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PARIS ET LES PARISIENS.
43me Année.
Mercredi 30 Mai 1860.
7?î.SS, 30 Mai.
1" Bureau (la ville).
Électeurs inscrits 524.
Nombre des votants 435.
Billets blancs 7. Reste 428.
MM. Beke, échevin Ypres 342.
Boedt, avocat ibid. 339.
Comyn, not" Langhemarck 343.
E. Merghelynck, prop,e Ypres 341.
Bayaert, notre Becelaere 276.
Vl°dePalin,prop"'à Langhemarck 152.
2me Bureau (les communes).
Electeurs 446. Nombre des votants 364.
Billet blanc 1. Reste 363.
MM. Beke 313.
Boedt 515.
Comyn 311.
Merghelynck 313.
Bayaert 181.
V,e de Patin 190.
Les cinq premiers ont donc été proclame's.
Le résultat du scrutin du 28, bien qu'il
ne corresponde pas aux vœux de nos amis
politiques, n'a rien qui doive ébranler leur
courage ni leurs légitimes espérances.
Quoi d'étonnant que la majorité du corps
électoral de cette ville ne sache de sitôt
secouer un joug dont elle a contracté
l'habitude. Certes ce ne sont point les
qualités personnelles, les titres la consi
dération publique, ni même les sympathies
ou l'estime de la grande majorité des élec
teurs, qui ont manqué M. de Patin. Il ne
lui a fait défaut que le*patronage de quel
ques meneurs habiles, qui disposant de
toutes les faveurs, excluent systématique
ment tous ceux libéraux ou catholiques
LE PROPAGATEUR.
pour la ville 6 fr. par an,
4 fr. pour 6 mois, 2-50 pour
trois mois.
FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE.
pour le dehors fr. 7-50 par
an, 5 fr. pour 6 mois, 2-75
pour 5 mois.
REVUE POLITIQUE.
Des bruits de'favorables a la cause royale eo
Sicile avaient conrs dernièrement a Paris. Il résulte
d'une dépêche de Palerme du 22, dépêche de
source aulhenlique, qu'à cette date les troupes de
Garibaldi occupaient les hauteurs de la ville, dont
l'attaque était imminente.
Il n'est pas douteux néanmoins que les généraux
et les soldats de François II ont l'intention de
résister jusqu'à la fin, soit Palerme, soit Naples.
La Patrie, de Paris, annonce que le général
Salzauo a mis ses troupes eo bataille autour de
Palerme, dressant des batteries dont les feux croisés
se combinent avec ceux de la citadelle et des
frégates napolitaines embossées dans le port par
son ordre. Tous les étrangers résidant Palerme
auraient été invités se réfugier sur les bâtiments
de guerre de leur nation, une lutte acharnée
pouvant s'ouvrir d'heure en heure.
Un membre de la Chambre des Communes, M.
Bowyer a demandé qu'oo infligeât un blâme lord
Elliot, l'ambassadeur britannique Naples, cause
de sa dernière dépêche, qu'il considère comme une
insulte au roi François II. Lord Palmerston a
répondu par une violente sortie contre le gouver
nement napolitain, et déclare l'Angleterre justifiée
de la protection qu'elle accorde aux personnes
échappées l'odieuse tyrannie de la police.
La vivacité avec laquelle s'est exprimé le chef
du cabinet britanuique a donné la mesure de la
politique passionnée que se propose de suivre le
gouvernement anglais contre une dynastie assez
nationale et assez ménagère de son houneur pour ne
pas se faire la vassale des marchands de Londres. Il
devient évident que la cause si digne de respect du
monatque des Deux-Sicile est définitivement sacri
fiée l'ambition du Piémont, la cupidité anglaise
et aux haines révolutionnaires.
J'ai un ami intime dont je vous dirais bien le
nom malheureusement c'est la seule chose qu'il
ait oublié de m'apprendre.
Il est vrai que notre connaissance ne date pas de
très-loin; hier encore cet ami était pour moi un
inconnu, mais depuis ce matin je suis son Pylade;
peut-être dans huit jours serons-nous brouillés,
moins qu'il ne m'offre la main de sa sœur Electre,
si toutefois i! a une sœur, car je manque de détails
sur la famille de mon Oreste; je doute cependant
que son père soit un Agamemnon quelconque.
J ai rencontré cet ami aujourd'hui dans un wag-
gon du chemin de fer. Nous étious seuls et nous
profitâmes de ce tete-à-tete pour allumer un cigare.
