FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE. 43me Annee. No 4,415. LE PROPAGATEUR pour la ville 6 fr. par aï», 4 fr. pour 6 mois, 2-50 pour trois mois. pour le dehors fr. 7*50 par an, 5 fr. pour 6 mois, 2*75 pour 3 mois. ??E3S, 25 Janvier. REVUE POLITIQUE. L'avènement de M. de Cavour continue inspirer de sérieuses appréhensions !i tous ceux qui ne s'aveuglent pas sur la politique d'expédients révolutionnaires laquelle est livrée le Piémont. Le général Faoti, qui avait abandonné les cadres de l'armée piémontaise, pour redevenir Modéoais et organiser l'armée de la ligue, reçoit le porte feuille de la guerre; Farini, dictateur de l'Emilie, serait destiné au ministère de l'inlérieor. La seule entrée de ces deux personnages dans le cabinet piémontais consacre l'annexion de l'Italie centrale et des Romagnes, y compris les cinquante mille hommes qu'elles ont armés. Aussi prétend-on toujours que M. Cavour proposera immédiatement h Victor-Emmanuel d'accepter franchement l'an nexion des Etats de l'Italie centrale. Un incident toutefois donnerait, suivant une correspondance, quelque ioquiélude a Turin. On assure que la Toscane se réveille et menace de chasser les charlatans qui l'exploitent. De nouvelles bombes ont été lancées et ont éclaté près du palais de M. Buoncompagnireprésentant du Roi Florence. On craint que l'agitation ne se propage, et c'est pour cela peut-être qu'on songe précipiter l'anoexioo, afin d'avoir le bénéfice de ces bien heureux faits accomplis, si puissants d'ordinaire aux yeux des gouvernements sceptiques. Les feuilles sardes paraissent s'émouvoir beau coup du recrutement que, suivant elles du moins, le gouvernement romain poursuit avec succès dans l'Allemagne catholique. Il est certainement assez naturel, ce semble, qoe le gouvernement du Saint-Père s'occupe, aussi activement que ses ressources le permettent, de la formation d'une armée capable au besoin de le maintenir, si les événements ou le soin de sa dignité lui enlevait l'assistance étrangère. Mais la presse piémontaisea de tout autres soucis et ne reconnaît pas Pie IX le droit de se défendre. C'est que, suivant l'expres sion d'un illustre publiciste, si le Pape disposait d'une armée de deux cent mille hommes, on y regarderait a deux fois avant de songer le dépos séder. Depuis que le droit de la force, dit un journaliste, a été brutalement substitué la force du droit, dans les relations internationales, les gros bataillons soot devenus les arbitres souve rains de la destinée des peuples et des rois. Si c'est là un progrès, il y a lieu de craindre pour l'Europe les effets de notre civilisation avancée. Une correspondance romaine rapporte pareille ment qu'on pousse le Roi de Piémont bâter la solution de la question italienne par l'envoi de régiments piémontais dans les duchés et les léga tions, et par l'envahissement de l'Ombrie et des Marches d'Ancone. La brochure le Pape et le Congrès a donné une hardiesse extrême au parti révolutionnaire en exaltant ses espérances. Le Moniteur français publie un rapport des ministres de l'intérieur, des fiuances et des travaux publics sur les grands travaux de dessèchement, en exécution de la lettre impériale du 7 janvier au ministre d'Etat. Ils annoncent que des projets seront soumis au Conseil d'Etat pour le dessèche ment et le défrichement des biens communaux, évalués 2,790,000 hectares. Ces travaux seront entrepris seulement lorsque le Conseil d'État, la suite d'une enquête locale, lesauradéclarés utiles. S'il faut en croire un correspondant du Times, le traité de commerce entre la France et l'Angle terre serait très- prochainement signé. Le Spectator dit qu'il consacrera l'assimilation complète des pavillons français et anglais dans le commerce maritime direct ou indirect, entre la France, l'An gleterre et les Colonies, ainsi que l'exonération des navires français et anglais de tous droits de tonnage dans les ports anglais et français. Les articles du traité ne porteraient aucun droit payer en Angle terre sur l'exportation des charbons. COMBATS DE L'ÉGLISE. ARTICLE. Nous avons vu, dans notre article précédent, l'Eglise remporter la victoire sur la secte impie et cruelle des Albigeois. Ces sectaires avaient formé contre le Pape, un parti d'autant plus formidable, qu'ils étaient protégés dans leur audace par un puissant seigneur, Ray moud VI, comte de Toulouse, qui leur fit mépriser les censures de l'Eglise, les rendit plus entreprenants, et empêcha le fruit des piédications de S'-Dominique et des autres mis sionnaires. Plusieurs fois les Albigeois avaient été sur le point d'anéantir la puissance de Rome; mais enfin, après dix-huit ans de guerres et de massacresl'heure de la délivrance de l'Église avait sonné; la secte des Albigeois tombe en disso lution, et la Papauté triomphe au moment qu'on s'y attendait le