4Sme Année.
Mercredi 22 Mai 1861.
N° 4,553.
pour la ville 6 fr. par an,
4 fr.'pocr 6 mois, 2-50 pour
trois mois.
EOl CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE.
pour le dehors fr. 7-50 par
an, 6 fr. pour 6 mois, 2-^5
poûr 3 Mois.
ÉPDÉMÉRIDES.
19 mai 1681. Ouverture du canal du Lan-
f;uedoc.
nsurrection de Rienzî
Rome.
21 1809. Bataille d'EssIing.
22 337. Mort de l'empereur Con
stantin.
TFFJDS, 22 Mai.
REVUE POLITIQUE.
LE LOUP ET LE BUCHERON
La Chambre des Représentants a adopté
samedi l'unanimité, moins deux absten
tions, le traité conclu entre la Belgique et
la France.
Convenons en, il lui était impossible de
faire autrement bien d'intérêts se trouvent
lésés par le traité; de plus, le ministère a
fait 6 de l'autorité législative en laissant
introduire dans le traité des dispositions
rejetées par le parlement belge; mais il
fallait opter on rejeter le traité, se brouil
ler avec un puissant voisin, la France, qui
pouvait chercher noise nos principales
industries et tarir les sources de la pros
périté nationale; ou sautera pieds sur
les intérêts sacrifiés par le cabinet, donner
en quelque sorte celui - ci un bill
d'indemnité et voter le traité. C'est ce que
la Chambre a fait: de deux maux, elle
a choisi le moindre; mais cela n'est pas
moins regrettable dans l'intérêt de nos
S
LE PROPAGATEUR
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La circulaireque M.de Persigny tient de publier
pat la toie du Moniteur universel a causé uDe
pénible sensation h Paris. Il n'en pobtait être
autrement. La circulaire ministérielle est adressée
tous les préfets, qui sont intilés surveiller atec
soin tootes les tentatives dé publications qui
seraient faites au nom de personnes bannies ou
exilées "du territoire. Quel est le motif de cette
mesure de rigueur? quel fait a pu lé protoquer?
M. de Persigny fait allusion a une récente brochure
dont il ne donne ni le titre ui le nom de l'auteur,
et qui a mérité fa soo éditeur et fa l'imprimeur une
double condamnation. On a déjfa deviné qo'il s'agit
de la Lettre sur l'histoire de France par S. A. R.
le doc d'Aumale.
La Chambre des députés de Turin a tenu samedi
une séance instructive. L'ordre du jour appelait le
développement d'une proposition de M. Ricciardi
relative fa l'incamération des biens de main morte,
a Ce qo'il nous faut surtout en ce moment, a dit
'l'orateur, c'est de l'argent. Ce mot terrible Argent
se représente partant; d'où le tirerons-nous? De
l'emprunt? Mais les âoo millions suffiront fa peiné
aux besoins les plus urgents.
Où donc trouver des ressources? M. Ricciardi
n'est nullement embarrassé: il propose de battre
monnaie avec les biens du clergé et des contents
du royaume de Naples et de la Sicile. A quoi
servirait-il, en effet, d'avoir affranchi ce pays si oo
ne le pressurait un peu? D'ailleuis, les Deux-
Siciles oe saoraieot payer trop cher leur indépen
dance. Quant ao patrimoine de Saint-Pierre, qui
n'est pas eucoré fa nous, a ajouté M. Ricciardi, mais
qui le sera, il faut l'espérer, quand nous l'aurons
nous roulerons sur l'or.
ou
U PRÉSENCE D'ESPRIT TIRE L'HOMME DES PLUS
MAUVAIS PAS.
Il était une fois un bûcheron et nne bûcheronne,
qui n'avaient pas d'enfants. Le mari s'appelait
Thomas et la femme Catherine. Toos deux étaient
fort pauvres, et ce n'était qu'à force de travail et de
privations qn'ils arrivaient fa mettre, comme on dit,
les deux bouts ensemble. Le matin, Thomas partait
avec sa cognée sur l'épaule et son bissac sous le
bras. Comme bien vous le pensez, ce bissac ne
contenait pas d'abondantes provisions. Thomas
était sobre pargoût et par nécessité; il se contentait,
pour déjeuner, d'un morceau de pain bis qu'il
frottait d'ail ou d'oignon, et quand venait le dîner,
il remplaçait l'ail ou l'oignon par un morceau de
lard fumé sons le manteau de sa cheminée. Catherine,
die, de son coté, apportait dans son ménage tout le
soin et toute l'économie désirables. Ses seules
occupations consistaient fa filer tout le long de la
journée sur le seuil de sa porte, jusqu'à ce que le
Quelles ventes fructueuses, eu effet, que celles
de ces trésors d'art et de science accumulés fa Rome
par le génie civilisateur des Papes et la géûémfaité
reconnaissante dé U chrétienté A l'encan les
monastères, les bibliothèques, les musées Aux
enchères les collections inutiles du Vatican Et ce
beau jour vernlf M. Ricciardi proposerait peut-être
de veudre la basilique de Saint Pierre elle-même
aux Anglais pour eu faire uu autre Saint-Paul 1
Les difficultés qui régnent depuis quelque temps
déjfa entre l'Autriche et la Prusse, fa propos de
certaines questions d'un intérêt commun fa tous les
États de la Confédération germanique, oe semblent
pas devoir être résolues de si tôt dans les conditions
d'apaisement et de concorde que l'on doit naturel-'
lemenl désirer. C'est particulièrement sur la ques
tion de l'organisation de l'armée fédérale et sur celle
de sou commandant que l'Allemagne fa été divisée.
