LE rnUrAVA I CUn. -
45me Année. Mercredi 2 Avril 1862. 4,643.
FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE.
REVUE POLITIQUE.
EXÉCUTION CAPITALE
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Le Moniiear nnitersel annonce la constitution
du ministère italien. La dépêche qui nous trans-
met celte nouvelle nous apprend que M. Rattazzi
conserve le ministère de l'intérieur avec la
présidence du conseille général Durando
devient ministre des affaires étrangères; M.
Matleucci passe au département de l'instruction
publique; MConforti la justice. Les autres
ministres, MM. Sella. Pepoli, Petitli, Depretis,
Persano, conservent leurs portejeuilles.
Il parait décidément que le voyage de M. de
Lavalette était principalement motivé par les
dissentiments qui se sont produits entre les deux
représentants du gouvernement français
Rome. Une correspondance de Paris contient
cet égard de curieuses indications. A l'en
croire, M. de Lavalette serait sacrifié M. de
Goyon.
Une correspondance de Berlin présente la
situation du gouvernement sous un aspect assez
fâcheux. Il paraît que le nouveau cabinet
fléchit sous le poids des embarras où il se trouve
engagé dans sa lutte avec topinion publique, et
Von parle d'une crise imminente. Le prince de
Hohenlohe, président du conseil, serait, dit-on.
la veille d'abandonner son poste, dans lequel
il serait remplacé par le prince Guillaume
Radziwill, dont la même correspondance nous
fait assez connaître les tendances et la position
politique, en disant que son avènement au
ministère seraitconsidérècomme le signal d'une
réaction complète.
Quoi qu'il en soit, le mouvement électoral va
commencer dans toute la Prusse. Les élections
primaires sontfixées au 28 avril, et les élections
définitives au 6 mai-
Les derniers avis de New- York nous ap
prennent de nouveaux succès du coté des Jèdé-
raux, dont l'ascendant et la fortune se dessinent
de manière laisser aux confédérée bien peu
d'espérance. Les troupes du général Mac-
Clellan étendent leur action sur le Potomac
inférieur, et le général Burnsi.de va les seconder
bientôt par d,'heureuses diversions, grâce la
victoire qu'il a remportée sur dix mille confé
dérés dans la Caroline du Nord. Ces derniers
ont du évacuer Ncwborn, sans avoir le temps
de l'incendier, comme ils en avaient le dessein,
laissant derrière eux 46 canons, 5,ooo fusils et
200 prisonniers. Cette déroute ne peut avoir
pour effet que de refouler M. Jefferson Davis et
les siens jusque dans la Caroline du Sud.
moins qu'ils ne veuillent courir le risque d'être
pris entre deux [eux. Les sécessionnistes, il est
vrai, brûlent les habitations, détruisent les
routes et rompent les ponts, pour transformer en
déserts les régions qu'ils abandonnent, mais
cette guerre sans merci n'est efficace qu'à demi,
leurs adversaires ayant l inappréciable avan
tage d'être maîtres de la mer. et par suite de
toutes les baies et de tous les fleuves qui pénè
trent très -avant dans l'intérieur des terres
confédérées. A moins de quelques uns de ces
coups de fortune qu'on doit, de temps autre,
aux hasards de la guerre, il est donc permis de
prévoir que les confédérés ne sont pas au bout
de leurs désastres.
On annonce que le gouvernement britannique
a ordonné un vaisseau de guerre de station
ner l embouchure du Rio Grande, fleuve qui
foi me la li mi Ce du Mexique tl des Etals-Unis,
pour proléger les navires qui cherchent du
coton envoyé du Texas au port mexicain de
Matamoras
DE JEAN-BAPTISTE BOUCHER ET D'ABC. LECLERCQ.
La double expiation a été accomplie enlie 9
b. 10 b 9 heures 12, samedi dT,sur la Grand'Place
de la Ville-Haote, S Charleroi.
