43me Année. Mercredi 27 Juin 1860. A° 4?459.
4 fr. pour 6 mois, 2-50 pour FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE. an, 5 fr. pour 6 mois, 2-75
Le Receveur des contributions directes
Ypres, prévient les contribuables retar
dataires, qu'ils ont payer dans le plus
court délai son bureau, les termes échus
sur les contributions de 1860, s'ils ne
veulent pas s'exposer des frais de pour
suite.
7PP.SS, 27 Juin.
L'ÉGOÏSTE.
LE PROPAGATEUR.
pour la ville 6 fr. par an, POUR LE dehors fr. 7-50 par
trois mois. pour 3 mois.
REVUE POLITIQUE.
Le Morning- Chronicle feuille fort sujette a
caution, rapporte une nouvelle trop grave et trop
surprenante pour que nous De fassions toutes nos
re'serves en la reproduisant. Le conseil des ministres
napolitains aurait pris les re'solutions suivantes:
adoption d'une constitution amnistie et change
ment du ministère, alliance italienne avec le
PiémontIl aurait été également décidé qu'on
adopterait le drapeau italien avec les armes napo
litaines. Ces résolutions auraient été votées par 9
voix contre 5. Le roi, indisposé, n'assistait pas au
conseil, et n'a pas encore donné sa sanction défini
tive b ces résolutions.
On annonce, d'autre part, que le roi de Naples
fait d'énergiques préparatifs de résistance. L'ar
mée est portée 160,000 hommes. De nombreuses
promotions renouvellent le corps des officiers, et
donnent l'armée des chefs plus jeunes et plus
actifs.
Un télégramme de Turin annonçait dernière
ment que Garibaldi, contrairement l'opinion
généralement reçue qui lui attribuait l'intention
d'attaquer immédiatement le royaume de terre
fermeaurait décidé qu'on allait se mettre en
marche sur Messine.
D'après un journal, peu suspect d'hostilité b
l'égard de la révolution sicilienne, l'Opinione, de
Turin, le succès de l'organisation civile entreprise
par Garibaldi serait loin de répondre b celui de ses
(Suite.) Voir te n« 4,458 du Propagateur.
II.
L'automne était revenu sur la terre. Les feuilles,
en quittant la cîme des arbres qu'elles doraient
encore de leur feuillage, annonçaient le deuil
prochain de la nature, et sa destruction momen
tanée.
Elles annonçaient aussi la mort de Clary!
Prête partir pour l'éternité, glorieuse martyre
du cœur, elle voyait décliner ses jours avec une
douceur sublime.
Éteinte, consumée par de longues épreuves;
abandonnée comme un méchant, dans sa chambre
solitaire, sans uu domestique pour la servir, sans
nn ami pour la consoler; son âme résignée s'en
volait, impatieote déjà d'arriver au ciel.
Elle souriait ceux qui la venaient voir passa
gèrement; elle souriait en les voyant s'éloigner.
Son âme d'ange apparaissait alors découvert.
C'est qu cette heure solennelle, ces moments
d'angoisse mortelle, on est réellement ce qu'on est.
opérations militaires. Il faudrait tout le prestige
de son influence pour empêcher la population de
Palerme de huer le nouveau ministère.
Le Journal de Bruxelles stigmatise bon
droit la grossière impudence du gouvernement
piémootais, protestant contre la capture par la
marine napolitaine de deux bâtiments partis de
Gênes et portant un nouveau renfort de mille
hommes Garibaldi. Le but de l'expédition
capturée n'était un mystère pour persouue. Elle
portait Garibaldi des soldats sardes, et de l'ar
gent anglais. Si elle avait coulé ou pris un bâtiment
napolitain, le gouvernement piémooîais, qui est en
paix avec le roi de Naples, y eût applaudi. Lord
John Russell, ministre de la Reine d'Angleterre,
qui est en paix avec le Roi de Naples, eût célébré
cette victoire dans le sein du Parlement anglais.
Ceci n'est point une supposition ce sont des choses
que nous avons vues. Voilà comment on entend
Londres et Turin la paix avec le roi de Naples.
Tout le monde a le droit de l'attaquer, et lui n'a
point le droit de se défendre. S'il est vaincu, c'est
bien on félicite ses ennemis. S'il est vainqueur, il
a violé le droit des nations.
De tout temps on a vu certains gouvernements
recourir des procédés équivoques pour atteindre
un but politique, mais jamais l'Europe n'a été
témoin d'un spectacle aussi déplorable que celui-ci.
