43me Année.
No 4,429.
LE PROPAGATEUR.
POUR LA VILLE 6 FR. PAR AN,
4 FR. POUR 6 MOIS, 2 50 POUR
TROIS MOIS.
FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE.
POUR LE DEHORS FR. 7-50 PAR
AN, 5 FR. POUR 6 MOIS, 2-75
POUR 3 MOIS.
7P-P.ES, 14 MARS.
REVUE POLITIQUE.
La grande question du jour, celle qui exerce
la perspicacité de tous ceux qui se piquent de
prévoir et de deviner les déterminations des
hommes cl'Etat, est celle ci l'annexion de la
Toscane prononcée, que fera Empereur? On
ne se demande plus guère si l'annexion sera
prononcée personne n'en doute, part quelques
écrivains officieux de l'école de M. Granier de
Cassagnac,
Mais quelles seront les suites de cette an
nexion? L Indépendance confirme aujourd'hui
la nouvelle qu'elle donnait avant-hier Le
retrait des troupes françaises de la Lombardie
devrait suivre immédiatement la réunion de la
Toscane au Piémont. Mais un correspondant
de Turin affirme que personne, en Sardaigne,
ne croit la réalisation de cette menace, que
l'on regarde comme un simple moyen d'intimi
dation
Le correspondant de Turin de /'Union donne
les détails les plus intéressants sur la façon
dont le vote a été préparé et arrangé. Des
manifestations avaient été organisées dès le 4.
Des bandes bruyantes avaient parcouru les
rues de Florence, en poussant des cris de haine
devant les maisons des habitants que l'on
croyait hostiles l'annexion. Chacun des voci-
féraleurs portait la main ou sur son chapeau
un écrileau où on lisait, ici Annexion, et là
Traîtres les séparatistes! On avait affiché sur les
murs dans les villes et dans les villages de
hideuses figures du Pape et des princes de
Lorraine.
D'un autre côté, une lettre écrite de Florence
au Viessager du Midi annonce qu'il ne se trouvera
pas une presse pour imprimer des bulletins de
Regno separalo; car d'avance les imprimeurs
qui pourraient être tentés par l'espoir du gain,
MARIAGE OU MIKADO,
LE SOUVERAIN PONTIFE DU JAPON.
Yédo, 4 septembre.
Une heureuse circonstance me permet de vous
fournir des renseignements aussi cuiieux que nou-
veaux sur un événement qui s'est passé k Miako, la
ville saërée de l'empire japonais. Je veux parler du
mariage du souverain pontife. Ces renseignements
vous intéresseront d'autant plus, je l'espèie, que la
ville de Miako, sévèrement fermée tous les étran
gers, n'a encore jamais été explorée par les Euro
péens et que l'eutrée de la cour pontificale est
défendue sous peine de mort, si ce n'est aux prê
tres, aux poëies et aux grands de l'empire. Je dois
la connaissance de celle cérémonie a un de mes
jeunes élèves dout le père avait été envoyé eu
qualité d officier supérieur du Tycouoe Miako,
pour accompagner le représentant de ce prince
dans cette solennité.
Aussitôt donc que le Mikado eut exprimé le
dessein de choisir sa priocipale épouse, tous les
sont menacés de mort. Et, dans une seconde
lettre, il parle des agents officieux qui ont été
envoyés dans les provinces. Un de ces agents,
le sieur Lex journaliste, disait que le
bâton était dans les campagnes un expédient
électoral. Il parait, au reste, que la manifes
tation des bulletins est permanente de la part
de certains fonctionnaires publics Les
douaniers, est-il écrit en effet dans la lettre,
montent la garde avec le billet d'annexion au
chapeau. Les officiers de gendarmerie et les
agents de police le portent de même façon.
Foilà ce qui s'éloignerait un peu des popu
lations enthousiastes et empressées dont les
dépêches d'hier nous parlaient. Pourtant, nous
nous garderons bien d'émettre le moindre doute
sur leur véracité, d'autant plus que celle de
Florence est signée du secrétaire général du
gouvernement, M. Hianchi. Le moyen de douter
qu'un aussi haut fonctionnaire ail attesté autre
chose que la vérité vraie!
L'annexion étant considérée comme un fait
accompli, on parle déjà des arrangements
intérieurs qui devront la suivre.
M. Farini n'étant plus nécessaire dans l'Emi
lie, après le vole sur l'annexion, le Corriere
mercantile de Gênes annonce que le dictateur
est attendu Turin pour prendre possession du
portefeuille de l'intérieur que lui a réservé M.
de Cavour lors de la formation de son cabinet.
Les nouvelles les plus contradictoires nous
arrivent en même temps du royaume de Naples.
