YPRES.
M. Frans Bôhm continue régulièrement
et avec succès l'exécution du Chemin de la
Croix pour l'église de Weslvleteren. Les
quatre premières stations sont déjà placées
et les quatre suivantes sont achevées. Il
faut le dire, M. Bôhm, qui aborde pour la
première fois un sujet religieux, et qui
avait dépassé l'attente dès le début, semble
acquérir des moyens nouveaux au fur et
mesure qu'il avance dans le développement
de son œuvre. Onne saurait ne pas admirer
cette magnifique figure du Christ qui res
pire successivement l'expression sublime
des différents degrés de la douleur, tempérée
par la résignation envers son divin Père et
par la charité en vers ses bourreaux. Chaque
scène de la Passion est traduite en un
véritable tableau rempli de personnages,
de sites, de monuments fidèlement repro
duits. Il y a de l'air, de l'espace, de la vie
dans chacune de ces compositions qui
s'enchaînent sans le moindre choc, et
paraissent ne devoir faire qu'une seule
toile, tant il y a d'ensembledans ces détails,
tant il y a d'unité dans cette variété!
Nous félicitons M. Bôhm d'avoir évité
toute imitation servile, et de s'être livré,
avant de prendre le crayon, des études
sérieuses. C'est ainsi qu'au lieu de fabriquer
de la marchandise, il produira une œuvre
la fois artistique et religieuse.
On est occupé reconstruire, dans la
rue Courte du Marais en celte ville, la
voûte sous laquelle coule l'Yperlée. Des
planches sont placées sur la maçonnerie
en voie d'achèvement afin de laisser le
passage libre sur ce point.
Mercredi d', vers les 11 heures du soir,
une bande de dentellières, en train de
célébrer leur fête et accompagnées de
quelques hommes, se mit traverser les
planches en question, tout en chantant
en de brug is in hel water gevallcn. Sans
doute, parce que cette chanson leur parais
sait de circonstance, eu égard l'endroit
où elles se trouvaient. Mais, il paraît que
dame maçonnerie ne fut que médiocre
ment enchantée de ce concert improvisé,
car elle se permit de céder sous le poids de
I» bande joyeuse qui fil la culbutedans
l'Yperlée!
Un tintamarre effroyable succéda cette
chûte. Telle dentellière se trouvaitenfoncée
dans la vase, telle autre s'était démis le
bras, une troisième avait reçu des con
tusions, une quatrième s'était foulé le pied,
etc. Les victimes furent enfin retirées de
leur position critique. On dit qu'elles
jurèrent, mais un peu tard, qu'on ne les y
prendrait plus.
Le lendemain, bien des curieux se ren
dirent l'endroit où avait eu lieu l'accident:
la maçonnerie écroulée, des bonnets, des
souliers, et d'autres objets, gisant ça et là,
attestaient du pèle-mêlequi en étaitrésulté.
La quête qui se fait en cette ville en
faveur de 1 OEuvredu Denier de Saint-Pierre
par les soins de MM. les membres du
do monde, ataot de passer par l'Angleterre. C'est
là-dessos que comptent les wbigs égoïstes et révo
lutionnaires par principe, ponr tout le monde,
excepté pour leur pays.
Eh bien qui donc s'imagine que l'ouragan
pourra parcourir l'Italie, l'Autriche, l'Allemagne,
et d'antres pays de'jà sorexcités, sans qo'il passe
par la Belgique? S'il s'agissait de la liberté, nous
dirions avec feu M. Delfosse m la liberté pour
faire le tour du monde, n'a pas besoin de passer
par la Belgique. Mais depois la mort de cet
booorable président de la Chambre, nous avoos
traversé tout uo siècle politique, eu égard au
mouvement antérieur. Il ne sagit plus de liberté,
depois que le suffrage universel, instrument docile
entre les mains de ceux qui savent s'en servir, est
venu démontrer que les élections, se faisaot par
des influences secrètes, ce signifient pins rien, sur
tout lorsqu'on ne peut y amener qu'un quart oo
une partie moins nombreuse encore du corps
électoral.
A voir la manière, dont on pétrit, même dans
notre beau pays, la pâte électorale, il devient
évident que le suffrage a 20 florins n'est, pas plus
que le suffrage universel, on moyen sûr de s'assurer
de la véritable opinion du peuple, vu surtout la
peur de nos libéraux de laisser aux campagoes,
c'est-à-dire, la véritable majorité, les facililA
naturelles d'émettre leur vote.
Si uoe occupation étrangère faisait fonctionner
chez nous le suffrage universel, sous une pression,
qui n'est plus un secret pour personne, les vrais
patriotes, nous le reconnaissons, ne manqueraient
pas de s'élever contre les résultats, s'ils étaient
favorables une annexion quelconque. Mais les
annexionistes, qui ne feraient pas défaut, ne man
queraient pas d'invoquer en leur faveur toutes les
objections qui se font chez nous depuis longtemps,
contre les résultats obtenus, après chaque lutte
électorale; et ils soutiendraient qu'après tout, le
suffrage universel a été iuvoq^par les républi
cains anciens et modernes, comme ia forme la plus
démocratique et la plus conforme aux idées, qu'oo
vante tous les jours, par rapport l'Italie et
d'autres pays, pour constater l'opinion publique.
Joignons cela les intérêts matériels qui se
sont fait jour dernièrement dans une pélitiou dé
savouée, il est vrai, par leurs auleors au point de
vue politique, mais qui n'en a pas moins donné
la Belgique uo triste avertissement.
