DÉPÊCHES TÉLÉGRAPHIQUES. FRANCE. petite salle attenante an greffe. On les laissa seuls, mais la porte ouverte, un porte-clefs veillant au dehors. Boucher s'agenouilla et plaça ses enfants devant loi, dons la même position. Les petits pleuraient h sanglots. Boucher oe put résister cette doulou reuse épreuve; il mêla ses larmes !i celles de ses enfants; mais bientôt il s'essuya les yeux. Mes enfants, leur dit-ilje vous embrasse pour la dernière fois. Ma mort est on déshonneur pour vous, mais supportez cette tache avec résigoa- tion par amour pour moi. Je meurs content de racheter mes fautes. Le directeur qui allait et venait, le coeur gros et les yeux rougess'efforçait par des attentions b adoucir les derniers moments des prisonniers. Il apporta des tartines de beurre et des tasses de café aux enfants. Une spectateur leur fit remettre une aumône par le porte-clefs. Boucher leva les yeux pour remercier. Les enfants ne touchaient b rien; Boucber prit la tasse du petit garçon, bût une gorgée et la rendit en invitant son fils b suivre son exemple; pnis, se ravisant, il quitta la salle, entra dans un couloir qui se trouve en face, en ressortit bientôt une chemise b la main et plaça soigneusement cberoise et tartines dans le panier de la petite fille. Ce panier contenait d'autres tartines que les enfants apportaient lenr père! Boucber s'assit dans un fauteuil et atliraut ses enfants contre lui, leur parla doucement. Directeur et geôlier se refilèrent hors de la portée de la voix. I.eclercq, pendant ce temps, deboot et la cas quette b la main, écoutait attentivement l'aumô nier qui avait teimiué sa lettre et lui en donnait lecture. L'heure approchait. Le directeur donna ordre d'introduire les fières des condamnés. Ils arrivèrent tour b tour les pieds dans des chaussons qui ne font aucun bruit sur les dalles, la tête enveloppée dans des capuchons de toile qui les empêchent de voir leurs co-détenus et les rendent méconnaissables. Les frères Boucher et Leclercq s'embrassèrent en pleurant. Eu entendant les voix des Leclercq, Jean- Baptiste Boucher se leva et quitta ses enfants en disant Il faut que j'aille dire revoir aux Le clercq. 11 rentra presque au même instant. Uu peu avant huit heures, un peloton de douze gendarmes chevalconduits par un maréchal- des-logis, vinrent se ranger en bataille dans la cour. Boucher se précipita sur le seuil du greffe pour regarder. La toilette commença dans la salle du greffe, et avant la toilette, les eufants furent emmenés Les deux condamnés, dès ce moment, ne s'occupèrent pics des choses de ce monde. L'aumônier, auquel vint s'adjoindre le curé de la Ville-Haute, récita les prières des agonisants. Boucher et Leclercq ré pondaient. Le bourreau enleva leur veste, fendit leur chemise d'uu coup de ciseaux, leur découvrit le torse jusqu'aux coudes et pour les préserver du froid leur jeta sur les épaules une capote de pri sonnier. Les lugubres apprêts forent terminés 8 heures 4o minutes. Boucber monta le premier sur la charrette du supplice. C'était un caution b marchandises, garni de sièges d'omuibus attachés avec des cordes. Leclercq et lui prirent place sor le même banc, tournaut le dos aux chevaux. Les deux piètres, en étole et en surplis, prirent place devant eux, le crucifix b la main et la charretteentourée de gendarmes, se mit lentement en marche, traver sant b grand'peine les rangs pressés de la foule. Les coodamnés étaient pâles, les yeux clos, mais le corps droit. Au mouvemeut des lèvres on voyait qu'ils priaient. A neuf heures sept miontes, la charrette s'arrêta au pied de l'échafaud qu'entouraient deux cents hommes du 3* de ligne, le dos tourné vers la hideuse machine. Les coufesstu S mirent pied b terre et tendirent pour la dernière fois le crucifix aux lèvres des condamnés. Boucher descendit le piemier; les aides ôtèreut sa capote et le