Les livres en langues françaises, mortes ou étrangères, sont réciproquement admis en franchise de tout droit. A partir du 1' janvier 1862, tous nos minerais sans distinction entreront en France, en vertu du droit commun. 11 en est de même des étoupes. Le droit de sortie, réduit 4 90 par 100 kilog. en 1853, est supprimé. Les graines, les farines et les pommes de terre sont exemptes de tout droit d'ex portation. Le nouveau traité stipule que les titres émis par les départements, les communes, les établissements publics ou les sociétés anonymes de France qui sont cotés la Bourse de Paris, seront admis la côte officielle des Bourses de la Belgique. La réciprocité est assurée aux titres belges dans les Bourses de France. Toutefois pour prévenir les abus et rester dans l'esprit de la législation qui proscrit les loteries dans les deux pays, la clause ne s'appliquera pas aux valeurs émises avec lots ou pri mes et auxquels le taux d'émission attri buerait un intérêt inférieur 3 p. c., soit du capital réellement emprunté, si celui- ci est inférieur au capital nominal. Le Sénat a adopté samedi le projet de loi allouant un crédit de quinze millions et demi de francs pour la transformation de l'artillerie belge 27 membres ont dit oui, 7 ont dit non, et 9 se sont abstenus. Après le vote de deux projets de loi d'un intérêt secondaire, le Sénat s'est ajourné indéfiniment. Voici comment s'est réparti le vote au Sénat sur le crédit de 15 millions destinés l'amélioration de notre artillerie Ont volé pour MM. d'Omalius d'Halloy, Dupont d'Ahéréele marquis de Kodes, Lonhienne, de Cannaert d'ilamale, Laou- reux, le comte de Renesse Breidbach, de Thuin, le baron Mazeman, Martens, Lau- vvers, Corbisier, Zaman Fortamps, le baron de Rasse, Van Schoor, Sacqueleu, F. Vergauwen, J. Vergauwen, le baron Dellafaille, le comte de Ribaucourt, Van Woumen Spilaels Seutin baron de Tornaco, Boyaval et le prince de Ligne. Ont volé contre MM. W'incqz, Van Naemen, le comte Ludovic de Robiano, Sliellemans, Cassiers, le comte Maurice de Robiano et Mosselman. Se sont abstenus: MM. le baron d'Ane- lhanle baron Bethune, Joostensde Labbeville, le baron de Sélys Longchamps, Gilles de Pilleurs Hiégaerts et Michiels- Loos. Un étudiant en droit du collège du Pape Louvain, vient de nous adresser, en date du 7 de ce mois, un article sur la prise d'habits de M. Adolphelweinsd'Eeckhoutte, notre concitoyen, avec prière de vouloir l'insérer dans les colonnes de notre feuille. Nous nous empressons de satisfaire cette demande. Voici cet article monsieur Fierens, Médecin-Occuliste, vient de reprendre ses consultations hebdomadaires, Chôlel des Armes de France, Courtraù -gi Nous venons d'assister dans noire ville b une de ces cérémonies a la lois simples ei sublimes dans lesquelles la religion catholique dévoile mutes ses beautés et inspire l'âme les émotions les plus douces et les plus profondes. Un des étudiants les plus distingués de l'Univer sité catholique, M. Adolphe Iweins d'Eeckboutte, renonçant sa famille, b sa fortune, b un avenir brillant, pour se consacrer tout entier b Dieu dans l'ombre et le silence de la vie religieuse, vient de prendre, le 29 avril dernier, l'habit de S' Domi nique. Une foule nombreuse et choisie se pressait dans l'humble chapelle des fi ères Ptêcheurs. A côté de la famille du jeune novice un grand nombre de professeurs de l'Université, et plusieurs ceutaines d'étudiants appartenant b toutes les facultés, se trouvaient réunis pour accompagner jusqu'au pied des autels celui qui avait été leur élève et leur ami. Les qualités, le talent, le passé du jeune religieux, les circonstances dans lesquelles il s'immolait b Dieu les souvenirs et les rapprochements que l'événement évoquait, tout donnait b la cérémonie un caractère de touchante sublimité qui ue pouvait laisser de remuer profondément des cœurs catho liques. M. Adolphe Iweins d'Eeckboutte appartient b l'une des familles les plus anciennes et les