Le Bien public discutant la question de l'or,
fait remarquer que la loi de i85o qui a mis la
monnaie d'or française hors de cours, n'a e'té vole'e
qu'à titre d'essai. C'est ce qui re'sulte a l'évidence
de la discussion et de l'exposé des motifs qui ac
compagnait la présentation du projet de loi. Dans
cet exposé, voici comment s'exprimait M. Frère
On ne peut, l'occasion de ce projet de loi,
décider s'il faut conserver ou non le double
étalon monétaire et dans quelle condition on
pourrait l'établir celle question est trop grave
pour elre résolue incidemment. Le gouvernement
en fera I objet de tonte sa sollicitude et soumettra
la Chambre, quand le moment lui paraîtra oppor
tun, le système qu'il jugera le meilleur.
Cela est formel. Et cependant le même M. Frère
disait dans le rapport déposé la Chambre le 20
août 185g
En supprimant par des mesures successives le
cours forcé des monnaies d'or nationales ou étran
gères, la Belgique a adopté par le fait l'argent
comme seul étalon monétaire. Cet état de choses
qui a été définitivement consacré par la loi du
28 décembre i85o, n'a fait naître aucune plainte
jusqu'au moment où l'or a envahi la circulation en
France, a
Voilà donc d'un trait de plume une loi d'essai
qui devient loi définitive. M. Frère conforme sa
conduite cette étrange manière de voir les choses.
A ceux qui réclament il répond imperturbable
ment La Banque nationale a 68 millions d'ar
gent dans ses caves, adressez-vous elle.
Le conseil est naïf; mais la Banque nationale,
qui sait parfaitement tirer parti du commerce des
pièces d'or, ne lâche ses écus qu'à bon escient,
c'esl-à dire en faisant subir au détenteur de la
pièce française une perte sèche d'au moins t5
centimes. Or, c'est cette perle qu'il s'agit d'éviter
et que l'on éviterait en donnant cours légal l'or
français.
M. le ministre des affaires étrangères a cru
devoir demander nos chambres de commerce leur
opinion sur la question du cours légal de l'or
français réclamé par des pétitions nombreuses.
Les chambres ont, pour la plupart, conclu dans le
même sens que les pétitions.
L'adresse des habitants d'Anvers, couverte de
1 5,ooo signatuies, a été portée Rome par M.
Charles Cogels, qui a pu la remettre dès samedi
dernier Sa Sainteté. Le Journal d'Anvers
reproduit l'extrait suivant d'une lettre que M.
Cogels vient d'écrire au sujet de la mission dont il
avait été chargé
Rome, 5 mars, 1860.
J'ai eu le bonheur d'être reçu par Sa Sainteté
aujourd'hui 11 heures. J'étais accompagné de
Mgr Sacré, président du collège belge Rome, de
M. l'abbé Oswald Van den Berghe, de M. Léopold
De Meester et de MM. Théodore et Ferdinand
Moretus. Eo ma qualité de député officiel Sa
Sainteté, j'ai déposé eotre ses mains les adresses qui
m'avaient été confiées et j'ai porté la parole
au nom de la communion des Belges présents.
Heureusement, je ne m'étais pas fait d'avance
un plan de discours, car la manière bienveillante,
toute paternelle et d'une louchante simplicité, dont
le Saiot-Père nous a reçus, n'aurait vraiment pas
comporté un discours eo règle.
Le Saint-Père était visiblement ému de notre
démarche, il l'était surtout lorsqu'il nous a dit, que
pour un Pape c'était peu dechosed'être violemment
et ouvertement attaqué, traîné en prison même,
puisque l'Eglise a eu bien des Papes martyrs; mais
que ce qui déchirait le plus son cœur, c'était de se
voir constamment attaqué par les armes de la
duplicité et du mensonge. Je puise ma force et
ma consolation, nous a-t-il dit, dans les témoi
gnages d'amour et de dévouement que me donnent
lescatholiquesdumonde enliereten particulier dans
l'attachement si vif des Belges ma personne et au
Saint Siège. Sa Sainteté a daigné m'exprimer
le désir de me recevoir en audience particulière
avant mon départ de Rome, et après s'être infor
mée de mes projets de voyage, elle nous a donné de
la manière la plus affectueuse sa béoédictioo pour
nous et pour tous les signataires de l'adresse.
Ce que l'on dit chez nous de l'extérieur du
Saint-Père n'a rien d'exagéré. Tout en lui respire
un calme parfait; son air ouvert et spirituel
exprime la bonté et la sérénité. Ce qui m'a surtout
frappé, c'est l'éclat et la limpidité de son regard.
Sa Sainteté semble jouir d'une excellente santé.
Somme toute, nous avons eu une belle et bonne
audience.
ACTES OFFICIELS.
Par arrêté royal du 6 mars, un subside de 5oo
fr. est alluué au conseil de fabrique de l'église de
Wesivletereu, pour l'aider faire restaurer des
objets de sculpture appartenant cette église.
Le Moniteur publie la lui portant une nou
velle classification des communes. Dans les com
munes où le nombre des conseillers est augmenté,
il sera procédé, le 3o octobre prochain, par un
scrutin séparé, aux élections pour les places nou
vellement créées.
Les conseillers ainsi élus appartiendront par
moitié chaque série du conseil.
L'ordre de leur sortie sera réglé par le sort,
dans l'année qui précédera l'expiration du premier
terme.
Le tirage au sort aura lieu dans la séance pres
crite l'article 70 de la loi communale.
