43me Année. N« 4.413. r??.3S, 18 Janvier. REVUE POLITIQUE. LE PROPAGATEUR. pour la ville 6 fr. par an, 4 fr. pour 6 mois, 2-50 pour trois mois. FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE. pour le dehors fr. 7*50 par an, 5 fr. pour 6 mois, 2-75 pour 5 mois. Od a signalé, ces derniers jours, comme un événement, et ce h juste titre, un article du Mor- ning- Post, sur l'alliance anglo-française, alliance qui irait au besoin jusqu'à une action militaire commune, sans qu'un traité fut pour cela nécessaire. Celui qui attaquerait l'Italie centrale se trouverait donc en présence, non-seulement des forces révo lutionnaires et des troupes françaises, mais aussi aurait contre lui Vhostilité sérieuse de l'Angle terre. En parlant de l'éventualité d'uDe nouvelle guerre entre l'Autriche et la France, le journal sémi-ofliciel annonce positivement que le gouver nement anglais iotetviendrait en faveur de la France. Au reste, le Times rapporte que sur la demande de l'Angleterre, l'Autriche a répondu n'avoir ni la volonté ni le pouvoir d'entreprendre une nouvelle campagne d'Italie, et que, si la l'rance résistait la restauration des archiducs, I Autriche ne pourrait que protester coutre cette injustice. Cette nouvelle concorde avec ce que publient diverses feuilles allemandes, notamment la Gazette de Cologne. L'Autriche, dit ce journal, a, comme la Russie après la guerre de Crimée, besoin de se recueillir. La révolution triomphe donc sur toute la ligne, et sans doute le moment approche où le gouverne ment piémontais lui-même se tiouvera débordé. Di vers journaux annoncent, comme bien positive, la démission des généraux La Marmora et Dabor- inida. On assigne comme cause de leur sortie du ministère, un projet d'invasion dans les Etats pontificaux dont il leur répugnerait de se rendre solidaires. Déjà, ajoute-t-on, le régiment de Savoie a reçu ordre de se tenir prêt marcher. Nonobstant les gages nombreux donnés aux auarchistes par le cabinet de Turin, il ne règue pas moins, ce qu'on affirme, une grande agitation dans les provinces lombardes le 5i décembre, on a paru craindre Milan une explosion populaire. Un journal de la localité définit l'état des esprits la guerre de tous contre tous. Ce qui excite surtout l'irritation, c'est de voir qu'à tort eu raison, on remplace les employés lombards par des Piémontais. Il est bon également de se rappeler tout ce que les journaux ministériels sardes exha- lèrentde plaintesrelativement aux charges énormes sous lesquelles, suivant eux, gémissait la pauvre Lontbardie, lorsqu'elle était soumise au joug abhorré de [Autriche. Uu décret n'en a pas moins patu qui maintient dans ces provinces les anciennes impositions pour l'année nouvelle, et encore la Lombardia, feuille ministérielle, fait- elle remarquer qu'eu Piémont l'impôt arrive 3o fr. par têtetaudis qu'en Lombardie il u'est jusqu'à présent que de 28 fr. 60 c. Le journalisme impérialiste tivalise, en ce mo ment, avec la presse révolutionnaire et britannique de brutalité de langage envers le Souverain-Pon tife, de malveillance et de déloyauté envers ses actes et son gouvernement. Quand le Constitu tionnel et la Patrie, dit un journal conservateur, se mettant au niveau du Siècle, quand VOpinion nationale choisissent le moment où nous sommes pour railler, menacer et insulter l'Eglise; quand M. Edm. About nomme le Saint-Père le bâilleur de fonds du Journal de Rome, c'est la fois une lâcheté méchante et une platitude; et cetteconduile exciterait l'indignation, si elle ne soulevait le dégoût. C'est pour cette conduite que le Siècle se vante aujourd'hui de son héroïsme: Nous ne manquons pas, dit-il, d'un certain courage en combattant avec une infatigable énergie les jésuites et la séquelle ultramontaine. On devrait laisser au Times le honteux courage de se moquer de ce vieillard désarmé qui brandit le telum imbel/e de Priam au milieu des ruines de Troie. Il est triste pour un gouvernement d'avoir de pareils auxiliaires. Le pouvoir devient solidaire, dans l'opinioo, de ceux qui le défendent et qui l'exaltent. Les catholiques de toute une école en France, ont été les soutiens les plus sérieux, les plus solides, les plus désintéressés surtout du pouvoir impérial. Un appui qui sait, quand le devoir le commande, résister comme l'a fait l'Univers n'est point dédaigner. Le parti parlementaire serat - il récon cilié par le Constitutionnel la politique impé riale? Qu'on le demande M. Villemain et M. Thiers, qu'on le demande même au Journal des Débats. Tout cela sera-t-il compensé par l'appui mouvant et la dangereuse amitié des quarante mille lecteurs du Siècle et des artisans habituels des révolutions? Il serait fastidieux, ce semble, de rappeler ici toutes les assurances, si positives, si