43me Année.
Mercredi 23 Mai 1860.
No 4,449.
FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE.
La candidature de M. le Vicomte Joseph
de Patin la nouvelle place de Conseiller
provincial rencontre des sympathies qui se
généralisent de jour en jour, et autorisent
penser qu'elle ne rencontrera pas plus
d'opposition que celle des membres sor
tants.
M. de Patin a le caractère trop loyal,
trop chevaleresque, pour se rallier ceux
qui ont pour devise Ote-toijde là, que
je m'y mette. Il ne convoite pas une po
sition déjà occupée par un autre, il est
guidé par la légitime ambition de déployer
ce qu'il a d'intelligence et de dévouement
dans une position nouvellement créée, et
qui est ouverte pour lui autant que pour
tout autre.
L'élection du 28 courant ne présentera
dans les cantons d'Ypres aucun élément de
division ou de lutte. Nul ne songe dis
puter aux membres sortants leur réélection.
Nul non plus ne conteste l'honorabilité de
la plupart des membres d'un corps respec
table, dont la présence est nécessaire dans
leurs ressorts respectifs, et qui n'ont d'ail
leurs pas se plaindre de n'être pas
suffisamment représentés au Conseil pro
vincial. Mais ce que l'on soutient, et cela
est évident pour tout électeur de bonne-foi
et de bon sens, c'est que M. Joseph de
Patin réunit tous égards, tous les titres
qui doivent lui concilier de préférence les
suffrages du corps électoral.
Il n'y a pas que des Bourgmestres et des
Échevins qui possèdent des connaissances
administratives; le conseiller communal
qui comprend et accomplit son mandat,
est au courant des affaires aussi bien que
Je chef de la commune. Or, M. le Vicomte
de Patin est conseiller communal depuis
longtemps, et les fonctions d'échevin lui
ont été offertes; on appréciera le sentiment
de délicatesse qui a dicté son refus il
aime se rendre utile, il ne veut point
porter ombrage.
On insinue et l'on voudrait faire accroire
qu'il ne serait pas équitable que la com
mune de Langhemarck, tout importante
qu'elle est, eût deux représentants au
Conseil provincial. Nous pourrions de
mander s'il est équitable que la ville
d'Ypres en aît trois sur cinq. Mais la ques
tion n'est point ià. Il s'agit de prendre le
plus méritant où qu'il se trouve, sans
quoi l'on se perd dans les plus mesquines
et les plus misérables rivalités de person
nes ou de clochers, et le partage le plus
équitable en apparence deviendrait ici en
réalité la plus nuisible des subdivisions.
Au lieu de se diviser, il faut se serrer et
s unir, cela devient tous les jours de plus
en plus indispensable, et, sans toucher
des positions acquises, porter la place
nouvellement créée M. le Vicomte Joseph
de Latin, propriétaire et conseiller com
munal Langhemarck.
REVUE POLITIQUE.
LE PROPAGATEUR.
POUR LA VILLE 6 FR. PAR AN,
4 FR. POUR 6 MOIS, 2-50 POUR
TROIS MOIS.
POUR LE DEHORS FR. 7-50 PAR
AN, 5 FR. POUR 6 MOIS, 2-75
POUR 3 MOIS.
7PS.3S, 23 MAI.
L'attention publique se partage eDtre l'Orient et
l'Italie. Dernièrement, grâce b une tactique fort
usite'e dans le camp révolutionnaire, et la conni
vence de la presse et de la télégraphie sarde et
française, les bruits les pins alarmantsles plus
absurdes même, avaient eu cours relativement b de
prétendus succès de Garibaldi et aux progrès
hyperboliques de l'insurrection sicilienne. Tout ce
bruit est tombé maintenant et la seule nouvelle qui
se confirme, est celle de la défaite des bandes de
Garibaldi b Calatafani. Seulement on ignore encore
si ce nouveau succès des troupes royales a un
caractère décisif.
Il paraît certain que le général Lanza, qui vient
d'arriver en Sicile, serait chargé par le Roi Fran
çois II d'offrir une amnistie générale et la promesse
de l'envoi d'un prince de la famille royale comme
vice-roi.
Le cabinet napolitain a adressé au corps diplo
matique une note-circulaire dans laquelle il
accuse le Piémont d'avoir laissé enrôler, armer et
partir des bandes, malgré la promesse faite de les
empêcher. Le commandeur Carafa, dit la dépê
chequalifie ce fait d'attentat flagrant contre les
lois internationales; et il en renvoie la responsa
bilité aux auteurs et complices de tels méfaits,
L'ambassadeur sarde, M. de Villamarina, a pro
testé il est plus aisé de protester que de se justifier.
Uu correspondant français du Journal de
Bruxelles flétrit avec autant d'éloquence que
d'énergie la politique révolutionnaire et hypocrite
du cabinet de Turin. Le cadre de notre journal ne
nous permet d'en donner que quelques extraits.
