DÉPÊCHES TÉLÉGRAPHIQUES.
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FRANGE.
les puissances même de 3* ordre, et bieo loin
d'annihiler la cavalerie, l'introduction des nou
velles armes rayées agrandirait encore soo rôle et
la rendrait pins nécessaire que par le passé.
Le dimanche 17 mars, deux jeunes geos et
deux jeunes filles se trouvaient seuls dans une pièce
d'ooe auberge de Dorubach. L'on de ces jeunes
gens, Frédérsco Mazzoldi, apercevant un fusil
qu'un chasseur avait déposé dans la pièce, le prit
et s'amusa, tout en plaisantaot avec Maria Winmer,
âgée de 17 ans, h la menacer avec son arme. Le
coup partit, l'atteignit b la tête et la jeune fille
tomba morte; quelques plombs atteignirent aussi
le camarade de l'infortuné, qui a été remis entre
les mains de la justice.
L'habitude que nous avons de prendre des
boissons enivrantes embrasse tout notre système
social. Nous buvons aux baptêmes, et nous buvons
aux enterrements. Nous buvons pour oous réjouir
de nos succès, et nous buvons pour nous consoler
de nos défaites. Nous buvons pour augmenter notre
joie, et oous buvons pour noyer notre chagrin. Les
amis boivent lorsqu'ils se reocontreul et ils boivent
encore lorsqu'ils se séparent. Les hommes boiveot
parce qu'ils sool ensemble, et ils boivent aussi
parce qu'ils sont seuls. Ou boit daos les réjouissan
ces publiques, et daos les clubs de tous les partis.
Les marchands et les commerçants régalent leurs
chalands avec de la boissoo, les ouvriers paient leur
bien-venue eo boisson, et les députés, les maires,
etc., gagnent les électeurs par la boisson. Eo hiver,
nous buvoos pour nons réchauffer, et en été, oous
buvons pour nous rafraîchir. Nous buvons pour
avoir de l'appétit, et nous buvoos encore pour
activer la digestion. Noos bavons pour nous pré
server du choléra; enfio, 00 s'imaginerait que la
boisson est un remède qui guérit tous les maux.
On trouve mille excuses pour boire. Depuis
1801 jusqu'en i846, le peuple anglais a consommé
en boisson pour près de i,5oo,ooo,ooo de livres
sterling, dont 800,000,000 en liqueurs, 176,465,
000 en vins et 5g4,904,000 en drècbe (malt.)
C'est-à-dire le double de sa dette nationale. La
taxe seole de ses articles pendant 45 ans, s'élève b
644,g68,555 livres sterling, soit les 5/6 de la
dette nationale.
Turin, samedi soir, a3 mars.
Le projet de loi sur l'intitulé des actes publics a
été discuté au Sénat. M. Sforza, sénateur a demandé
formellement que le gouvernement fit des démar
ches pour engager la France b retirer ses troupes
de Rome. La loi a été votée par 74 voix contre 1.
Turin, 26 mars au matin.
Hier, b la Chambre des députés, M. Audinot a
adressé au cabiuet des interpellations relativement b
Rome. Il croit que le gouvernement du Pape est
incompatible avec la liberté et l'indépendance du
pays et les droits civils de toute nation civilisée. 11
demande si des négociations sont entamées pour la
cessation de l'intervention et quels sont les moyens
de résoudre la question.
M. de Cavour a répondu Nous avons le droit
d'avoir Rome pour capitale, et Turin est prête b se
sacrifier; mais nous devons aller b Rome avec le
consentement de la France, et lorsque tous les
catholiques sincères seront persuadés que l'Eglise,
loin d'en souffrir, y gagnera. L'union du temporel
et du spirituel a été toujours et partout la source
de tous les tnaux.
Lorsque nous entrerons b Romenous procla
merons une large liberté eo faveur de l'Eglise. Le
Statut garantira celle liberté. Si la cour de Rome
persiste b vouloir l'union des deux pouvoirs, la
Papauté politique sera responsable des schismes
qui pourront eo dériver.
