44me Année.
Samedi 25 Août 1860.
]\o 4,476.
LE PROPAGATEUR.
POUR LA TILLE 6 FR. PAR AN,
4 FR. POUR 6 MOIS, 2 50 POUR
TROIS MOIS.
FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE.
POUR LE DEnORS FR. 7-50 PAR
AN, 5 FR. POUR 6 MOIS, 2*75
POUR 5 MOIS.
777.SS, 25 AOÛT.
a
RE Y CE POLITIQUE.
Plusieurs journaux allemands nous donnent,
sur l'entrevue de Tœplitz, des informations
qu'ils prétendent très sures. Ces renseigne
ments ne diffèrent pas essentiellement de ceux
du Nord En somme, il s'agit toujours d'une
alliance défensive de l'Autriche et de la Prusse
contre la France.
Les dernières nouvelles de Constantinople
sont du i4.
L'ambassadeur d'Angleterre s'était-plaint
des lenteurs du ministère, et il avait conseillé
le rappel de Kybrisli-Pacha, dont la mission
eut pu, selon lui, être achevée par Orner-Pacha.
Ce conseil paraît avoir été repoussé, par suite
de l'opposition de Riza- Pacha, qui est l'ennemi
personnel d'0mer - Pacha, et qui a peu près
tout pouvoir sur l'esprit du Sultan.
D'après une dépêche de Damas, le g, l'agi
tation n'était pas encore calmée. La population
turque s'était ameutée contre les juifs, mais
l'énergique intervention du consul autrichien
les avait sauvés du pillage.
Le Times consacre aux affaires de Syrie un
nouvel article. Il constate l'impossibilité de
maintenir l'étal de choses actuel et conseille au
Sultan d'établir, avec le concours des puissan
ces européennes, une autorité plus capable et
plus honnête dans celle contrée, en la faisant
administrer comme un fief de l'empire, l'in
star de l'Egypte.
On remarquera que ces indications données
par la feuille anglaise se rapprochent beau
coup, pour le fond, du projet attribué au gou
vernement français de placer Abd-el-Kader
la tête de la Syrie, projet défendu également
par le Journal des Débats.
Dans les régions officielles, on confirme le
débarquement de Garibaldi Reggio et la
prise de celte place après un combat acharné.
Garibaldi aurait poursuivi les troupes napo
litaines, dont les bataillons se sont ralliés
Monteleone. On s'attend, du reste, apprendre
c) HJ L 0 H
(Suite.) Voir les n° du Propagateur.
III.
MADAME GODEFROY.
Uae année s'était écoulée. Julie, plus accoutu
mée b ses nouvelles obligations, les accomplissait
avec séreuité et y puisait toutes les satisfactions
sévères du devoir. Son père et sa mère vivaient
tranquilles, devant leur existence son modeste
labeur; et celle idée jetait de chaleureux rayons
sur les jours les plus tristes, les plus monotones,
sur les travaux les plus ingrats que peut imposer
1 éducation d'une centaine de jeunes filles.
Un jour, pendant la réciéation, au moment où
Julie terminait une aquarelle, d'après Redouté, on
vint l'avertir qu'une dame l'attendait au salon.
Elle y courut aussitôt car ce vague espoir Serait-
ce ma mère? aiguillonnait ses pas... Elle se
trouva en face d'une dame qui lui était inconnue.
C'était une personne assez âgée, dont les traits
n'avaient point perdu toute empreinte de beauté,
mais qui semblait sous le poids d'une tristesse
d'un moment l'autre qu'un mouvement a
éclaté Naples qui livre cette ville Gari
baldi. Dans les cercles favorables la cause de
François II, on croit, au contraire, que Naples,
où le général Pianelli a concentré toutes ses
meilleures troupes et dont la masse de la popu
lation est dévouée la cause royale, que la
capitale qui est au bout du compte la clef de la
situation, sera pour Garibaldi un obstacle in
surmontable.
Des lettres de Suisse parlent d'un revirement
l'égard de la France qui se serait opéré depuis
l'entrevue de Tœplitz, dans l'attitude des chef s
du parti radical, et notamment de M. Fazy, qui
aurait déclaré que vis-à-vis de l'entente pré
sumée de l'absolutisme, il était du devoir de la
Suisse de cesser de se montrer hostile au gou
vernement français, seul représentant des idées
libérales en Europe.
En rendant compte nos lecteurs de la belle
distribution des prix aux élèves du collège Sl-
Vincent-de-Paul, do ly de ce mois, nous n'avons
pas mentionné l'agréable surprise faite l'auditoire
b la fin de cette solennité. Après les applaudisse
ments enthousiastes qui accueillirent la proclama
tion du brillant succès que les élèves de cet
établissement ont obtenu dans le concours général
entre les élèves de rhétorique et de sixième latine
de tous les collèges épiscopaux du diocèse de
Bruges, M. Ch. Dehaese, au nom de ses condisciples,
remercia le nombreux auditoire des manifestations
si sympathiques et si encourageautes dont il venait
de les honorer. Se tournant ensuite vers ses dignes
supérieurs, il leur adressa, avec une éloquente
émotion, les élans de la plus vive reconnaissance
pour les efforts qu'ils font afin de donner b leurs
élèves une instruction solide, et de leur inculquer
les sentiments qui les rendent dignes de l'Église,
dignes de la famille, dignes de la Patrie. Vos
efforts, chers et digoes supérieurs, s'est-il écrié,
seront couronnés du succès,.parce que vos leçous
resteront jamais gravées dans nos cœurs fidélité
inviolable l'Église catholique, respect et amour
nos parents, attachement inébranlable et dévoue
ment sans bornes notre Patrie, notre chère
hautaine et chagrine. Elle salua Julie et lui dit
brièvement
Mademoiselle Berlhaud?
