43me Année.
No 4,433.
FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE.
T??.3S, 28 MARS.
REVUE POLITIQUE.
LE PROPAGATEUR.
POUR LA VILLE 6 FR. PAR AN,
4 FR. POUR 6 MOIS, 2-50 POUR
TROIS MOIS.
POUR LE DEHORS FR. 7*50 PAR
AN, 5 FR. POUR 6 MOIS, 2*75
POUR 5 MOIS.
La Savoie et Nice sont cédés par le roi de
Sardaigne a l'Empereur. Le traité en a été signé,
le 24, Turin. On consultera ultérieurement les
populations.
Ainsi, en même temps que Victor-Emmanuel
s'empare de la Toscane et des Romagnes, sans que
le gouvernement français y mette la moindre
opposition, le roi de Piémont, de son côté ne met
pas d'opposition ce que la Savoie soit annexée h
la France. Il est impossible, dit un publiciste, de
ne pas voir dans cette annexion simultanée, le
résultat d'un accord tacite. Les Romagnes et la
Toscane, remplaçant la Vénélie, qu'on n'a pu
livrer, deviennent ainsi le prix de la Savoie qu'ob
tient le cabinet des Tuileries. Qu'importe une
divergence daos les discours, quand on s'entend si
bien sur le foud des choses? Il y a là toutes les
conditions d'un marché.
Une correspondance d'un de nos grands jour
naux remarque que l'annexion de la Savoie et de
Nice crée un précédent qui marque une phase
nouvelle dans la politique impériale. Une révi
sion complète, dit-elle, des traités de i8t5 et un
remauieineut de la carte de l'Europe, au profit des
cinq grandes puissances, seront évidemment pour
suivis, et cela dans un avenir que mes informations
me permettent de croire très-rapproché.
Le correspondant cité signale ce fait connu de
tous, l'ambition avouée du gouvernement impérial
de donoer la France ce qu'on es! convenu de
nommer ses frontières naturelles. Il rappelle les
vues de la Russie sur l'Orient, celles de l'Angle
terre sur la Sicile, et en même temps ce rêve caressé
de la Prusse de reconstituer un empire d'Allemagne,
dont la couronne serait Berlin. Le correspondant
n'est pas éloigné de croire qu'à la faveur de
concessions réciproques, les puissances intéressées
parviendraient s'entendre, aux dépens, bien
entendu, des petits États. Au surplus, ajoute-t-il,
ou fait partout, en Europe, de formidables arme
ments, et la formatiou d'un nouveau camp, en
Frauce, vient d'être résolue, ce qui prouve qu'il
n'y a rien de déraisonnable s'attendre la guerre,
comme le font beaucoup de gens.
Les derniers votes du Corps législatif témoignent
que l'opposiiion commence entrer dans cette
assemblée. L'élection d'un candidat du gouverne
ment a été cassée de la manière la plus désobli
geante pour le pouvoir. M. de Ferrière, dit une
correspondance parisienne, voulait donner sa dé
mission, la commission ne l'a pas acceptée; elle a
tenu constater qu'il ne s'en allait pas, mais qu'il
était chassé. Quant l'admission de M. de
Dalmas, officier d ordonnance de l'Empereur, elle
a tenu peu de chose, puisque cent neuf voix se
sont prononcées contre, et cent «ingt-deux pour;
différence en sa faveur treize. Encore le gouver
nement a-t-il mis en œuvre tous les ruoyeus dont
il disposait.
Uue dépêche télégraphique de Madrid annonce
que les Espagnols ont remporté une nouvelle vic
toire sur les Maures. L'affaire a eu lieu, le 23, près
de Tétouan.
Nous empruntons la Patrie de Bruges les
lignes suivantes
Comme nous l'avons annoncé, c'était le 22
dernier, jour de marché Tbielt, g heures du
matin, que devait avoir lieu la veDte forcée des
meubles saisis par les agents du fisc au Poelberg
et l'école dentellière De Cramer. On voudra
bien se rappeler que ces deux écoles sont fondées
par la charité privée, dirigées par des personnes
charitables, encouragées, dès leur origine, par les
administrations publiques, adoptées enfin et subsi-
diées par la commune qui y fait donner l'instruc
tion gratuite avec apprentissage de dentellerie aux
pauvres.
La manière dont s'est accomplie cette odieuse
expropriation forcée fournira bien des sujets de
réflexion M. le ministre des finances, et M. le
contrôleur Roels3e résidences Tbielt; nous
nous bornerons au récit Irès-siruple des faits.
