43me Année.
No 4.435.
LE PROPAGATEUR.
POUR LA VILLE 6 FR. PAR AN, polJR LE DEHORS FR. 7-50 PAR
4 FR. POUR 6 MOIS, 2 50 POUR FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE. AN, 5_FR. POUR 6 MOIS, 2-75
TROIS MOIS. POUR 5 MOIS.
7 S O 4 AVRIL.
REVEE POLITIQUE.
La nouvelle, qui, bien que datant de plusieurs
fours, prime encore toutes les autres, c'est celle
de l excommunication majeure et autres peines
ecclésiastiques que le Saint-Père vient de lan
cer par un bref du 26 mars, contre les spolia
teurs des États de l'Église. L'excommunication
frappe tous ceux qui ont apporté ou promis des
secours, ou qui ont conseillé la rébellion, l'in
vasion ou l usurpation dans le soulèvement et
l annexion des Romagnes. Quelques soient les
semblants de légèreté et d'indifférence avec
lesquels ceux que Jrappe la sentence pontificale,
affecteront de l accueilliril n'en est pas moins
certain qu'ils en sentiront toute la gravité.
En même temps le gouvernement romain a
envoyé aux représentants de toutes les puis
sances une protestation contre l'annexion des
Légations la Sardaigne,
Il est remarquer qu'au moment oit le
Souverain Pontife lance les foudres de l'Église
contre Ficlor-Emmanuel, ses suppôts et ses
adhérents, le gouvernement français, qui avait
cru naguère devoir désapprouver la politique
du Piémont dans les Romagnescroit opportun
de rappeler dans le Mooiteur qu'aucune bulle,
aucun bref, rescrit, ni autres expéditions de la
cour de Rome, ne peuvent être reçus, publiés,
imprimés, ni autrement mis exécution, sans
l'autorisation du gouvernement.
Des lettres de Rome confirment la nouvelle
que, dans le cas de l'évacuation de Rome par
les troupes françaisesla ville sera occupée par
les troupes pontificales, et les Marches par un
corps napolitain. Quoiqu'il en soit, trois mille
soldats pontificaux ont été concentrés Ancône,
et le télégraphe annonce que le général Lamo-
ricière va inspecter les différentes garnisons
romaines.
Il est question dans les cercles diplomatiques
d'une circulaire de M. Thouvenel aux agents
JEIIAN DE LA CATlIiE.
1.
LE ROI DE L'ÉPINETTE. 1441.
La bonne ville de Lille e'tait en fête, et un pâle
soleil de fe'vrier, perçant le voile gris des nuages,
faisait e'tioceler le somptueux uorte'ge qui se pressait
dans les rues et se dirigeait «ers la Grande-Place
ou place du Marché. Tout le luxe, toute la richesse,
que le commerce le plus éleudu et l'industrie la
plus active avaient mis en ce temps-là aux mains
des Flamands, étincelaient dans cette procession,
moitié pieuse, moitié chevaleresque, et qui, s'éteu-
dant dans les gothiques sinuosités de la ville, sem
blait un fleuve chatoyant et diapré des plus vives
couleurs. Ou ne voyait que vêtements de velours
et de soie, écussons aux brillants émaux, bijoux
précieux ornaut la poitrine ou la toque des cava
liers; les chevaux, hauts et robustes, étaient har- I
français l'étranger. M. Thouvenel s'y occupe
de la Belgique en s'efforçant de réduire a
néant les appréhensions que les projets éven
tuels de la France pourraient faire naîtreIl
fait remarquer que des deux combinaisons
antifrançaises établies en 1815, l'une, l'attri
bution des versants français la Sardaigne,
venait d'être rectifiée tandis que l'autre la
fondation du royaume néerlandaisl'avait
déjà été en 183 1 par la séparation de la Bel
gique et de la Hollande et la création de la
monarchie belge dont la neutralité garantie
par l'Europe est d'un grand intérêt pour la
France. Le gouvernement de l'Empereur ne
saurait jamais avoir l'idée de remettre en
question l'œuvre, pleine de sagesse et tout
fait Javorable la France, que la diplomatie
française a aidé fonder depuis 1831
Quoiqu'il en soit de la valeur et de la portée
réelle de cette pièce elle trouvera crédit sans
doute auprès des libéraux belges, partisans si
éclairés de la politique franco-sarde dans la
Péninsule. Ceux-ci, en effet, doivent éprouver
le besoin de se tranquilliser sur les conséquen
ces logiques des remaniements territoriaux
accomplis en Italie, eux qui n'ont pas craint,
comme le disait dernièrement une de nos prin
cipales feuilles de déshonorer notre pays en
assimilant le mouvement national de i83o
la scandaleuse mystification dont l'Italie nous
offre le spectacle déplorable mais instructif.
