43me Année. No 4,457. L'EGOÏSTE. FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE. REVUE POLITIQUE. LE PR0PA6ATEUR. POUR LA VILLE 6 FR. PAR AN, 4 FR. POUR 6 MOIS, 2-50 POUR TROIS MOIS. POUR LE DEHORS FR. 7-50 PAR AN, 5 FR. POUR 6 MOIS, 2-75 POUR 5 MOIS. 7PB.3S, 20 JUIN. Une dépêche de la télégraphie privée annonce que 2,000 volontaires garibaldiens, commandés par le colooel Medici, ont débarqué en Calabre. Une correspondance adressée deTorin, le i4 juin, au journal la Presse, traçait l'itinéraire et le plan de cette expédition. Tous les journaux pié- mootais en parlaient. Comment le gouvernement piémontais a-t-il pu laisser s'organiser une entreprise aussi publique ment annoncée? Il est certain qoe le gouvernement de Naples s'attendait k une attaque de ce côlé-lk, car il n'a cessé d'envoyer des troupes dans cette province afin d'y renforcer la résistance. Garibaldi se hâte de son côté d'enrégimenter les insurgés de Sicile et de régulariser, si faire se peut, son organisation militaire, en ordonnant un recrutement général au moyen d'un tirage au sort qui doit avoir lieu le 18 juin et qui sera suivi d'un conseil de révision assez prompt pour que les conseils tombés au sort pois sent être dirigés dès le 20 juin sur les villes de Païenne et de Catane. On ne peut enlever avec plus de dextérité leurs enfants aux familles, pour en faire de la chair k canon. Si le roi de Naples procédait d'une façon aussi expéditive, que ne dirait-on point? Le Nord, journal aussi garibaldien qoe l'Opi nion nationale, confirme les renseignements que nous puisions dernièrement dans VIndépendance sur la division des insurgés de Sicile. Il est positif qu'k peine maîtres d'une portion du territoire, les révoltés se sont séparés en trois partis le parti de l'autonomie sicilienne, celui de l'annexion et le parti de Mazzini, qui veut une émancipation plus complète. La Gazette autrichienne dément ce fait long temps exploité par la presse révolutionnaire (Suite.) Voir le n° 4)4^5 du Propagateur L'ameublement de sa pauvre retraite était loin d'être celui que devait avoir l'héritière d'un grand nom, la femme aimée d'un homme riche et maître de celte même habitation où aujourd'hui elle était étrangère! Quelques chaises de maroquin usé, un canapé en coutil bleu et blanc,un piano qu'ellen'ouvrait plus; car pour elle les cordes n'étaient plus sonores, et la musique était sans harmonie. Lue table ronde, sur laquelle étaient posés des livres, des albums remplis de ses ouvrages. Un portrait peint par elle-même dans ses jours de bonheur représentait son mari, tenant dans ses bras un petit garçon de dix-huit mois, beau, blond, frais comme ceox de l'Albane. Au-dessus, une grande croix de bois noir disait sa religion et sa pauvreté. Pas uue chose élégante ne se voyait dans cette demeure. Aucune de ces inutilités de femme qui, pour avoir été longtemps dans I habitude de la vie, deviennent des nécessités dès l'Autriche avait, disait-on, refusé d'intervenir en Sicile. Le gouvernement autrichien n'a pu refuser d'accéder k cette demande, attendu qu'elle ne lui a point été faite. La reine Victoria se souvient de temps k autre qu'elle est chargée du gouvernement des conscien ces anglaises. A cet effet, eile vient de prendre la parole et de promulguer une sorte de bulle où elle eocourage de toutes ses forces k la piété et k la vertu. Celte concentration des pouvoirs spirituels et temporels n'étonne point au delà du Pas-de- Calais, et néanmoios il se trouve que les Anglais ne la tolèrent poiot ailleurs et surtout k Rome. L'eolrevue de Bade est terminée. L'Empereur est arrivé k Paris, et, immédiatement, k son retour, il a réuni le conseil des ministres. Ainsi ce Congrès de souverains qui a produit une si grande sensation dans toute l'Europe n'a pas duré plus de deux jours en tout. Le moment n'est pas venu d'essayer d'en prévoir les résultats. Il est bien évident, comme le disent les journaux français, que l'Empereur Napoléon n'a pas été déclarer la guerre aux princes allemands de sorte qu'il est au moins certain que la paix de l'Europe ne sera pas immédiatement troublée. Mais il ne faut point que l'Allemagne s'endorme dans une tronipeose sécurité. Les dangers sont ajournés, mais ils n'ont pas cessé d'exister. Ce qui est k craindre pour l'Allemagne, c'est qu'avec le retour k la sécurité, et peut-être avec certains encouragements donnés k Bade, les luttes intestines ne prennent un développement nouveau. Une brochure nouvelle de M. About, intitulée la Prusse en 1860, a été accueillie avec curiosité, bien moins k cause du mérite personnel de l'auteur, que des