Vendredi, dans les premières heures dé l'après-
midi, la fatale nouvelle s'est répandue, comme un
conraui électrique, par tout le pays. De midi b trois
heures, 67 dépêches télégraphiques ont élé expé
diées, dans tous les sens, par le bureau de Charleroi.
Il n'y avait point d'autre sujet de conversation sur
les deux lignes de chemin de fer; les journaux
n'avaient pas encore parlé, et cependant on savait
que la hideuse machine avait envoyée de Bruxelles,
b deux heures, par un train de marchandises de
l'État; 00 savait qu'ordre avait été donné an
parquet deCharleroi d'exécuter, pour Jean-Baptiste
Boucher e: pour Auguste Leclercq, l'arrêt de la cour
d'assises du Haioaut. Dès samedi aussi, des groupes
nombreux de campagnards se dirigeaient vêts l'en
droit du supplice.
L'exécuteur et ses aides arrivèrent par le train de
sept heures. Des bandes de gamins les attendaient
et firent escorte aux valets du bourreau portant,
dans un coffre cadenassé, le terrible couperet.
Contrairement b la cdulume qui est de prévenir
quelques henres seolenietot avant l'instant suprême
.«eux que la justice huméftie va frapper, le directeur
de la prison cellulaire,.M. Van Bergheo, avait reçu
d'autres d'instructions qu'expliquaient les disposi-
lions, ie moral, on pourrait dire la sérénité d'espiil
des condamnés. A sept heures du soir il fit conduire
successivement, dans son cabinet, Auguste Leclercq
et J.-B. Boucher et leur apprit, séparément, eu
présence de l'aunrêuier de la prison, M. François,
curé de la Ville-Basse, et de son coninrs aux
écritures, que leur pourvoi eo grâce était rejeté,
qu'ils n'avaient plus rien b espérer de la miséricorde
humaine et qu'ils devaient se préparer a mouiir, ce
matin, au dernier coup de cloche de neuf heures.
«Je suis prêt, répondirent-ils l'un et l'autre,
exactement dans les mêmes termes, je le savais, je
l'ai mérité, cela devait finir ainsi.
Ils prononcèrent ces paroles avec le plus graud
calme, sans la moiudre jactance, de leur son de
voix accoutumé, et les plus émus n'éiaieul point
ceux qu'atteignait la sinistre nouvelle.
Sachant qu'ils devaient mourir ensemble, Bou
cher et Leclercq demandèrent b se voir. Ce désir
fut satisfait. M. Van Sergheu les fit réunir dans une
même cellule. Il fit plus encore: convaincu qu'il
n'avait rien li craindre du désespoir des condamués,
que ceux-ci ne feraient aucuoe tentative pour
se soustraire, par le suicide, aux arrêts de la justice,
il ne leur fit point mettre la camisole de force; on
leur mit simplement des meuottes qui ne gênaient
eo rien la liberté de lenrs mouvements.
Leclercq et Boucher restèreut ensemble de sept
b huit heures, en présence de leurs gardiens, fumant
la pipe et causant paisiblement, non de la mort
prochaine, mais de leur vie passée, de leurs ooru-
tnuns souvenirs. On eut dit de vieux amis qui
se seraient donné rendez-vous b la veille d'un long
voyage entreprendre en commun.
A huit heures, ils furent séparés et recouduits
chacun dans sa cellule. Le directeur leur demanda
s'ils désiraient souper. Us acceptèrent avec empres
sement, mangèrent du meilleur appétit une grosse
omelette aven une forte poition de pain blanc et
burent plusieurs verres de Lierre.
Vers neuf heures, MVI. Ranwet, substitut du
procureur du roi, et Aulit juge d'iustruction, se
rendirent dans les cellules des condamnés. C'était
un dernier interrogatoire, et l'on prétend qu'il ne
ré>éla aucun fait nouveau aux magnats.
