement représenter.
Le Morning-Posl, organe de lord Palmerston,
annonce également que le Congrès se réunira
endéans un mois, sur des bases plus sérieuses que
celles annoncées jusqu'fa présent. Pour bien com
prendre cette dernière phrase, il faut se rappeler
que le cabinet britannique entend poser comme
base et condition préalable des négociations fa
intervenir et des travaux du congrès, les droits
prétendus des révolutionnaires italiens, aiosi que le
principe de non-intervention en faveur des princes
dépossédés; Le gouvernement français,au contraire,
ne demanderait pas mieux sans doute que de voir
la situation en Italie consolidée sur les bases des
conventions de Villafranca et de la lettre de
l'Empereur au roi de Piémont. Mais poor sauver les
apparences et dégager sa responsabilité, pour ne
point se voir réduit fa défaire son œuvr.e de ses
propres mains, et saos donte aussi pour s'exposer
le moins possible fa la vengeance sanguinaire des
sociétés secrètes, le gouvernement français serait
bien aise de laisser aux Puissances réunies en
Congrès la tâche ingrate et difficile de ramener
l'ordre daus les affaires de la Péninsule.
Un correspondant français, peu suspect de
partialité fa l'égard du gouvernement impérial,
se crôyait fondé fa croire, sur boos renseignements,
que le gouvernement,français ne se bornerait point,
du moins pour les Romagnes, au rôle de neutralité
et d'expectative inerte qne lui assigne l'Angleterre.
On croit, ajoule-l-il, être sûr fa la nonciature que
l'engagement d'assurer le retour de la Romagne
sous le gouvernement pontifical est formellement
pris. Ou assure même que l'ordre a été donoé au
général de Goyon de marcher contre Garibaldi,
si Garibaldi attaquait l'armée pontificale, a
Une correspondance de Rome explique le con
sentement de Pie IX fa se faire représenter, en
ajoutant que si le congrès futur voulait abandonner
le principe solennellement reconnu au congrès de
Paris en i856 qu'aucune des puissances contrac
tantes n'avait le droit de s'immiscer ui collective
ment ni individuellement daus les rapports d'un
souverain avec ses sujets, le représentant du
Saint-Siège demanderait ses passeports pour
retourner fa Rome.
Au reste, le bruit s'est accrédité que la Prusse et
la Russie seraient décidées fa défendre les intérêts
religieux et politiques qui exigent la conservation
dans toute son intégrité du patrimoine de Saint-
Pierre. D'après une lettre publiée par la Gazette
de Lyon, l'entente se serait établie fa cet égard fa
l'entrevue de Sreslau. C'est, dit-elle, l'empereur
Alexandre surtout qui s'est exprimé avec le plus de
chaleur contre l'usurpation du Piémont et du parti
révolutionnaire daus les Romagnes, usurpation
qu'il a qualifiée de véritable monstruosité; le
cznr a ajouté qu'il s'étonnait qne deux souverains,
placés fa la tête des d.eux plus grandes nations
catholiques, eussent laissé commettre cet attentai;
il a rappelé que l'armée russe de Souwaroff, vaincue
fa Ztiricb, s'était maintenue pour protéger Venise et
laisser au conclave le temps et la liberté nécessaire
pour élire Pie VII.
L'une des questions les plus épineuses fa l'ordre
du jour en ce moment, c'est "elle de la régence des
provioces de l'Italie central?. Le prince de Cari-
goan, en déclinant l'offre des insurgés, sur les
instances et peut-être les menaces de l'empereur
Napoléon, avait désigné en sa place le commandeur
Buoncompagni. Cependant la réponse fa celte sub
stitution de personnes on, pour mieux dire, de
noms ne s'est point fait attendre de Pariset la
plupart des journaux du soir ont publié une note
déclarant que la combinaison improvisée fa Turin
a été complètement désapprouvée par l'Empe
reur et que le gouvernement français l'a fait
savoir fa Turin et dans toute l'Italie. Une dépêche
de cette dernière ville, eo date du 17, annonce
maintenant que le départ de M. Buoncompagni est
différé. La même dépêche oous apprend que le
bruit court fa Turin que Garibaldi abandonne ses
fonctions militaires et se retire dans l'île de Sar-
daigne. Pareille retraite n'est d'ailleurs rien moios
qu'une abdication.