accointances qu'on lui connaît avec les hommes du pouvoir. L'auteur y déclare que, si le Prince de Prusse a la noble ambition de régner snr l'Allemagne entière, il trouvera dans l'empereur des Français, un allié très-utile, appelé k lui rendre de grands services, pourvu qu'il s'y prête un peu. qu'on en est privé. Rien de ce qu'elle aimait; aucune fleur, aucune porcelaine précieuse. Qui les lui aurait données? Pas elle assurément, et personne antre n'y songeait! La religion est bien sublime, aidant ainsi ces grandes infortunes oubliées. Où trouveraient-elles le courage, sinon dans la peusée d'un avenir qui doit leur rendre ce qu'elles n'ont plus, les récom penser de leurs travaux, les mettre dans le repos et la tranquillité? Vivante entre deux tombes, Clary, aidée de la foi, pouvait trouver encore sa vie belle. Mais sans croyance, qu'aorait-elle fait? Où donc est la philosophie qui soutient de si grandes épreuves? qui apprend a se consoler de la mort? La mort! C'est elle qui, en montrant l'éternité, fait sourire sous les habits de deuil et laisse voir uu cimetière sans frémir d'horreur. A la poussière du corps se lie la dignité de l'âme, libre, joyeuse, ailée. Aux incertitudes de la vie humaine se joint la pensée de l'immortalité, où tout est sur, tout nous attend, tout doit être k nous. La religion lui rendait la vie supportable, et la récompense céleste l'aidait k aimer le tyran qu'elle bénissait. Une seule scène nous fera jeger des scènes de Ce n'est pas seulement aux Allemands que M. About promet monts et merveilles. Se préoccupant aussi de ses compatriotes, il reconnaît que si la liberté de la presse, par exemple, est soumise chez eux k des restrictions sévères, le droit de tout imprimer leur sera incessamment rendu. Ce qu'il y a de sérieux et de vérité dans ce langage du pamphlétaire sémi-officielce sont ces avances faites au régent de Prusse, pourvu qu'il se prête un peu aux vues de la France. On sait ce que cela veut dire, dans l'état actuel des affaires. Toujours est-il, que l'on énooee plus nettement de jour en jour, dans les régions gouvernementales, le but où l'on marche, ou plutôt, où l'on est entraîné. Le gouvernement napoléonien ne saurait gou verner la France souverainement, dictalorialement, comme il la gouverne, sans lui donner, k défaut de la liberté politique, des satisfactions d'ambition et d'orgueil national. Il est obligé de l'occuper et de l'agrandir puisqu'il renonce k l'émanciper. Qu'est- ce que cette nécessité? C'est celle de la guerre. Le régime actuel vit de satisfactions données k l'or gueil national. Ce n'est que par la guerre qu'il peut donner ces satisfactions. Or quels sont ses alliés possibles dans les guerres qu'il peut faire? Au moment où s'est terminée la guerre de Russie, il allait s'entendre avec les Polonais. Pour faire la guerre a l'Autriche, dans la Péninsule italique, il s'est entendu avec les révolutionnaires italiens, et Garibaldi a été un de ses lieutenants; si la guerre avait duré un mois de plus et s'était étendue en Allemagne, il allait s'entendre avec les révolu tionnaires hongrois; c'est lui-même qui l'a déclaré après Villafranca. Les alliances de guerre du gouvernement napoléonien sont donc naturelle ment révolutionnaires. Mais il arrive une chosequ'il n'a peut-être pas assez calculé, et qui dans l'avenir peut lui susciter de graves périls. En mettant la force militaire de la France au service de la cause révolutionnaire eu Europe, il augmente d'une tous les jours; car dans ce triste intérieur Ions les jours étaient semblables. Madame d'Erfeuil et ses deux filles, voisines de campagne de madame Cardon, lui devaient une visite depuis longtemps; elles se rendirent un jour chez elle. Madame d'Erfeuil trouva madame Cardon lisant un énorme livre qu'elle avait peine k soutenir. Ayant paru étonnée de lui voir porter cet in folio: C'est le Dictionnaire de l'Académie, dit madame Cardon; il est on peu lourd en effet. Je le lis depuis deux heures, et j'avoue que j'en suis fatiguée. Fatiguée de le lire, 00 de le tenir, dit madame d'Erfeuil, surprise de cette sorte de distraction. Oh! de le tenir; car j'aime beaucoup cette lecture. Au moins Ik-dedans, ajoute-t-elle avec intention, il n'y a pas de ces exagérations de beaux sentiments, ces gens qui meurent ou qui pleurent sans cesse; enfiu toutes ces grandeurs morales qu'on ne voit que dans les livres, et qui ne sout ni dans la nature ni dans le cœur humain. Vous conviendrez cependant, dit madame d Erfeuil, qu il serait bien malheureux que vous disiez vrai.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1860 | | pagina 1