DÉPÊCHES TÉLÉGRAPHIQUES.
quer une discussion approfondie sur la conduite et
les actes do cabinet. Celte déclaration de M. B.
Dutnortier a été fort bien accueillie par la Cham
bre, et M. le ministre des affaires étrangères a dû
reconnaître loi-même que la droite n'a cédé qu'à
son patriotisme et non pas b la peur en ajournant
un débat doot on parle depuis longtemps et qui,
lorsqu'il se produira, ne tournera pas, c'est notre
profonde conviction, b l'avantage dn ministère.
Forcé dans ses derniers retranchements par les
questions de M. B. Dnmortier, M. Rogier s'est levé
et a dit, avec un sans-gêne fort peu en situation,
que M. de Vrière était sorti du cabinet parce que
c'était son plaisir; que loi M. Rogier était passé au
départemeot des affaires étrangères parce qu'il
l'avait trouvé bon que M. A. Vandenpeereboom
avait pris la direction du ministère de l'intérieur,
parce qu'il y allait de l'intérêt du cabinet et de
l'opinion ministérielle; quant b M. Frère, quoiqu'il
eût quitté le ministère sur une question spéciale,
on n'avait pas cessé de le considérer comme minis
tre; sa rentrée aux affairée était donc, d'après M.
Rogier, toute naturelle; enfin, pour ce qui est de
M. Vaoder Stichelen, M. le ministre des affaires
étrangères s'est demandé si c'était poor faire plai
sir b M. B. Dutnortier qu'il aurait dû quitter le
poste de ministre des travaux publics.
M. le ministre des affaires étrangères avait cru
que M. B. Dumortier se contenterait de ces lazzis
indignes d'un débat sérieux; mais il avait compté
sans l'énergie et la persistance de son honorable
interlocuteur M. Dumortier a donc protesté con
tre cette étrange manière de s'expliquer et il a posé
de nouveau le débat sur son véritable terrain en
demandant le dépôt sur le bureau de toutes les
pièces relatives b la reconnaissance de l'Ilalia et des
lettres de créauce du nouveau ministre belge b
Turin.
M. Rogier a hésité longtemps pour répondre
sur ce point. Toutefois, il a fini par dire que M.
de Vrière a quitté le ministère parce qu'il n'était
pas d'accord avec ses collègues sur l'acte de la
reconnaissance de l'Italie. Il a déclaré ensuite qu'il
ne pourrait déposer les pièces indiquées par l'ho
norable préopioant qu'après l'arrivée b Turin du
nouveau ministre belge. Du reste, a - - il ajouté,
nous n'avons fait que céderen reconnaissant
l'Italie, aux intérêts du pays et aux devoirs de
notre neutralité. Nous reconnaissons le fait accom
pli, a-t-il dit encore, sans nous en porter juges ni
solidaires et tout en réservant notre appréciation
sur les faits b venir.
Après ces déclarations insuffisantes et incom
plètes, M. Rogier a cru pouvoir faire appel b la
confiance de la Chambre, mais le débat n'était pas
clos. M. Vilain XUll s'est levé pour demander le
dépôt sur le bureau dans le but d'éclairer la
Chambre de la circulaire Ricasoli demandant la
reconnaissance de l'Italie; du texte des réserves
faites par le gouvernement en reconnaissant le roi
d'Italie; de la lettre offirielle qui a été adressée b
l'envoyé des Deux-Siciles pour lui annoncer la
rupture des relations diplomatiques entre la Belgi
que et S. M. François II.
M. Rogier a communiqué diverses pièces sur
lesquelles nous aurons l'occasion de revenir.
Toute la partie de ces documents qui concerne
le fait de la reconnaissance du nouveau royaume est
très-vague. On dirait que le cabinet n'ose rien
préciser. M. Nothomb De veut pas de réticence ni
de mot b double sens. Pour faire sortir la question
des nuages dont l'enveloppe la prose diplomatique
de M. Rogier, l'honorable député de Turnbout
voudrait une déclaration catégorique du ministre,
afin de savoir quel sens, quelle portée et quelle
étendue le cabinet donne b l'acte de la reconnais
sance du nouveau royaume. Le ministère entend-
il, s'est écrié l'orateur, reconnaître d'uoe manière
absolue les annexions du Piémont? Considère-1-il
ces annexions comme valables et conformes b la
justice et au droit des gens? Ces questions, on en
conviendra, méritent d'être élucidées; mais M.
