ANGLETERRE.
Londres, 22 janvier.
On lit dans le Morning Post
La reine reste b Osborïte avec lé prince de
Galles et les autres membres de la famille royale.
Le roi des Belges a quitté Lier le palais dé
Buckiogbaui pour faire une visite au vicomte et b
a vicomtesse Palmerston Broadlaods.
Les journaux anglais nous apprennent que
deux canons en fer coulé de Laucastre, tonifiés
d'après un système perfectionné, ont été sévère
ment éprouvés ces derniers jours dans la cave S
l'épreuve des bombes de l'arsenal de Woolwicb.
Le but qu'on se proposait était de constater leur
plus haut degré de résistance. L'e perfectionnement
consiste en ce que le caooo est revêtu sur toute sa
surface de couches longitudinales ou barres de fer
ouvré, cerclées tout autour d'an'neauX de fer du
toême métal. L'épreuve, assure t-on, a été extrê
mement satisfaisante. Un des canons a résisté a tout
effort pour le faire éclater. Le second a seulement
acensé une fissure, après a voir été tiré plusieurs fois
chargé jtisqu'b la gueule.
FRANGE.
Le Moniteur contient le rapport de M. Fould
exposant que le budget des voies et moyens exoné
rera des contributions personnelles mobilières tout
individu qui n'aura pour vivre que son ira*ail.
Tout ouvrier travaillant seul sera exonéré de
l'impôt de patente. On abaissera i i p. c. le droit
sur les valeurs transmises par la poste. Oo modifiera
certaines taxes afin d'accroître les produits. L'éta
blissement d'un impôt nouveau sur les chevaux,
voilures de luxe, est évalué a 5 millions et demi.
L'élévation du droit fixe de l'enregistrement
produira 10 millions. Des modifications dans la
perception des droits proportionnels de l'enregis
trement produiront égaleineut 10 millions. Une
légère aogineDlatioo du droit de timbre produira
neuf millions et demi. L'augmentation du droit de
timbre sur les bordereaux des agents de chauge ou
courtiers produira 1,200 mille francs.
L'impôt fixe sur les factures ou quittances pro
duira 12 i|2 millions; total des ressources nouvel
les, cinquante millions, qui permettront de régler
le budget ordinaire de 1863 avec un excédant de
recettes dépassant 20 millions.
M. Fould aborde ensuite la situation financière.
Il évalue les découverts a la fin de 1861 b 1,008
millions. Il est prudent, dit M. Fould, de profiter
de la paix dont nous jouissons pour arriver b la ré
duction de nos découverts. Je crois pouvoir don
ner l'assurance l'empereur que pour cela il ne
sera pas nécessaire de recourir b des emprunts qui
viendraient ajouter une nouvelle charge b la dette
publique. M. Fould constate qu'il est désirable
d'arriver b l'unité de la dette publique. Ne
serait il pas possible, dit-il, sans abandonner les
intérêts et les droits de l'État, d'assurer aux ren
tiers la conservation de leur reveou actuel eu
offrant aux porteurs de coupons b 4 i(2 la faculté
d'échaoger leurs titres de reule contre un nouveau
titre assurant le même revenu b 3 p. c.?
Eu mars 1862, l'État reprendrait la faculté
de la conversion ou du remboursement. Si les
porteurs b 4 i|2, pour se garantir contre le rem
boursement, voulaient faire eux-mêmes la conver
sion, ils pourraient échanger leur titre contre une
inscription b 3 p. c. produisant la même somme de
eute sans débourser une somme considérable.
Actuellement la soulte de la différence entre les
deux fonds serait d'environ 800 fr. pour 45o fr.
de rente.
Toutefois, les rentiers seraient fondés atten
dre aujourd'hui des conditions plus favorables que
celles qui seraient offertes lorsque l'État sera
rentré daus son droit de remboursement. La soulte
sur la totalité des coupons b 4 t|2 produira 3oo
millions environ. Il serait nécessaire que la loi
laissât la faculté de fixer suivant les circonstances
la soalte qui serait demandée ant rentiers. Cette
soultê pourrait êfre divisée en plusieurs versements
qu'on ferait coïncider avec l'époque des arrérages.
