43me Année.
Mercredi 9 Mai 1860.
Ko 4.445.
LE PROPAGATEUR.
POUR LA VILLE 6 FR. PAR AN,
4 FR. POUR 6 MOIS, 2-50 POUR
TROIS MOIS.
FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE.
POUR LE DEIIORS FR. 7-50 PAR
AN, S FR. POUR 6 MOIS, 2-75
POUR 3 MOIS.
7?~.SS, 9 MAI.
REVUE POLITIQUE.
Les idées de remaniement de la carte de l'Eu
rope, en même temps que des bruits souvent
contradictoires de coalition et d'alliances, occupent
toujours la presse pe'riodique et font éclore de
nouvelles brochures.
Une correspondance parisienne d'un journal
sérieux annonçait dernièrement, comme un fait
authentique, qu'une coalition formée par l'Angle
terre contre la France aurait été sur le point
de réussir entre les cabinets de Vienne, de Berlin
et de Londres. Le refus énergique de la Russie d'y
prendre part et l'éveil qu'elle aurait donné a
la trance relativement au complot ourdi contre
elle, aurait tout dissipé. Enfin un traité secret
entre les deux empereurs aurait été, dit-on, la
conséquence de cette tentative avortée, et Constan-
tiuople en serait le prix.
Ou s'occupe également beaucoup de la signature
du traité qui existerait entre la France et le
Daoetnarck, et en vertu duquel le royaume Scan
dinave se trouverait constitué b la mort du Roi
actuel, vieillard sans postérité, par suite de la
cession de ses États a la Suède et h la Norwège. Il
eu serait détaché cependant, le Scbleswig-Holstein,
destiné sans doute indemniser ultérieurement la
Prusse dont on convoite les provinces rhénanes.
Les démentis les plus catégoriques de la presse
impérialiste relativement b la dernière brochure
d'About, trouvent peu de crédit. Pareilles déclara
tions ont été prodiguées par elle h toutes les
brochures anonymes, pseudonymes ou avouées, qui
ont paru en ces derniers temps. Plus ces démentis
étaient nets, on a pu s'en apercevoir plus tard,
moins ils étaient conformes b la vérité.
Aujourd'hui unenouvelle brochureest annoncée.
Celle-ci encore demande très-catégoriquement le
LA PEIiSÉCLTIOA.
(Suite et fik.) Voir le n° 4*444 Propagateur.
Les flambeaux brûlaient encoreles habits
ecclésiastiques n'étaient pas serrés, que des coups
frappés plusieurs fois b la porte firent tressaillir
tout le monde.
Grand Dieu! qu'est-ce que ce brait? dit
Claire épouvantée.
Ce sont des républicains, répondit froide-
meut M. de Sérigny, nous n'en pouvons douter
nous sommes découverts. Le tumulte est bien
sûrement dirigé de notre côté.
Ils vout te prendre, Alfred, dit Claire en
tombant b genoux devant la croix qui était encore
sur l'autel
Les coups redoublèrent.
Je dois ouvrir, dit le saint abbé. La résis
tance est bien inutile.
Ouvrez, criaient des voix tumultueuses.
L'abbé de Sérigny se présenta le premier.
Ah! ah! dit un des bandits, voilà comme
vous êtes fidèles b la république.
Rhin. L'auteur, bien que libéral et indépendant,
est placé de façon b connaître les idées de gens qui
approchent l'Empereur et avec lesquels, ajoute-t
on, il cause assezlibrement. Il y aura donc, dans son
travail quelque chose de ces idées, et sa brochure
est au moins un symptôme. Suivant la pensée
judicieuse d'un publiciste, des combinaisons sérieu
ses se cacbeut souvent derrière des chimères
apparentes, et c'est une façon habile d'y habituer
le monde que de les lui représenter fréquemment.
Mais avaot qu'elles n'éclatent et qu'on ne voie
leurs conséquences se pioduire b la fois peut-être
en Orient et sur le Rhin, des événements plus
pressants se préparent en Italie.
Le roi Victor-Emmanuel, rapporte une corres
pondance, disait, il y a quelques jours, b Florence
(le mot est authentique) Dans six mois nous
serons b Naples. C'est Ib le sens des troubles de
la Sicile. Le parti révolutionnaire pousse en avant
M. de Cavour. Après avoir sacrifié la Savoie pour
garder les Romagnes, le roi de Sardaigne se
trouvera obligé de conquérir l'Italie, pour sauver
sa couronne. Y réussira-t-it L'avenir nous le dira.
Ce qui est certain, d'autre part, c'est que le
Piéraoot s'inquiète vivement des affaires de Rome
le général de Lamoricière a commencé par des
mesures décisives la réorganisation de l'armée
romaine, et le Times lui-même constate qu'b
mesure que la réforme s'avance, la révolution perd
du terrain.