Rogier semble vouloir les éluder avec soin. Il pré
fère rester daosles termes vagues et amphigouriques
de sa correspondance. Cependant, il n'est pas de
jour où l'on n'entende dire que les ministres oe
demandent qu'à s'expliquer franchement. Eh bien
l'occasion est bonne! La discussioo de cette grave
question sera TepTÎse demain, et le cabinet pourra
satisfaire l'opinion publique s'il veut réellement
en finir avec sa politique ténébreuse.
a A la fin de la séance, M. 6. Dumortier a fait
entendre de courageuses et éloquentes paroles
contre le système des annexions. L'éloquent patriote
a retrouvé toute sa verve et toute soo énergie pour
flétrir une politique que le boo droit réprouve et
contre laquelle tout Je passé de la Belgique pro
teste. M. B. Dumortier a eu raison de le dire, le
nouveau programme du ministère booleverse la
Constitution. Il faut donc le discuter sérieusement.
Espérons qu'on ne cherchera pas b étouffer le
débat.
Bruxelles, le i5 novembre 1861.
Monsieur le gouverneur,
L'art. 20 de la loi du 3o mars 1861, insti
tuant une caisse centrale de prévoyance en
faveur des secrétaires communaux autorise
ceux-ci faire valoir des services rétroactifs,
la condition formelle d'en transmettre au
gouvernement la déclaration écriteavant
l'expiration du premier semestre.
Les statuts organiques de la caisse dont il
s'agitn'ayant été revêtus de la sanction
royale que le i5 juin 1861, c'est partir de
cette date que doit prendre cours le délai de six
mois pour l'envoi des déclarations de services
rétroactifs et des documents pourront m'être
adressés jusqu'au i5 décembre prochain.
Pour le ministre de l'intérieur,
Le secrétaire général, Ed. Stevbns.
nomination ecclésiastique.
M. Verscheure, vicaire b Ruysselede, est nommé
vicaire b Giis.
nécrologie.
La ville de Béthuoe (France) vient de perdre sa
doyenne d'âge, Mm° veuve Placide Lardez, née b
Bétbuue, le 24 janvier 1761, est décédée le 8 de ce
mois, b l'âge de ceot aus, neuf mois et quatorze
jours. Sa maladie n'a pas duré plus de vingt-
quatre heures. Elle s'est éleiole saus souffrances.
Le Monde dément la nouvelle de la mort du
R. P. Lacordaire. L'e'iat de l'illustre dominicain,
tout en continuant b inspirer de vives inquiétudes,
s'est un peu amélioré.
Sp. Tzelzipbes, savetier b Athènes, y est
décédé dans le courant de ce mois, b l'âge de cent
douze aus. Il avait, selon le Précurseur Grec,
travaillé comme manœuvre, il y a quelque cent
aonées, au mur d'euceime dont le gouverneur turc
Hasékis avait fait alors entourer la ville et doot les
derniers vestiges disparurent en 1835.
M. G.-C. Jacobs, né b Bruxelles le 6 février
1761vieut de mourir ces jours derniers b la maison
des vieillards b Malines, ville qu'il habitait depuis
1780. M. Jacobs, qui était âgé de cent aus et neuf
mois avait conservé l'usage de toutes ses facultés
intellectuelles.
M. Emmanuel Van Acker, directeur et
administrateur gérant de l'important établissement
de construction de machines Le Phœnix b Gand,
y est décédé hier b l'âge de 56 ans.
nouvelles diverses.
On nous écrit de Poperingbe, 22 c®
Pendant le couraot de cette semaine, on a vendu
ici du houblon de la dernière récolte, b raison de
fr. i5o b fr. 162 les ôo kilogrammes.