moins. Un siècle et demi se passa, alors vint un second soulèvement de l'esprit humain contre le gouver nement de l'Eglise. Dieu avait voulu, pour le bonheur des peuples, que le pouvoir de la Papauté atteiguît son apogée; et se fît sentir partout, pour contenir dans ses bornes le pouvoir temporel des priuces; et cela malgré toutes les ressources de la politique et delà guerre que déploya, pour s'en défendre le plos habile des empereurs d'Alle magne Frédéric II. Lorsque tout-à-coop une réaction formidable se déclara contre le Saint- Siège. L'homme qui prit la part la plus importante celle révolution, fut Philippe IV, dit le Bel, roi de France; prince despote par situation et par teropérameol, sombre, implacable, sans scrupule, également préparé la violence ou la chicane; et entouré d'hommes d'épée et d'hommes de loi dévoues sa politique et imbus de ses préventions. Le Pape Boniface VIII, par l'ordre de Philippe, est investi dans la ville d'Anagni; il est arrêté et bassement outragé par une soldatesque turbulente, outrage qui le fait mourir de chagrin et de douleur. On transfère le Saint-Siège Avignon pour le réduire sous la dépendance de la cour de France; le giand schisme de l'Occident éclate; la foi des peuples se partage dans ces fatales conjonctures, la voix de l'hérétique Jean Wiclef se fait entendre partout elle ébranle l'Angleterre, retentit eu Allemagne, et pénètre jusqu'au fond de la Bohême. L Église, ainsi déchirée par le schisme, et rude ment attaquée en Angleterre et en Allemagne, se trouve dans une situation aussi périlleuse, qu'à l'époque de la crise qui précéda la croisade des Albigeois. Au moins cette fois-ci l'Église sera battue! Humainement parlant, c'en est fait d'elle! Non! ne craignez pas? Sachez que son sort n'est qu'une suite non interrompue de luttes et de vic toires; tonjourscombattueelle triomphera toujours. Comme du temps des Albigeois, Dieu sot tourner l'opinion publique en faveur de son Église; la réaction se fit avec un entraînement irrésistible; l'autorité civile qui n'avait pu souffrir, il y a quel ques jours, le pouvoir papal se montra tout-à- coop disposé prêter l'Eglise on appui vigoureux; le Concile de Constance mit fin au schisme; le danger s'évanouit; et le monde catholique fut rendu l'unité sous un seul chef. Que ceux, qui ne croient point aux miracles, nous expliquent comment l'Église triomphe tou jours au moment qu'elle court le plus de dangers tandis que toute puissance laïque, dans les mêmes conjonctures ou exposée des moindres dangers, tombe et disparaît pour toujours de dessus de la terre? Encore un siècle s'était écoulé et l'esprit hu main se révolta une troisième fois contre l'autorité de l'Église. Ce fut la doctrine de Luther et de Calvin qui vola comme un éclair autour du monde ébahi. La victoire du protestantisme fut rapide et complète dans les parties septentrionales de l'Europe. Une multitude de circonstances, trop longues énumérer dans une feuille, favorisaient l'hérésie et semblaient devoir la faire admettre partout et l'éterniser jamais. Néanmoins un demi siècle après le jour où Luther brûla la huile du Pape Léon X devant les portes de Wiltenberg, le protestantisme commençait perdre ses avantages pour ne plus les reconquérir. Le zèle catholique éclata dans le Midi. Un esprit de réforme de mœurs et de disciplioe s'empare de l'Église, tons les Ordres religieux refondus, produisent des œuvres de dévouement et de sainteté dignes des anciens jours; les Souverains - Pontifes surtout offrent, dans leurs persouoes, toute l'austérité des premiers anachorètes de la Tbébaïde et de la Syrie. Paul IV portait sur le trône pontifical la même ferveur de zèle et de dévotion qu'il avait eue dans le couvent desThéatins; Pie V, sous ses vête ments splendides, cachait le cilice d'un simple moine; Grégoire XIII s'efforçait non-seulement imiter mais 'a surpasser Pie V dans les sévères vertus de sa sainte profession; et les catholiques n'avaient rien tant cœur que d'imiter ces exem ples frappants de vertus et d'abnégation. Ainsi, tandis que le protestantisme se répandait dans une partie de l'Europe la régénération catholique s'étendait aussi rapidement dans l'autre partie. Lis chances, qui parureot d'abord toutes favorables aux hérésiarques, se déclarèrent comme par en chantement, en faveur de ta saine doctrine; et l'Église romaine demeura de nouveau victorieuse, quoiqu'on eût dit d'abord que c'en était fait de son pouvoir. Elle eut l'avantage sur tous les points; et le protestantisme, malgré tous ses efforts, n'a pas été capable, dans le cours de plus de deux cents ans, de reconquérir ce qu'il perdit alors. Voilà du prodigieux, s'il eu fut jamais! Il est vrai quelqu'un qui De voit que la superficie des

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Le Propagateur (1818-1871) | 1860 | | pagina 1