C'est celte question qui aigrit la politique encore
aujourd'hui.
L'empereur et l'impératrice d'Autricbe ont
quitté Trieste pour retourner fa Vienne. Avant son
départ, l'Empereur a signé uo décret d'amnistie en
faveèr de tous les priSonbiers politiques condamnés
par les tribunaux militaires de Triefate. C'est uo acté
qui aura du retentiSSenSéni dans tout l'Empiré et
qui prouve une fois de plus que le cbévaleresque
Empereur veut jeter uo voile sur le passé pour né
plus songer dans l'avenir qu'à féconder les libérales
institutions qo'il a librement octroyées aux peuples
dootil guide les destinées.
Le fVanderer publie quelques fragments du
diseoors que Teleki devait prononcer fa la Diète de
Hongrie dans la discussion de l'Adresse, n'admet
tait comme base de réconciliation que le rétablis
sement complet de l'autonomie de la Hoogrie.
C'était, par conséquent, le système de l'union
personnelle qu'il aurait appuyé.
Lecoogrès commercial allemand vient d'adopter
fa l'unanimité les propositions de M. Soelbeer sur
l'unité des monnaies eu Allemagne, et des propo
sitions additionnelles de Francfort sur la circulation
provisoiredes monnaies prussiennes et autrichiennes.
Le conseil d'Étal de Genève a refusé de retirer
la démission collective qu'il avait donnée fa l'occa
sion du jugement reudu dans Une affaire de coups
et violences dont M. Kazy a été victime.
coucher du soleil l'avertît qu'il était temps de
songer au souper de son mari.
Uu soir qu'ils étaient assis tout deux au coin de
la cheminée, et que Catherine atiisait soo feo pour
faire bouillir la marmite avant de tremper la soupe,
ils entendirent remuer le loqueteau de la porte. La
peur les saisit. Catherine se (approcha de son mari
qui,lui- même, tremblait de tous ses membres. Leur
cabane, quoique sur la lisière du bois, était encore
fort éloignée de la ville, et, depuis quelque temps
ou parlait d'attaques fréquentes qui avaient lieu
daDs les environs, soit par des voleurs, soit par des
animaux féroces que la faim chassait hors du bois.
Ou était alors eu hiver. La neige couvrait la terre,
et la.gelée faisait craquer les planches mal jointes de
la cabane de Thomas.
Après quelques minutes d'attente, Catherine dit
fa son mari Va dooc voir, notre homme, qui est-
ce qui a remué ootre loqueteau C'est le vent,
répoodil Thomas, qui ne se souciait nullement de
mettre sou Dez dehors. Tu as peut-être raison,
répliqua la femme.
Ils se mirent donc fa se chauffer comme aupara
vant, Thomas, les coudes appuyés sur ses genoux,
Une dépêche de Madrid annonce que S. M. la
rcioe Isabelle a signé le décret par lequel elle
accepte, au oora du peuple espagnol, l'annexion de
la république dominicaine. Celte décision se (onde
sur le voeu des populations unanimement et libre
ment manifesté.
La Patrie a des nouvelles de Beyrouth qui vont
jusqu'au i4 mai. On assurait, fa cette date, que des
instructions étaient arrivées de France, et que, par
suite de ces instructions faisant connaître lès der
nières décisions prises fa Paris, des ordfes avaient été
envoyés 'du quartier général fa tous les cheffa dé
corps afio qu'ils eussent fa prendre leurs dispositions
pour le départ. Les troupes devront, dit-on, être
toutes rendues fa Beyrouth le 29 mai. Le directeur
des mouvements du port, M. le capitaine de frégate
Maurin, avait reçu l'ordre de tenir piêts pour cette
époque, les chalands nécessaires fa l'embarquement
des troupes ét du matériel. Dans la matinée du i4,
la nouvelle a été apportée fa Beyrouth que le
célèbre chef des Druses, Saïd-bey-Djombiat, dont
le procès a fait taul de bruit, serait mort de chagrin
dans sa prisoD. C'est loi qui a présidé aux massacres
de la Montague.
et présentant ses mains au 'feu, autant pour les
dégoudir que pour se préserver la figure nos deux
braves gens ne pensaient fa rien ou du moins fa peu
de choses.
Tout fa coup, Te même bruit qui les avait déjà
effrayés se renouvela; le loqueteau s'agita bruyam
ment et la porte s'ouvrît. Que vireot-ils entrer
alors dans la chambre C'était un loup Le mari
et la femme furent tellement stupéfaits fa cette vue
qu'ils restèrent comme cloués fa leur place sans
pouvoir bouger ni parler.
Le loup, qui était d'une grosseur monstrueuse,
s'avança, en tirant la langue, vers la cheminée, où
quelque odeur de quisine se faisait sentir. Il appro-
- cha sa gueule de la marmite, et relira précipitam
ment. 11 s'était brûlé. Pendant ce temps, 00 oe
saurait se figurer l'effroi de Catherine et de Thomas
regardant avec anxiété ce loup qui, du reste, s'in
quiétait fort peu des maîtres de la maison. Une idée
traversa l'esprit de Thomas il fil uu léger signe fa
Catherine, en lui désignant de l'œil la marmite qui
bouillait très- fort; puis il se mit fa crier: Catherine,
verse! Catherine avait compris. Elle empoigna
avec vivacité la marmite par son anse, et avant que