Les intérêts matériels! mais, mon Dieu! si on
voulait les rattacher aux iotérêts généraux du
pays, ils seraient, il est certain, un immense levier
du patriotisme; car enfin s'il est vrai que l'homme 1
ne vit pas seulement de pain il faut dire cependant
qu'il a besoin de pain pour vivre, et c'est pour cela
qu'il ne faut jamais mépriser les intérêts matériels,
tout en les mettant mille coudées au-dessous de
celui delà patrie,qui résume tousles autres intérêts.
Mais enfio, qu'a-t-oo fait, en matière d'inté
rêts matériels chez nous, depuis que nous existons
l'état de nation? la vérité est qu'on n'a rien fait
de sérieux puisqu'on n'a jamais eu de système,
qu'on n'a jamais su ce qu'on faisait, ni ce qo'il
fallait faire.
On a commencé par suivre machinalement le
système sémi- libéral, inauguré par la Hollande,
laquelle il allait très-bien vu l'immense protection
qu'elle trouvait dans son régime colonial. Puis on a
renforcé, la demande de toutes les chambres de
commerce moins deux, le système des droits diffé
rentiels, qui fait la prospérité de la Fraoce, tout
en le modérant en comparaison avec celui de nos
voisins du midi.
Plus tard, Robert Peel, ayant proclamé uoe
liberté partielle et applicable, par époque, l'An
gleterre, 00 a voulu être en Belgique plus anglais
que les Anglais eux-mêmes, et l'on a aboli tous les j
droits différentiels, tandis que l'Angleterre en con
serve eocore aujourd'hui d'énormes sur 15 articles
coloniaux. Par on trait de plume on a fait d'Anvers
et d'Ostende, des ports anglais, on a même sacrifié
plus d'un intérêt industriel, celui du sucre indigène
par rapport au sucre exotique, qui seol est favorisé
en Angleterre, était resté en faveur. Cette faveur,
qoe M. Frère vient de faire disparaître par son
projet de loi sur les octrois, ne laissera plus
Anvers que ses fortifications futures pour se défen
dre contre l'étrangermais qui seront nulles
cootre uue flotte anglaise.
L'Europe, sans excepter la Belgique, est
entraînée, sans trop s'en apercevoir, dans le gouffre
de la domination machiavélique et commerciale
de l'Angleterre. La France a fait, malgré ses petites
annexions qui lui sont toujours disputées par la
Grande-Bretagne, les affaires de celle-ci, en
Crimée d'abord, en humiliant la Russie, qui n'in
quiète sérieusement que l'Angleterre, en Italie
ensuite, en y propageant le principe révolution
naire, qui, depuis la guerre de sept ans, a toujours
développé le commerce britannique, en paralysant
celui du contiuent.
Mais, dira t-on, vous désespérez donc de la
Belgique? Oui, s'il fallait compter, pour son
soutien, sur la presse garibaldienne; si l'oo compte,
comme on peot y compter, sur le boo sens du
peuple, qui ne tègle pas ses destinées d'après les
idées du jour, mais d'après ses traditions séculaires,
et qui sait, mieux en Belgique que partout ailleurs,
que les systèmes politiques ne sont rien, eu égard
aux mœurs religieuses et vraiment libérales, que le
peuple tient comme uo héritage sacré de ses
ancêtres.
Non, nous ne désespérons pas de la patrie,
parce que uous avons foi dans sa virilité toujours
jeune, quoique ancienne, dans sa dynastie chérie,
qui saurait, même après les plus grands désastres,
(aire valoir, dans les conseils de l'Europe, ses
droits et ceux du pays qui sont les siens, dynastie
que la nation défendra toujours, alors même que
les nuages politiques viendraient en couvrir pour
un temps la majesté et l'inaltérable dévouement
la chose publique; non, nous ne désespérerons pas,
parce que nous avoos uue armée vaillante, péné
trée de l'esprit de sou devoir patriotique, uoe
armée, qui saura défendre le pays, pied pied, et
qui, alors même qu'elle devrait se retirer en pays
étranger, saurait, en se joignant d'autres forces,
prendre sa revanche et revendiquer par sa bravoure
les droits imprescriptibles de la nationalité.»
A l'appui des prévisions de ceux qui cherchent
prémuuir les esprits contre les tendances révo
lutionnaires du libéralisme, nous citerons les lignes
suivantes extraites du Courrier de Paris
a Dans uo banquet qui a eu lieu Palerme
durant l'armistice et pour célébrer la victoire de
Garibaldi, le héros italieo a porté un toast la
Hongrie indépendante! se tournant vers son
adjudant-général, le brave Turr, il lui a dit Ami,
tu as été mon hôte Côme, Varèse et ici; au mois
de janvier prochain, je le rendrai la visite Peslh.
C'est clair, et ceux qui ne veulent pas voir où
l'on va méritent d'expier leur inconcevable
aveuglement.
Les souscriptions pour l'emprunt romain n'ont
pu être ouvertes dans les divers pays de l'Europe,
au jour primitivement assigné, par suite de retards
inévitables résultant des distances, de l'impression
et de la transmission d'uo grand nombre de titres
provisoires. Déterminé par ces motifs, S. E. Mgr.
le mioislre des finances pontificales, avec l'appro
bation de Sa Sainteté, a prorogé jusqu'au i5 juillet
prochain le terme utile pour souscrire.
Le Sénat est convoqué pour mercredi 20 de ce
mois, deux heures.