Oreste me procura des allumettes, je fournis
des pauatellas; notre amitié date de cet échange,
inégal comme tous les échanges. Le fils de C!y-
teraneslre avait le tabac bavard; il profila des 60
minutes du trajet pour me raconter l'histoire de sa
vie une histoire de trente années. Le hasard nous
Un discours que M. de Cavour vieDl de pronon
cer la Chambre des députés sardes, mérite d'être
signalé. Cherchant 'a justifier la cession de la Savoie
et de Nice, le raioistre piéraontais y laisse pressentir
ses vues sur la Véoétie et même les éventualités
d'uu conflit avec les forces militaires du Pape. Aux
yenx de M. Cavour, les armements purement
défensifs du Saint-Père, c'est la levée du drapeau
d'une croisade contre la liberté de l'Italie. Pour
s'assurer l'alliance quand même de la France, il
fallait donnera l'opinion publique une satisfaction
d'amour-propre national. C'est donc là ce que M.
de Cavour a voulu obtenir de la complaisance, non
seulement de l'Empereur, mais surtout de l'opinion
et des partis en France, en leur jetant ce gâteau de
Nice et de la Savoie.
On s'est assez préoccupé Paris des paroles du
Prince-Régent de Prosse la session de clôture
des Chambres. Le Prince résiste toute idée de
modification territoriale sur les frontières alle
mandes et laisse entrevoir des éventualités mena
çantes dans les relations du pays avec la France. La
sortie récente de M. M a 1 h i sconseiller privé
Berlin, contre l'ambition du cabinet de Paris, et en
faveur d'une alliance intime entre la Prusse et
l'Angleterre, a donné au discours du Régent, une
portée plus graude.
La cour suprême de France a cassé l'arrêt rendu
le 19 mars dernier par la cour de Paris dans
l'aflaire des héritiers Rousseau. Cette décision,
prise dans l'intérêt onique de'la loi, ne change rien
au résultat acquis au bénéfice de Mgr l'évêque
d'Orléans.
Il est Jécidé que la diffamation des morts peut
être atteinte par la loi. Voila donc une arme nou
velle que s'est donné le gouvernement impérial
contre la pensée. La loi, ainsi étendue, ne distingue
pas entre les morts qui ont joué un rôle et ceux qui
sont restés obscurs; elle ne prévoit aucune limite
dans la suite des générations.
avait fait naître le même jour, et, après nous avoir
lancés sur une route bien différente, il nous réunis
sait sur un chemin de fer atmosphérique entre
S'-Germain et Paris. Quand je parle de route,
ce n'est pas une métaphore que j'emploie, du
moins l'égard de inoo ami, car pour lui la vie
était un voyage, et si les voyages forment la jeu
nesse, je ne crains pas d'ajouter qu'ils la forment
un peu trop, comme la chaleur factice fait mûrir les
froits sans leur laisser le temps de devenir verts.
J'ignore quels motifs développèrent ces goûts
de locomotion chez Oreste; était-il poursuivi par
les Furies après avoir vengé la mort de l'auteur
de ses jours, et voulait-il promener partout ses
remords et sa démence? promenade du reste qui
réussit parfaitement son homonyme, puisqu'il
mourut âgé de plus de quatre-vingt-dix aus, des
suites d'une morsure de serpent.
Après avoir visité les cinq parties du monde,
plus heureux que le Juif-Errant, mon ami se re
posait depuis un an Paris, se permettant de
rares intervalles quelques petites excursions dans
la banlieue, regrettant le temps qu'il avait perdu
et les rhumatismes qu'il avait gagnés.
Sur les douze ans, me dit-il, que j'ai passés
ÉLECTIONS PROVINCIALES D'YPRES.
en chemin de feren paqueboten diligence, a
cheval, en palanquin, en pirogue, j'ai dépensé au
moins deux ans faire et défaire mes malles, et
je n'ai appris qu'une chose dans ces voyages, c'est
qu'il n'existe qu'un pays remarquable, la France,
qu'une ville au monde, Paris.
J'ai parcouru la Suisse, l'Ecosse, je u'ai rien
trouvé de comparable aux environs de Paris; je me
suis assis l'ombre des forêts du Nouveau-Monde,
et j'ai regretté les marronniers des Tuileries. Les
parcs anglais n'existent plus depuis la création
merveilleuse du bois de 8oulogne; c'est en vain
que les Russes ont voulu copier notre place de la
Concorde; et ce que je n'ai vu nulle part, ce qui
fait l'envie et l'admiration detoutes les capitales de
l'Europe, ce sont nos boulevards... où trouver ces
magasins, ce bruit, ce mouvement?
Paris est la capitale du monde, a dit longtemps
avant moi un prince suédois, et ce prince avait
raison. Aucune ville ne peut rivaliser avec Paris.
Le monde ne renfermait que sept merveilles, Paris
en renferme mille.
Paris est la ville où l'on rencontre le plus de
contrastes; où 1 on voit le plus de vertus, le plus
de vices; le ptus de savoir, le plus d'ignorance j