43me Année.
Samedi 26 Novembre 1859.
N,o 4,398.
4 FR. POUR 6 MOIS, 2-50 POUR FOI CATHOLIQUE.CONSTITUTION BELGE. AN, 5 FR. POUR 6 MOIS, 2-75
7PE.3S, 26 Novembre.
REVUE POLITIQUE.
ÉDUCATION RELIGIEUSE.
LE PROPAGATEUR
POUR Là VILLE 6 FR. PAR AN, P0CR DEHORS FR. 7-50 PAR
TROIS MOIS. POUR 5 MOIS.
Le Moniteur français, confirmant les paroles du
Constitutionnel suivant lesquelles la France et le
Piémont se seraient mis d'accord au sujet de la
régence Bnoncompagni, annonce que les explica
tions du Piémont ont atténué l'impression défavo
rable que la mesure adoptée Turin avait causé an
cabinet des Tuileries. La Sardaigne a déclaré que
le maintien de l'ordre serait le seul et unique but
de la délégation faite M. Buoocompagoi, et que la
concentration entre ses mains des pouvoirs dans
l'Italie centrale n'aurait aucun caractère de régence.
Il y a des gens qui croient pouvoir applaudir h
l'accord intervenu sur de pareilles bases entre
l'Empereur et Victor-Emmanuel; les uns, en tant
qu'amis de l'ordre, estiment qu'à la suite des ex
plications du cabioet sarde, M. Bnoncompagni n'a
plus le caractère que voulaient lui donner les
italianissimes, ce qui implique une renonciation
quelconque du gouvernement piémontaisà l'anne
xion anticipée de l'Italie centrale; les autres, pins
clairvoyants et plus sincères, acclament toute autre
chose, et soutiennent que le laisser-aller octroyé
au suppléaot du prince de Carignan, signifie l'aban
don par la France des princes italiens. Il en est
même parmi ces derniers qui poussant leurs pré
visions jusqu'au bout, prétendent que le cabinet de
Paris désertant tout coop la politique de Vienne,
se jette dans les bras du ministère britannique. Les
amis du Siècle surtout chantent victoire et voient
déjà la France, d'accord avec la Grande-Bretagne,
appuyer hautement les vues ambitieuses du Pié-
moot sur les duchés et même la Romagne.
La retraite de Garibaldi ne nous paraît guère un
gage sérieux du retour de Victor-Emmanuel
une politique d'ordre et de conciliation; le roi et
le flibustier continuent vivre en bon accord, s'il
en faut jnger par la haraogue de ce dernier aux
habitants de Nice. Garibaldi leur a déclaré qu'il
était prêt reprendre les armes eo cas de besoin.
Unissons-nous Victor-Einmannelrestons
armés tant qu'on pooce de terrain reste opprimé.
Il est juste cependant de tenir compte de la dif
férence de langage qui existe entre la proclamation
du général Fantib ses soldats et celle de Garibaldi
aux Italiens. Le premier recommande aux troupes
sous se6 ordres l'abnégation de la volonté pro
pre. Le second se plaint des meoées souter
raines qui entravaient continuellement la liberté
d'action inhérente son grade. Il dénonce la
misérable politique de renard qui trouble la marche
des affaires italiennes.
Quelques correspondances voient là toute une
explication de la démission de Garibaldi. L'intrai
table aveuturier ne consentait pas imiter la con
duite et suivre les instructions du général. C'était
entre eux, rapporte-t-on, non pas seulement une
rivalité, mais une ojiposition, une contradiction
constante. Fanti, obligé de céder le commandement
supérieur de l'armée, se faisait nommer ministre de
la guerre Modèoe; puis, pour ressaisir l'autorité
sur Garibaldi, il demandait et obtenait la suppres
sion du ministère de la guerre de Bologne, en sorte
qu'il se trouvait investi de la direction de toutes les
affaires militaires. Voilà sans doute les menées
souterraines de la proclamation anx Italiens.
L'armée de l'Italie ceotrale est désormais portée
46,ooo hommes; 22,000 sont fournis par la
«Toscane; 12,000 par les Romagnes, et 12,000
par Modèoe et Parme.
On assure, dit une correspondance romaine, que
le Roi de Naples est parti, ponr les Abruzzes, afin
de visiter ce pays, d'inspecter son armée et de
s'assurer qu'elle ne manquera de rien dans ses cam
pements d'hiver. Quelques-uns préteodent qu'il
va en prendre le commandement et qu'il restera
la tête des troupes, jusqu'à ce que la question des
Romagnes soit résolue et l'autorité du Saint-Père
rétablie dans cette province. Quoiqu'il en soit des
projets attribués François II, ses dispositions et ses
sentiments bieo connus l'égard du Souverain-
Pootife Ini ont déjà mérité les mêmes colères
qu'essuya son père, Ferdinand II, durant tout le
cours de son règne, et les détracteurs du gouverne
ment du Saint-Père ne se sont point fait faute
d'honorer le jeune roi des mêmes invectives.
Peu de nouvelles de l'expédition espagnole
contre le Maroc. Une dépêche dit que le retard des
v opérations est la conséquence du mauvais temps,
qui rend impossible le passage du Détroit.
