r??.3S, 14 Janvier. REVUE POLITIQUE. 43me Année. Ao 4,412. LE PROPAGATEUR pour la ville 6 fr. par an, 4 fr. pour 6 mois, 2-50 pour trois mois. FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE. pour le dehors fr. 7-50 par an, 5 fr. pour 6 mois, 2-75 pour 5 mois. Les nouvelles relatives la question romaine sont d'une très-haute importance. La politique du gouvernement français b l'e'gard du S'-Siége se dessine enfin, et la vérité éclate aux yeux des moins clairvoyants. Le Moniteur universel publie une lettre de Napoléon III au Saint- Père, en date du 31 décem bre, dans laquelle il se plaint de ce que S. S. ait refusé, quand il était temps encore, dit-il, de séparer adininistrativement les Rotnagnes du reste de ses États. Aujourd'hui il est trop tard. La solu tion qni lui paraît la plus conforme aux intérêts du Saint-Siège et de la paix de l'Europe, c'est la séparation définitive de celle partie des États pontificaux. A ce prix les puissances (qui, suivant la lettre impéiiale, ne laisseront pas de se réunir en Congrès,) lui garantiraient la possession du reste de ses Etats. Cette lettre, dont le cabinet britannique avait connaissance et que le Morning- Post avait an noncé depuis plusieurs jours, a donné le signal d'un débordement de colères, d'invectives et de menaces contre les catholiques de la part de toute la presse antireligieuse. Il n'y a pas jusqu'au Pays, le plus modéré, le plus conservateur des journaux impérialistes, qui par l'organe de M. Granier de Cassagnac ne prêche la doctrine révolutionnaire des faits accomplis. L'unanimité des feuilles offi cielles abandonner ou h sacrifier les droits du Saint-Siège est d'ailleurs manifeste. En revanche, la Gazette de France, qui s'était permis d'exprimer la pensée publique, vient de recevoir un premier avertissement. Elle n'en dis cute pas moins avec une grande indépendance la lettre impériale, et en fait ressortir les iuconsé- queoces et les contradictions. En garantissant au Pape l'intégrité de ses États, réduits aux frontières des Romagnes s'engagerait-on comprimer par les armes les révoltes qui pourraient y éclater? Que devient alors le principe tant exalté de noo- inierveniion Les puissances, dit la lettre, garan tiraient au Pape l'intégrité de ses États ainsi réduits. Mais ces mêmes puissances ne lui ont-elles pas garanti en t8i5 l'intégrité de tous ses Étals. Si donc ces puissances reculent devant les obliga tions des traités de i8t5, parce qu'il y a en un fait de révolte triomphante comment Pie IX pourrait-il avoir confiance dans un nouveau traité qni lui garantirait, de la ntême manière, ses Éta's? On conçoit d'ailleurs, ainsi que la Gazette en fait également la remarque tout ce qu'il y a d'hypothétique et d'illusoire b attendre pareille garantie de toutes les puissances convoquées au Congrès. Il suffira de citer l'Angleterre et la Sar- daigne. Hier encore, le Morning-Post déclarait que l'Angleterre ue garantira jamais le reste des possessions papales. L'Angleterre, suivant le Pust, a communiqué aux puissances qu'elle est d'avis que l'annexion de l'Italie centrale au Piémont, serait la meilleure solution. Elle consentirait ii ce qu'on consultât les Italiens par un vote populaire, pourvu qu'on ne recourut pas au suffrage universel, mais s'opposerait ce qu'aucun membre de la dynastie des grandes puissances fut appelé au trône de l'Italie centrale. Pendant que la France abdique entre les mains de l'Angleterre sa rivale abhorrée, le titre glo rieux de fille aînée de l'Église on assure que l'Autriche cherche a se rapprocher de la Russie et de la Prusse, et nouer des relations plus intimes avec l'Espagne. On dit égalemeot, depuis quelque temps, que l'Autriche, de même que le S'-Siége, aurait refusé de prendre part au Congrès. Le déchaînement de colères et de rancunes anti religieuses que nous signalions plus haut vient encore de se manifester dans un article du Consti tutionnel, qui contient une menace. Les catholi ques céderont, ou bien les journaux défenseurs de la brochure dénonceront au gouvernement ^illé galité des œuvres de bienfaisance libre. Comme, aux yeux du Constitutionnel, il est parfaitement certain que le gouvernement fera droit b ces réclamations, la liberté de la charité est, pour les catholiques, au prix du silence. Tel est, sinon le texte littéral, du moins la signification et la portée de l'article du Constitutionnel, Si la lettre de Napoléon 111 Pie IX a causé une émotion si vive, la répoose faite au général de Goyon par le Saint- Père lors des réceptions du jour de l'an, n'excite pas un moindre intérêt. Les paroles de Pie IX, dit une correspondance de Rome, vont avoir un grand retentissement dans le inonde; moins peut-être parce qu'elles expriment que parce qu'elles veulent exprimer au sens de ceux dont le cœur s'unit