44me Année.
Mercredi 17 Avril 1861. -
No 4,543.
14 avril 1696. Mort de M"" de Sévigné.
15 1595. Mort du Tasse.
16 1199. Richard Cœur-de Lion est
blessé mort devant le
château de Cbalus en Péri-
gord.
17 1355. SupplicedeMarino Faliero,
doge de Venise.
LE PROPAGATEUR
pour la ville 6 fr. par an,
4 fr. pour 6 mois, 2-50 pour
trois mois.
FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE.
pour le dehors fr. 7-50 par
an, 5 fr. pour 6 mois, 2-75
pour 3 mois.
ÉPHÉmÉRlDES.
TFEBS, 17 Avril.
REVUE POLITIQUE.
Le Moniteur universel vient de publier la
déclaration officielle du blocus des côtes de l'Alba
nie depuis Durazzo jusqu'aux frontières voisines de
l'Autriche. Le journal officiel dit que les navires
turcs sont chargés d'exercer régulièrement le blocus,
qui a commencé le i3 de ce mois.
Les rumeurs inquiétantes qui circulaient au sujet
de la santé du Souverain-Pontife sont heureuse
ment démenties, et les journaux de Turin, qui
avaient accrédité les nouvelles alannautes répan
dues dans le public, déclarent eux-mêmes aujour
d'hui qu'elles n'ont aucun fondement et qu'il ne
reste plus aucuoe trace de la réceule indisposition
du Saiot- Père.
Le gouvernement pontifical vient de donner
l'avis officiel que le paiement des intérêts do second
semestre de l'emprunt Rotschild ne souffrirait
aucun retard. Malgré la diminution des ressources
résultant de l'annexion des provinces au Piémont,
le Saint-Siège a pu jusqu'il présent faire face b ses
dépenses ordinaires.
La Gazette officielle de Turin vieot de publier
un décret relatif la formation de trois divisions
composées de volontaires italiens. Cette mesure
semble avoir été inspirée par le désir de donner une
certaine satisfaction b Garibaldi, qui se plaignait
vivement de l'abandon où on laissait ses anciens
compagnons d'armes. Un autre décret divise en
quatre décastères l'administration de la Sicile.
Des avis transrais de Turin b Vienne parlent de
préparatifs qui se feraient dans les ports sardes
pour une expédition maritime de Garibaldi. En
attendant, l'ex-dictateur s'empresse d'adresser ses
félicitatious l'empereur de Russie au sujet de
l'émancipation des serfs, mesure qui place
le Czar côté des plus illustres bienfaiteurs de
l'humanité. Les derniers événements de Varsovie
troublent bien uo peu la satisfaction du patriote
italien, mais si le sang innocent répandu
lui arrache quelques regrets, il De l'empêche pas de
célébrer avec chaleur. le bienfait du Czar.
L'agitation continue en Pologne et s'étend dans
toutes les parties du royaume, même jusqu'aux
parties qui sont incorporées dans les États autri
chiens. A «isi, des démonstrations tumultueuses ont
lieu chaque jour h Cracovie, sous forme de proces
sions publiques. L'autorité a publié des arrêtés
dans le but d'empecber le retour de ces manifesta
tions, mais elles continuent.
Une chose préoccupe particulièrement les hom
mes politiques en Allemagne c'est la défense des
côtes dans les États maritimes. Si nous sommes bien
informés l'État qui ponsse le plus b cette mesure
serait la Bavière. Ses représentants ont demandé,
eo effet, b la commission militaire, qui siège b
Francfort, qu'il soit formé sans retard une brigade
chargée spécialement de défendre les côtes et
d'assurer l'exécution des armements jugés néces
saires pour résister b toute attaque extérieure.
i< 9 ;i'q «s—i
PLANTATIONS DES CHEMINS DE FER. -- PROPOSITION
DE M. BORTIER.
M. Bortier a adressé b la Soeiélé centrale d'agri
culture la proposition soivante, ayant pour objet
d'utiliser, au moyen d'une combinaison b la fois
simple et ingéuieuse, les accotements des voies
ferrées
La Société centrale d'agriculture n'a pas exclu
sivement pour mission de propager les meilleures
méthodes de culture, de favoriser le perfectionne
ment des animaux, de répandre les meilleures
machines et instruments agricoles; elle doit aussi
s'intéresser b toutes les questions qui peuvent aider
plus ou moins directement b l'extension en même
temps qu'b l'amélioration dn sol arable. Il me
paraît donc que l'utilisation des terres qui sont b
proximité des voies ferrées peut être de sa pa-t
l'objet d'un examen; car elle trouverait ainsi
l'occasion de provoquer l'exploitation des terrains
abandonnés jusqu'à ce jour.
Notre Association agricole, par son intervention
indirecte daos les questions de celle nature, peut
exercer one influence dont on oe saurait mécon
naître l'utilité, et ses membres restent fidèles b leur
rôle quand ils vieuneut solliciter cette intervention
dans les cas où il leor semble que l'initiative est
avantageusement prise.
