Il est facile de comprendre l'étonnement qu'ils
ressentirent la vue des appareils fonctionnant
sous leurs yeux. M. Hughes, l'inventeur de l'appa
reil qu' porte son nom, et qui reproduit si mer-
«eilleusetueui les caractères d'imprimerie des
distances prodigieuses, se trouvait lb; et fit fonc
tionner sou mécauisine en préseoce de ces nobles
visiteurs. Ils parcoururent ensuite les différentes
salles e> s'arrêtèrent b l'un des fils de Londres, où
M. Labussière fit transmettre b leur intention
quelques phrases de circonstance, et l'administra
tion anglaise eut la galanterie de répondre immé
diatement par une adresse de félicitatioo aux
ambassadeurs qui en parurent enchantés et qui
voulurent emporter la copie textuelle.
Ils firent eofio demander b Londres si VUima-
laya, qui les a transportés'a Marseille, était arrivé.
L'employé de Londres s'adressa aux Docks et
répoadit affirmativement trois minutes après.
Le Charentais, qui se publie b Aogoutème,
cite le (ait amusant qu'on va lire Un fait assez
plaisant vient d'égayer les habitants de Mansle.
Mardi 33 avril, vers huit heures du matin, un
voleur peu intelligent, puisqu'il avait choisi une
pareille heore pour une de ces expéditions qui ne
se font d'ordinaire que la nuit, s'était introduit
dans la maison de M. Barraud, huissier h Mansle, et
était parvenu a se glisser dans le grenier sans avoir
été vu.
a Arrivé 1b, notre homme jette on coup d'oeil
autour de loi, et, apercevant du linge de corps, des
bas et autres objets de même genre, il fait un
paquet de ce qu'il peut emporter; puis, jngeant
avantageux de changer son linge sale et usé contre
le linge nouvellement blanchi qui sèche sur les
lattes dn grenier, il se déshabille et commence
l'opération. Malheureosemeot pour lui, M"" Bar
raud arrive en ce moment. Voyant un homme
presque no, elle jette un cri d'effroi et s'eofuit en
refermaot derrière elle la porte du grenier.
Se trouvant ainsi prisonnier, le voleur ne
trouva d'autre moyen de s'évader que de passer par
une fenêtre doooaot sur la rue, d'atteindre le volet
de la fenêtre du deuxième étage, puis celui de la
fenêtredo premier étage,et allant de volet en volet,
de gaguer te sol. Le voilb donc en route. Suspendu
b la fenêtre du grenier, il posa un pied sor le volet
du deuxième étage; mais comme ce volet était
retenu entrebâillé par une espagnolette, notre
voyageur aérien cherche b passer entre lui et la
fenêtre, mais it se trouve accroché par le bas de son
paotalou, et le paquet qu'il emporte est accroché
d'un autre côté. Pas de moyen de sortie de ce
pièce.
d Pendant qu'il se débat, il se sent saisir par une
main vigoureuse; cette main, c'était celle de M. le
commissaire de police qui loge dans la maison de
M. Barraud et dont la chambre b coucher est
précisément celle devant laquelle le voleur s'était
laissé empêtrer.
Le magistrat, réveillé en sursaut par cette
visite insolite, attache solidement ootre homme au
volet, afin qu'il ne poisse ni tomber ni s'évader,
pois il va chercher la geodarmerie. Pendaot ce
temps, le voleur était balancé au gré du vent
et accueilli par les éclats de rire d'une foule
d'habitants que cette scène étrange avait attirés.
a Pas n'est besoin de dire le reste le voleur est
arrêté et conduit en prison, après avoir reodu non-
seulement le paquet de linge qu'il emportait, mais
encore une paire de bas dont il s'était chaussé
et qui appartenait b M. le commissaire de police, a
Noua trouvons dans la Gironde les lignes
suivantes
On a tu hier dana noa colonnes une pièce de
vers, composée par M. Minier, en l'honneur
d'Halévy, et lue par MPuget au Grand-
Théâtre. Peu s'en est fallu que le public borde
lais ne fût privé de ce petit poème. On avait
du demander la préfecture l'autorisation de
le lire après le troisième acte de la Juive; or,
il contient une strophe ainsi conçue
A toi. qui fit chanter cette Odette si grande.