Lundi, vers six heures du soir, le nommé Fr.
Plateau, garde convoi au chemin de fer de la
Flandre Occidentale, est tombé du convoi sur les
rails, b Bisseghem, et a en le pied droit écrasé.
Le nommé François Nassel, âgé de 58 ans,
pêcheur b bord de la chaloupe de pêche Remi, a
reçu en mer un coup contre la poitrine. Il a été
débarqué samedi dernier b Ostende et a succombé
dimanche b ses blessures.
Oo écrit de Blankenberghe, 20 novembre
a Un cadavre a été recoeilli ce matin entre les
brise-lames n" 18 et 19. L'état des chairs, déno
tant un séjour b l'ean de trois semaines au plus,
amène b supposer que la victime faisait partie de
l'éqoipage du Sarah Huntfy, sombré près d'Os-
tende le 2 novembre.
Le roolis violent des vagues avait dénudé le
crâoe il n'a pas été possible, dès lors, de se fixer
plus positivement sur l'identité da noyé. Les bas
et les bottines de cuir dont il était chaussé, la cra
vate de laine qui lui entourait le con ne portaient
aucuoe marque. L'inhumation a en lieu immédia
tement.
Uo affreux malheur est arrivé dimanche b
Tronchiennes. Une mère de famille, fatiguée d'une
nuit passée dans l'insomnie, b cause des soins
qu'elle avait dû donner b l'un de ses enfants,
s'était mise, en l'absence de son mari, b peler des
pommes de terre. Elle avait sur ses genoux un
jeune enfant. Vaincue par le sommeilla mère
s'endormit profondément. L'enfant glissa de ses
genoux et tomba, sans qu'elle s'en aperçut, dans un
seau rempli d'eau qui contenait des pommes de
terre. Quand le père rentra, il s'empressa de voler
ao secours de son enfant. Il était trop tard, ce n'était
plus qo'no cadavre. Il est plus facile de s'imaginer
que de dire la douleur de celte pauvre famille.
Vendredi dernier, uo brigadier du régimeot
de lanciers en garnison b Namur s déserté son
poste dans des circonstances qui dénotent une
énergie peu commune. Il a quitté la caserne avec
armes et bagages vers 8 heures du soir, a traversé
tonte la ville au grand galop de sod cheval et a
pris la route de Givel, où il est arrivé b une heure
du matin. Il avait eu soin de se munir du meilleor
coureur du régiment, si bien que l'officier, les
sous-officiers et les gendarmes lancés b sa poursuite
n'oot pu l'atteindre.
Turin, mercredi, 20 novembre, an soir.
M. Ricasoli a initié le Parlement b tous les détails
relatifs a la situation de la question romaine. Il a
dit qu'il avait rédigé uo projet de conciliation de
la religion avec la liberté et de l'État avec l'Église,
et qu'il avait fait prier l'empereur Napoléon de se
faire le médiateur entre Rome et Turin; mais,
attendu a-t-il ajouté que les dispositions de la
cour de Rome sont peu conciliantes, la médiation
française n'a pas eu de suite.
M. Ricasoli a déposé divers documents concer
nant la question romaine. Son projet d'arrangement
entre Rome et Turin contient onze articles.
Le Pape et les cardinaux conserveot leur dignité
et leur inviolabilité; pleine liberté est garantie au
Pontife pour les actes de droit ditio, comme chef
de l'Église.
Le Pape pourra envoyer des oonces, communi
quer avec desévêqnes et des fidèles, convoquer
des syoodes et des conciles sans l'intervention du
gouvernement.
Le Roi renonce au droit sur les bénéfices ecclé
siastiques, et le gouvernement, qui renonce aussi'a
toute immixtion dans la nomination des e'vêques,
fournira uoe dotation au Pape.
Le projet est précédé d'une Adresse au Pontife,
laquelle est suivie d'une lettre au cardinal Aoto-
nellis'eogageaot b favoriser un bon accueil aux
propositions piémontaises.