La "COu version serait entièrement YaCullariVe,
mais le succès n'est pas douteux. Si par des causes
fortuites le succès était seulement partiel, la masse
de la reute a 4 i|2 étant diminué, le rembourse
ment serait plus facile dans l'avenir, et, les circon
stances aidaut, l'État pourrait y procéder en usant
plus rigoureusement de sou droit.
M. fould aborde eusuite la question des budgets
extraordinaires.
Daus sou rapport sur la situation financière,
M. Fould déclare qu'il se propose d'établir au bud
get une grande distiuctioo entre les dépenses
ordioaires et extraordinaires, ^'ensemble des dé
penses ordinaires pour le budget de i863 préseule
une augmentation de 70 millions sur 1862, mais
cet excédant de dépenses n'est qu'apparent, car les
crédits supplémentaires votés et décrétés n'oot été,
eo 1860, que de 131 millions, tandis qu'ils se sout
élevés b 1Ô2 millions eu 1861.
M. Foud indique que le budget de la guerre a un
Accroissement de 4 millions, calculé sur ud effectif
de 4oo,ooo hommes, 85,700 chevaux. Ce chiffre
présenterait sur celui de l'année dernière une ré
duction importante. La moyenne de l'effectif a été,
en 1861 de 467,000 hommes- Le 1" janvier
1862, il a été ramené b 446,008 hommes. Pour le
i1 janvier 1865, il sera rameoé b 4oo,ooo hommes.
Au budget du ministère de la marine, le total des
crédits s'élève b 168 millions, ce qui est une dimi
nution importante sur les exercices précédents.
En résumé, et malgré l'augmentation de 70
millions sur les prévisions de 1862, M. Fould dé
clare que le budget de 1863 présentera une écono
mie réelle, considérable.
Les fêtes viennent de recommencer b l'Hôtel
de-Vilie et b en juger par la première, elles seront
somptueuses celte année. A ce sujet, il revieut en
mémoire quelques chiffres assez curieux snr les fêtes
données par la ville de Paris:
Le sacre de Napoléon lui a coûté, fr. 1,745,646
Le mariage de Marie-Louise 2,690,932
La naissance du roi de Rome 600,000
Le baptême du duc de Bordeaux 668,000
La fête du Trocadero 800,000
Le sacre de Charles X 1,166,000
Le mariage du duc d'OrléaDS 878,618
Ce qui eu 4o et quelques années
fait une somme defr. 8,527,191
consommée en re'jouissarices publiques.
Depuis trots ou quatre jours on remarque b
Paris une grande affiueuce de préfets. Quelques
personnes ont expliqué cette affiuence par les
mutations imminentes. Ce n'est point la vraie
raison. L'empereur a vu que dans divers départe
ments la vie industrielle et commerciale était
eutravée, que la misère grandissait il a demandé b
M. Persiguy que l'ou fît appeler les préfets b Paris
et qu'ils eussent b rédiger chacun uo rapport sur la
situation de leur département. On remarque prin
cipalement le préfet de la Meuse, qui a été interrogé
d'une façon spéciale. Il a répondu que la misère
était extrême, et que selon lui le gouvernement
devrait se bâter de prendre des mesures pour
y porter remède.
Le Courrier du Havre annonce que M.
Blanqui, déteuu b Sainte Pélagie par suite de sa
dernière condamnation pour fait de société secrète,
vient d'être transféré, sur sa demande dans une
maison de santé.
Oo mande de Paris, le 19: Il est arrivé
aujourd'hui, vers trois heures, au bois de Boologne,
on accideut qui a jeté l'épouvaute et la consterna
tion parmi les piomeneurs. La glace du lac, liès-
chargée de monde, s'est efiboudée et a englouti
plusieurs personnes. Ou es! parvenu b en sauver
plusieurs; mais jusqu'à préseut les corps de deux
des victimes de l'accident n'ont pu ê're retrouvés,
et trois antres n'ont pu être rappelés b la vie.