C'est dans cet esprit que je crois devoir vous
faire une proposition ayant pour but d'appeler
l'attention des directeurs des chemins de fer de
l'État et des Compagnies concessionnaires, sur uu
moyen qui me semble d'exécution facile et qui
n'exigerait aucun frais de la part des administra
tions pour arriver au boisement des déblais et
remblais qui longent les chemins de fer et qui
aujourd'hui soot considérés comme des terraius de
nulle valeur.
Ce moyen consisterait b concéder aux proprié-
aires riveiams, pendant quinze ou vingt aunées,
les talus intérieurs ou extérieurs des chemins de
fer, b la condition d'y établir une plantation de
bois taillis de l\espèce la mieux appropriée a la
nature du sol, et qui a une époque marquée ferait
retour b l'Étal ou aux Compagnies.
En éveillant l'intérêt des riveraius par des avan
tages assurés pour uu certain nombre d'années, on
donnerait one valeur importante b des terrains
aujourd'hui abandonnés et de nul rapport; l'éta
blissement de ces bots taillis et les travaux qu'exi
gent les coupes uffriraieut de plus aux ouvriers des
campagnes des ressources b uue époque de l'année
où les champs suut encore dans uu repos complet.
Si, comme j'en ai l'espoir, ma proposition est
favorablement accueillie, une circulaire aux diver
ses administrations des chemins de fer ferait con
naître le vœu de la Société centrale.
J'ai l'booneur de demander que cette proposi
tion soit renvoyée b l'examen d'une coaimissjOQ f
avec prière d'en faire prochainement l'objet d'oo
rapport. P. Bortier.
Quoique les détails de l'accident arrivé le i" de
ce mois au Saint-Père, soient déjà connus on lira
avec plaisir sur ce sujet la correspondance suivante
adressée de Rome au Monde eu date dn 6 avril
Je veux compléter le récit qoe je fis b la hâte
dans ma dernière lettre, et donner b vos lecteurs
des détails pleios d'intérêt sur l'événement survenu
b la chapelle Sixtioe.
Le Saint-Père, contre son habitude, était sorti
de ses appartements la tête couverte du chapeau
pontifical et le corps enveloppé du manteau rouge.
Soo visage était abattu. Ou dit qoe la nouvelle de
la reconnaissance par l'Angleterre et par la Suisse,
du litre de Roi d'Italie, escamoté par Victcr-
Emmanuel, l'avait péniblement impressionné. Je
ne sais. Toujours est-il qu'au moment où Mgr
Ricci chantait l'Évangile au pied du trône, Pie IX
s'est senti plus mal. Il était debout, ayant b ses côtés
deux cardinaux de l'ordre des diacres, LL. EEm.
Roberti et Ugoliui. Les prélats, qui peodaDt la
cérémonie sont assis sur les dernières marches du
trône, s'étaient éloignés pour faire place b Mgr
Ricci et aux acolytes. Avant la fin de l'Évangile, le
Pape a été forcé de s'asseotr. Sa tête vénérable s'est
penchée sur sa poitrioe. Il s'est évanoui. La stupeur
dod moins que le respect de la cérémouie ont
eqchaîué chacun b sa place. Le majordome de Sa
Sainteté, Mgr Borroràéo, retend dans èon lit depuis
deux jours, était absent. Mgr Pacca, dont le dévooe-
ment filial est extrême a semblé uo instant dominé
par la douleur, puis il est sorti précipitamment pour
aller chercher des sels, et ordonner aux porteurs
d'amener la chaise dans laquelle il est d'usage dé
transporter les Pontifes alors qu'ils sont empêchés
de marcher. Il n'y avait point de médecin au
palais, point de remèdes dans la sacristie.
Pie IX, assis sur son trône et revêtu de lourds
et majestueux ornements pontificaux, était immobile
et paraissait sans vie. Les deux cardinaux Ugolini
et Roberti, pleins d'effroi, le soutenaient, un senti
ment d'angoise indicible opprimait l'assistance.
Six ou sept minutes se soot lentement écoulées
aiosi; puis, le Pape ayant respiré du vinaigre,
a commencé b reprendre ses esprits. Les porteurs
sont arrivés, Pie IX s'est levé, et, soutenu par les
deux diacres, a descendu les sept marches du trône.
La chaise, de forme Louis XV, garnie b l'extérieur
de velourâ cramoisi avec des ornements dorés, avait
été placée de façon que le Pape, s'y étant assis,
regardait l'assemblée. Avant qu'on ne l'emportât,
Pie IX s'est redressé de toute sa hauteur, et par un
mouvement admirable de majesté sainte, il a levé sa
main droite aussi haut que sa taille le lui permettait,
comme s'il allait chercher la bénédiction dans
le ciel même, me disait un de ses prélats; et il a
fait nu grand signe de croix, se tournant vers la
gauche et vers la droite avec une lenteur solennelle
et silencieuse qui a si fortement saisi les assistants,
que tous, non seulement les patriarches, les é»è-
ques, les prélats et les prêtres, mais les cardinaux
eux-mêmes, se sont prosternés b genoux. Or, on
sait que le cérémonial ne permet pas aux ptêtres de
l'Église de s'agenouiller peudant la bénédiction du
Pape; leur grande dignité fait d'eux en quelque