Les unes, qui nous viennent par les révolution
naires et les agents piémontais, nous peignent
tout en noir. La position n'est plus lenable; la
révolte gronde en Sicile; le gouvernement est
sur un volcan.
En même temps, ce qui nous paraît une
légère contradiction ce gouvernement qui
certes, d'après les mêmes journaux, ne devrait
manquer ni d'émeutes réprimer, ni de con
spirations découvrirse livre, pour le seul
grands— prêtres et les astrologues fureul mandés des
provinces pour venir se concerter a Miako sur cette
céiémouie, et pout demander aux sorts de déter
miner un jour heureux pour l'accomplir. La tortue
divine ayant été consultée, ce jour fut arrêté.
Dès le matin, la ville présentait un aspect inac
coutumé. Les rues qui abon'issaierit au palais
étaient jonchées de fleurs, et de grandes draperies
blanches avaient été suspendues aux habitations.
Les environs des temples, si nombreux k Miako,
étaient encombrés d'hommes et de femmes de toutes
les classes. Dans les regards brillaient la joie et
l'allégresse; il était évident qu'une faveur céleste
allait se répandre sur le peuple. Le ciel, sombre le
matin, s'éclaircil vers dix heures, et l'apparition
du soleil causa des houtras de contentement dans
tonte la cité.
Bientôt les portes du temple du Daïmiozine
s'ouvriieut et le grand-prêtre parut dans son riche
vêtement d'apparat, l! descendit pas lents les
degrés et se mit eu marche dans la direction du
palais. Plus de trois mille prêtres ou moines de
tous les ordres lui servaient de cortège.
plaisir de vexer les citoyens, au singulier
caprice d'inventer des complots qui n'existent
pas. et. au milieu du calme le plus profond,
aux yeux de la population stupéfaite, arrête
une foule de suspects qui ne songeaient pas
mal.
Les nouvelles qui nous arrivent par une
autre voie sont toutes différentes. Une lettre de
la Gazette du Midi, contient de très-curieux
détails sur le complot préparé Naples pour le
i" mars. Deux assertions du correspondant
méritent surtout d'être notées l'une est que le
mot d'ordre avait été transmis de Bologne aux
deux comités mazzinien et muratislel autre,
que le royaume napolitain, de l'un et de l'autre
côté du phare, jouit de la tranquillité la plus
parfaite.
Une dépêche annonce que M. Thouvenel a
répondu M. de Cavour au double sujet
de l'Italie centrale et de la Savoie. Cette
dépêche est obscure; mais il en résulte au moins
clairement une chose une nouvelle déclaration
de la part du ministre que la France ne
soutiendra pas le cabinet de Turin dans celle
voie périlleuse de annexion complète.
L'événement de la séance de la Chambre de
samedi, a été la présentation du projet de loi sur
les octrois. Il a été renvoyé aux sections.
Un antre projet de loi qui mérite attention,
c'est celui qui ouvre au département des affaires
étrangères un crédit d'un million et demi de francs
pour la construction de deux navires. La Chambie
fera bien d'y regarder de près, car le premier
crédit pourra donner lieu h plusieurs autrps, de
manière a entraîner l'État dans de fortes dépenses.
Depuis un certain temps, un nombre toujours
croissant de pétitions demandant le cours légal de
l'or arrivent la Chambre. Plusieurs communes se
trouveut dans l'impossibilité de payer leurs contri
butions en monnaie d'argent; l'argent disparaît de
la circulation. Cet état de choses devient intolé-
Arrivé l'eutrée de la première enceinte du
palais, il fut reçu par les grands dignitaires de
l'empire, h la tête desquels se trouvait l'envoyé du
Tykoune, souverain temporel du Japon, qui réside
Yédo. On l'introduisit ensuite dans la salle des
constellations, où il prit place sur une espèce de
trône qui- lui avait été préparé du côté du Nord.
Sur les draperies du dais qui recouvrait ce trône
brillait en étoiles d'or la constellation de la
Grande-Ourse.
A midi, le grand rideau placé au fond de la salle
s'entr'ouvrit, et une nouvelle scène, encore plus
brillante que la première, apparut k l'assemblée.
Au milieu d'une enceinte circulaire resplen
dissait une sorte de trône composé de larges feuilles
évasées et garnies d'innombrables pierreries. Une
fine gaze d'argent formait une espèce de ciel
au- dessus de ce trône. L'a siégeait le jeune Mikado,
assis par terre sur une natte, vêtu d'une longue robe
blanche et coiffé d'une espèce de mitre d'or. An
fond, on apercevait quatie-vingt-huit femmes
vêtues de robes de toutes les couleurs et ornées de
brillâmes aiguilles de tête. Mais ce qui attirait