L'Office Reuter annonce que le prince de
Metternich a communiqué M. Walewski la lettre
par laquelle l'Autriche invite les autres puissances
participer au Congrès, laquelle lettre sera portée
en même temps que l'invitation émanant de la
France, par des courriers français.
l" ARTICLE.
L'éducation religieuse ne doit être étraogère
qui que ce soit, parcequ'elle se lie étroitemeut aux
destinées des nations. Loin de nous l'insouciance et
le dédain, alors qu'il y va du bonheur de chaque
individu, de l'intérêt le plus.pressant de toutes les
familles, du salut même de la patrie et du bien-
être de l'Eglise.
Lorsque des hommes, se targuant du nom pom
peux de progressistes, osent insulter au bon sens
public, en proclamant des maximes absurdes sur un
sujet aussi important, il est do devoir, de tout bon
citoyen, de repousser l'insulte et de défendre cou
rageusement la vérité.
Nous voulons donc consacrer encore quelques
lignes la cause sacrée de l'éducation religieuse, si
méchamment méconnue par les grauds hommes
de progrès de notre ville, qui ne rougissent pas de
faire, d'une question aussi grave qu'est celle de
l'éducation de la jeunesse, une question de bouti
que, indigne d'occuper un homme qui se respecte.
L'éducation, a dit nn savant auteur, est le moule
où sont coulées les générations naissantes; et ce
moule les fait son image, il leur donoe sa forme,
son caractère, son empreinte ineffaçable. M. Thiers,
de piteuse mémoire, a prononcé ce sujet on mot
éminemment paradoxal et digne de nos progres
sistes; il a dit qu'il faut mouler la jeunesse
Ceffigie de l'Étatd'où il suit que, si l'État ne
professe aucune religion, le moule de la jeune
génération sera celui de l'iodifférentisme religieux,
de l'athéïsme le plus révoltant. Les catholiques
professant des idées plus élevées en matière d'édu
cation, ont le bon sens, qui manque souvent de
prétendus hommes d'État, de proclamer bien haut,
qu'il faut mouler la jeunesse studieuse l'image
de Dieu.
Si l'éducation veut remplir cette noble tâche,
elle a un triple but poursuivre; elle doit
développer l'intelligence de l'enfant eo lui donnant
la vérité, rien que la vérité. Elle doit redresser,
diriger, purifier les penchants de sou âme, les
tendances de sa volonté, eo les soumettant une
règle immuable. Elle doit enfiojformer les habitu
des de sa vie, et le plier aux graves devoirs qui
l'attendent. Or c'est l'éducation religieuse seule
qui peut atteindre ce triple but; seule elle peot
faire l'homme vraimeot intelligent, l'homme dû
ment vertueux, l'homme éminemment social. Si
vous sortez de ce principevous n'échapperez
jamais en matière d'éducation la barbarie sau
vage, ou la barbarie savante la seule qui puisse
émerger de l'éducation libérale ou antireligieuse.
Oui, telle est la force de ces deux éducations,
comme le remarqueun célèbre philosophechrétien
Que sous l'influence de la première, l'homme
n est méchant que par inconséquenceet sous
l'influence de la seconde, il n'est en quelque
sorte bon que par hasard.
D'abord l'éducation religieuse peut seule engen
drer les âmes la vie de l'intelligence; pourquoi?
Parcequ'elle seule enseigne la vérité pure, la vérité
entière, la vérité universelle capable d'éclairer
l'esprit, de satisfaire le coeur du jeune homme. Nous
seotons tous, au food de notre être, un entraîne
ment vers la vérité, comme vers le centre de nos
désirs et de nos affections; et le jeune homme sur
tout n'en est pas dépourvu; son esprit a soif de
vérité, comme son cœur a soif de bonheur. Il porte
au fond de lui-même uue inquiétude vague, qui ne
se fixe que par la possession de la vérité.
Mais où le jeune homme trouvera-t-il cette
vérité, objet de tous ses désirs, si ce n'est dans la
connaissance de la Divinité Oui, toute vérité vient
du Dieu des lumières; c'est de ce foyer divin, de
ce principe générateur de toute vérité, qu'émanent
ces rayonsqui doivent éclairer tout homme
venant en ce monde, ou comme le disait, il y a
peu d'années, avec la double autorité do taleot et
du caractère, Mgr. Dupanloup, évêqne d'Orléans
Tout découle vers l'homme de cette sublime et
resplendissante source des lumières; car s'il y a
plusieurs lumières,diverses dans leur rayonnement,
toutes s'allument au même foyer divin. Il résulte
de tout ceci que, plus uu jeune homme connaîtra
son Dieu, plus il s'approchera de ce foyer de
lumière et de génie; plus aussi son intelligence
s'éclairera et participera de la vérité qu'elle poursuit.
Or c'est l'éducation religieuse qui peut seule lui
procurer ce bienfait; elle loi donne des notions
complètes et immuables de Dieu, de l'homme, de
l'origine des choses, des rapports qui dérivent de
la co-existence du créateur et des créatures. Elle
seule pose et résout tous les grauds problêmes de
la philosophie.
N'est il pas vrai que les facultés de l'âme chez
l'enfant, se bornent aux simples perceptions, aux
combinaisons les plus élémentaires des idées,