43me Année.
Mercredi 11 Avril 1860.
No 4.437.
i
7??.3S, 11 AVRIL.
SUR LA COMÈTE DE 1080.
D'après le calcul du sieur Pierre-Jean
Lozier, la comète de 1680, dans son plus
grand rapprochement du soleil ou périhélie,
s'approcha du soleil, le 8 décembrede celle
année 1680, une distance que l'ingénieux
horloger-mathématicien de Wulverghem,
calcule, être comme 1 6000, et suivant
lui, la chaleur du corps de cette comète
doit avoir été deux mille fois plus grande
que celle d'un fer rouge. Il faudrait, ajoute-
t-il un million d'années pour la refroidir.
Aucune comète n'a plus menacé la terre
de son voisinage, que celle de 1680, et le
sieur Pierre-Jean Lozier a trouvé par le
calcul, que le 11 novembre de celte année
1680, cette comète avait passé au Nord de
l'orbite de la terre environ quatre-vingt'
dix mille lieues, ou 60 demi-diamètres, en
sorte que si, dans ce temps, la terre se fut
trouvée dans cette partie de son orbite ou
cercle qu'elle décrit, il aurait pu résulter
de ce voisinage un contact ou un choc
terrible des deux planètes.
Le sieur Pierre-Jean Lozier prétend qu'il
y a 500,000 comètes entre \e soleil et Saturne,
autant entre Saturne et Ilerschell, et, il
ajoute: d'IIerscliell au plus grand éloigne-
ment, ou l'aphélie de la comète de 1680,
mon calcul donne cinq milliards soixante-
quatre millions de lieues, dans l'espace
desquels on peut sans hésiter, placer huit
millions de comètes; et comme la comète
de l'année 1680 n'est censée qu'au centre de
LE PROPAGATEUR.
POUR LA VILLE 6 FR. PAR AN,
<4 FR. POUR 6 MOIS, 2-50 POUR
TROIS MOIS.
FOI CATIIOLIQUE. CONSTITUTION BELGE.
POUR LE DEHORS FR. 7-50 PAR
AN, 5 FR. POUR 6 MOIS, 2-75
POUR 3 MOIS.
REVUE POLITIQUE.
L'entente, hier encore si entière, semblait-il, et
si cordiale, entre les cabinets de Saint-James et des
Tuileries, serait aujourd'hui bien compromise, s'il
faut s'en rapporter la polémique acrimonieuse de
la presse britanniqne et française. L'annexion de
la Savoie a causé au-delà de la Manche des appré
hensions trop vives, une irritation trop profonde
pour que les feuilles anglaises ne s'eo fissent les
interprètes dans ce langage peu mesuré qu'on leur
connaît. La presse française avait beau jeu pour
récriminer son tour. Elle ne s'en est point fait
faute. C'est ainsi que le Pays, le plus modéré
peut-être des journaux du pouvoir, attaque très-
vivement la conduite du gouvernement anglais
dans les affaires d'Italie. Il représente l'Angleterre
comme l'alliée de la révolution dans toute l'Eu
rope; il lui reproche amèrement d'accorder sa pro
tection a tous les conspirateurs.
Une prochaine révolution h Naples, dit M. de
Cassagnac dans l'article que nous mentionnons, a
été annoncée, en plein Parleroeut, il y a trois
semaines beaucoup de gens trouveront qu'il est
fâcheux pour le gouvernemeut anglais d'être si
bien informé.
La Patrie rattache h l'influence anglaise, aussi
bien que les révoltes de Sicile, la tentative mont-
moliniste d'Ortéga.
L'événement, dit-elle, paraissait inexplicable,
quand on s'est souvenu que le cabinet britannique
s'était opposé de toutes ses forces l'expédition du
Maroc, et que la plupart des journaux de Londres
avaient prédit que cette expédition porterait mal
heur au gouvernement de la Reine. De là des
soupçons que nous voulons croire injustes ou au
moins exagérés. Il ne nous convient pas, sans preu
ves évidentes, d'admettre un machiavélisme aussi
implacable.
Quant au mouvement révolutionnaire des
Deux-Siciles, il nous est impossible de ne pas y
voir, comme nous l'avons dit, des excitations an
glaises. Le but n'est plus caché, et il y a un parti
qui demaode hautement l'annexion de la Sicile
l'Angleterre.
La Patrie cite un éloquent passage d'un admi
rateur passionné des institutions anglaises Dans
tout ce qui touche aux relations de l'Angleterre,
dit M. de Montalembert, avec les nations étran
gères, sa nubilité, son ingratitude, ses enthousias
mes étranges, l'âprelé de son égoïsme, l'abus de sa
propre force, son mépris odieux pour la faiblesse
d autruison indifférence absolue pour la justice
quand cette justice ne lui offre pas d'intérêt
servir ou de force respecter, en voilà plus qu'il
n en faut pour armer contre elle l'indignation des
âmes honnêtes.
Oui, continue la Patrie, en voilà plus qu'il
n en faut pour indigner les honnêtes gens. Mais
quand les amis de l'Angleterre parlent ainsi de sa
politique extérieure, cela ne doit-il pas ouvrir les
yeux de ses hommes d'État? S'il en était autre
ment, quoi serviraient la raison et l'expérience?
