Marseille, 17 février.
En conséquence des soccès décisifs remportés
par nous en Cochincbine, le reste des Iroopes de
l'expédition chiuoise a commencé arriver
Toulon.
Un bataillon du 102* de ligne, ramené par
le Gomer, a débat qué bier Toulon. Il a été reçu
solennellement par la garnison et la population.
Ces soldats aguerris, revenant de contrées loin
taines après un voyage de cinq mille lieues, avaient
un aspect vraiment imposant.
D'auires transports, chargés de troupes, revien
nent désarmer en France.
Une levée supplémentaire de marins, jusqu'à
l'âge de quarante ans, est orJonnée en vue de
combler les vides.
I.isboone, 18 février.
La Chambre des pairs a rejeté par 36 voix contre
34 la proposition de censure relative aux troubles.
Constantinople, i5 février.
Od annonce que 740 familles bulgares viennent
de s'unir 'a l'Eglise romaine.
Breslao, 16 février.
La situation est toajours tendue entre le gou
verneur et le clergé de Varsovie. Les églises sont
roavertes.
ANGLETERRE.
La Shipping Gazelle annonce que les cham
bres de commerce de Londres, de Liverpool et de
Holl ont adressé des suppliques au ministre des
affaires étrangères de S. M B., pour le prier, dans
l'intérêt du commerce, d'en finir avec la question
do péage de l'Escaut et d'accepter l'offre du gou
vernement belge.
La télégraphie nous a transmis samedi dr la
substance d'une réponse de lord Palmerston une
interpellation faite par M. Forster au sujet de
négociations commerciales engagées entre la Belgi
que et l'Angleterre. L'importance de la déclara
tion du premier ministre nous engage la placer
sous les yeux de nos lecteurs. Lord Palmerston s'est
exprimé en ces termes
Quant la question soulevée par l'hono
rable membre pour Bradford, ce membre appren
dra avec satisfaction que des négociations sont
engagées entre le gouvernement de S. M. et celui
de Belgique, négociations conduites dans un
esprit des plus amicaux et qui aboutiront, j'en ai
la confiance, la conclusion du traité mettant la
Grande-Bretagne, par rapport an commerce avec
la Belgique, sur le pied des nations les plus favo
risées (écoutez! écoutez!) sans aucune condition
quant la question de la commutation ou de la
capitalisation des droits de l'Escaut.
Il est parfaitement vrai, comme on l'a dit, que
l'Angleterre a pris une part très-importante dans
les négociations qui ont eu pour résultat la fonda
tion de l'indépendaoce de la Belgique, et c'est
homme de cesser désormais toute visite au palais?
Eh bien! il est allé ce matin, dit-on, voir l'im
pératrice.
Nous verrons, dit enfin Théodose qui ne
pouvait plus résister au trouble dont son âoie était
agitée; nous verrons si cet intiigant osera me
braver plus longtemps!
A ces mots, il prit le malheureux fruit, source
de tant d'inquiétudes, et se rendit comme on
furieux chez l'impératrice.
Eodoxie commençait déjà se repentir de son
imprudence.
Mes ennemis sont puissants, se disait-elle, et
j'ai tout craindre de leur malice; j'eusse mieux
fait de garder ce fruit. Si cela était connu, que
penserait l'empereur? Déjà ils ont tout fait pour
me rendre suspecte... Cependant, mon innocence
me rassure... Si j'allais ouvrir mon cœur Théo
dose?... Mais non, la chose demeurera secrète...
Chassons ces vaines appréhensions.
En ce moment, un léger bruit se fit eotendre, la
portière se souleva, et Ihéodose parut.
Le trouble qu'éprouvait Eudoxie l'empêcha
d'apercevoir combien l'empereur avait de peine
cacher le sien.
pourquoi si la nation belge devait faire exception
par sou caractère national et être dirigée dans ses
actes par un sentiment de gratitude que, d'après
moi, on ne doit pas s'attendre trouver dans les
corps collectifs, elle aurait dû être désireuse d'ac
corder tout avaolage possible l'Angleterre, soit
égal, soit supérieur ceux donnés tout autre
pays. (Ecoutez! écoutez!) Mais notre grand but
et nous l'avons atteint était de donner la
Belgique une représentation nationale et une
Constitution libérale.
