exécuter, tout eu déclarant que son honneur ne lui permet pas de les laisser exécuter par l'Autriche seule. Étrange raisonnement! Nous avons cru jusqu'ici que l'honneur consistait dans la fidélité'a la parole jurée, dans l'accomplissement des engage ments contractés, et qu'un souverain ne pouvait pas plus qo'uo particulier forfaire b ses promesses. Mais il parait que les révolutionnaires et leurs fauteurs ont changé tout cela, et que désormais il n'y aura plus dans le monde d'autre droit que celui de la barbarie, le droit du plus fort. Les puissances garantissent au Saint-Siège la possession de ses Étals; et b peine une bande de mauvais sujets a-t-elle violé cette garantie que les mêmes puissances donnent raison ceux qui les outragent! Et Napoléon, dans sa lettre au Pape, veut que le Saint-Père, cédant les Romagnes, se contente pour la possession du reste de ses États, de la garantie des puissances! C'est plus que risible. L'Empereur des Français signe la paix avec l'Empereur d'Autriche leurs mains se rencontrent; François-Joseph, la douleur daos l'âme, cède une de ses plus belles provinces, et lorsqu'il a loyale ment exécuté ses promesses, voici que Napoléon vient dire Je ne veux point maintenir ma parole! C'est fort rassurant que de voir de pareilles armes entre les mains des grands de la terre; mais ce sont des armes deux tranchants, et elles pourraient aisément atteindre ceux qui les manient avec tant imprudence. [Patrie.) Une nouvelle qui ne manquera point de faire seusation, est répandue b Paris: le conseil privé s'est réuni samedi sous la présidence de l'Empereur et en présence de l'Impératrice il devait délibérer, disait-on, sur la démission de Mgr. le cardinal- archevêque de Paris, de membre dudit conseil. Le bruit court aussi que les cardinaux, qui sont de droit membres du Sénat, vont euvoyer leur démission. LE GÉNÉRAL BONAPARTE ET LES ITALIENS. M. Crélineau-Joly va faire paraître la 2' édition de son livre sur l'Eglise romaine en face de la révolution. On y observe entre autres pièces curieuses, une lettre inédite du général Bonaparte nu ministre des affaires étrangères du Directnire. Voici celte lettre elle est datée de Passeriano, 16 vendémiaire, an VI, et elle montre comment, b travers ses proclamations et ses éloges officiels, Bonaparte jugeait au fond les Italiens Vous connaissez peu ces peuples-ci. Ils ne méritent pas que l'on fasse tuer 4o,ooo Français pour eux. Je vois par vos lettres que vous partez toujours d'une fausse hypothèse vous vous imaginez que la liberté fait faire de grandes choses b un peuple mou, superstitieux, pantalon et lâche. Ce que vous désireriez que je fisse, sont des miracles, et je n'en sais pas faire. Je n'ai pas b mon armée un seul Italien, hormis, je crois, i,5oo polissons ramassés dans les rues des différentes villes d'Italie, qui pillent et ne sont bons b rien. Ne vous en laissez pas imposer par quelques aventuriers italiens qui sont b Paris, peut-être par quelques ministres même, qui vous diront qu'il y a 80,000 Italiens sous les armes; car, depuis quelque temps, je m'aperçois par les journaux et ce qui me revient, que l'opinion publique en France s'égare étrangement sur les Italiens. Je n'ai point eu, depuis que je suis en Italie, pour auxiliaire l'amour des peuples pour la liberté et l'égalité, ou du inoins cela a été un auxiliaire très-faible. Mais la bonne discipline de notre armée, le grand respect que nous avons tous eu pour la religion que nous avons porté jusqu'à la cajolerie pour ses ministres; de la justice, surtout uoe grande activité et promptitude réprimer les malintentionnés et b punir ceux qui se déclaraient contre nous, tel a été le véritable auxiliaire de l'armée d'Italie. Voilb l'historique; tout ce qui est bon b dire dans des proclamations, des discours imprimés, sont des romans. En vertu de l'art. 3 de la loi du 8 septembre i85g, Le gouvernement est autorisé b contracter, aux conditions qu'il déterminera, un emprunt d'un capital effectif de 45 millions de francs. La Chambre des Représentants a repris ses travaux, mardi dernier, 17 janvier, a 3 heures. CHRONIQUE JUDICIAIRE. La cour de cassation (chambre criminelle), dans sa dernière audience, a cassé un arrêt eo matière criminelle. Le nommé Jean Godeyne, âgé de 27 ans, tisse rand, né b Resyrooeek, demeurant bMoorsIede, avait été condamné par la cour d'assises de la Flandre occidentale aux travaux forcés b perpétuité avec exposition et aux frais, accusé de vols qualifiés. La cour, attendu que Jean Godeyne a été déclaré, par le jury, coupable de vol commis de nuit par deux ou plusieurs personnes, avec effraction ou escalade dans une dépendance de maison habitée, crime qui, par lui-même, n'est passible que de la peine des travaux forcés b temps, au terme de l'art. 384 du code pénal. Que néanmoins l'arrêt attaqué a prononcé b charge de Godeyne la peine des travaux forcés b perpétuité, par application de l'art. 54 4 dudit code, mais sans avoir au préalable reconnu et constaté en fait de ses motifs l'état de récidive dans le chef de cet accusé. Qu'il ne con state donc pas que la peine prononcée est celle que la loi applique au Crime dont Godeyne s'est rendu coupable. Par ces motifs et sur l'art. 35 do code d'instruc tion