Ce qui manque au Saint-Père, ce qui est
indispensable b l'augmentation de son armée et ce
qui réclame l'énergique appui des catholiques, ce
sont les ressources pécuniaires. L'œuvre du Denier
cle Saint- Pierre, sous toutes les formes, est l'œuvre
capitale du moment. Malheureusement, les dispo
sitions que manifeste, b son égard, le gouvernement
français, ne rassure pas sur la politique qu'il
entend poursuivre. Hier, le Constitutionnel puhYmX
un violent article contre le Denier de Saint-
Pierre, et ,lemême jour, lemiriistèrede l'intérieur
Je ne crois pas lui avoir jamais fait de ser
ments, répondit-il avec un calme parfait.
Eh! bien, tu vas lui en faire alors. Et
toi, chanteur de messe, qu'est-ce que tu fais Ib,
au lieu d'aller aux frontières avec les autres?
Alfred le regarda sans lui répondre.
Allons, vite, dépêchez; qu'on emmène tout
cela en prison, jusqu'à nouvel ordre.
Puis apercevant Valentin dans son lit
Et celui-là que fait-il comme un grand
paresseux, couché comme un prince?
Il est maladedit l'abbe de Sérigny, il ne
peut se lever; d'ailleurs c'est mon domestique;
cette classe, vous l'épargnez généralement; je
vous demande de le laisser en repos.
Pardi, oui vraiment, domestique d'aristocrate
belle canaille pour la laisser dormir. Allons, oust,
dit-il b Valentin en le jetant hors du lit; habille-
toi et suis les auties. Vieux coquin, tu ne vaux pas
mieux qu'eux tous.
L'abbé de Sérigny aida son pauvre vieux servi
teur b mettre ses habits, et deux soldats portèrent
Valentin en prison. Sou maître, Alfred et Claire
le suivirent.
Hélas, disait en chemin la jeune fille, hélas
mon Alfred, voilà nos fêtes de fiançailles. Oh! quel
envoyait aux journaux catholiques une note pour
leur intimer la défeDse de rien annoncer sur cette
œuvre. Le silence était ainsi imposé d'un côté, au
moment où l'attaque se produisait, et cela s'est
produit, comme il est probable, sur un mot d'ordre.
Cette prohibition, rapprochée du refus de canons
signifié au duc de Sisaccia, rapprochée de la défense
adressée récemment aux mêmes journaux, d'atta
quer le roi de Sardaigne souverain allié, cette
prohibition porte avec elle de tristes renseigne
ments.
Il se produit, en ce moment, dans le sein du
Corps législatif un mouvement digne d'attention,
et dont on ne saurait prévoir les conséquences. Il
est évident que celte assemblée trouve son rôle trop
restreint, et sent sa mission grandir avec l'impor
tance des événements. On assure même que dans
une réunion de députés dévoués au pouvoir, on
aurait exigé du gouvernement qu'il rendit au
Corps législatif le droit d'amendement et la repro
duction intégrale des disdussions, au lieu des
comptes-rendus tronqués du Moniteur. Il paraît
que l'Empereur aurait personnellement admis la
restitution du droit d'amendement tout en se refu
sant b la reproduction intégrale. Mais plusieurs
ministres se seraient opposés b la double réclama
tion de cette assemblée. Le droit d'ameudement
aurait de terribles conséquences; il entraînerait la
faculté de discuter le budjet par chapitres, de ren
voyer, par exemple, tel ou tel département minis
tériel.
Quant au refus bien arrêté qu'oppose le pouvoir
b la reproduction des discours des députés, et no
tamment ceux relatifs b la question romaine, il
inspire b un écrivain politique ces justes réflexions.
N'est-ce pas une éclatante leçon de voir qu'un
gouvernement tout-puissant, disposant de tous les
ressorts d'un pays, et se disant sûr de sa force,
recule épouvanté devant la publication d'un dis
cours! C'est l'effet ordinaire et le châtiment du
despotisme d'énerver, non pas seulement ceux qui
le subissent, mais encore ceux qui l'exercent.
temps que celui qui détruit le bonheur des parti
culiers et qui tue la jeunesse pleine d'avenir!
Alfred ne pouvait lui répondre; il la regardait
en silence dans l'angoisse du désespoir. Ne pouvoir
la sauver! pensait-il; la perdre, et ne pouvoir au
moins mourir pour elle et l'arracher b ses bour
reaux! Il y avait des moments où sa raison se
troublait, tant ces pensées lui brisaient le cœur.
Tous quatre parurent devant le tribunal révo
lutionnaire. Pris aux pieds de l'autel, l'un disant la
messe, les autres l'entendant, ce crime seul était
bien suffisant pour fournir b leur condamnation.
Lorsque Alfred et Claire parurent dans l'audi
toire, l'une déclarant quinze ans, l'autre dix-huit,
tout le monde fut ému de pitié.
Diable! vous êtes bien jeunes, dit un des
représentants du peuple. Veux-tu porter le
mousquet, dit-il en s'adressant b Alfred?
Oui, b l'armée de Condé.
Ah! vraiment. Eh bien! on t'y enverra, sois
tranquille.
O noo, reprit Alfred avec ironie, vous me
mènerez où vous avez mené mon père.
Qui est ton père?
Le marquis de Beuil.
Ah il y a longtemps qu'il est trépasse' celui-là.