Après avoir établi comment l'intervention de la
France a livré l'Italie au Piémont et b la révolution,
le correspondant signale les futurs démêlés qui ne
manqueront pas de surgir entre ces derniers.« Nous
verrons, en effet, daos un temps donné, l'ambition
piémontaise et la passion révolutionnaire se ruer
un duel 'a mort au milieu des ruines qu'elles auront
faites dans la Péninsule ensanglantée et désolée. Je
ne crains pas de le dire dès aujourd'hui, l'antique
couronne de la maison de Savoie périra dans cette
conflagration, et ceux qui se rient de l'excommuni
cation verront une fois de plus que les couronnes
tiennent mai sur les fronts qu'elle atteint.
Ce jour n'est pas encore arrivé. Mazzini, invi
sible et présentdemeure encore assis devant
l'échiquier de la politique comme un joueur masqué,
et Garibaldi, en partant pour son expédition de
flibustiers, juge encore opportun de crier Vive
l Italie et Victor- Emmanuel! quoique cet
aventurier révolutionnaire soit peut-être destiné
détrôner un jour le Roi de Piémont. La révolution
sait qu'il faut faire chaque chose en son temps
La révolution et le Piémont ont encore trois
œuvres b accomplir de concert en Italie le ren
versement du gouvernement napolitain, le renver
sement de l'autorité temporelle du Pape, l'expul
sion de l'Autriche des États de la Vénétie. Le
premier acte de cette trilogie est commencé et
Garibaldi, en ce moment en Sicile avec l'agrément
secret et la tolérance publique de M. de Cavour,
entreprend d enlever cette grande île au gouver
nement napolitain. Il a pu, en pleine paix, prépa
rer cet acte de piraterie sous la protection des
autorités piémontaises, qui auraient dû le réprimer
et qui l'ont évidemment favorisé, car on n'équipe
pas deux navires, on n'y transporte pas des armes,
des canons, des vivres, des munitions, on n'y em
barque pas deux mille hommes sans que le gouver
nement en sache quelque chose!
Le roi de Naples a contre lui les révolution
naires du dedans et ceux du dehors, le Piémont, cet
auxiliaire masqué de Garibaldi, qui réunit sur son
territoire les bandes qu'on lance ensuite sur le
territoire napolitain, et qui centralise les moyens
d'action qu'on met dans les mains de ce mission
naire armé de l'idée révolutionnaire; l'Augleterre,
qui fournit de l'or, qui même, on l'a vu, aide au
débarquement des Garibaldiens en alléguant de
vains prétextes, la cupide Angleterre qui convoite
le protectorat et l'exploitation de la Sicile; il a
contre lui, d'une manière moinstranchée, le cabinet
des Tuileries, dont les journaux, après une pre
mière note de blâme jetée hypocritement sur
Garibaldi, ont opéré un mouvement de conversion
et voguent maintenant de conserve avec la presse
anglaise, en jetant les hauts cris contre la tyrannie
du gouvernement napolitain et son refus d'accorder
des réformes, tyrannie et refus qui ont causé tout
le mal.
C'est par trop se moquer du bon sens et de la
conscience publique. Est-ce que l'Angleterre se
soucie de la liberté? Demandez l'Irlande, aux
îles Ioniennes de quelle manière elles sont gouver
nées? Lisez la Révolte dans l'Inde, publiée der
nièrement par un Anglais, M. Montgoroery-Martin,
qui a composé cet ouvrage l'aide de la corres
pondance des gouverneurs-généraux et des hauts
fonctionnaires avec le gouvernement delà métro
pole, et vous verrez si une nation qni agit ainsi chez
elle, qui gouverne ses sujets par la spoliation,
la violence, l'iniquité, le mensonge, peut être
reçue b censurer le gouvernement napolitain. Je
dirai peu de choses de la politique du gouvernement
impérial en France. Mais enfin tout le monde sait
que ce n'est pas par la liberté politique qu'il brille,
et qu'il n'a pas d'antipathie pour le pouvoir
absolu
Mais reprenons le fil des principaux événements
politiques de la semaine.
Des contre-ordres ont été envoyés b Rome pour
arrêter les préparatifs de départ de la garnison
française. Cette évacuation devait s'effectuer du jo
juin an 10 août par détachement hebdomadaire de
600 hommes.
Des mesures violentes sont b craindre de la part
du gouvernement sarde contre le clergé. Le sémi
naire du diocèse de Plaisance a été fermé parce que
l'évêque n'a pas voulu être présent b l'arrivée
de Victor-Emmanuel. En même temps une dépêche
de Turin nous apprend qu'on procède contre
les évêques de Faenza et d'Imola, contre le vicaire
de Bologne, et que l'archevêque de Pise, cardinal
Corsi, sera conduit b Turin pour avoir refusé de se
soumettre aux ordres du gouvernement. Enfin
des lettres particulières nous montrent que les
simples curés ne sont pas exempts de persécu
tions. L'évêque de Parme s'est retiré b Mantoue.
Des lettres d'Alep apprennent qu'une vive
fermentation régnait dans cette ville contre les