explicites, donuées par Napoléon III et son gouvernement en faveur de l'intégrité du domaine temporel du Pape, et par-devant le Corps législatif, et aux évêques de France, et au Saint-Père lui même, ainsi que Pie IX l'a coostaté dans sa réponse au général de Goyon. a Comment donc, se demandeun pu bl iciste. Napoléon 111 est-il arrivé la situation qu'il prend dans sa lettre du 31 décembre. Il est advenu ce que les esprits sérieux avaient prévu. Il y a des fatalités logiques auxquelles ou n'échappe pas, et Napoléon le prouvait lui-même daos sa lettre Je ne pouvais, dit-il, échappera une certaine solidarité avec les effets du mouvement national provoqué en Italie par la lutte contre l'Autriche... Les faits ont une logique inexorable... C'est ce que disaient les catholiques, au début de la guerre, et les minis tres du régime impérial le niaient. Ils traitaient de chimériques les appréhensions que l'événement justifie aujourd'hui. Ils s'indignaient quand un membre du Corps législatif faisait observer qu'on ne pouvait être la fois le protecteur du Pape et l'allié du Piémont et de Garibaldi. Qui se trompait? Qui voyait clair? La logique inexorable des faits a entraîné le gouvernement impérial où il déclarait ne vouloir pas aller. La solidarité fatale de la révolution lui fait tendre aujourd'hui la main aux révoltés de la Romagiie contre la souveraineté du Pape, qu'il déclare cependant incontestable. Le secours qu'il avait promis de lui porter fait place uu conseil, et ce conseil se résume dans un mot Abdiquez! Faut-il croire que les meuaces atroces des sociéisé secrètes, qui demandent le poignard la main et qui dévouent la mort ceux qui leur refusent, aient jeté un poids dans le plateau de la balance? Je sais qu'on le dit; mais je n'affirme que ce qui m'est démontré moi-même. Il y a quelques jours, le Constitutionnel plaçait sous le coup d'une menace les associations charita bles, aujourd'hui une autre feuille semi-officielle, le Pays, déclare que jamais le gouvernement n'a eu la pensée de leur être hostile. Quelques-uns croiront 'a un mouvement de recul de la part du gouvernement impérial. Nous tenons simplement, nous, le gouvernement de Napoléon III pour fidèle son système d'oscillation et d'équivoques. Ce n'est pas la première fois, on s'en souvient, que ses organes sémi-officiels se partagent la tâche de souffler le froid et le chaud. Au reste, le gouvernement français cherche détourner les idées des questions sociales et reli gieuses, pour les porter vers les préoccupations industrielles et commerciales. Une lettre de Napo léon III au ministre d'État, du 15trace un pro gramme bien vaste. Il faut dégager ie commerce intérieur de ses entraves, agrandir le commerce extérieur, protéger l'agriculture par des institu tions de crédit défricher les forêtsreboiser les montagnes, améliorer les voies de transport, sup primer les droits sur la laine et le coton, réduire successivement les droits sur les sucres et les cafés, conclure des traités de commerce avec les puis sances étrangères; tels sont' les divers points de ce programme, qui annonce un pas dans la voie du libre-échange. L'Union reçoit d'un correspondant celte nou velle, que les travaux de l'isthme de Suez sont poussés avec activité, et que l'on ne doute pas en Egypte de leur achèvement. Des nouvelles graves nous arrivent la France, rompant avec toute idée de loyauté, renonce faire exécuter les stipulations du traité de Villafranca en ce qui concerne la restauration des princes dépos sédés et contracte avec l'Angleterre uue alliance hostile la cause de l'ordre et tout fait favorable aux révolutionnaires italiens. C'est le Morning- Post, organe du cabinet anglais, qui a porté a la connaissance du public, ces graves nouvelles dont le contenu paraît authentique. L'alliance des deux cabinets, qui étaient naguère sur le point de se déclarer la guerre, ne résulte, dit le Post, d'aucun traité spécial, mais d'une confor mité de vues sur la question italienne, qui consiste proclamer la force des faits accomplis et la nécessité de reconnaître officiellement l'état des choses existant dans la Haute Italie et daos l'Italie centrale. L'organe du ministère anglais ajoute que si l'Autriche ou les princes dépossédés cherchaient renverser les gouvernements révolutionnaires, t's auraient en face d'eux non seulement les armées et les flottes de la France, mais encore l'hostilité énergique de l'Angleterre. Les conditions, dit-il encore, dont les deux Empereurs de France et d'Autriche sont convenus Villafranca, sont reconnues absolument imprati cables. L'Autriche insiste sur leur exécution, tandis que la France recounaît son impuissance les

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Le Propagateur (1818-1871) | 1860 | | pagina 1