de côtés, qu'il faut bien vous la dire. Je ne vous
garantisqu'une chose, c'est qu'on la raconte partout.
Peu de jours avant son voyage en France, M""
la comtesse de P... dont le mari occupe un rang
très-élevé dans la diplomatie, se serait trouvée dans
un salon avec la fille du plus riche des banquiers
Israélites dont la maison règne financièrement
Londres, Vienne et Paris. La conversation
s'engage entre les deux dames sur les affaires du
jour, et sur la question qui préoccupe par-dessus
tous les esprits, la question romaine. Chose assez
étrange, la fille du banquier israélite défendait le
Pape, et chose assez naturelle, Mrae de P. défendait
l'Empereur. La discussion devint bientôt uoe
dispute, parce que M11' de R., au lieu de rester sur
la défensive, pris vivement l'offensive. Mme de P.
qui est, dit-on, très-enfant gâtée,et qui a l'habitude
de ne se refuser ni une fantaisie qui la séduit, ni une
parole qui lui vient aux lèvres, aurait cédé alors au
paroxisme de la colère et se serait écriée Après
tout, vous n'êtes qu'une grosseDirais-je le
mot? non je ne le dirai pas. Qu'il vous suffise de
savoir que Mm' de P. aurait comparé M11* de R. la
femelle d'un animal qu'en sa qualité d'israélite,
elle n'a jamais dû voir paraître sur la table de son
père. La fin de l'historiette est plus extraordinaire
encore. Vous vous souvenez de cette scène de
la Folle Journée de Beaumarchais, où Figaro
s'écrie Qu'ils sont jolis tes soufflets, ma Suzanne,
ce sont de vrais bijoux, mais ceux du comte sont
brutaux au dernier degré. Eh bien, le soufflet
qu'aurait donné MUo de R. et qu'aurait reçu Mm*
de P. aurait appartenu la famille des soufflets du
comte Almaviva.
Voila l'histoire, encore une fois je la trouve fort
impertinente; mais ii n'en est pas moins vrai qu'on
la raconte. Partout, et cela suffit pour que je doive
vous la redire. C'est un bruit public.
ACTES OFFICIELS.
Par arrêté royal du 26 mars, le sieur D.-J.
Thooris, receveur des contributions directes,
Bruges est, sur sa demande, démissionné de ses
fonctions avec faculté de faire valoir ses droits
la pension de retraite.
Un arrêté royal, en date du 18 avril, a
accordé la commune de Rumbeke un subside de
25oo fr. pour l'aider couvrir une partie des frais
d'exécution du pavage de la communication vicinale
destinée relier la route de l'État de Roulers
Vive Saint-Éloi, avec la station de Rumbeke,du
chemin de fer de Bruges a Courtrai.
ci ne prenait aucune attention aux paroles de son
vieux domestique; il gardait le silence et répondait,
quand il y était forcé, avec une douceur angélique.
Alors Valentin demeurait tout confus et honteux
et faisait des éloges pompeux de son bienfaiteur,
comme nous venons de l'entendre; il se perdait en
remerciments pour faire oublier ses travers, saus
comprendre qu'ils étaient d'avance pardonnés.
Après une heure de silence, Valentin appela
M. de Sérigny.
Monsieur, venez donc ici, lui dit-il.
Me voilà, reprit promplement son maître en
accourant près de lui.
Monsieur, aidez-moi donc trouver une
meilleure position... Voulez-vous me panser? Ma
jambe me fait bien mal. Ah! Dieu, que c'est triste
d'être malade! Vous êtes bien heureux vous: au
moins vous pouvez aller et venir; moi, je suis là
comme un pauvre chien!
Hé bien, mon ami, voulez- vous que je refasse
votre lit; piobablement tout l'heure je n'ai pas
bien réussi; je vais voir mieux faire. Appuyez-
vous sur moi.
CHRONIQUE JUDICIAIRE.
Des poursuites avaient été intentées un jeune
homme et uoe jeune orpheline de Dottignies, ainsi
qu'à six individus de Courtrai qui, devant le juge
de paix, s'étaient donnés comme les parents de la
jeune fille encore mineure et avaient, en cette
qualité, coosenti son mariage. Dans son audience
du 20 avril dernier le tribunal a condamné les
futurs et les prétendus parents a un emprisonne
ment de six mois et aux frais du procès.
NOUVELLES DIVERSES.
Nous apprenons que M. le baron Chazal, minis
tre de la guerre, arrivera ce soir en cette ville et
descendra chez M. le baron Mazeinan, sénateur. Le
géoétal-ministre vient inspecter la caserne de
cavalerie et ses dépendances afin de les approprier
l'école d'équitatioo qui sera rétablie en cette ville.
On nous écrit de Poperinghe, 26 courant
M. le Gouverneur de la Flandre-Occidentale
fera sou entrée solennelle en notre ville, le mardi
22 mai prochain. A cette occasion, un cortège
composé de toutes les sociétés de la ville et daDs
lequel figureront plusieurs chars de triomphe,
traversera les principales rues de Poperinghe. Un
banquet sera offert M. le Gouverneur par les
principaux habitants et une illumination générale
suivie d'un feu d'artifice clôturera la fête. Déjà de
grands préparatifs se font pour le jour pendant
lequel M. le Gouverneur sera reçu dans sa ville
natale.
L'une des sections de la Chambre chargée
d'examiner le budget de l'intérieur, a demandé
M. le ministre des explications sur un fait qui nous
parait revêtir un certain degré de gravité.
L'art. 56 de la loi sur la garde civique porte:
En cas de vacance d'un grade, les électeurs sont
convoqués dans les deux mois.