Maintenant, si vous donoez un peuple une
constitution libérale qui représente activement les
passions et les préjugés de la population, vous
devez vous attendre rencontrer les inconvénients
de ces passions et de ces préjugés nationaux et
locaux. Il en a été ainsi non - seulement en Belgi
que, mais en Portugal et en Espagne où l'influence
du gouvernement britannique a également contri
bué pour beaucoup l'établissement d'institutions
constitutionnelles.
Nous, dans notre pays, combien de temps
n'avons-nous pas perdu avant de croire que la
liberté de commerce est un avantage pour toutes
les parties intéressées! Pendant quel long espace
de temps nous sommes nous obstinés la notion
que la protection de l'industrie indigène ou d'une
branche générale de cette industrie constituait un
avantage pour le pays!
Par bonheur, nous avons été détrompés, mais les
Belges ne sont pas encore aussi avancés dans leur
éducation politique, et le gouvernement belge a eu
vaincre de grands préjugés locaux et la résistance
d'intérêts spéciaux eo Belgique. Les Belges nous
font l'honneur de craindre beaucoup plus la con
currence de l'industrie anglaise que celle de la
France. Voilà pourquoi ils sont facilement disposés
accorder la France des avantages qu'ils ne sont
pas également disposés éteudre l'Angleterre.
Mais je pense que toutes les difficultés qui se
rattachent ce point aujourd'hui aplaniesel que par
le traité qui sera conclu nous serons mis, sous tous
les rapports, sur le même pied que la nation la plus
favorisée. (Ecoutez, écoulez!)
Jedois faire observer,quant au péage de l'Escaut,
que lors des négociations pour le traité stipulant la
reconnaissance de la Belgique par les cinq grandes
puissances, l'Autriche, la Russie et la Prusse ont
adhéré très regret et se sont attachées pas pas,
pendant les négociations, longues et fastidieuses,
tout ce qui pouvait être plus avantageux la
Hollande qu'à la Belgique, et ont posé en principe
qu'on prélèverait un droit de péage des vaisseaux
se rendant Anvers par les eaux hollandaises.
Leur but de défendre les droits territoriaux de la
Hollande et, indubitablement, de porter quelque
peu atteinte la prospérité commerciale de la
Belgique. Ce péage devait être prélevé un certaiu
point où les navires devaient passer; mais plus tard,
Madame, lui dit-il, avez vous reçu mon
présent... une Pomme de Phrygie, la plus belle et
la mieux colorée que j'aie jamais vue? Un paysan
qui se trouvait sur mon passage, au moment où
j'entrais l'église, me l'a offerte, probablement
cause de la fête desRois qu'on célèbre aujourd'hui...
Oh ce fruit me coûte cher, cent pièces d'or que j'ai
fait donner au paysan! J'espère bien madame,
vous avoir fait plaisir?
Pourriez- vous en douter, seigneur répondit
Eudoxie d'une voix tremblante. Je vous suis bien
reconnaissante d'à voir daigné vous sou venir de moi...
Et ce beau fruit, reprit l'empereur, vous
l'avez encore? J'ai eu peine le temps de le voir...
Ordonnez, je vous prie, qu'on nous l'apporte...
Eudoxie pâlit et rougit tour tour. Hélas! elle
n'eut point la force de dire la vérité, et elle tomba
dans la faute la plus dangereuse qu'une persoone
soupçonnée puisse commettre... Elle voulut cacher
son indiscrétion par un mensonge.
Excusez-moi, seigneur, de n'avoir pu résister
'a l'envie de savoir si ce fruit était aussi bon que de
belle apparence... je l'ai mangé...
A ces mots Théodose se leva de son siège.