On lit dans le Moniteur, sous la date du 23
L'Empereur a reçu aujourd'hui, b deux heures
de l'après- midi, daos la salle du Trône, la députa-
lion du Corps législatif chargée de lui présenter
l'Adresse votée par le Corps législatif en réponse
au discours de S. M.
a Celle députBtion avait b sa tête le président et
les membres du bureao du Corps législatif.
A droite et b gauche de l'Empereur, auprès
du Trône, se lenaieot
S. A. I. Mgr. le prince Napoléon, S. A. Mgr.
le prince Lucieo Mural et S. A. Mgr. le prince
Joacbim Murai:
Les grauds officiers de la couronne, les offi
ciers de la maisoo de l'Empereur et lès officiers de
S. A. 1. Mgr. le prince Napoléon;
Les ministres et les membres du Conseil privé,
les maréchaux et les amiraux présents b Paris, le
grand chancelier de la Légion d'Honneur et le
gouverneur des Invalides.
a Le président du Corps législatif a donné
lecture de l'Adresse. L'Emperenr a répondu
Messieurs les députés,
a Je remercie la Chambre des sentiments qu'elle
a m'exprime et de la confiance qu'elle met en moi.
a Si cetlç confiance m'honore et me flatte, je m'en
a crois digne par ma constante sollicitude b n'en-
a visager les questions que sous le point de vue du
a véritable intérêt de la France.
a Être de son époque, conserver du passé tout
a ce qu'il avait de bou, préparer l'avenir en déga-
a géant la marche de la civilisation des préjugés
a qui l'entravent ou des utopies qui la compru-
a mettent, voilà comment nous léguerons b nos
a enfants des jours calmes et prospères.
a Malgré la vivacité de la discussion, je ne re-
a grette nullement de voir les grands corps de
a l'Etat aborder les questions si difficiles de la
a politique extérieure. Le pays eo profite sous
a bieo des rapports. Ces débats l'instruisent sans
a pouvoir l'inquiéter.
a Je serai toujours heureux, croyez-le bieo, de
me trouver d'accord avec vous. Issus du même
a suffrageguidés par les mêmes sentiments
a aidons-nous mutuellement b concourir b la
grandeur et b la prospérité de la Fraoce. a
a Ces paroles ont été suivies des cris unanimes
de Vive l'Empereur! a
On pense que le conseil d'Etal ne tardera pas
b s'occuper de l'affaire de Mgr l'évêque de Poitiers.
Un fait étrange, c'est que l'imptimeor de Mgr.
Pie, M. Henri Oudin,est poursuivi correclioouelle-
ment pour avoir imprimé le maodement de l'élo
quent prélat. Le mandemeot n'étant pas incriminé
au poiul de vue correctionnel, on se demande
commeut l'imprimeur peut être traduit pour ce
fait devant les tribunaux?
Nous lisons dans la Patrie
On oous écrit de S'- Pétersbourg que l'Empereur
de Russie était décidé a maintenir b l'égard de
la Pologue les cinq points qui constituent le
programme libéral adopté b la suite du Congrès
de i856.
Parmi ces ciuq points se trouvent t'iuslitulion
d'un système muuicipal électif; l'emploi de la
langue polonaise pour tous les actes publics; l'or
ganisation de l'instruction publique au point de
vue exclusivement national, et la création des
gardes civiques dans les villes.
Les journaux de Rennes nous apprennent
qu'un jeuoe volontaire pontifical, ayant sollicité
tout récemment de la chancellerie l'aotorisa-
tion de porter une décoration romaine, a reçu
la réponse qu'il pouvait porter cette décoration
&aos y être autorisé par le gouvernement, vu
qu'ayant pris sans autorisation du service militaire
l'étranger, il était tombé sous le coup de l'article
2i du Code Napoléon, et n'était plus Français.
On lit dans le Pays
Les fêtes pour l'auuiversaire de la naissance du
Roi Victor-Emmanuel et la proclamation de son
titre de Roi d'Italie ont été célébrées fort triste
ment b Turin.