C'est moi, madame.
Mademoiselle, je désire avoir un entretien
avec vous; mais, comme depuis longtemps j'ai per
du l'habitude du monde, je passerai par-dessus les
préliminaires et je viendrai droit au fait. Mon âge,
les infirmités dont je suis atteinte, l'isolement où je
me trouve, tout me rend nécessaire la ptésence
d'une personne en qui je puisse me confier, qui
veuille me donner quelques soins et me soulager
dans la charge de ma maison. On- m'a beaucoup
parlé de vous, et ce que l'on m'a dit m'a engagée
b tenter cette démarche. Vous sentiriez - vous le
coutage de partager ma solitude, une solitude que
votre jeunesse même, je vous en ptéviens, ne
pourra pas égayer?... Réfléchissez, mademoiselle...
Je destine quinze cents francs par an la personne
qui voudra occuper cet emploi; sa vie sera mono
tone, peut-être; mais je ne suis pas exigeante, ni
habituée des soins bieu tendres... On ne m'a pas
gâtée sous ce rapport.
La vieille dame prononça ces derniers mots avec
une amertume qui fixa l'attentiou de Julie; elle
répondit timidement
Belgique, voilb les sentiments qu'elles y ont allumés
et qui en seront b jamais les heureux fruits. Vive la
Religion! Vive la Patrie! Vive le Roi!
A ces éloquentes et chaleureuses paroles succéda
immédiatement un chaut patriotique qui électrisa
tout l'auditoire. Les quatre couplets suivants, com
posés par un professeur de l'établissement, furent
chantés, sur l'air de la Brabançonne, par tous les
élèves avec un indicible enthousiasme.
1.
Chaulons en chœur, enfants de la Patrie!
A la Belgique, amour, fidélité!
Consacrons lui notre sang, notre vie!
Mourons, mourons pour notre liberté!
Portons bien haut notre sainte bannière,
Gage de paix, d'ordre et de sûreté!
N'ayons qu'un cri, dans la Belgique entière
Religion, Progrès et Liberté! ),S*
2.
La révolte a ciié dans son délire
A bas! bas! Trôue et Religion,
Et blasphémant, ne craignit pas de dire
La liberté, c'est la rébellion!
Rallions-nous autour de la bannière,
Gage de paix, d'ordre et de sûreté
N'ayons qu'un cri, dans la Belgique entière
Religion, Progrès et Liberté! >1S*
Le Belge, oui, si le danger menace,
Protégera son trône, ses autels;
Des ennemis il ne craint pas l'audace
Et bravera leurs desseins criminels.
Serrons-nous donc autour de la bannière,
Gage de paix, d'ordre et de sûreté;
N'ayons qu'un cri, dans la Belgique entière j js
Religion, Progrès et Liberté!
4.
Salut, honneur au Lion de Belgique!
Oh! non, jamais il ne souffrit des fers;
Force, union, amour patriotique,
Voilà le Belge aux yeux de l'Univers!
Portons bien haut notre sainte bannière,
Gage de paix, d'ordre et de sûreté;
N'ayons qu'un cri, dans la Belgique entière J
Religion, Patrie et Liberté
Le collège Saint-Vincent-de-Paul, outre les
succès remarquables qu'il vient d'obtenir au cou-
cours général entre les établissements épiscopaux
du diocèse, n'a pas figuré avec moins d'honneur
devant les divers jurys d'examen universitaire de
la présente session.
Cinq anciens élèves de cette institution se sont
présentés pour subir leur examen. Deux ont passé
avec distinction le premier doctorat en droit, M.
Votre offre m'honore, madame; mais, avant
de l'accepter, je voudrais consulter mes parents...
Je ne m'appartiens pas.
Ah sans doute, dit la dame avec une sombre
énergie, l'enfant appartient b ceux qui lui ont don
né la vie... Consultez votre père, consultez votre
mère, mademoiselle; moi, j'attendrai.
Madame...
Je reviendrai dans huit jours; Mme Mauria
connaît nos projets et les approuve. Adieu, made
moiselle; je ue désire plus rien en ce monde:
pourtant votre présence dans ma maison me ferait
plaisir. Adieu
Elle remit en partant, b Julie, une carte sur
laquelle celle-ci lut
Madame veuve Godefroy.
Julie alla aussitôt trouver la directrice du pen
sionnat et lui fit part de l'étonnement où la jetait
cette visite. Mm° Maurin avait un esprit sensé et
une âme bienveillante; elle prit la main de la
jeune fille et lui dit
Ma chère enfant, je connaissais le dessein de
Mm° Godefroy; et, dans votre intérêt, dans
l'intérêt de votre famille, qui vous est si chère, je
désire que vous acceptiez sa proposition. Il m'en