44me Année.
Samedi 20 Octobre 1860.
No 4.492.
LE PROPAGATEUR.
pour la ville 6 fr. par an,
4 fr. pour 6 mois, 2-50 pour
trois mois.
FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE.
pour le dehors fr. 7-50 par
an, 5 fr. pour 6 mois, 2-75
pour 3 mois.
20 Octobre.
REVUE POLITIQUE.
Il n'y 8 guère aujourd'hui d'autres nouvelles de
l'Italie, si ce n'est des bruits relatifs aux armements
et aux préparatifs militaires que fait le Piémont sur
la ligne du Pô et du Miocio. Ainsi, une armée
piémootaise, commandée par les généraux Cialdini
et Durando, serait concentrée sur le Pô, tandis que
le général Laraarmora occupe sur le Miocio de
fortes positions.
De son côté, l'Autriche continue b faire fortifier
ses côtes maritimes, et il a été décidé qu'un bâti
ment de guerre stationnerait désormais dans chacun
des ports de la côte d'Istrie. La Patrie signale les
concentrations de troupes autrichiennes sur les
frontières, qui, dit-elle, motivent, également des
concentrations de troupes piémontaises sur les
mêmes frootières. La Presse dit, de son côté,
qu'uoe dépêche, reçue Turin, annonce que 4,ooo
hommes de troupes autrichieooes, venant de Man-
toue, ont oassé le Pô et pris leurs casernements b
Rovère. Cette nouvelle a produit, on le pense
bien, une grande sensation Turin. Le Pays croit
que l'Autriche ne prend ces mesures que dans un
but purement défensif.
Tout ce que nous apprenons do royaume de
Naples nous montre que François II, s'inspirant de
son courage héréditaire et de sa conscieoce de Roi,
va tenter un effort suprême pour sauver sa cou
ronne ou pour succomber avec gloire. C'est un
spectacle digne de la sympathie universelle que
celui de ce jeune et infortuné monarqueaban
donné de tons les souverains, victime des plus
honteuses trahisons et des plus criminelles atta
ques, et luttant, avec la seule confiance de son bon
droit, avec l'appui de ses derniers fidèles, avec
l'aide de Dieu, contre la conjuration de la violence,
de la perfidie et de la force brutale.
Un télégramme annonce que le décret convo
quant l'Assemblée sicilienne est rapporté, et que
le décret qui convoque les comices du royaume de
Naples pour voter, le ai, sur le plébiscite relatif <i
l'annexion, est éteodu la Sicile. On voit que
Garibaldi ne procède que par tâtonnements, et
qu'il est toujours occupé h modifier le lendemain
ce qu'il a fait la veille. On a bien raison de dire
que les gouvernements révolutionnaires sont, par
excellence, les gouvernements de l'imprévu.
L'ouverture et la fio de la discussion laquelle
a donné lieu au Sénat piémontais, la loi sur les
annexions nous sont annoncées en même temps
par les journaux de Turin. Le résultat de la dis
cussion était prévu la loi a été votée b l'unani
mité, moins une seule voix, qui est celle de M. le
marquis de Brignole. Comme la Chambre des
Députés, un ordre du jour en l'honneur de Gari
baldi a été voté par le Sénat, b l'unanimité.
Le Journal de Saint-Pétersbourg s'explique
sur l'entrevue de Varsovie dans des termes qui
semblent loin de justifier les bruits répandus ce
sujet par la presse allemaode. En déclarant ces
bruits faux, le journal russe ajoute que si I'od
peut dire quelque chose b l'avance de cette entre
vue c'est qu'elle doit éloigner de la paix euro
péenne les périls et les chances mauvaises, et que
son résultat ne saurai! être qu'une entente dont
l'Europe entière devra se féliciter.
D'après des nouvelles de Constantinople du to,
venues par la voie de Marseille, la concentration
de troupes russes en Bessarabie causerait de vives
inquiétudes dans les provinces danubiennes. Il y
aurait de la part des Moldo-Valaques une tendance
a se rapprocher de la Turquie, par suite de l'atti
tude que la Russie aurait prise.
Des correspondances de la Chine fout pressentir
que les troupes alliées ne tarderont pas s'emparer
du Peï-Ho. On croit que celle prise de possession
sera immédiatement suivie d'un traité de paix
entre le gouvernement chioois et les gouverne
ments de France et d'Angleterre.
LA LIBERTE RELIGIEUSE ET LE LIBÉRALISME.
De temps b autre on aveu échappe nos adver
saires, et cet aveu vient confirmer la légitimité de
nos plaintes et de nos inquiétudes sur la tendance
systématique du ministère a méconnaître l'esprit de
la Constitution lorsqu'il s'agit de nos libertés
religieuses.
Celle tendance date de loin. On n'a pas oublié
l'exposé des motifs qui accompagnait le projet de
loi sur l'enseignement moyen. Il consistait eu
récriminations contre l'instruction libre organisée
sous les auspices du clergé, comme si le clergé
faisait autre chose, en cela, que d'user du droit
commun sanctionné par la Constitution belge.
Est-ce l'amour de ta liberté et le respect du droit
commun, qui ont fait supprimer, l'année passée, la
liberté de la chaire? Le cabinet a prétendu qu'oui.
Sa docile majorité a soutenu la même chose. Toute
la presse libérale a hurlé b l'unisson contre la
liberté de la chaire, qui pouvait disparaître sans que
l'esprit et la lettre delaConstitution fussent atteints.