Ce qui peut sembler pour d'autres villes de
l'Italie 00e question de vie, nous écrit-on, est one
question de mort pour cette capitale jusqu'à présent
si broyante et si animée. Turio, réduite au rang de
ville de province et de frootière, se voit ruinée, et
quel que soit soo patriotisme, elle ne peut s'empê
cher de pousser on eri de douleur.
Il y a encore une autre crainte, celle de la
guerre avec l'Autriche, qui fait des préparatifs
immenses. Elle construit de nouveaux forts le long
du lac de Garde et sur les hords de l'Adige.
A Vérone, des ordres sont donnés pour loger
5o,ooo hommes et les chemins de fer apporteot
tous les jours de nouvelles provisions de guerre.
Nous lisons dans l'Ami de la Religion
Noos avons reçu le texte de l'Allocution pro
noncée par le Souverain-Pontife dans le consistoire
du 18 mars, et dont un avis du ministère de
l'intérieur nous oblige b ajourner b demain la
publication.
Eo présence des attentats consommés en Italie
par le libéralisme révolutionnaire, le Saint-Père
flétrit et condamne de nooveau, conformément
b l'enseignement de tous les temps, cette liberté
saos frein que ses fauteurs n'invoquent que pour
s en faire un instrument de domination, asservir
l'Église et violer tous les droits.
Nous avons annoncé le déplacement de M.
Leprovost de Lausnay, préfet du Loiret, qui s'était
permis d'enjoindre aux fonctionnaires de ne plos
fréquenter les salons de Mgr. Dupanloup, évêque
d'Orléans. A ce sujet un correspondant parisien
écrit l'anecdote suivante, dont il garantit l'authen
ticité
Parmi les fonctionnaires auxquels le préfet
avait adressé sa malencontreuse circulairese
trouvait le premier président de la Cour impériale
d'Orléans, M. Dttboys d'Angers. Cet honorable
magistrat, qni a été promu l'aonée dernière b son
poste émioent, et qui a donné tous les gages possi
bles au gouvernementa répondu par un refus
motivé au préfet, et envoya le tout, la lettre et la
réponse, au garde des sceaux. Il parait que le garde
des sceaux prit parti pour la magistrature. Quoi
q«'H en soit, M. Leprovost de Lausnay fit annoncer
il y a quelques jours, b M. Duboys d'Angers qu'il
voulait lui dooner des explications sur l'incident.
M. Duboys d'Aogers eut soin de faire prévenir trois
magistrats pour être témoins de la conversation.
Le préfet arriva donc et chercha b expliquer sa
conduite. Le premier président lui dit a Je suis
a fâché, monsieur le préfet, de oe pouvoir accep-
ter vos explications. Votre démarche demeore
inexplicable, et, permettez-moi de l'ajouter,
a inexcusable. Vousavez manquéb la magistrature:
vous lui avez manqué d'abord parce que vons
connaissiez sa respectoeuse et reconnaissante dé-
férenceenvers Monseigneur l'évêque; vous saviez
que le procureur-général avait récemment, dans
a son discours de rentrée, rendu an prélat un hora-
mage que tout le moode avait applaudi; voos-
même, il y a quelques jours, vous dîniez chez un
de nous avec Mgr. Dupanloup. De plus, vous
vous êtes arrogé envers la magistrature un droit
qui ne vous appartenait pas, et dont l'usurpation
a est one offense pour nous. Le préfet voulnt
en vain balbutier quelques mots. Le premier pré
sident reprit Il n'y a qu'une réparation possible
envers la magistrature voici la lettre que vons
m'avez adressée; écrivez en bas que vous n'aviez
aucun droit de l'adresser an premier président
de la Coor d'Orléans. Le préfet fit des difficul
tés, invoqua sa dignité, et finit par s'exécuter.
Vous comprenez qu'après pareil incident, il était
difficile b M. Leprovost de Laosnay de rester b
Orléans. On lui a donné, pour successeur b