Une vingtaine d'officiers de la garde civique de
Courtrai ont donné leur démission la fin de l'année
dernière, et jusqu'ici il n'a été pourvu leur
remplacement. Cette circonstance n'a pas empêché,
paraît-il, les membres du corps restant de procéder
dernièrement la nomiuation d'un lieutenant
porte-drapeau, d'un médecin de bataillon ainsi que
de trois candidats pour le grade de capitaine
adjudaut-major.
On nous annonce de nombreuses promotions
daos l'administration des coutributious directes,
douanes et accises. M. Van Duerne receveur des
contributions a Leudelede, est, dit-on, nommé
contrôleur de comptabilité Ypres.
[Écho de Courtrai.)
Ah! comme vous y allez fort, dit Valentin
en le repoussant.
Je prends cependant bien attention pour ne
pas vous faire de mal, je vous assure. En effet, il y
mettait uoe précaution infinie.
C'est lorsqu'on souffre, dit le vieux, on est si
difficile.
Je conçois cela. Etes-vous bien maintenant?
Oui, merci, je suis mieux. Je voudrais man
ger, dit-il après un moment de repos.
Bien, et que voulez-vous?
Eh! ce que vous aurez, bon Dieu! Noos ne
sommes pas ici daos l'hôtel du feu duc votre père.
Je m'en aperçois, dit l'abbé de Sérigny avec
douceur et il alla préparer le souper de son
domestique.
Dépêchez-vous, monsieur, loi cria-t-il du
lit. Le souper fut apporté promptement.
Cher monsieur l'abbé, dit Valentin en se
radoucissant un peu la vue de l'angélique bonté
de son maître, vous n'êtes pas fort cuisinier; de
mon temps je vous faisais meilleure cuisine.
Cela peut bien être, dit M. de Sérigny en
On écrit de Courtrai, 27 avril
Dans la soirée du 25 mars dernier, une dispute
eut lieu dans un cabarêt Iseghera entre François
Slaes, cordonnier, et deux autres individus de la
même ville. Par suite des altercations, on en vint
aux prises. Staes reçut de ses adversaires plusieurs
coups et une blessure la tempe droite qui occa
sionna une effusion de sang. Procès-verbal
ayant été dressé de ces faits, les prévenus furent
cités devant le tribunal correctionnel de cette ville
pour l'audience du i3 de ce mois. L'on des préve
nus fut acquitté et l'antre condamné une amende,
attendu que Staes ne s'était point plaint des maux
qu'il endurait par suite de sa blessure la tête.
De retour dans sa demeure, la fatigue du voyage
pied, ayant aggravé le mal, Staes aété obligédese
mettre au lit. Il est décédé dans la matinée du 24
de ce mois dans de terribles souffrances.
Hier après-midi, les magistrats instructeurs près
du tribunal de Courtrai, assistés des médeciGS-
légistes, se sont rendus Iseghem et ont fait
procéder l'autopsie du cadavre du défunt. Si nos
renseignements sont exacts, on a constaté qu'il y a
eu fracture du crâoe, ce qui a occasionné la mort
de Staes.
Les fêtes religieuses célébrées annuellement
Bruges, en l'honneur du Saint-Sang, commen
ceront jeudi 3 mai prochain.
Le jour de procession, est le lundi 7 mai.
M. le sénateur Van Schoor, que plusieurs
journaux avaient désigné comme devant succéder
M. De Brouckere, en qualité de bourgmestre, écrit
l'un d'eux qu'il n'accepterait point ces fonctions.
M. Adelson Castiau, ancien membre de
la Chambre des Représentants, et qui, retiré
Paris, depuis douze ans environ, n'était plus
intervenu dans nos affaires politiques, va rompre le
silence, h propos du projet de M. Frère sur
la suppression des octrois.
M. Castiau publiera, dans quelques jours,
Bruxelles, une brochure intitulée Abolition des
octrois, qui combat le système du ministre des
finances, comme portant atteinte la liberté
communale.
Le comité consultatif pour la cavalerie,
institué au départemeot de la guerreaura
examiner prochainement si, par suite des perfec
tionnements introduits dans les armes portatives,
il n'y a pas lieu d'apporter de profondes modifica
tions dans l'armement et les manœuvres de notre
cavalerie.
M. Thiers, qui voyage en ce moment en
Belgique, est allé visiter le champ de bataille de
Waterloo. On sait que le célèbre historien travaille
riant. Que veux-lu, j'y mets tous mes soins; demain
peut-être, je ferai mieux; allons, prends courage.
Monsieur, vousne vous coucherez pasbientôt?
Non, si tu as besoin de moi....
Oui, j'en aurai besoin.
Eh bien, je resterai tant que tu voudras.
C'est que, voyez-vous, quand on est malade,
on aime voir quelqu'un rôder autour de soi.
Mais tu n'as pas de fièvre ce soir.
C'est égal, j'en aurai peut-être.
Soit, dit sou maître, je resterai jusqu'à ce que
tu me dises d'aller me coucher.
Le serviteur demeura tranquille.
C'est ainsi que se passait la vie du pauvre abbé
de Sérigny; il ne s'eo plaignait pas, puisqu'il y
voyait un exercice constant de patience et d'abné
gation. Quelle que soit l'humeur de ce pauvre
homme, pensait-il, pois—je assez la supporter, en
songeant tout ce qn'il souffre. La patience est
bten facile celui qui n'endure rien; et il
s otait ainsi un mérité, en trouvant pour l'antre
uoe excuse.
I (Pour être continué.