Le ministre américain b Paiis a sollicité du
grand chambellan de l'empereur quelques invita
tions pour le prochain bal des Tuileries. Avant de
les accorder, le duc de Bassano a voulu connaître
les noms de ces étrangers, et, vérificarion faite, il a
trouvé qu'ils n'étaient pas assez couuos pour être
admis chez l'empereur. Il y avait une raison de les
exclure qui a été dite confidentiellement au minis
tre américain c'est qu'eu 1857 un Américain du
nom d'Alsopp fut invité de cette maDière au bal des
Tuileries, et il arriva que cet Américain était no
Italien et qu'il s'appelait de sou vrai nom Orsini.
ITALIE.
Une feuille de Milan, la Perseveranza, retrace
de la manière suivante les circonstances d'uo
événement mystérieux qui a excité une vive
émotion daus la cité où il s'est produit Une
dame de Césèoe, la comtesse Comélia, était par
venue, sans aucune espèce d'infirmités, b l'âge de
62 ans. Il y a une quinzaine de jours, ses domes
tiques remarquèrent que contrairement b ses habi
tudes, elle était, après sou souper, pesante et
assoupie. Elle se retira pour se coucher. Quand elle
eut passé trois heures, et même plus, b causer avec
sa femme de chambre et b faire ses prières, elle
s'eodormit, et on ferma sa porte. Le lendemain, la
femme de chambre, voyant que sa maîtresse ne se
réveillait pas b son ordioaire, entra dans sou
appartement et Cappella. Elle D'eu eut point de
réponse. Craiguaut quelque fâcheux accident, elle
ouvrit les fenêtres, et vit le corps de sa maîtresse
dans l'état déplorable que nous allons décrire
A un mètre de distance du lit était un las de
ceudres, dans lequel on distinguait deux jambes
entières, depuis les pieds jusqu'aux geuoux, avec
les bras. Entre ces jambes était la tète de celte
dame.
Tout le reste était réduit en cendres, qui
avaient celte qualité particulière,qu'en les touchant
elles laissaient aux doigts une humidité grasse
et infecte. On observa que l'air de la chambre était
chargé d'une espèce de suie légère.
n II y avait sur le plaucher uue petite lampe sans
buile couverte de cendres et sur la table deux
chandelles daus leurs cbaudelliers. Ces chandelles
avaient perdu leur suif et conservé leurs mèches
entièrement iutactes. Le lit n'était pas endommagé;
les couverturee et les draps étaient seulemeut
relevés comme ou a coutume de le faire eu se
levaut ou eo se couchant; toute la garniture du lit
était couveite d'une suie grisâtre qui avait pénétré
jusque dans les tiroirs d'une commode et avait
même tâché le linge doui ils étaient remplis. Celte
suie avait encore pénétré daos une cuisine cootiguë
et s'était attachée aux murs, aux meubles et usteu-
siles. Le paio, daus le garde-manger, eu était
couvert. Ou eu présenta b plusieurs chiens; ils
refusèrent d'y toucher.
a Dans la chambre au-dessus de l'appartement
de la comtesse, le bas des fenêtres était tâché par
une liqueur jaunâtre et graisseuse. Oo sentait aux
euvirous 00e odeur iucououe et le plaucher de la
chambre était enduit d'une humidité glissante et si
épaisse qu'on ue put l'eu détacher.
Evidemment, la comtesse Comélia avait été
consumée par un feu intérieur et invisible. Uo
médecin italien, le doc'eur Blanchi, pense que ce
feu s'était allumé daus la poitrine et qu'il s'était
développé peodaoi le sommeil; que la comtesse en
ayant senti la cruelle impression, et s'était sans
doute levée pour prendre l'air, peut être pour
aller ouvrir une fenêtre, mais elle n'avait pu que
desceudie de son lit et qu'aussitôt elle aiait