ses angoisses. L'auteur de la brochure le Pape et le Congrès lira les paroles sévères du Poutife Suprême. Il dévorera le juge ment prononcé sur son pamphlet, que, dans sa juste indignation, Pie IX appelle un insigne monument d'hypocrisie, un ignoble tableau de contradic tions; selon l'habitude des lâches et des hypocrites il se taira. Mais ces paroles brûleront son visage sous le masque. Les illusions des plus obstinés sont tombées. On ne doute plus, a Rome, de la résolution du gouvernement français, d'adopter contre les catho liques toutes les rigueurs de la persécution. Le second avertissement donné b VUnivers, et motivé carrément sur l'adresse de M. Louis Veuillot au Saint-Père, a jeté sur la situation une vive lumière. 11 est bieu entendu que la séparation du gouverne ment d'avec, les catholiques est complète. Il est bien entendu que les catholiques n'ont pas le droit d'exprimer leur amour b leur Père, b leur Roi spirituel, outragé, violenté, menacé dans sou pou voir. Il est tout aussi bien entendu qu'ils le ftronl avec plus d'ardeur que jamais..., On signale eo ce moment l'apparition de trois nouvelles brochures pour la défense des droits du Saint-Siège, signées toutes les trois de noms illustres dans les lettres sacrées ou profanes, Mgr Parisis, M. l'abbé Orsini et M. Villemain. Ce dernier fait admirablement ressortir ce que l'honneur impose au gouvernement impérial après tant d'engagements si formels, contractés enve's le Souverain-Pontife, b la face de la France et du monde entier. Il dit encore tout ce qu'il y aurait d'étrange b ce qu'après avoir combattu pour le maintien de la domination ottomane en Europe, la France abandonne le Père des fidèles pour satisfaire les exigences de ses ennemis acharnés. Quoi, dit-il, nous aurons dans notre siècle, sans réforme accomplie, je crois, proclamé comme un principe tutélaire, absolu, sacré, la complète intégrité de l'empire turc! Des myriades humaines, des masses de chrétiens, de fières selon l'Évangile, auront péri sous le feu perfectionné des batteries moder nes, afin que nulle atteinte ne menaçât cette iulégrité d'une domination caduque et barbare! Mais, s'agit-il do pouvoir temporel de Celui dont vous avez si anciennement reconnu les droits et garanti le sol inoffensif et neutre, il suffit d'une émeute sur un point et de la convoitise d'un ambitieux voisin, pour autoriser b vos yeux le démembrement du territoire et de la déchéance partielle du Souverain! Pensez-vous que l'avenir ne trouvera pas ce contraste étrange? M. Villemain cooclut par ces belles paroles où il exprime éloquemment les vœux, les espérances de tous les catholiques Dans un temps, qu'on a nommé siècle d'ignorance, mais qui n'était pas sans grandeur, lorsqu'un intrépide Pontife défendant contre l'Allemagne l'Italie, autant même que l'Église, secouru dans Rome assiégée, puis emmené par son libérateur,mourait presquecaptif a Salerne, ses derniers mots furent ceux-ci: J'ai aimé'la justice et haï l'iniquité, et pour cela je meurs en exil. Du milieu de ceux qui priaient près de lui, un assistant obscur s'écria Quoi, Seigneur, peux-tu dire que tu meurs en exil, puisque, Vicaire de Jésus-Christ, l'univers entier s'ouvre b toi, et les confins de la terre sont ta patrie. Grégoire VII expira, en eutendant ces paroles dignes de lui. Et vous, d'un esprit plus doux, dans un siècle si différent de ce passé tumultueux, mais moins changeant que nos jours, vous, confiant et généreux Pontife qui, dès l'abord, avez tant amnistié, et qui avez voulu tant de réformes salutaires, vivez, persistez, souffrez pour les accom plir ou du inoins les avouer. Vous ne succomberez pas b des envahissements insidieux ou violents, b l'anarchie, instrument de l'ambition. Dans vos droits anciens, reconnus si longtemps et naguère encore, vous maintenez, vous défendez le Droit public de l'Europe, l'inviolabilité des faibles Puissances et des titres légitimes. Avec vous, vous aurez la foi de tant d'âmes catholiques, le respect du saint asile des consciences et l'amour de la liberté véritable, celle qui croit en Dieu et b la dignité morale de l'homme. Votre âme est an dessus de la crainte; votre sang sacré au-dessus du péril. La Papauté n'aura pas son Charles I" ou son Louis XVI. Et puiselle ue mecrtpas comme une dynastie peut mourir. ACTES OFFICIELS. Par arrêté royal du 5i décembre, sont nommés membres De la chambre de commerce d? Ypres. - M\l. P. Beke, négociant a Ypres; A. Van den Bogaerde, distillateur b Ypres; Castelein-Van Hille, idem b Dixmude. Un ariêté royal du 10 janvier porte Voulant donner au comte de Montblanc, pro priétaire b Ingelmunsterun nouveau témoignage de Notre satisfaction particulière pour son concours

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Le Propagateur (1818-1871) | 1860 | | pagina 1