En serions-nous bien déjfa arrivés fa celte seconde
phase de la révolution italienne, dont parle uo
pobliciste français? La politique du cabinet des
Tuileries, dit-il, n'est contente de persnnone et an
fond, elle risque de mécontenter tout le monde,
parce qu'elle essaye de garder une sorte de josle
milieu entre les prétentions contraires. Elle est en
ce moment occupée de neutraliser le Roi de
Piémont, mais, en le neutralisant, elle risque de
transférer l'action, l'initiative, la puissance a
Garibaldi. Je crois que si les choses continuent fa
marcher ainsiil ne s'écoulera pas beaucoup de
temps sans que nous entrions dans le second acte
de la révolution italienne. Si le roi' de Piémont
s'arrête, Garibaldi prendra sa place et il faudra
qu'il marche, car il faut qne la révolution marche
sous peine de périret elle ne suit que ceux qui
marchent devant elle.
Nous eu sommes venusdit VAmi de la
Religion, fa un point où le pouvoir eo Italie ira au
plus audacieux, et dès lors il n'est pas de catastro
phes qui ne puissent marquer la suite du drame
dans la Péninsule. Ceux qui, aujourd'hui, croient
avoir le droit de se dire les meilleurs amis de
l'Italie, prêchent de toutes parts la non-interven
tion; et c'est l'intervention qui sauvera l'Italie
d'elle-même et abrégera la durée des mauvais
jours.
te i5 novembre r85g.
Monsieur FÊdiieur,
En arrivant accidentellement dimanche dernier,
i5 de ce mois, dans la commune de Dickebuscb,
je vis tout le village sur pied, et toutes les figures
rayonnantes de satisfaction et de joie; le temps des
ker messes est passé, me disais-je; quel est donc le
motif de ce mouvement général qui contraste avec
la tranquillité ordinaire des villages aux- jours de
fete? Qu'y a-t-il donc fa faire ici aujourd'hui
demandais-je fa un bon vieillard; Oh, Monsieur,
me répondit-il, ne savez-vous donc pas que c'est
aujourd'hui la Disiribotiou des Prix aux enfants de
l'école domiuicale Ce naïf campagnard croyant
sans doute, que tout le monde doive être au cou
rant de ce qui se passe dans sou village.
Bientôt j'entends battre une grosse caisse el je
vois tout un cortège se former, se mettre en mou
vement et s'acheminer vers l'Église; je le suis,
entraîné par je ne sais quel pressentiment qui me
promet une heure ou deux de vraie satisfaction
j'étais venu fa Dickehosch faire une promenade et
j'avais du temps fa perdre; ce que je vis, offrait un
attrait si simple mais si intéressant, qu'il me fut
impassible d'y résister; tous les âges se confon
daient; Tes membres de la société des fanfares
ouvrent le cortège en jouant avec justesse et aplomb
nne marche militaire; puis défilèrent cent cinquante
fa deux cents jeunes garçons et filles de douze fa
vingt ans, suivis par le collège des Bourgmestre et
Ëchevins, par les conseilleis communaux par les
membres du conseil de Fabrique el de l'adminis
tration de Bienfaisance, auxquels s'était jointe une
foule d'habitants.
Je lus touché du profond silence et du recueil
lement qui, fa l'entrée de l'Église, firent place fa
l'animation de la rue; aux deux boots d'une longue
table dressée devant le sanctuaire et chargée de
livres de lectures et de pièces d'habillements, les
notables de la commune prirent place; parmi eux
je reconnus M. et M""1 Malou-Dassonville.
Confondu dans la foule je pris place pour tout
voir et tout entendre. Un prêtre, qne l'oo me dit
être le curé de la paroisse, monte en chaire; j'ai
entendu des orateors de capitale, des prédicateurs
renommés; leurs pensées élevées,leors mouvements
souvent d'une éloquence sublime, ont éclairé mon
intelligence; mais jamais mon cœur n'a pins été
ému que par les paroles simples que j'ai entendues
dans cette modeste Église de village; c'étaient les
accents les plus purs d'un dévouement paternel, les
expressions les plus chaleureuses d'un zèle ardent
pour l'instruction et le bonheur de tous ces pauvres
enfants qui entouraient la chaire; et néanmoins il
y avait daos ce discours un fonds de doctrine digne
d'uo auditoire de savants. Rappelant l'ordre donné
par le Fils de Dieu aux Apôtres d'aller instruire
tous les peuples de l'Univers, le prédicateur a
démontré, par l'histoire, mais en termes très-bien
adaptés aux intelligences auxquelles il s'adressait,
que l'Église catholique n'a jamais failli fa sa missiou
divine, qu'elle a toujours éclairé le monde du