soutinrent par le coude. Il monta les degiés d'uu pas ferme, puis quand sa tête eut roulé dans le panier et son corps daos la trappe, ce fut au tour de Leclercq, qui montra la même fermeté. Plus de vingt mille personnes étaient massées sor la Grand'Place, aux fenêtres, sur les remparts et jusque sur les toits. ACTES OFFICIELS. AUTORISATIONS DEPORTD'iNSIGNBS D'ORDRES ÉTRANGERS. Par arrêtés royaux de dates diverses, MM. Vrambout, gouverneur de la Flandre occidentale; de Sluers, secrétaire de légation de 3° classe, le sons-lieuleoant baron de Vtière, détaché au régiment des guides, ont été autorisés b porter le premier la déco ation d'officier de l'Ordre de la Légion d'honneur; le second la décoratioo d'offi cier de l'Ordre des Guelphes; le troisième la décoration de quatrième classe de l'Ordre du Medjidié. Par arrêté royal du 11 mars, le ministre de la guerre est autorisé b délivrer les congés définitifs aux miliciens de 18Ô3. Par arrêté royal du 33 mars, M. Hanssens, élève de la section d'iofanterie et de cavalerie b l'école militaire, est nommé sous-lieutenant d'in fanterie. Par arrêté royal du 35 mars, les miliciens de la classe de 1863 sont répartis entre les différents corps de l'armée. Par arrêté royal du 39 mars, les arrêtés en dafedess et si novembreconcernantle lieutenant- colonel Hayezsont rapportés. PENSION. Par arrêté royal du 39 mars, 1863, il est accordé au lieutenant-colonel Hayez, du s* régiment d'artillerie, une pension de retraite montant b la somme de 3,i56 fr., pour plus de 55 8Ds d'âge. Cette pension prendra cours b partir du 36 juin 1861. NÉCROLOGIE. On annonce la mort de M. Eugène Bayel, colo nel commandant le 3° régiment d'artillerie, officier de l'ordre de Léopold. M. Bayet, os b Liège, est décédé b Anvers, le 39, b l'âge de 55 ans. NOUVELLES DIVERSES. On nous assure, dit Économie, de Tournai, que M. le colonel d'élat-major inspecteur-général des gardes civiques du royaume viendra b Tournai dans le courant du mois de mai pour y inspecter la légion. On lit dans IÉcho de Bruxelles s Nous croyons être utiles b ceux de nos lecteurs qui ont l'intention de se rendre b Londres pour visiter l'Exposition universelle, en leur apprenant que le Royal Hôtel de Londres, tenu par uu de nos compatriotes, M. P. De Kevser, est uu des établis sements les plus confortables de la capitale britan nique. L'Exposition oniverselle devant amener b Lon dres, b partir du mois de mai prochain, one grande affluence de visiteurs, le propriétaire du Royal Hôtel a pris les dispositions nécessaires afin de répondre dignement b toutes les exigences de la situation. Il vient d'adjoindre b son magnifique établisse ment, deux maisons b titre d'annexés et pourra assurer ainsi b sa nombreuse clientèle, avec le confort et les bons soins habituels, des logements suffisants. Les prix des appartements n'éprouveront an Royal Hôtel aucune augmentation par suite des ciiconstances exceptionnelles dans lesquelles se trouvera Londres pendant plusieurs mois. L'arrêté royal qui vient de statuer sor le recours en grâce formé par les condamnés de la Bande noire paraît fondé, dit VÊclaireur de Namur, sur les considérations qui depuis nombre d'années ont servi de base b l'exécution des ariêts. Quand il ne s'agit que de simples attentats aox propriétés la peine de mort n'est pas appliquée, mais quand il y a des attentats coulre les personnes, ceux qui ont participé directement b ces faits crimioels, ayant eu pour résultat la mort d'indivi dus, sont frappés de toute la rigueur des lois. On laisse un libre cours b la mise en vigueur des arrêts de la justice. Dans l'espèce, le chef d'uue bande qui avait attenté aux personnes et celui qui exécutait les violences dont celles ci ont été l'objet n'ont pas été jugés dignes de la clémence royale. Bien des gens regardent comme de bonne prise tout argent que le basard