43me Année.
No 4,448
EDMOND ET HENRIETTE.
FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE.
??r.as, 19 Mai.
La candidature de M. le Vicomte Joseph
de Patin, propriétaire Langhemarck,
la nouvelle place de conseiller provincial
pour les cantons d'Ypres, et son accepta
tion, sont devenues certaines. Ce choix
nous paraît des plus heureux; il est évi
demment inspiré par une sage préoccu
pation des intérêts moraux et matériels de
la province. Dans toute la force de l'âge,
M. de Patin est intelligent, actif, modéré
et indépendant par caractère autant que
par position; en un mot, il réunit les
qualités d'un administrateur prudent et
ferme la fois, il est partisan de tous les
progrès sérieux, sans toutefois s'engouer
des nouveautés frivoles ou dangereuses, et
toujours éphémères.
Nous hésitons rappeler que M. le
Vicomte Joseph de Patin est le descendant
d'un Président du Conseil de Flandre, car
il est trop modeste pour se prévaloir du
mérite de ses ancêtres. Désireux de se
rendre utile, comme tous les citoyens gé
néreux et dévoués, il se présente l'avenir
qui s'ouvre devant lui; et la grande majo
rité du corps électoral posera un acte de
haute et féconde impartialité, en acceptant
des services loyalement offerts, et en fai
sant sortir de l'urne électorale le nom
d'un homme honorable, qui n'a pas d'au
tre prétention que celle de consacrer ses
loisirs la bonne administration et la
prospérité de notre belle province.
REVUE POLITIQUE.
LE PROPAGATEUR.
pour la ville 6 fr. par an,
4 fr. pour 6 mois, 2-50 pour
trois mois.
POUR LE DEHORS FR. 7-50 PAR
AN, 5 FR. POUR 6 MOIS, 2-75
POUR 3 MOIS.
(Suite et fis.) Voir le n° 4*447 du Propagateur,
Du moment qu'Henriette eut trois hommes de
moins b nourrir, le produit de son travail lui donna
beaucoup d'aisance; elle se logea plus commodé
ment; reçut quatre élèves de plus, indemnisa avec
générosité la bonne voisine qui s'était chargée de
sa petite soeur Alexaodrine, et reprit cette enfant
qu'elle chérissait avec une affection particulière.
Julie était petfectionnée tel point dans le
talent delà broderie, qu'une des plus riches lingères
de Paris, venue b Compiègoe pour y voir ses
parents, demanda avec instance b Henriette de lui
donner sa sœur Julie. Le traitement que cette
marchande lui offrait était très-avantageux; mais
l'idée d'une séparation affligeait Henriette et Julie
au point qu'elles étaient prêtesb refuser cette place,
lorsque les avis et même les prières de leurs amis
les décidèrent b l'accepter.
Je prenais le plus tendre intérêt, dit M. de
Campan, au sort de tous ces enfants, et je jouissais
quand des événements heureux venaient récom
penser leurs rares vertus. Mais les malheurs arrivés
La flagrante complicité du gouvernement anglais
dans les opérations de Garibaldi sur les côtes de
Sicile doit révolter les honnêtes gens de tous les
partis. L'intervention de la marine britannique au
moment où deux des navires de l'expédition opé
raient leur débarquement b Marsalla renverse
toutes les idées de loyauté et d'honneur militaire.
Ces deux heures d'attente imposées aux artilleurs
napolitains, tandis que les volontaires portaient
b terre leurs armes et leors munitions, a paru aux
uns un trait d'ingénieuse malice aux autres une
intervention éminemment condamnable. La vérité
est que John Bull n'a jamais violé avec plus d'in
solence les règles les plus strictes du droit des
gens. Cette espèce de protection sera -1-el le con
tinuée? C'est ce que les amis de la justice et de la
loyauté se demandent, non sans redouter les trésors
de fourberie de la politique anglaise. Il est évident
en effet que si la flotte britannique qui croise entre
Malte et la Sicile a l'inqualifiable mission de per
sister dans le rôle adopté b Marsalla, les chances
insurrectionnelles seront considérablement accrues.
La complicité du Piémont n'est certes guère
moins acquise. Tout au moins, M. de Cavour a
laissé faire l'expédition, parce qu'il a craint de
compromettre, en l'empêchant, sa popularité.
Les protestations faites b Turin par le chargé
d'affaires de Naples, b ce propos, ont été réelle
ment vives et l'on s'attendait b une rupture diplo
matique. Les éventualités de guerre entre les deux
gouvernements sont tenues pour probables.
La Sardaigne toutefois se lancerait, en forçant
Naples b la guerre, dans une entreprise périlleuse.