Dans un drame héroïque écrit avec fiertéy
Où Ton voit que jamais la France ne marchande
Quand il faut par du sang payer la liberté.
Grand émoi dans les bureaux la lecture
de ces quatre vers. Qu'est ce que la mémoire
d'Halévy a h démêler avec la liberté? fit-on
remarquer au poète. Ne pourriez-vous substituer
un autre mol au lieu et place de ce vocable de
mauvaise mine Mais le poète tint bon, et dé
clara que la liberté resterait dans ses vers, ou
que ses vers ne seraient pas lut. C'est alots que
la préfecture, bout de diplomatie, rendit le
verdict suivant
Préfecture de la Gironde. Cabinet du
secrétaire géoérkl? «attisai
Le préfet de la Gironde ne s'oppose pas la
lecture delà pièce de poésie ci jointe, l'excep
tion de la strophe commençant par ces mots
A toi. qui fis chanter, et finissant par ceux-
ci Payer la liberté.
Bordeauxle avril 1863.
Pour le préfet
Le secrétaire général, Signé MERCIER*
Rendue vers le milieu de la journée, celte
décision fut heureusement et sagement contre -
mandée cinq heures du soir. M. Puget put
donc affirmer devant les Bordelais, ravis de
Ventendre parler un aussi noble langage, que
la France a su prouver jadis et n'a point oublié
ce que vaut la liberté et comment on l'achète.
Mais les hésitations de M. le secrétaire
général Mercier n'en sont pas moins instruc
tives. 11 est clair qu'il existe parmi nos foncti -
onnaires des hommes qui sont portés croire
que le meilleur moyen df acclimater la liberté
en France, c'est d'en proscrire même le nom.
On assure que la question de délimitation
des frontières de la France et de l'Espagne, pen
dante depuis de longues années, vient d'êtrè
résolue. Le traité qui doit régler d'une manière
définitive cette affaire importante, sera, dit-on,
très-prochainement signé. [Patrie.)
Une lettre de Toulondu 36 fait en ces
termes le récit d'uo drame affreux Un double
assassinat a été commis an bagoe, avec un calme
et une énergique préméditation que l'on ne peut
rencontrer que dans le cloaque où le crime se per
fectionne jusqu'au raffinement.
Un nominé Huet, âgé de 43 ans, ancien mili
taire, condamné b mort en 1848 pour tentative de
meurtre sur une officier, avait vu successivement
sa peine commuée en celle des travaux forcés b
perpétuité, et plus lard réduit b 20 ans seulement,
par suite de sa bonne conduite.
II parait que ce condamné avait été soupçonné,
par deux de ses compagnons de chaîne, de servir
de mouchard b la police du bagne.
Sur cette simple accusation qu'il considérait
comme déshonoranteHoet perpétra un acte de
vengeance épouvantable, en ayant soin de cacher
ses projets afin d'éloigner tout sujet de méfiance
de la part de ses deux victimes.
Hier, après s'être bien assuré que ses deux
collègues étaient en salle il s'arma d'un bachot
qui servait b couper le bois de la cuisine, et il se
mit b la recherche de ce qu'il appelait ses diffama
teurs. Il trouva le premier endormi sur le lit de
camp, et il lui fendit la tête avec une telle violeoce,
que ce malhemeux passa de sommeil b trépas sans
faire aucun mouvement.
a Celte circonstance fit que persoone ne s'étant
aperçu du crime, l'assassin put irupuuémeot se
mettre eu quête de l'autre.
a Celui-ci était éveillé et même debout mais
malgré ses cris et son énergique résistance, il n'en
a pas moins reçu trois coups de bâche sur la tête,
qoi laissent peu d'espoir de le sauver.
h Après avoir terminé cette affreuse boucherie,
le coupable remit son arme aux gardes qui étaient
accourus pour l'arrêter, en leur disant fort tran
quillement Tout est fini, et je n'en ai plus
besoin a
Le code du bagne est précis Tout assassinat
suivi de mort entre condamnés eotralne la peine
do talion.
Il y aora donc, sous peu de jours, une exécu
tion capitale.
