ANGLETERRE. FRANCE. Noos oous empressons de reproduire les lignes sui»aotes de la Vérité, de Tournai On a écrit que les villes frontières du côté de la France étaient favorables l'annexion; nons ne savons où celui qui a affirmé ce fait a pris ses renseignements. Pour ce qui concerne notre ville, nous pouvons dire qu'à aucune époque le sentiment Datioual n'a été aussi chaleureux, aussi vivace. Que celui qui en doute veuille bien se rendre dans les cercles particuliers, dans les lieux publics de réunion, et il verra avec quelle énergie on repousse toute idée de changer de patrie, et comment on accueille les articles des journaux français qui prêchent l'annexion. On signale l'arrivée a Bruxelles et la distri bution dans uo graod nombre d'établissements, d'un journal allemand de création récente, qui porte le titre de Correspondant de Strasbourg. La mission de ce journal paraît être de prouver que la France étouffe dans ses limites actuelles; qu'elle a besoin, pour respirer l'aise, de s'étendre jusqu'au Rhin d'une part, jusqu'à la mer du Nord de l'autre, en englobant les bouches de l'Escaut et le Moerdyck. Il est juste de mentionner également l'existence d'uo autre journal, qui s'imprime Genève, mais doot les articles portent la trace évidente d'une main et d'une pensée française. Il a pour titre Espérance. Ce journal propose, dès présent, l'application du suffrage uoiversel aux populations rhénanes et celles de la Belgique, sur la question de savoir si elles veulent être ou ne veulent pas être annexées. Ces deux journaux sont deux ballons d'essai. La brochure de M. Edmond About est un autre ballon d'essai. Nous en avons vu partir plusieurs, de loin eu loin, depuis 1353mais ils ne se sont jamais plus rapidement succédé, et l'on ne s'est aucune époque moins gêné. La loi qui prescrit tous les orfèvres, marchands et fabricants quelconques employaut l'or et l'argent dans leurs produits, de tenir uo registre pour inscrire les noms etc., de leurs acheteurs, fait en ce moment l'objet d'une récla mation soumise M. le ministre de la justice. Elle estforméepar les chirurgiens-dentistes, qui doivent faire entrer l'or dans la confection de leurs dentiers. Cette loi, demande-t-on, peut-elle s'appliquer cette classe d'industriels, dont les clients ne consentent avoir recours leur art que pour autant que le plus grand secret soit garanti? Il semblerait, en effet, assez bizarre que chaque dentiste tint un registre où les fonctionnaires du gouvernement pourraient, tout leur aise, voir combien une personne a de fausses dents dans sa rangée de perles. M. le ministre de la justice appréciera, dans sa sagesse, si la loi ne doit pas faire une petite exception de délicatesse dans ce cas. Oo nous rapporte que vendredi dernier, l'issue de la séance de la chambre des Représen tants, si partialement présidée par M. Dolez, un membre de la droite aurait proposé ses collègues d'adresser collectivement M. Verhaegen une lettre, dans laquelle on engagerait l'ancien prési dent de la Chambre rentrer dans la vie politique, dans I unique but de redevenir président de la Chambre. Les signataires se reraient engagés en même temps lui accorder leurs voix pour le ramener au fauteuil de la présidence, où le besoin de son impartialité bien connue se fait vivement sen,ir* Universel Ou lit dans l'Avenir, d'Anvers: u Hier vers le soir une scène tragi-comique eut lieu la piace de Meir un marchand de statuettes en plâtre, son plateau bien garni sur la tète, passait sur celte place au moment où un garçon sortait en courant de la rue des Arquebusiersf le garçon court droit sur le marchand ambulant, qu'il bous cule avec tant de violence que voilà toutes ses marchandises terre et en mille morceaux; parmi les débris gisaient, en pièces, trois personnages qui se trouvent fermes sur leurs jambes cependant, Garibaldi, Victor-Emmanuel et Napoléon III. La nouvelle suivaute est empruntée au Morning- Advertiser On a souvent dit que les Anglaises, s'il le fallait, prendraient les armes pour la défense du pays. A Hartlepool, il se forme en ce moment un corps de femmes volontaires, qui s'exercent toutes les semaines une fois, dans -l'école de Pristick, au maniement de la carabine. M. Stephenson, sergent instructeur du gouvernement dans le corps d'artil lerie, est chargé de leur instruction militaire. Que l'on vienne nous dire ensuite que l'Angle terre n'est pas la première nation militaire du monde. M. Barthélémy a célébré la réunion de la Savoie et de Nice, par une poésie qui représente ces deux provinces, comme deux créneaux, venant élargir la couronne murale de la France. Un peu plus loin, le poète compare la Savoie une reine qui descend du trône du Mont-Blanc. C'est, comme oo voit, de la haute poésie. Pendant qu'on célébrait Paris la fêle de l'annexion de Nice et de la Savoie, un membre du corps diplomatique étranger de Bruxelles réunis sait dans ses salons un assez grand nombre de ses collègues cette coïncidence entre les deux fêtes a frappé et donné réfléchir quelques personnes, qui se sont demandé quel intérêt pouvait avoir le diplomate en questioo se mêler pareille manifes tation. On a remarqué que les ministres de France, de Prusse, des Etats-Unis et du Piémont, que les attachés d'Espagne, de Russie et d'Angleterre as sistaient la réunion du diplomate. Dernièrement