plus honorables de votre ville. C'est au sein de celte famille qu'il puisa dans les enseignements d'une mère chrétienne cettè foi et cette piété qui au pensionnat de Marcq et au collège S'-Vîncent b Ypres, lui assurèrent de la part de ses condisciples et de ses maîtres uue estime et une affection dont l'un de ses anciens professeurs parlait naguère encore avec attendrissement. Après avoir achevé ses éludes humanitaires de la manière la plus brillante, Adolphe Iweius vint fréquenter les cours de l'Université de Louvain. Sa piété ue fit que croître en s'affermissant. Il fut b Louvain le modèle de l'étudiant catholique. Les succès qu'il remporta dans ses études universitaires n'étonnèrent personne. Non-seulement il cou ronna chaque année académique par un brillant diplôme mais il composa en outre plusieurs tra vaux historiques dont le mérite fut apprécié par des juges compétents. Vous savez qu'il dédia au bourgmestre de sa ville natale une biographie du premier évêque d'Ypres, du saint et courageux confesseur du comte d'Egmont, de Rythovius doot la figure calme et sereine repose les regards de l'historien au milieu des sanglantes agitations du xvie siècle. Non content de s'associer aux flatteuses félicitations de plusieurs sociétés savantes et des plus hautes notabilités scientifiques et littéraires, le Conseil communal d'Ypres vota par acclamation b M. Adolphe Iweins d'Eeckboutte les plus cha leureux remerciments. En même temps la Société littéraire de l'Université de Louvain, la Société d'Emulation de Bruges, la Société dunkerquoise et l'Académie royale d'Archéologie d'Anvers, en voyèrent spontanément au jeune auteur le brevet de membre actif. Bientôt, et pour témoigner sa reconnaissance il publia une notice sur le Zaelhof, ancien château des Comtes de Flandres a Ypres. Le succès de cette nouvelle œuvre ne se fil pas atten dre. Les mêmes témoignages si flatteurs, les mêmes félicitations qui avaient accueilli l'esquisse de Rythovius, furent décernées b la nouvelle notice. Le jeune et brillant étudiant se préparait b la dernière épreuve du doctoral; mais son âme,avait soif de J.-C. Il faut aux âmes d'élite que la grâce a touchées, s'élever dans le calme de la soli tude sur les ailes de la prière, pour aller chercher la lumière et la rosée dans leurs sources, et toucher jusqu'au Cœur de Dieu. L'ordre de S'-Domiuique lui apparut alors comme le rendez-vous où l'esprit de celui qui depuis dix-huit siècles a suscité dans tous les rangs, dans toutes les classes de la société les dévouements les plus purs, le conviait. Il aimait cette vie b la' fois active et contemplative; car le frère Prêcheur tout eu étaut retiré du monde, vit dans le monde et pour le monde. Il est écrivain, théologien, doc teur, ou bien missionnaire, prédicateur, apôtre. Ce sera Vincent de BeauvaisAlbert-le-Grand Thomas d'Aquio l'ange de l'école, ou sur un théâtre plus éclatant Vincent Ferrier, Hyacinthe de Pologne, Barthélémy de Las Casas, et ce fa meux Savonarote, l'idole de Floreuce soulevant des populations entières au son de leur éloquence divine. Quand le bruit se répandit que M. Adolphe Iweins d'Eeckhoutte allait quitter l'Université pour revêtir la robe blanche des enfants de S'-Dominique ses nombreux amis voulurent l'accompagner jusque sur la limite de la vie du monde. Des larmes coulèrent de bien des yeux quand le jeune élève de la Faculté de droit, incliné sans la main du R. P. Rouard de Card, provincial des frères Prêcheurs, commença scn grand renon cement. Il abandonnait sa famille qui pleurait b ses côtés et ne pouvait trouver d'autre consolation b sa douleur que la foi qui lui répétait les paroles de cette illustre Dominicaine, Ste Catherine de Siennes sous les auspices de laquelle il fesait son entrée en religion. Je suis plus près de vous depuis que je suis plus près de J.