criminelle, casse et annuité l'arrêt rendu par la cour d'assises de la Flandre occidentale, le 16 novembre t85g et renvoie la cause, le demandeur Godeyne devant la cour d'assises de la Flandre orientale pour la vérification de la récidive et pour l'application de la peine sur la déclaraliou déjà faite par le jury. NOUVELLES DIVERSES. Samedi dernier a eu lieu b Bruges l'adjudication des travaux ayant pour objet le redressement de la partie de la route de l'État, d'Ypres b Bailleul comprise entre la route d'Ypres b Rousbrugge et un point pris b 270 m. en deçb de la ferme dite Hallebast. Le devis estimatif montait b 51,545 fr. 25 c. Deux soumissinns ont été présentées, savoir l'une de 55,900 fr. par M. Tacqueuier, de Lessines, l'autre de 56,700 fr. par M. Lern, de Bruges. Voici un avertissement pour les personnes qui s'amusent b soulever les enfants par la tête. Un journal rapporte qu'un homme, eu faisant une plaisanterie de ce genre, a occasionné la rupture de la colonne vertébrale b un enfant qui est tombé raide mort sur le pavé. Une société de chasse namuroise, locataire des propriétés de la ville de BouillIons'est signalée par un succès qui mérite d'être cité parmi les plus remarquables. Dans la seule journée du 11, neuf sangliers, dont plusieurs d'une grosseur extraordi naire, ont été abattus, ainsi que plusieurs chevreuils et renards. Un membre de la société, M. Léopold de Moreau d'Aodoy, a tué cinq de ces sangliers. Un tour assez plaisant vient de se jouer, ces jours derniers chez un négociant de Lodeliosart. Une Flamande, portant un pot b moitié caché dans son tablier et préparé pour la circonstance, entra dans la boutique du négociant et demaada un kilo de café. La demoiselle de magasin s'empresse de la servirmais lorsqu'elle voulut mettre comme d'habitude le café dans un cornet de papier gris, la Flamande s'y opposa eo disant que c'était inutile, qu'elle n'avait qu'à le verser dans son pot et qu'elle épargnerait ainsi son papier. La demoiselle y con sentit. Mais le pot était troué dans le fond, le café tomba, sans que la demoiselle s'en aperçut, dans le tablier de la Flamande, qui remit le pot vide sur le comptoir en disant Tiens, c'est moi oublier ma bourse, c'est moi aller chercher de l'argent et c'est moi venir tout de suite chercher mon café et mon pot. n La demoiselle, croyant que le café était dans le pot, ne s'y opposa pas le moins du monde, et la Flamande se relira en plaisantant avec sa victime. Le soir étant venu, et cette dernière ne revenant pas, la demoiselle voulut mettre le pot de côté, mais, en le prenant, il lui parut si léger, qu'elle s'avisa de l'examiner, et elle reconnut, mais trop lard, qu'elle était la dupe d'une prestidigitatrice d'un nouveau genre. Elle raconta la chose b son patron, qui, malgré la perte de son café, partit d'un grand éclat de rire au récit de cette singulière aventure. Un artiste bruxellois vient d'être la dope d'une singulière escroquerie. Il y a quelques mois, il reçut de Londres la commande d'un tableau, signée lord de Hadford, demeurant Bouverie street, Fleel slreet et Tenyson street, Lambeth. L'artiste, peu au courant des noms de la pairie britannique, s'imagina peut-être avoir affaire an fameux lord Hertford, le plus prodigue des milords. Il ne songea pas b prendre des renseignements b la légation anglaise, où certes, on lui eût dit qu'il n'existe pas de lord Hadford. Un seul voyage b Londres lui eut appris, d'ailleurs, que les résidences indiquées par le noble correspondant, appar tiennent au quartier le moins aristocratique de la métropole. Plein de noble confiance, M. Pierre Van Schen del, c'est le nom du peintre en question, expédia b l'adresse susdite. Bouverie-street, Lambeth, son tableau, qu'il intitula le Gênéralen Retraite. Ne recevant pas d'accusé de réceptiou et moins encore, le payement de son œuvre, il prit des renseignements tardifs, et apprit qu'il avait été dupe d'un filou. Le prétendu lord de Hadford a été arrêté ces jours derniers par la police de Londres b sa résidence de Lambeth. M. Van Schendel jura, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus, et qu'avant de se dessaisir des effets de lumière, qui sont sa spécialité, il se préoccuperait b l'avenir de l'effet des lumières des autres. Tous les maris donnent des étrennes b leurs femmes, c'est de rigueur; quelques uns en reçoivent d'elles, mais ceux-là sont rares. Cependant une femme intelligente et une femme de cœur sait être généreuse sans se ruiner. M™* de L..., jeune et jolie femme, mariée depuis deux ans, disait l'autre soir dans une réuuioD d'amies intimes J'ai décidé le cadeau du jour de l'an que je ferai b mon mari. Ah! vous lui donnerez des étrennes? Oui; quelque chose qui lui fera grand plaisir. Un ouvrage de vous? Non. Un objet de prix Un objet qui me coûtera vingt-cinq centimes. Qu'est-ce donc? Un cigare. Quelle plaisanterie! Mais non; c'est très-sérieux. Ce cigare qui vous semble une bagatelle, est un principe, une concession, un privilège. Comment cela? A l'époque de notre mariage, je demandai a mon mari qu'il ne fumât plus. Il m'en fit promesse formelle, et il a tenu religieusement sa parole. Majs

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Le Propagateur (1818-1871) | 1860 | | pagina 2