leur met sous la main, et ils ne se font aucun scrupule de s'appro prier le produit de leurs trouvailles. Ce fut b ce que rapporte la Revue de Namur, l'avis de trois soldats do 5* de ligne, en garnison dans ladite ville. Il y a une quinzaine de jours, on sergent - major constata avec effroi on déficit de quarante francs au compte de ménage de la compagnie. C'étaient deux beaux billets de vingt francs qui manquaient b l'appel. Le sergent ne s'était point dessaisi un seul momeot de son sac d'écus, le lieutenant n'avait point quitté son sous-officier d'une semelle les deux billets de banque étaient donc tombés dans quelque coin de la caserne, pendant le trajet toute autre supposition était inadmissible. Avis de cette perte fut immédiatement donné dans les chambrées, avec invitation pour quiconque trouverait les billets de banque d'avoir b les re mettre audit sergent. Malheureusement les deux billets fugitifs furent rencontrés par trois soldats remplaçants qui les prirent pour des ennemis et leur firent one rude guerre daos les cantines d'alen tour. Leurs dépenses inaccoutumées éveillèrent les soupçons interrogés palpésils furent troovés nantis d'une somme de 33 fr., qu'ils avouèrent pressés par les questions, être le restant de la somme perdne et retrouvée par eux. Traduits de ce chef devant le conseil de guerre, ils apprendront b lenrs dépens que l'honnêteté et le Code pénal réprouvent ces sortes de fantaisies? Londres, 39 mars. VAgence Reuter a reçu les nouvelles suivantes de New-York, du 17 Le général Mac-Clellan a adressé b l'armée dû Potomac une proclamation annonçant que le mo meot de l'action est venu. Je vais, dit-il, vous conduire sur un champ de bataille décisif; je vous demanderai de longues marches et des privations. Les confédérés avaient, le 3 mars, 90,000 hom mes b Manassas, et en tout i5o,ooo hommes qui pouvaient être concentrés b Manassas eo nue journée. Kœnigsberg, 38 mars. On écrit de Saint- Pétersboorg La noblesse de Grodoo (Lithuanie) a adressé ao ministre de l'intérieur, par l'intermédiaire de son maréchal, le comte Starzynski, le demandes sui vantes 1' Rétablissement du Code litbuauien avec les changements conformes b l'esprit du temps; 3* abolition de toutes les lois qoi mettent obstacle b la liberté de conscience; 3* rétablissement de l'université de Vilna, comme elle existait sous Alexandre I"; 4* élections des autorités administra tives et judiciaires, comme cela existe dans les pro vinces russes; 5* liberté des associations commer ciales, industrielles, agronomiques et scientifiques. Paris, 3o mars. Le Moniteur annonce que la princesse Marie- Clotilde Napoléon est entrée dans le cinquième mois de sa grossesse. On lit dans nue correspondance parisienne I Vous savez que l'anteor de In Juive a laissé b sa famille une fortune des plus modestes; on me cite b ce propos quelques trails qui font également honneur b la générosité et b la délicatesse de quel ques membres de la haute finance parisienne. Un agent de change, M. Rodrigue a fait dite b Mm" Halévy qu'il avait entre les mains one somme de 80,000 fr. destinée b être partagée entre les deux filles de l'illustre défunt. M. de Rothschild a fait une communication du même genre, en indi quant 10,000 fr. de rente. Enfiu MM. Pereire ont informé M"» Halévy que sou mari, intéressé dans I affaire du boulevard Malesherbes, était proprié taire d'une maison située dans ce quartier, et rapportant 30,000 fr. de rente, et qu'ils l'enga geaient b ne pas se défaire de cet immeuble. On vient d'ar êer b Paris on individu qui depuis assez longtemps exploitait avec autant d audace que de succès les cochers de voilure de place et de remise. Voici qu'elle était sa manière de procéder. Mis avec beaucoup de soio, irrépro-

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Le Propagateur (1818-1871) | 1862 | | pagina 2