Jean Crépin, dont il est tant parlé depuis
quelques jours, dit le Progrès, de Lyon, est né
Lyon, en 1768. Il était Laîné de sept enfants.
Son père était un modeste fabricant de bas, qui
laissa en mourant sa famille dans un étal de
très médiocre aisance.
Favorisé par sa mère, Jean Crépin. s'établit
marchand de bonneterie, dans la rue Mercière,
et fit de la petite banque avec la sûreté d'usage
dans ce genre de négociation hebdomadaire.
Il avait pour règle de se faire payer tout
d'avance, agio, commission, loyer, de sorte
qu'il touchait l'intérêt de ses rentes, et de cette
façon il obtenait le bénéfice des bénéfices.
Avant i83o il possédait 22 maisons en ville,
dont une sise rue de Hôpital, la maison du
Merle, qui lui valait un revenu considérable.
Son excessive économie aidant, le 11 août
i858, jour de sa mort, il laissa une fortune qui
se composait de 70,000 fr. de rente en 4 1/2 p.
t., eteinq maisons seulement les autres avaient
été achetées des prix avantageux par les con
structeurs des grandes rues longitudinales.
Crépin vivait d'une soupe le matin, et le soir
d'un mets quelconque, des plus communs et des
moins coûteux.
Il n'a jamais porté que des vêlements d'occa
sion. et fabriquait lui-même sa chaussure.
Son logis était situé Saint- Georges, sur le
derrière d'une maison obscure il avait pour
chambre coucher une alcôve infecte, où les
rats, faute de meilleure nourriture, dévoraient
les rideaux de son lit.
On chat eût été un animal parasite, car il
aurait coûté 5 centimes par jour.
Sur la soupente couchait une vieille domes
tique, créancière de ses gages depuis une qua
rantaine d'années. On a dit que pour en éviter
le remboursementCrépinavaitépousé la pauvre
aervante, mais il n'en est rien. Elle tomba
malade un jour son maître la fit transporter
l'hôpital, où elle mourut. Sa mort valait quit
tance.
Crépin n'avait pas d'entrailles le 30 juin
>833, il se présenta chez un pauvre ouvrier en
soie, son locataire, pour toucher d'avance le
nouveau terme.
Je suis été malade et jè vous demande un
relard de huit jours.
Je ne viens pas, répondit Crépin. vous
demander des nouvelles de votre santé, mais de
fargenl
Cependant, répliqua timidement l'ouvrier,
je paie d'avance
Raison de plus, monsieur, dit Crépin,
vous devriez me savoir gré de vous éviter l'in
quiétude de devoir votre terme
ESPAGNE.
Dans une course de taureaux qui vient
d'avoir lieu Madrid, le toréador (spada, Cépée)
a été tué.
Voicicomment un journalde Madrid raconte
cette mort
Le second taureau, nommé Tocinero, en
trait dans Carène, lorsqu'au premier bond il
renversa Calderon et son cheval, et attaqua
ensuite le toréador José Rodriguez [Pepito),
qui ne lutta que quelques instants avec la mort,%
sous les coups de cornes de la bêle sauvage,
dans tespace comprise entre la fausse porte
et celle des archers. Pepito se dressa sur ses
pieds et porta ses deux mains sur le coeur. La
consternation fut générale dès qu'on vit le sang
sortir gros bouillons de la blessure de Cin
fortuné lutteur, qui alla tomber sans vie sur le
seuil de la dernière porte.
Conduit C infirmerie, il a reçu le sacre
ment de Cextrême-onction, les secours de la
médecine étant devenus inutiles.
La feuille madrilène ajoute que peu d'in
stants après ce funeste événement, l entreprise
des courses de taureaux adressait une dépêcha
télégraphique au toréador Cuchares pour dn -
viter se rendre Madrid, et que les amateurs
avaient un grand espoir de le voir travailler au*
prochaines courses.
Pour être juste, il faut ajouter que deux
journaux de MadridLa Verdad et El Reino,
ont saisi C occasion pour s'élever avec une
certaine vigueur contre le cruel spectacle qui a le
triste privilège tTenthousiasmer les Espagnols.