A onze heures et demie, A Leclercq et Jean-
Baptiste Boucher se confessèrent. Ils étaient assidus
gux prières depuis leur condamnation, et l'aomô-
nier de la prison n'eut aucune peine pour les
reodre dociles b ses pieuses exhortations.
La nuit eolière s'écoula paisible, mais sans
sommeil pour les deux condamnés. Ils se couchèrent
et se relevèrent b plusieurs reprises, eu s'entreleoant
constamment avec leur» gardiens. Boucher parla
souvent de seseufants et de son espoir qu'instruits
par son exemple ils ne succomberaient point,
comme lui, aux tentations du démon, Leclercq
exprimait un vif désir de voir sa femme. On
lui répondit que si elle se présentait, elle serait b
l'instant même admise b le voir; mais que, par
charité sbds doute, ou lui cacherait la fatale nou-
velle et que l'on ferait bien. Auguste répondit
qu'en effet il vaudrait mieux pour elle qu'il en fût
ainsi.
A dix heures du soir la guillotine, chargée daos
une tapissière du chemin de fer, b quatre chevaux,
gravit lentement la pente rapide qui traverse
les fortifications entre la Ville-Haute et la Ville-
Basse. Il pleuvait b verse et cependant le fatal
chariot, dont la porte ne pouvait se refermer sur les
longues traverses de l'échafaud, et qu'on entre
voyait b peine daus les rues sombres, ne passait
point inaperçu. Les habitants étaient aux fenêtres
ou sur le seuil de leurs maisons. Un groupe nom
breux entourait l'attelage et l'escorta au manège,
où chevaux et voitures furent remises jusqu'à
minuit.
L'échafaud était b peine dressé, vers quatre
heures du matin, que déjà les habitants de la
campagne descendaient en pelotons compactes des
hauteurs voisines et venait prendre position autour
de l'emplacement réservé pour le funèbre spectacle.
A six heures du malin, l'aumônier célébra la
messe des morts dans la chapelle de la prison. Le
prêtre, avant de commencer l'office, monta en
chaire et annonça d'une voix tremblante aux
détenus qu'il allait prononcer les dernières prières
sur deux hommes agenouillés b côté d'eux, pleins
de vie et de santé et qui allaient mourir. Cette
exhortatioo fut nne parole terrible; elle frappa au
cœur les plus endurcis et un long frémissement, un
immense soupir parcourut l'auditoire, contenu
cependant par la majesté du lieu et phis encore par
l'tuflexible discipline des prisons.
Auguste Leclercq et Jeao-Baptiste Boucher com
munièrent pendant la messe. Leur courage et leur
calme De faiblissaient pas. Ils semblaient, au con
traire, impatients d'en finir.
Après la messe, ils ne furent reconduits ni l'un
ni l'autre en cellule, on les emmena dans la salle du
greffe qui doone dans la corridor, séparant la cour
d'entrée de la porte intérieure de la prison. Lb, ils
prirent encore ud verre de liqueur, déjeunèrent de
graod appétit eo présence de l'aumônier et du
directeur; ils mangèrent plusieurs tartines, burent
cbacao deux tasses de café au lait et fumèrent
ensuite ud cigare. Ils causaieot entre eux de tout
autre chose que de la mort qui allait venir, pendant
que l'aumônier, sur la prière d'Auguste Leclercq,
écrivait uue lettre d'adieux et de bous conseils b la
femme de celui »i.
Eu ce moment un coup de cloche retentit au
dehors; la porte s'ouvrit une petite fille de huit
ans et un petit garçon de six ans furent poussés
daus la cnnr. C'étaient les enfants de Boucher,
que des habitants de Chastrès avaient emmenés.
Boucher, prévenu aussitôt, s'élança b leur reo-
coniie, les reçut a l'entrée du corridor, les enleva
de terre et les pressa avec frénésie contre sa poi-
tiiue. On fit entrer le père et les eofanjs dans uue