Les principes les plus sacrés, les traités les plus
solennels sont foulés aux pieds avec un cynisme
effrayant. C'est au mépris de tout droit, de toute
justice, que de grandes nations donnent la main
l'œuvre révolutionnaire. Uniquement préoccupées
de l'intérêt immédiat qui pour résulter pour elles
du renversement de la monarchie napolitaine, elles
poussent sa ruine, ne s'apercevant pas qu'elles
sont en train de renverser du même coup ce qui
fait la vie des peuples et la force des gouverne
ments.
La conséquence la plus redoutable de ce ma
chiavélisme, n'est point la disparition d'un État
Plus de meosoDge, plus de dissimulation. La
vertu seule disparaît ou reste, selon qu'elle fut
vraie ou simulée.
En déclinant davantage, la mourante vit arriver
son lit funèbre les geus de la maison, qui, durant
sa longue maladie, l'avaient oubliée, dans la
crainte d'être punis de leur pitié. Ils regardaient
mourir la belle et gracieuse jeune femme, la pauvre
veuve, la mère désolée, et la voyaient sourire
pour la première fois!
Dominée par la grande puissance de l'âme
épouvantée, madame Cardon sentit alors son cœur
s'émouvoir. Elle commençait devenir actrice
dans le drame où si longtemps elle était demeurée
neutre! Elle devait mourir aussi!....
Cette pensée lui apprit la pitié. Il fallait bien
qu'un sentiment pour autrui passât par sod intérêt
personnel.
Depuis plusieurs mois, elle était venue de temps
en temps visiter la malade abandonnée. Mais
c'était autant pour voir si elle avait trop que pour
voir si elle n'avait pas assez.
Maintenant elle est là pour son propre compte.
Elle regarde la mort, parce qu'elle sait bien qu'un
jour elle doit la connaître. Le soutire de Clary lui
de plus de la carte européenne, c'est le naufrage
du principe même en vertu duquel les États
existent; c'est la révolution radicale qui s'opère
dans la conscience publique et dont le dernier mot
sera l'anarchie ou le despotisme universel.
LE DENIER DE SAINT-PIERRE.
ii-jf-i
Il se passe, b la vue du monde entier, un fait qui
doit certainementexciter l'attention publique c'est
l'œuvre du denier de Saint-Pierre. Cette manifes
tation d'amour et de sympathie envers le père
commun des fidèles se déclare daDS tout l'univers
chrétien, malgré les sarcasmes et les menaces du
parti qui se prétend libre-penseur, mais dont
l'unique préoccupation est d'étouffer toute mani
festation contraire b ses intérêts. Dans ce mouve
ment religieux dous sommes heureux de constater
l'empressement et le zèle que mettent les habitants
de notre ville b secourir le Chef de l'Église de
Dieu. Nous savons que l'ignorance, la mauvaise
foi cherchent donuer le chaDge sur le véritable
caractère de cette contribution volontaire que
.s'impose la catholicité pour les besoins du Saint-
Siège. Nous savons que les ennemis de la Papauté
représentent l'œuvre du deuier de S'- Pierre comme
une œuvre purement politique, et cependant ces
clairvoyants ne songent pas qu'à ce point de vue
là même, l'existeuce de la société chrétienne est
actuellement en péril, et que la révolution com
mence son œuvre de destruction par l'Eglise. C'est
donc sur l'Église comme société que doivent se
porter l'attention et la sollicitude, non seulement
des vrais catholiques, mais encore de tous ceux qui
ont a redouter les conséquences d'une catastrophe
sociale.
Heureusement le peuple sent très-bien que
Pape, Église, Religion, Dogme,Culte,tout cela est
un, et que c'est tout cela qu'on se flatte d'abattre
d'un seul coup ou successivement l'on après l'autre;
mais le peuple a des sentiments religieux, il est
faisait croire qne ses derniers moments seraient
semblables aux siens. Égoïste! ne faudra-t-il pas
que l'humanité se venge de vous!
Vaincue pour un instant, mais vaincue par la
peur, madame Cardon se jeta aux pieds de la
mouranteet prit sa main qu'elle baisa respec
tueusement.
Clary, croyant voir un pardon demandé et un
repentir, serra autant qu'elle put les mains de sa
belle-mère dans les siennes. Un regard céleste
l'assura qu'elle n'emportait au ciel nul souvenir de
la terre. Madame Cardon parut rêver quelques
moments.
Ainsi partait du monde une des plus angéliques
âmes qui l'eussent habité; la noble fille d'une
famille puissante, l'épouse d'Eruestl'ancienne
maîtresse de cette maison, dans laquelle elle mou
rait aujourd'hui au fond d'une pauvre chambre
presque démeublée, soigoée comme une pauvre
étrangère.
Son visage était ravissant.
Elle ne faisait pas une plainte, ne versait pas
une larme. Ce n'était plus l'heure d'en répandre
pour elle.
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