44Année. Samedi 4 Août
A l'occasion de la fêle communale, le
Propagateur ne paraîtra pas Mercredi pro
chain1.
7?MS, 4 Août.
Voici la lettre de l'Empereur M. de
Persigny dont le télégraphe a transmis le
résumé
LE PROPAGATEUR.
pour la ville 6 fr. par an,
4 fr. pour 6 mois, 2-50 pour
trois mois.
FOI CATnOLIQFE.
CONSTITUTION BELGE.
pour le dehors fr. 7-50 par
an, 5 fr. pour 6 mois, 2-75
pour 5 mois.
RE VIE POLITIQUE.
La question de Syrie n'a pas encore reçu la con
clusion qu'attend avec une légitime impatience
l'opinion publique de l'Europe tout entière.
M. Grandguillot a repris avec une nouvelle
vigueur sa polémique contre les anciens partis
propos de la qnestion d'Orient. M. Grandguillot
est satisfait; le Siècle lui a répondu et lui répondra
encore M. Grandguillot a trouvé enfin un adver
saire digne de loi.
Nous n'avons pas de renseignements jusqu'à
présent sur l'armistice conclu entre Garibaldi et le
général Clary. Dans l'Italie du Nord, on se refuse
y reconnaître l'effet de l'influence qu'a pu
exercer sur le chef de l'insurrection la lettre du roi
Victor-Emmanuel l'engageant ne pas poursuivre
ses opérations contre les provinces de terre ferme
du royaume de Naples. L'on n'y voit qu'un moyen
d'attendre les événements que l'on s'efforce de
provoquer Naples et de pouvoir y porter toutes
ses forces quand on ctoira le moment venu.
Quant l'organisation intérieure de la Sicile,
elle paraît faire bien peu de progrès. M. Depretis,
l'agent du Piémont accepté par Garibaldi, qui a
consenti se charger de la mission ardue d'organiser
l'armée et l'administration, rencontre plus d'uu
obstacle. Réussira t-il enfin? Cela parait plus que
douteux.
Ce qui découvre principalement la difficulté de
l'entreprise, c'est l'impuissance radicale qui frappe
tout homme qui monte au pouvoir; od a déj'a plus
usé de ministres pendant deux mois de dictature
qu'un État ordonné n'en emploie pendant un
quart de siècle. Orsini lui-même, cette âme damnée
de Garibaldi, a succombé comme les autres la
peine et s'est vu contraint de se retirer. La Gazelta
ciel Popolo explique très bien les motifs de ces
changements quotidiens:
A Palerme, dit un de ses correspondants,
chacun veut agir en maître ;'il n'y a pas de si petit
fonctionnaire qui supporte une observation. Là,
en effet, est la grande plaie des révolutions, mais
nulle part ailleurs nous ne l'avons vue aussi pro
fonde qu'en Sicile.
il se confirme qu'on a dressé Tœplilz et signé
un protocole qui détaille les points de la politique
intérieure et extérieure sur lesquels on est tombé
d'accord. Cet accord du reste ne date pas de
Tœplitz, il a été piéparé auparavant Vienne, dans
des négociations préparatoires, et on n'a fait pour
ainsi dire qu'y apposer le sceau Tœplitz.
Les journaux anglais sont jusqu'à présent très-
circonspects dans leurs appréciations de la lettre de
I Empereur M. de Persigny, et, sauf le Murning-
Cfironicle et ses éloges sans restriction, les feuilles
qui eu pat lent, sans excepter le Murning- Post, ne
montrent point une confiance saus réserve aux
protestations de l'Empereur.
On peut constater néanmoins l'accord unanime
des principaux journaux sur les grands et incontes
tables avantages de la bonne entente eotie la
France et l'Angleterre.
Le Times applaudit aux sentiments d'amitié
contenus dans la lettre, et qui peuvent, dit-il,
présager une politique avec laquelle nous pour-
Hods jouir de la paix, sans "être contraints de
supporter davantage les charges de la guerre.
Mais ce journal mêle ses applaudissements des
rélicences et des restrictions assez naturelles. C'est
ainsi qu'il comprend parmi les ressources de la
France son incomparable facilité d'armement, et
qu'il prétend qu'une marine vapeur peut bien
être au-dessus des besoins réels d'une nation,
et cependant rester au-dessous d'un chiffre précé
dent de navires voiles.
Il n'est pas impossible qu'avant la clôture de la
session, le ministère anglais ne soit mis en demeure
de s'expliquer devant le Parlement au sujet de
cette nouvelle invitation l'entente età la confiance
réciproques.
Les journaux semi-officiels de Turin annoncent
qu'une entrevue aura lieu entre l'empereur Napo-
léou et le roi Victor-Emmanuel, l'occasion
du voyage de Nice. Cette entrevue aurait lieu
Monaco.
la pensée secrète de l'expédition française
en syrie.
Sous ce titre, on lit dans VOstdeutsche Post
une correspondance parisienne du 20 juillet d* où
se trouvent les passages suivants
Il est naturel qu'à Londres, comme partout,
ou voie, dans la volonté si én giquemeut mani
festée par Napoléon de voler au secours des chré
tiens de Syrie, la reprise de la question orientale.
Lord Palmerston soupçonnait la France d'avoir
encore une lois l'Egypte en vue dans cette occa
sion et il a dit catégoriquement au comte de
Persigny: L'Egypte est pour nous un cas de guerre.