Dès la veille les exécuteurs de la contrainte se
sont adressés plusieurs fermiers des environs, qui
tous oui refusé de leur prêter des moyens de trans
port. Espéraot mieux réussir auprès d'un voiturier
de profession, ils requièrent on charretier de Pit-
tbemauquel on est allé jusqu'à offrir trente
francs! Mais le brave homme s'est contenté de
répondre qu'à aucun prix il ne consentirait
prêter ses chevaux et sa voiture pour amener au
marché des biens nationauxForce fût donc de
faire charger les meubles par des portefaix sur
quelques brouettes, et de les conduire, ainsi garot-
tés, les pauvres meubles! au lieu du supplice. Il y
en avait quatre charges de brouette
L'opération eut lieu pendant la classe, lorsque
les ouvrières étaient paisiblement occupées leur
travail ordinaire; et, il faut bien le dire l'honneur
des agents chargés de la pénible missioD, ils exé
cutèrent les ordres avec tous les ménagements
possibles; ils s'efforcèrent même de rassurer les
pauvres dentellières dont on s'imagine sans peine
les frayeurs et les pleurs enfantins. Ce sont des
enfants de huit quinze ans!
Quelques pauvres élèves et leurs parents affligés
suivirent le lugubre cortège. Ils voulurent assister
la criée qui eut lieu sous la porte cochère d'un
hôtel situé la Grand'Place où étaient réunies
toutes les personnes que le jour du marché avait
amenées eu ville. Le silence des assistants avait
quelque chose d'émouvant et de solennel. Le crieur
exposait en vain les meubles en vente; eu vain il
en fit la criée; plusieurs reprises il entrait pour
se rafraîchir l'estaminet, et en sortait chaque
fois pour recommencer ses criées, et toujours sans
succès! tant et tant! jusqu'à ce qu'il eût acquis la
conviction complète qu'aucune des personnes pré
sentes De voulait faire uue offre. Alors il prit le
parti de faire réintégrer les meubles de l'école du
Poelberg par les mêmes moyens de transport qui
les avaient apportés.
Ce fui le tour de l'école dite De Cramer! Le
crieur suait saog et eau disent les témoins de la
scène; mais cette fois uu inconnu, arrivé d'on ne
sait où était survenu et il pii: en pitié l'agent
public. Deux chandeliers en cuivre de l'école
De Cramer, deux chandeliers comme ou eu trouve
dans les plus modestes ameublements des campa
gnards furent exposés la criée. L'inconnu phi—
lantrope en offrit d'emblée cent-trente francs,
comme suffisante pour acquitter la patente et les
faux frais, et mit ainsi fia un spectacle navrant
qui n'avait déjà duré que trop longtemps. La foule
s'écoula silencieuse et ceux qui en sooffraient le
moins n'étaient bien certainement point les auteurs
de la saisie.
Nous relatons l'exploit sans réflexions. Nos
commentaires ne pourraient qu'amoindrir les
senlimeots que le simple exposé aura produits.
Ainsi s'est accomplie la première violence contre
les écoles dentellières si nombreuses dont on dé
vouement sublime de charité avait doté la Flandre
nécrologie.
M. Goethals Bischoff, ancien membre du Congrès
national décoré de la Croix de Fer et de l'Ordre
de Léopold, est décédé vendredi matin Courtrai,
l'âge de 73 ans.
Est décédé le 16 Madrid, l'amiral flou Juan
Dios Soleto, ministre de la marine de i84o 1847.
Aprèsavoir été deux fois ministre, deux fois capi
taine-général, le défunt ne laisse pas ses fils de
quoi fournir aux frais de ses funérailles l'État
devra y pourvoir.
NOUVELLES DIVERSES.
Dans l'élection pour le conseil communal
Dadizeele, ont été nommés MM. Van den Bulcke,
Van Lerberghe et Vervisch.
Jeudi, MM. C.... et J. D. S..., sont partis de
Menin pour Rome, porteurs de l'adresse au Pape,
signée par un grand nombre d'habitants de Menin,
pour témoigner leur respect envers le Saint- Père et
leur attachement aux intérêts de la Sainte-Église.
Parmi les publications de mariage, affichées
l'hôtel-de-ville, nous remarquons, dit la Patrie
de Bruges, celle d'un individu qui pour la cin
quième fois va s'engager dans les liens du mariage.
Nous pourrions dire que c'est la sixième fois;
l'année passée lorsque son cinquième mariage était
déjà annoncé et qu'il ne fallait plus remplir que les
dernières formalités, il prétendait que sa future
était une bavarde et lui donna son congé. Cette
fois-ci il a fait un meilleur choix et va se marier
avec Anne Roose, sans épines.
On mande de Gand Un médecin de notre
ville s'est trouvé dimanche dans une singulière
et touchante position. Appelé dans un bateau
amarré la Coupure, auprès d'une femme en
couches, il se trouva seul avec celle-ci, le mari
étant sorti pour se mettre la recherche d'une sage
femme. Dans le compartiment où se trouvait la
femme en douleur, un lit était dressé et occupé par
uu batelier, souffrant depuis quelques jours.
Au moment même où l'enfant vint au monde, le
malade se leva pour satisfaire un besoin; mais il
s'affaissa tout-à-coup et mourut. Le médecin ne
savait qui donner ses premiers soins. Toutefois il
s'élança an secours du batelier, mais il eut bientôt
la triste conviction que ses secours étaient inutiles.
Il ne pouvait plus alors que prodiguer ses soins la
mère et l'enfant, jusqu'au retour du père, qui ne
fut pas peu surpris de trouver un cadavre côté
d'un enfant nouveau-né.