Dans les communes où le nombre des conseillers
est réduit, le conseil sera renouvelé intégralement.
Ce renouvellement aura lieu la date précitée.
Les bureaux électoraux seront formés et présidés
suivant les dispositions de l'art. i54 de la loi
communale.
Les écbevins appartiendront par moitié chaque
série; le bourgmestre la dernière.
Les bourgmestres, échevins et conseillers actuel
lement en exercice, continueront remplir leurs
fonctions jusqu'à l'époque de l'installation des
nouveaux conseils.
CHRONIQUE JUDICIAIRE.
Dans son audience du 6 courant, la cour d'assises
séant Bruges, a eu s'occuper d'un vol commis
avec circonstances aggravantes et imputé au nommé
Pierre Scheerlynck, âgé de 44 ans, colporteur, né
Passchendaele et domicilié Meain. La nommée
Thérèse Van Elslandere, épouse de F. Hey-
tensjournalière née Gits et domiciliée
Meniu, était accusée de complicité pour avoir
récélé les objets volés.
Le jury a déclaré les accusés coupables, et ils ont
été condamnés, savoir Scheerlynck douze ans de
travaux forcés, l'exposition et douze ans de
surveillance, et Thérèse Van Elslandere, eu égard
aux circonstances attéuuantes, deux ans de
prison.
NÉCROLOGIE.
M. J.-B.-A. Coppieters 't Wallant, chevalier
de l'Ordre de Léopold membre de la Chambre
des Représentants, membre du Conseil communal
de Bruges et capitaine-commandant de la compagnie
de chasseurs-éclaireurs de cette ville, est décédé
avant-hier matin l'âge de 54 ans.
M. Van Dale, membre des hospices et
aocien échevin de la ville de Courtrai, est décédé
avaut-hier après uue longue et péoible maladie.
NOUVELLES DIVERSES.
Noos recevons de Huysse quelques nouveaux
détails sur le meurtre horrible qui a été commis la
Duit de dimanche luodi dans cette commune
Mardi a été faite, par ordre de la justice
l'autopsie du cadavre de Bayaert. Uu témoin
oculaire assure que jamais on n'a vu un corps aussi
maltraité. Les "blessures qu'il portait étaient nom
breuses. La jambe et le pied gauche étaient brisés,
les cotes enfoncées, et une blessure qui n'a pu être
faite au moyen de la bêche, ouvrait une issue aux
intestins; le bras gauche était littéralement abattu;
toute la tête était brisée par les coups.
Le coupable, qui était présent l'autopsie, n'a
guère montré de repentir. Il a été transféré la
prison de Gand.
L'enterrement des restes déformés de Bayaert a
eu lieu l'après-midi, au milieu d'une afilueuce
considérable.
Il est mort, l'année dernière, en Belgique, 84
officiers eu retraite, èn non-activité ou se trouvant
encore sous les drapeaux. Dans ce nombre, on
compte trois généraux, quatre colonels, sept lieu
tenant-colonels, sept majors, trente et uu capi
taines, etc., etc.
La prime de 10,000 francs du dernier tirage
de l'emprunt d'Ostende, est échue une personne
de Bruxelles locataire du n" gagnant. Nous disons
locataire. En effet il paraît qu'à Bruxelles cer
taines personnes louent les actions des emprunts
primes moyennant un franc par action de 25
francs elles réalisent de cette façon huit pour cent
de leur capital. C'est le locataire d'un de ces nu
méros qui a gagné le gros lot du tirage du ir mars.
Un journal flamand de Hasselt craint que, si
Napoléon digère bien les choux de Savoie, il ne lui
vienne de l'appétit pour les choux de Bruxelles.
FRANCE.
Mm° la duchesse de Malakoff, femme du maré
chal Pélissier, est accouchée, lundi, d'une fille au
palais de la Légion-d'Honneur.
Par suite de la mort du maréchal Reiïle, le
prince Jérôme Napoléon est en ce moment le
doyen des maréchaux de France.
A la bataille de Waterloo, le prince commandait
uue division dans le corjts d'armée placé sous
les ordres du général Reille.
M. le maréehal duc de Malakoff vient
de recevoir une dignité nouvelle. Ses fonctions de
grand chancelier de la Légion d'honneur sont
assimilées celles des ministres, dont il devient le
collègue.
On lit dans le Journal des Débats
Nos lecteurs ignorent peut être qu'à en croire
plusieurs journaux étrangers, bien capables de se
tromper en pareille matière, le Sultan est sur le
point de renvoyer ses ministres parce qu'ils con
trarient le désir qu'il éprouve de contracter un
nouveau mariage. Les ministres ne font pas d'ob
jection contre le choix de la nouvelle épouse, bien
que ce soit une esclave, mais ils gémissent, dit-on,
d'entendre le Sultan demander uue dizaine de
millions pour accomplir convenablement cette
cérémonie. Le Siècle a pris cœur celte affaire; il
en a vu surtout le côté démocratique, qui avait
échappé jusqu'ici tout le monde; il défend
l'égalité jusque dans le sérail, et s'écrie gravement
Si cette esclave est digne de lui, pourquoi ne la
prendrait-il point pour femme? Les créanciers
du Saltan ne prétendent pas qu'elle ne soit point
digne de lui ils voudraient seuleineut voir s'élever
moins haut les frais de la noce.
On parle d'un projet ayant pour objet de
réorganiser la garde nationale dans toute la France.
S il faut en croire certaines versionsla garde
nationale de I Empire ne compterait pas moins de
j,5oo,ooo hommes, dont une partie (probable-