Pour combattre ce soupçon, le gou-ernemeut
français a catégoriquement déclaré que la question
de Syrie restera dans tous les cas une question
locale et qu'il est loin de toute pensée de nouvelle
réunion de la Syrie l'Egypte comme celle que
nourrissait le gouvernement de juillet. L'Egypte ne
deviendra pas une pomme de discorde entre l'An
gleterre et nous. Comme elle veut et doit tout
prix tenir ouverte la route des Iodes, uue querelle
au sujet de l'Egypte serait une guerre mort.
Réglons-nous là-dessus. L'Egypte pour l'Angle
terre, la Syrie pour nous. Non que nous voulions
l'enlever au Sultan ni y fonder une vice-royauté
française. Nou, le Sultan testera tuaîtie de la Syi ie,
mais de la même façon qu'il l'est de l'Egypte; en
d'autres ter mes, la Syiie de viendra, coin me l'Egypte,
un pachalick ou vice-royaume héréditaire.
Comment se fait-il, dit M. Thottvenel, qu'en
Egypte la vie et la propriété des chrétiens et de
tous les étrangers soieut assurées? Comment se
fait-il qu'on peut y construire trauquillemeut des
chemins de fer, etc.? Parce qu'elle a un gouver
nement réglé. Et pourquoi réglé? Parce qu'il est
stable. Et pourquoi stable? Parce qu'il est héré
ditaire. Etablissons en Syrie un vice- roi, musulman,
il est vrai, mais qui impose au pays par la considé
ration et le talent, qui ail eu des rapports avec les
chrétiens et ne soit pas étranger aux affaires de
l'Europe.
Le cabinet britannique, bien que pénétrant la
pensée de la France, u'a nullement repoussé jus
qu'ici cette proposition iudiq rée dans les entretiens
confidentiels. Il objecta seulement que la Porte doit
avoir le premier et le dernier mot de cette affairé,
qui, du reste, ne sera mûre qu'après la pacification.
Mais l'arrière-pensée de la France est Abd-
el-Kader. Abd-el-Kader vice-roi de Syrie serait
la hauteur de la situation, les droits du Sultan
seraient sauvegardés et l'influence française certaine
de la suprématie.
Saint-Cloud, 29 juillet 1860.
Mon cher Persigny,
Les choses me semblent si embrouillées, grâce
la défiance semée partout depuis la guerre d'Italie,
que je vous écris dans l'espoir qu'une conversation
cœur ouvert avec lord Palmerston remédiera au
mal actuel. Lord Palmerston méconnaît, et, quand
j'affirme une chose, il me croira.
Eh bien vous pouvez lui dire de ma part, de la
manière la plus formelle, que, depuis la paix de
Villafranca, je n'ai eu qu'une pensée, qu'un but:
c'était d'inaugurer une nouvelle ère de paix et de
vivre en bonne intelligence avec tous mes voisins,
et principalement avec l'Angleterre. J'avais renoncé
la Savoie et Nice; l'accroissement extraordinaire
du Piémont me fit seul revenir sur le désir de voir
réunies la France des provinces essentiellement
françaises.
Mais, objectera-t-on, vous voulez la paix, et
vous augmentez démesurément les forces militaires
de la France. Je nie le fait de tous points. Mon
armée et ma flotte n'ont tien de menaçant pour
personue. Ma marine vapeur est loin de pourvoir
même nos besoins, et le chiffre des navires
vapeur n'égale pas, beaucoup près, le nombre
de bâtiments voiles jugés nécessaires au temps du
roi Louis-Philippe. J'ai 4oo,ooo hommes sous les
armes; mais ôtez de ce nombre 60,000 hommes en
Algérie, 6,000 Rome, 8,000 en Chine, 20,000
gendarmes, les malades, les conscrits, et vous
avouerez, ce qui est vrai, que mes régiments ont un
effectif plus réduit que sous le règne précédent. Le
seul accroissemeut de cadres a été la création de la
garde impériale.
D'ailleurs, touten voulant la paix, je désire aussi
organiser les forces du pays sur le meilleur pied
possible; car, si des dernières guerres les e'traugers
n'ont vu que le côté brillant, moi j'ai vu de près les
côtés défectueux, et je veux y remédier. Cela dit, je
n'ai, depuis Villafranca, rien fait ni même rien
pensé qui pût alarmer personne. Quand Lavallette
est parti pour Constantinople, les instructions que
je lui ai données se bornaient ceci Faites tous
vos efforts pour maintenir le statu 'quo. L'intérêt
de la France est que la Turquie vive le plus long -
temps possible.
Maintenant arrivent les massacres de Syrie, et
l'on écrit que je suis bien aise de trouver uue
nouvelle occasion de faire une petite guerre ou de
jouer un nouveau rôle. En vérité, on me prête bien
peu de sens commun. Si j'ai immédiatement pro
posé une expédition, c'est que je sens comme
le peuple qui m'a mis sa tête, et que les nouvelles
de Syrie m'ont transporté d'indignation. Ma pre
mière pensée n'eu a pas moins été de tu'entendre
avec l'Angleterre. Quel intérêt, autre que celui de
l'humanité, m'engagerait envoyer des troupes
dans celte contrée? Est-ce que, par hasard la
possession de ce pays accroîtrait mes forces? Puisse
me dissimuler que l'Algérie, malgré ses avantages
dans l'avenir, est une cause d'affaiblissement pour
la France, qui, depuis trente ans, lui donne le plus
pur de son sang et de son or? Je l'ai dit, en i852,
Bordeaux, et tuou opinion est aujourd'hui la
même, j'ai de grandes conquêtes faire, mais en
France. Son organisation intérieure, son dételop-