Insensés, qui ne voient pas que toutes les pré
misses qu'on pose autour des Alpes pourront
être invoquées sur les bords du Rhin et de
l'Escaut avec aussi peu de bonne foi mais avec
autant de logique. On désarme d'avance la
Belgique contre les fins de non recevoir qu elle
opposerait éventuellement l'agression fondée
sur la géographie et sur le prétendu vœu des
masses.
Ce vœu des masses, poursuit la feuille que
nous citons, l'histoire nous dit qu'il a servi chez
nous comme en Italie colorer l'usurpation
l'époque où, suivant expression enthousiaste
nacbés avec autant de goût que de richesse, et
leurs têtes intelligentes secouaieut avec orgueil ces
panaches dont elles étaient ornées. Au milieu du
cortège s'avançait, monté sur uo cheval bai, un
jeune homme de bonne mine, vêtu d'une brillante
armure, et tenant la main, comme un sceptre, un
rameaux épiueux. Quatre jeunes Allés cheval, en
splendides atours, tenaieut les rênes dorées qui
conduisaient le coutsier du héros de la fête, et
devant lui un écuyer portait son blason, de gueules
au chevron d'or. Des fanfares joyeuses et guerrières
animaient la marche, et de toutes parts le peuple
accourait en criant Noël.' hoel! Longue vie au
sire Joie! Noël au roi de l'Épine lie!
Ce fut ainsi que le cortège, après avoir traversé
la rue Saint-Pierre, passa devant l'antique collé
giale dédiée au prince des apôtres, devant le palais
de la Salleancienne résidence des comtes de
Flaodredont une partie avait été transfoimée en
hôpital; et, laissant h sa gauche le château de
Courlrai, hérissé d'un faisceau de tourelles aiguës,
il arrivaaprès avoir ftanchi la rue aujourd'hui
de Boniface, la liberté nous était apportée par les
baïonnettes de Dumouriez. Il n'y a qu'à relire
les procès-verbaux de la Convention nationale
pour s'édifier ce sujet. Cela n'empêcha pas
la liberté républicaine d'être délestée et chassée
avec ceux qui elle était due, quand les cir
constances le permirent. La mystification
italienne a-1-elle plus de valeur que celle dont
nous fumes victimes? Les hommes qui s'en
prévalent en haine de la papauté travaillent
indirectement contre la nationalité belge.
EXCOMMUNICATION
PRONONCÉE CONTRE VICTOR-EMMANUEL ET SES COMPLICES.
Le grand acte dont il était question depuis
quelque temps, vient d'être posé par Sa Sainteté
Pie IX. Voici ce qu'on écrit de Rome.
Rome, 29 mars.
Ce matin a été affiché en cinq endroits de Rome
le bref, daté du 26 mars, par lequel le Pape lance
l'excommunication majeure et autres peines ecclé
siastiques contre les acteurs, promoteurs, coadju-
teurs, conseillers et adhérents, de la rébellion,
usurpation et invasion des États de l'Église.
Le gouvernement a envoyé, avant-hier, la pro
testation contre l'annexion des Légations au Pié
mont et tout le corps diplomatique.
A l'occasion de l'excommunication prononcée
contre le Roi du Piémont et ses complices nos
lecteurs nous sauront gré de leur faire connaître les
effets de cette redoutable punition ecclésiastique.
L'excommunication majeure est one peine si
terrible, que bien rarement les ennemis de l'Église,
qui conservaient encore uo reste de foi, aient osé
la braver; et plus rarement encore les excommuniés
qui ne sont point venus récipiscence, ont-ils
échappé la punition visible de Dieu. La sanction
de celte sentence ecclésiastique, c'est le divin fou-
dateur de l'Église qui se l'est réservéeet voilà
pourquoi les coupables n'ont presque jamais su se
soustraire un sentiment involontaire de terreur,
lorsque la peine d'excommunication fut lancée
contre eux.
nommée de la Grande-Chausséesur la place
immense que dominait au nord la majestueuse
église de Saint-ÉiieDne. On y voyait la gracieuse
Fontaine du Change et l'élégante chapelle du
Joyau, monuments détruits par l'insouciance des
hommes et la rude main des révolutions. La place
préparée pour le tournoi était semée de sable fin;
des barrières, peintes aux couleurs de la ville,
gueules et argeutformaient une arène pour le
pas d'armes qui allait s'ouvrir. Les dames, les
magistratsquelques étrangers de distinction
étaient placés dans une tribune élégammeut ornée.
Les maréchaux du tournoi gardaient les barrières
ils les ouvrirent au cortège du roi de l'Ëpioette,
s'apprêtant entrer en lice contre les jouteurs
accourus des diverses villes de Flandre, particu
lièrement de Valenciennes, de Gand, d'Ypres, et
de Bruges. Un épervier d'or était le prix de la joute
et devait être octroyé au vainqueur, par la main
des dames.
Qui n'aurait cru, en ces temps reculés, que la
noblesse seule pouvait concourir une fête si