Mgr. l'évêque d'Arras, passant Paris pour se rendre Rome, fut appelé par le ministre des cultes, M. Rouland, qui lui fit observer que son voyage de Rome était vu de mauvais œil et qu'il était bon d'y renoncer. Mgr. Parisisalla trou ver M. Billault qui lui tint un langage plus impé ratif. Mais ne se regardant point pour battu, Sa Grandeur demanda voir l'Empereurlequel commença par lui faire des objections, puis finit par prononcer un veto. Alors, dit le prélat, Votre Majesté aura la bonté de m'écrire qu'elle m'interdit le voyage de Rome. J'ai annoncé mon diocèse que j'y allais remplir un devoir, celui d'assister a la béatification du bienheureux I.abre. Je ne puis renoncer l'accomplissement de ce devoir, sans me justifier et sans publier la défense qui m'est faite par Votre Majesté. Aussitôt cette réponse lui fut adressée Monseigneur, allez Rome. LE MOBILIER D'UN CHATEAU AU XVIm" SIÈCLE. Nous trouvons dans la Revue de Bretagne et de Vendée, pour le mois de mai, une pièce infiniment curieuse: c'est l'inventaire du mobilier d'un manoir de Bretagne au xvim" siècle. Cette pièce officielle vient l'appui d'une requête présentée, en i6o5, pour obtenir le rem boursement de la valeur de ce mobilier, qui avait été pillé par un misérable chef de protestants, et le dosier entier a été rerais en lumière par l'ar chiviste du déparlement do Finistère. Yves du Liscouet, l'un des priucipaux chefs du parti huguenot en Bretagne, ayant réussi gagner la confiance de Hervé de Parcevaux, seigneur de Mézarnou, persuada ce dernier de faire sa sou mission Henri IV. Liscouet se rendit donc au manoir de Mézarnou sous le prétexte de convenir h des conditions de la soumission et il y reçut du seigneur catholique la plus cordiale hospitalité. Mais le huguenot profila de cette circonstance pour s'emparer traîtreusement de la personne de celu' qui l'avait accueilli, et il fit main basse sur le mobilier qui avait été entassé Mézarnou. Parce vaux avait fait transporter dans cette résidence les meubles et la vaisselle de ses trois manoirs, les croyant plus en sûreté Mézarnou, et c'est ce qui explique la richesse particulière de ce mobilier. Cepeodant le seigneur de Mézarnou n'était point au rang des premiers seigneurs bretons, et l'inven taire dont nous allons donner quelques détails montre combien la richesse abondait dans ces provinces avant les guerres de religion Six-vingts coupes et tasses d'argent doré, plus deux coupes d'or massif, une aiguière d'or massif d'une coudée de hauteur, une aiguière d'une demi- coudée faites écailles d'or massif et quatorze aiguières d'argent doré. Deux chaînes d'or pesant 800 écus chacune, plus les liz de testes d'or et d'argent, pierres précieuses, bagues et joyaux, qui appartenaient tant ses défuntes mère et compagne qu'à son épouse d'à présent. Six douzaines de vaisselle d'argent pour servir la cuisine, six autres douzaines pour servir le des sert, douze sauoières d'argent, quatre douzaines d'assiettes d'argentdouze grands chandeliers d'argent, douze écuelles d'argent, deux douzaines de cuillers d'argent. Quatre grands bassins d'argent pour servir laver, qui étaient si pesants que c'était le faix d'un homme sur ses bras chacun desdits bassins, six autres bassius d'argent de moindre pesanteur. Deux calices et un crucifix d'or massif et six ornements complets, en drap d'or et d'argent, pour les chapelles du demandeur. Plus, tous les habits tant dudit sieur deman deur que de ses défuntes mère et compagne et de son épouse d'à présent, valant dix mille écus et plus. Plus, de la tapisserie pour garnir et tapisser tant les salles que chambres des inauoirs de Mézar nou Pascouet et la Pallue tirées personnages représentant diverses histoires. Trente douzaines de linceuils (draps de lit) de fine toile et onze autres douzaines de linceuils de réparation. Six-vingts couettes de plumes de duvet, avec leurs (raversières et deux oreillers et traversins chaque couette. Deux cent quarante couvertures de lit tant de fines cathelonnes que drap de Londres. Trente douzaines de nappes de fine toile de lin et soixante douzaines deserviettes de même toile. Sept tonneaux de vin; six tonneaux de fro ment, douze de seigle, quinze d'avoine, quatre tonneaux d'orge et de blé noir, avec trois ou quatre cents chapons et soixante-et-quinze coqs et poules d'Inde. Huit bœufs et sept pourceaux gras sous le sel (salés) en ses charniers. Demi-douzaine de grands bœufs pour engrais ser, avec dix-huit vaches lait, et seize taureaux ou génisses; vingt-huit grands chevaux tous de service; six chevaux hongres, huit cavales avec leurs poulains de lait et deux grands chevaux appelés étalons. Plus les armes, les bahuts, la vaissaille de cuisine toute en étaing (quarante douzaines de plats et vingt douzaines d'assiettes) etc., etc. Tel est le mobilier dont les huguenots s'empa rèrent par trahison dans le manoir d'un catholique, mobilier estimé 70,000 écos, soit environ un million et demi de francs de la valeur actuelle. Nous demandons quel est le grand seigneur, quel est même le financier qui ait aujourd'hui dans ses châteaux le luxe solide et la richesse réelle que possédait un gentilhomme breton au xvim' siècle. Cependant nos journaux proclament bien haut

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Le Propagateur (1818-1871) | 1860 | | pagina 3