- Permettez-moi de ne point vous croire, dit—
en conséquence d'un arrangement entre les gou
vernements belges et hollandais, ce péage fut
prélevé Anvers. Plus tard encore, le gouverne
ment belge, pensant que ce péage serait un obstacle
pour les vaisseaux allant Anvers, rejeta par une
loi, sur la Belgique, le paiement du montant entier
du péage, et dater de cette époque les vaisseaux
allant Anvers furent libérés de tout paiement.
Il ne s'agissait dans cette occurence que d'uo
engagement volontaire contracté par la Belgique,
en conséquence d'une loi votée par la Chambre
belge et dont la révocation était possible. En cas de
révocation de celte loi, et si par conséquent la
Belgique cessait de se charger du paiement, le
péage serait prélevé par la Hollande et les nations
auxquelles les vaisseaux appartiennent seraient
sujçttes l'inconvénient, quel qu'il soit, de payer
le droit.
FRANCE.
On écrit de Paris, le t5 Un employé de la
Banque de Dosseldorf, qui s'était sauvé il y a quel
que temps en emportant i5o mille thalers en
billets de banque, a été arrêté ici aujourd'hui
midi. Depuis plusieurs jours, une somme de 75
mille thalers, tonte en billets de 5o thalers, était
présentée sur la place de Paris; elle fut apportée
en dernier iieu au comptoir de M. Allard. L'admi
nistrateur de cette maison conçut des soupçons,
acheta ces billets do trésor prussien, en donnant au
vendeur uo bon sur la Banque de France, après
avoir envoyé cette dernière un avertissement et
la demande de faire arrêter le porteur du bon
signé par lui. Il fut fait ainsi.
La personne arrêtée n'était qu'un entremet
teur, qui a conduit les agents de la police chez le
voleur, qui s'appelle Reichenan, et qu'on trouva
au lit dans son hôtel. Il avoua immédiatement. Il
donna pour raison de son crime que le directeur de
la Banque lui avait refusé de laisser passer inaperçu
un déficit fortuit de 3o thalers; pour se venger, il
se serait sauvé en emportant une grosse somme. Il
raconte avoir été amené en Hollande par un bate
lier qui il a été donné 1 5 mille thalers. M. Allard
a averti la Banque de Dusseldorf par le télégraphe,
et envoyé un commis Berlin pour réclamer la
récompense de 15 raille thalers promise celui qui
ferait arrêter l'employé infidèle.»
Oo écrit de Bourg, le 12 février: Le dos
sier de l'affaire Dumoliard vient d'être adressé
M. le procureur-général près la cour impériale de
Lyon, qui, suivant l'usage, le transmettra M. le
garde des sceaux, et il sera ensuite remis la cour
de cassation (section criminelle).
Quant Dumoliard, tel on l'a vu aux débals,
tel on le retrouve dans sa chambrée. Toujours aussi
réservé, aussi peu comnitinicatif, il attend les ques
tions, garde, la plupart du temps, le silence, ou ne
répond que très-sèchement. Il a perdu un peu de
il en dissimulant encore; vous voulez me surpren
dre, et votre intention est de le servir ce soir au
sooper.
J'aurais dù en agir ainsi, répondit Eudoxie
dont la crainte était son comble, mais je n'ai pu
vaincre la tentation... Daignez me pardonner. Je
vous assure que je n'ai plus ce fruit.
La colère de l'empereur ne put davantage se
contenir.
Ah! vous avez mangé ce fruit? Assez de
mensonges, perfide! La voici, celle pomme que
vous avez envoyée Paulin? Je sais maintenant
quoi m'en tenir, et je connais la trame que vous et
ce misérable avait ourdie pourrenverser mon tiône!
Je vais d'abord en faire justice... Qnant vous,
nous verrons quel sort il conviendra de vous
réserver...
L'innoceoce accablée est toujours timide; elle
trouve souvent moins d'excuses que le crime lors
qu'il est confondu. Eudoxie ne put articuler un seul
mot de justification. L'empereur la quitta trans
porté de fureur, pour s'abandonner tout entier aux
conseils pernicieux de ceux qui avaieot juré la mort-
de Paulin et la disgrâce de l'impératrice.
[Pour être conlirluè.)