-C. Il renonçait aux avan tages de la fortune aux douceurs d'une vie sur laquelle l'éclat de son nom, la mémoire de ses ancêtres, ses propres mérites et ses vertus, répan daient tous les charmes qui peuvent loucher le cœur de l'homme. Il disait adieu b des amis nom breux et dévoués et se dérobait b on avenir dont déjb l'aurore souriait b ses regards. Pourquoi s'étonner que de grands souvenirs aient surgi dans toutes les âmes, quand le jeune religieux encore couvert de ses litres académiques entouré de la jeunesse et des professeurs de l'Uni versité, apparut revêtu de ce froc six fois séculaire qui autrefois semontraildans les chaires de l'Aima Mater avec le prestige de la science et du génie? Tous les esprits, remplis de ces souvenirs, voyaient dans l'étendue des siècles l'antique AlmaMater se redresser dans la majesté de sou passé, et montrer au milieu des rangs serrés de ses docteurs et de ses enfantsla brillantecohorte desfilsdeS' Dominique! Tous voyaient se dérouler b l'grobre des grandeurs académiques les scènes d'autrefois l'humble reli gieux monter dans la chaire de Juste Lipse pour distribuer aux intelligences le pain de la science et celui de la foi; l'Université b son tour, amener quelques-nns de ses enfants sous la bannière de S'-Dominique et de S'-Thomas, et souvent noe des grandes figures doot la gloire rayonne sur tonte l'histoire de VAima Materse voilerjsoudain et disparaître dans l'ombre du sacrifice pour aller s'éteindre devant Dieu dans le silence et la solitude du cloître. Et l'âme pleine de ces pensées nous ne pouvions voir sans émotion le jeune Dominicain renouer dans sa personne d'antiques liens que de communs malheurs ont un moment brisés, mais qui, nous l'espérons, pourront se rétablir pour la pins grande gloire de la religion et de la patrie. L'allocution b la fois simple et relevée du R. P. Rouard de Card ne contribua pas peu b réveiller ces divers sentiments dans nos âiues. Nous nous sentîmes attendris lorsque, s'adressant b la famille du jeune Dominicain et b ses nombreux amis, il nous montra qu'en religion la grâce ne détruit pas la nature, mais qu'elle l'embellit, la perfectionne, la rend plus aimante. L'b-propos d'une des paroles de celui qui est sans conteste b notre époque le plus illustre fils de S'-Domiuique et le plus émioent orateur sacré, du R. P. Lacordaire dont la chaire de N. D. regrette encore les accents, vint rendre cette vérité plus resplendissante encore. Il est vrai, dos cœurs n'en doutaient pas, mais nous aimions l'entendre rappeler, surtout eu cette circonstance. L'impiété contemporaine pourra poursuivre de ses dédains la beauté et la grandeur du sacrifice religieux. Elle n'oubliera pas de glorifier par ses outrages ces ordres contre lesquels il lui larde de voir s'ameuter la défiance, la haine et toutes les passions. Pour nous, nous le disons hautemeut, lorsque nos cœurs se serrent d'angoisse, lorsqu'ils étouffent sous le poids de cette atmosphère chargée d'orages, oh! ils s'ouvrent et s'épanouissent b la fraîcheur de ces émotions dont la foi les inonde. Dans ces temps de suprême incertitude où le chrétieD ne peut voir sans terreur la société dessé chée par l'égoïsme et la sensualité, se débattre contre la mort, au milieu des institutions en ruine, il faut pour se consoler lever les yeux vers le ciel et se dire C'est la religion de J.-C. qui un jour par l'abnégation, le renoncement don! ses enfants donnent l'exemple, déracinera l'orgueil dans les cœurs et domptera les passions révoltées; c'est la foi qui dissipera les ténèbres et rendra la vue a l'intelligence; c'est encore la religiou catholique qui fera descendre la rosée vivifiante sur les ruines et fera fleurir les déserts; c'est elle qui de son souffle immortel rajeunira l'humanité défaillante, comme jadis l'esprit de Dieu, soufflant dans les champs des morts, sur les ossements desséchés, fit tressaillir les générations dans la froide poussière, et leur rendit la vie et la fécondité. Un étudiant de la faculté de droit.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1861 | | pagina 2