Au reste le gouvernemeut impérial, dans un
communiqué la Patrie et au Pays, déclare leurs
imputations regrettablesMais cette espèce de
désaveu officiel, dicté par la politique, n'empêchera
pas sans doute que beaucoup ne tiendront les atta
ques des deux feuilles sémi-officielles comme tout
au moins autorisées.
En EspagDe tout est calmé, Ortéga sera mis en
jugement.L'insurrection en Sicile avait dit-on,
de nombreuses ramifications dans toute l'île. Tou
jours est-il que son importance a été singulièrement
exagérée par les organes de la révolution et leurs
complices. Le mouvement est aujourd'hui proba
blement comprimé.
Les correspondances particulières des journaux
catholiques mettent dans tout leur jour le rôle
pitoyable que le Sénat français a rempli de si bonne
grâce dans l'affaire des pétitions pour le maintien
de la souveraineté temporelle do Pape. Pour se faire
entendre, pour faire supporter leurs plaintes, les
cardinaux, membres du Sénat, ont dû tout faire
pour attiédir leur laogage; ils ont plutôt supplié
qu'ils n'ont protesté, et c'est grand'peine qu'ils
ont été entendus. Seuls les adversaires des droits
sacrés du Souverain Pontife se sont énoncés avec
toute la hardiesse, toute la verve de fervents
sectateurs de la fortune et de la fonce matérielle.
Le second avertissement infligé VAmi de la
Religion, pour un article relatif la circulaire du
gouvernement impérial, qui interdit, en vertu de
prétendues stipulations du Concordat, la publica
tion des bulles du Pape sans autorisation préalable,
inspire une correspondance parisienne les consi
dérations suivantes
L'avertissement donnéà V Ami de la Religion
est un fait très-grave, en ce qu'il prouve que
le gallicanisme le plus outré, celui qui avoisine le
rationalisme, domine maintenant dans les conseils
du pouvoir. Y?Ami de la Religion n'avait pas nié
que les articles du Concordat fussent une loi de
l'État; seulement il avait rappelé ce qui avait
été jusqu'ici incontestable et incontesté, c'est que
ces articles ajoutés après coup, par le gouverne
ment consulaire agissant seul, sans l'agrément du
Pape, n'avaient pas le caractère d'un contrat
bilatéral dont est marquée la partie du concordat
délibérée en commun, arrêtée en commun par
le pouvoir temporel et le pouvoir spirituel. Il
avait rappelé, en outre, que les quatre articles de
la déclaration de 1682 étaient tombésen désuétude,
que le clergé ne les acceptait pas, et l'avertisse
ment qui lui a été signifié pour avoir affirmé une
vérité aussi éclatante que le jour, peut nous servir
mesurer tout le chemin qu'on a fait sous l'empire.
Pendant les grandes luttes de la liberté religieuse,
sous le gouvernement de juillet, la même question
se présenta la Chambre des Pairs et voilà avec
quelle liberté de paroles M. de Montalembert la
traita, sans que personne osât dire ou penser qu'il
avait excédé les bornes de la discussion. Il y a un
moyen bien simple de trancher la question. Si,
comme vous le dites, les quatre articles de 1682,
auxquels personne ne pense plus parmi le clergé et
les fidèles, sont vos yeux réellement la loi de la
nation, voilà un moyeu bien simple de le prouver.
Je défie M. le garde-des-sceaux actuel et ses
successeurs futurs et possibles, y compris M. Dupin
ou M. Isauibert, n'importe qui, de trouver parmi
les quatre-vingt évèques de France, cinq prélats
qui adhèrent publiquement aux quatre articles. Je
dis plus, afin qu'on n'ait pas affaire ceux qui
existent et dont la nomination est consommée,
vous avez maintenant pourvoir quatre ou cinq
évêchés; eh bien, déclarez que vous n'y nommerez
pas d'autres prélats que ceux qui adhéreront aux
quatre articles. Eh! vous savez bien que vous n'en
trouverez pas.
Un abonné du Journal de Bruxelles lui adresse
l'observation suivante au sujet de la forme dans
laquelle l'excommunication a été lancée
Peut-être ne sera-l-il pas hors de propos de
remarquer que les lettres apostoliques n'ont pas été
expédiées en forme de bulle, mais en forme de bref,
Pius PP. IX, ad perpétuant rei memoriam,
l'anneau du Pêcheur, les jours du mois comptés a
la manière grecque et non avec calendes la façon
des Latins, l'omission de la date de l'Incarnation,
etc., sont autant de particularités propres aux brefs.
Mais quoique les brefs soient moios solennels
que les bulles, l'autorité est cepeodaut la même.
On peut voir là-dessus une note du cardinal
Bernis daos la fie de Léon XII par Artaud, tom.
II, chap. vil. Probablement, Pie IX aura choisi,
comme Pie VII, pour l'excommunication de Napo
léon I", la forme des brefs, parce que dans la
confection des brefs moins de monde doit inter
venir que dans la confection des bulles.
--!■ O I