Naples ne serait pas seul déjà l'on affirme que
trois navires de guerre autrichiens ont reçu l'ordre
de se rendre dans les eaux de la Sicile. D'un autre
côté, dans les nouvelles annexions, la tranquillité
en France en 1790 me firent quitter Paris et Ver
sailles, et j'avais été quatorze aus sans rencontrer
aucune des personnes qui pouvaient m'instruire de
la destinée de cette intéressante famille, lorsque le
chirurgien de Compiègnepremier protecteur
d'Edmond, eut occasion de venir me voir.
Je m'empressai de lui demander des nouvelles
des enfants du pauvre Farin, auxquels il avait
autrefois accordé tant de bienveillance; il me dit
qu'assurément il n'aurait pas manqué de m'instruire
du sort heureux de ces vertueux orphelins, et
m'apprit qu'Edmond avait joint b ses éludes en
chirurgie celle de la médecine, et qu'il la pratiquait
avec succès b Paris, où il jouissait d'une très-belle
fortune. Il y a six mois, me dit le bon vieillard,
qu'Edmond a marié sa sœpr b un jeune médecin de
Montpellier établi b Paris et qui y est déjb fort
estimé; il est venu me prier d'assister 'a cette noce,
et je ne puis vous donner une plus juste idée de la
position actuelle de la famille Farin qu'en vous
faisant la peinture fidèle du tableau b la fois tou
chant et moral dont j'ai été témoin, le jour même
du mariage de Sophie.
Fidèle 3 son engagement, Edmond ne s'est point
marié, et a même refusé de .très-avantageux
établissements; Henriette aussi exacte b remplir
son serment, a embrassé la vie monastique. Lors-
paraît compromise. Une lettre de Florence an
nonce que la garde nationale a repris son service,
qu'il règne une grande agitation, et que de nom
breux placards, portant Vive Ferdinand II,
vive Léopold II, ont été affichés.
Le clergé de Florence s'est refusé en masse b
chanter un Te Deunx pour célébrer la mise en
vigueur du statut sarde. On craint que le gouver
nement n'ait résolu d'employer des mesures coër-
citives.
Fort de la connivence peu secrète du cabinet
piémontais, Garibaldi, avant que d'entrer en
campagne, a lancé une proclamation que les jour
naux de Turin reproduisent, invitant les habitants
des Marches, de l'Ombrie, de la Sabine et du
royaume de Naples b s'insurger. Une autre procla
mation, adressée aux Romains, rappelle la lutte de
1849 et leurs frères tombés pour la défense de
Rome.
Pendant que la démagogie révolutionnaire
s'agite impatiente de saisir sa proie, Pie IX reçoit
journellement de tous les points de l'univers, des
contrées les plus pauvres,comme les plus opulentes,
des pays où le joug de l'hérésie ou du despotisme
pèse sur les catholiques comme de ceux où les
œuvres de religion jouissent d'une juste liberté
d'expansion les marques les plus consolantes
d'attachement b sa personne et au Saint-Siège. La
souscription pour le denier de S1-Pierre a déjb
produit les plus heureux résultats; celle pour le
nouvel emprunt romain se poursuit avec succès.
Aussi les charges qui incombent au gouvernement
pontifical, sont-elles énormes, mis en demeure
qu'il est, de réorganiser ses forces militaires et de
placer la défense du pays sur un pied de défense
redoutable b ses ennemis. Les offres de service lui
arrivent d'ailleurs de toutes parts. Des militaires
rompus au métier viennent grossir de jour en jour
les rangs de l'armée papale, et les fils des plus
qu'on a rétabli les ordres fondés par saint Vincent
de Paule, ses vertus et ses talents l'ont promptement
fait désigner pour supérieure d'un de nos plus
grands hospices.
Le jour du mariage de Sophie de bonnes
voitures conduisirent la totalité de l'assemblée b la
paroisse d'Edmond, où se fit la cérémonie religieuse.
En rentrant chez lui, nous y trouvâmes un magni
fique repas. Parmi tout ce monde je ne connaissais
que la sœur supérieure et son frère Edmond, qui
n'a jamais cessé de me rendre tous les soins de la
plus vive reconnaissance. Placé b table auprès
d'Henriette, je la questionnai sur toutes les per
sonnes qui composaient l'assemblée.
Cette dame qui est au haut de la table, me dit-
elle, c'est ma sœur Julie le fils de la lingère chez
laquelle elle était première fille de magasin l'a
préférée b tous les partis auxquels il pouvait pré
tendre. Sa mère a heureusement partagé son opi
nion; elle a consenti b cette union, et ma sœur se
trouve b la tête d'un très-beau magasin de lingerie;
sa fortune est considérable; elle vient de donner
un très-beau trousseau b Sophie, qu'Edmond a
dotée de quarante mille fiancs. Auprès d'elle, vous
voyez mon frère Henri son parrain l'épicier l'a
marié b une de ses nièces, b laquelle il a donné un
fond d'épicerie dans un gros bourg voisin de