Et cependant, toutes ces protestations n'étaient
qu'une pitoyable comédiey Quand la pièce est
jouée, quand la blessure imprimée a l'ordre con
stitutionnel est uu fait accompli, l'une ou l'autre
voix vient découvrir le pot aux roses. C'est ce qui
arrive, aujourd'hui encore, précisément b propos
de la liberté de la chaire. Ecoutez plutôt
En racontant la vie de Van Espen, cet illustre
canooisle du XVIII' siècle, M. Laurent..a
exprimé une opinion et défendu une idée qu'il croit
juste. Celte idée quelle est-elle? C'est que la
Belgique actuelle est livrée sans défeuse aux entre
prises de l'esprit ultramontain sans avoir pour se
protéger cette autorité que l'État sous l'ancien
régime exerçait sur l'Église. M. Laurent adopte
en ce point les idées de Van Espen qui, en
préconisant le placet, a toujours voulu maintenir
le droit qu'avait le pouvoir laïque d'intervenir
dans les actes, dans les publications, dans les
mandements du clergé. Celte opinion n'est
point particulière M. Laurentelle est par
tagée par une grande fraction du libéralisme.
Au fond, ce sont les mêmes principes qui ont
fait voter par la Chambre, dans la dernière
session, une peine spéciale pour les prêtres qui,
en chaire, attaqueraient les actes de l'autorité
civile.
Qui tient ce langage? Un journal qui touche de
très-près au cabinet, puisqu'il lui a fourni un
ministre des travaux publics. C'est le Journal de
Gand.
Pendant qu'on discotait les articles du Code
pénal, nous demandions, et M. Defré était seul de
son parti b demander non pas l'impunité pour les
délits commis en chaire, mais le droit commun
appliqué sans distinction des personnes.
Si la question eût été posée dans les mêmes
termes au congrès national, il y aurait eu un concert
presqu'unanime de réprobation contre ces idées
sorannées du vieux janséniste Van Espen, aujour
d'hui partagées par une grande fraction du
libéralisme, ainsi que le constate l'organe de M.
Vanderstichelen. Cette fraction se trouvait repré
sentée au congrès, mais dans des proportions res
treintes. Elle lutta contre dos grands principes de
liberté constitutionnelle, mais elle fut vaincue par
l'esprit généreux et vraiment libéral du temps.
Or c'est précisément cette fraction dont les
principes prévalent de plus en plus aujourd'hui.
C'est la mioorité qui est parvenue de longue main b
supplanter la majorité, en faussant l'esprit de la
Constitution, en reniant les principes de l'Union
sans laquelle il n'y aurait jamais eu de CoDgrès
national ni, par conséquent, de Constitution belge.
Et voilb, dirons-nous en passant, quel esprit on
inculque b la jeunesse belge sous les auspices de
l'État. M. Laurent est le fétiche libéral b l'univer
sité de Gand. Il a commencé par renier le Christ en
compilant, le fatras pseudo-historique de l'école
allemande sur les origines du christianisme. Consé
quent avec lui-même, il continue sa guerre contre
la révélation divine, contre l'Homme-Dieu, contre
l'Église fondée sur le calvaire, en exhumant de
l'arsenal du vieux despotisme les armes rouillées et
les instruraentsdetorture. Les sophistes,les apostats,
les hérétiques,'tous oDt du bon dès qu'ilscherchent
b tuer l'Église catholique. Juurnde Brux.)
Décidemment le banquet offert b M. Verhaegen
n'a point produit les résultats sur lesquels on
comptait au miuistère ef ailleurs. On sait qu'il
s'agissait de cimenter la rentrée an bercail de
Association des scissionnaires de la Réunion
libérale, dont les teodances progressistes de As
sociation avaient un beau matin effarouché le libé
ralisme plus timoré, plus cautelepx. M. Orts et les
autres délégués de la scission avaient consenti b la
dissolution de la Réunion; le banquet du 6 con
sacra l'arrangement, et les organes de Associa
tion enxeçjsU et ea\ avec de bien grands airs cette
nouvelle victoire. Toutefois les membres de la
Réunion, restés en dehors du compromis et du
banquet, l'ont entendu autrementet prétendent
ne capituler qu'en retour de concessioos impor
tantes. L'Association de son côté, se montre
revêche et dépitée. Tel est, b la veille des élec
tions du 25, la situation du libéralisme ministériel.
riSl
ORAISON FUNÈBRE
des volontaires catholiques de l'armée pontificale,
MORTS POUR LA DÉFENSE DU SAINT-SIÈGE,
Prononcée le 9 octobre en la cathédrale d'Orléans,
Par Mgr DUPANLOUP.
(Suite.)-Voir le n° 4>$9f du Propagateur.
Au premier bruit de la soudaine invasion, tous
les corps dispersés de la petite armée pontificale
s'étaient mis en marche. Ancône est le but où ils
tendent; Ancône, le dernier rempart armé de
l'État romain, le dernier boulevard terrestre de la
souveiaioeté pontificale violée. C'est là qu'ils iront
s'enfermer pour prolonger l'honneur de la dé
fense, au prix même de leurs vies. Non moins
endurcis b la fatigue que les vieilles troupes les
plus aguerries, ils font nuit et jour des marches
forcées, ces soldats de quelques mois, des enfants
Depuis vingt-et-un jouis, écrit l'un d'eux b sa
mère, je n'ai eu pour lit que la terre nue; mais,
grâce b Dieu, je vais bien et sois plein de cou-
I